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3,78

sur 268 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout ou presque a été écrit ici pour présenter cette publication des phrases qu'Annie Ernaux écrivait après ses visites hebdomadaires - ou presque - à sa mère, qui partait en morceaux car son cerveau était rongé, étouffé par le phénomène de la maladie d'Alzheimer ( beaucoup moins connue à l'époque qu'aujourd'hui). Je n'insisterai donc pas sur le caractère brutal, perturbant et bouleversant de ce qu'elle y décrit. Au passage je ne pense pas que les progrès de "prise en charge" (comme on dit de manière révélatrice) soient si importants depuis les années 1980.
La publication de ces écrits lui a posé problème et question : au début elle n'y pensait même pas. J'ai envie d'ajouter "bien sûr". Mais elle s'est décidé à le faire, de nombreuses années après pour "mettre en danger la cohérence d'une oeuvre" (quelque chose comme ça, je cite de mémoire). Ce que j'ai lu d'A. Ernaux à ce jour (dans l'ordre du livre "Écrire la Vie") me semble on ne peut plus cohérent, par le sujet ( sa vie, des événements forts dans sa vie, son père, sa mère, la complexité de l'évolution de ses relations avec eux, la condition des femmes, le mépris de classe etc..) et par l'écriture - rejeter l'émotionnel, le pathétique, décrire, dire, le plus précisément sans être long, le plus juste et proche des pensées, ressentis..
Pour ce "journal" publié, la fonction cathartique me semble évidente : sortir de soi en écrivant des mots des émotions submergentes ( ça se dit ça ?), garder des traces, redire la vie de sa mère (une Femme), formuler l'indicible, se débarrasser de ses affects et pensées inconfortables ..
Depuis 5 ans Annie Ernaux est plus âgée (84 ans) que sa mère quand celle-ci est morte (79 ans) et, je crois, heureusement pour elle en bien meilleure condition psychique, pour le bénéfice de tous ceux et celles qui apprécient et sont, paradoxalement à son style descriptif, touchés, émus par ses livres dont celui-ci, dont les dernières pages, principalement, sont à mon avis bouleversantes, qu'on ait vécu ou pas le même genre de situation.
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Maladie d'Alzheimer, vieillesse, mère.
"Je ne suis pas sortie de ma nuit": dernière phrase que sa maman a écrit. Sa mère est atteinte de la maladie d'Alzheimer, Annie Ernaux est obligé de la mettre en Ehpad; ce sont 3 années de prise de notes lors de ses visites à l'Ehpad.
Ce sont des phrases brutes, douloureuses sur ce que l'autrice voit, vit. Et les souvenirs...
C'est la déchéance, ce sont des faits terribles: une hygiène déplorable ( elle se fait pipi dessus, des excréments au sol), des cris , des couches, des odeurs. La culpabilité sans pouvoir agir et puis les mots qui ne seront jamais dits.
Un ouvrage fort, perturbant. le début du deuil, la solitude.
Touchant.
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Lu dans la foulée d'Une Femme, Je ne suis pas sortie de ma nuit est son indispensable complément, tout aussi difficile à lire pour moi.

« Longtemps j'ai pensé que je ne le publierai jamais. Peut-être désirai-je laisser de ma mère et de ma relation avec elle, une seule image, une seule vérité, celle que j'ai tenté d'approcher dans Une Femme. Je crois maintenant que l'unicité, la cohérence auxquelles aboutit une oeuvre (…) doivent être mises en danger. »

Un complément donc en forme de journal rédigé au fil des visites d'Annie Ernaux à sa mère désormais en maison spécialisée en raison de sa démence.

Un mélange de faits cliniques, froids et souvent insupportables de celle qui part peu à peu, et de souvenirs d'enfance de celle qui reste, une nouvelle fois confrontée à ces deux vies d'incompréhensions.

Deux vies qui semblent parfois inconciliables, à l'image de cette réflexion inverse à la situation vécue. « J'ai l'impression que c'est en mourant à mon tour qu'elle m'aimera »
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Témoignage bouleversant autobiographique d'Annie Ernaux sur sa mère.
L'auteure tient une sorte de journal de bord, un journal des visites rendues à sa mère à l'hôpital durant ses dernières années, alors qu'elle était malade d'Alzheimer.
Elle relate avec des mots forts, violents, émouvants ces jours qui ne se ressemblent jamais, étant donné que l'attitude de sa mère et de ses camarades résidents pouvait passer du noir au blanc du jour au lendemain.
L'odeur d'excréments environnante dès la sortie de l'ascenseur, les pertes de mémoire sur l'identité de sa fille, ou sur des évènements de sa vie passée, la déchéance de son corps au fur et à mesure du temps qui passe, la culpabilité d'Annie Ernaux qui a dû se résigner à laisser sa mère entre les mains du personnel hospitalier car elle ne pouvait plus s'occuper de sa mère chez elle, les souvenirs d'enfance qui ressurgissent incluant beaucoup de traumatismes.
Tout cela constitue ce livre, ce journal écrit par une fille sur sa mère.
C'est le moment où la réalité bascule, où le parent qui nous a éduqué fait inverser les rôles et nous fait devenir son parent, faisant oublier l'enfant.

"D'une certaine façon, ce journal des visites me conduisait vers la mort de ma mère."
Phrase qui donne des frissons quand on a terminé le livre et que les dernières pages évoquent la mort de sa mère et le début du deuil si difficile.

On ne peut qu'être touché à la lecture de ce livre qui est inclassable, d'autant plus que le titre choisi est la dernière phrase écrite par la mère de l'auteure dans une lettre.
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« Quand je revenais de mes visites, il fallait que j'écrive sur elle, son corps, ses paroles, le lieu où elle se trouvait »

C'est donc ce « carnet » intime d'Annie Ernaux que je viens de lire ; Les dernier mois de sa mère, malade de l'Alzheimer, placée en maison spécialisée à Pontoise.
Ses visites sont rythmées par les soins qu'elle doit donner à sa mère ; lui couper les ongles, la raser, la changer… et les paroles cinglantes qu'elle doit entendre et subir de la part de la pauvre femme qui perd les pédales…

Dans la poursuite de ma découverte de l'oeuvre d'Annie Ernaux, dont je suis devenue une inconditionnelle, j'ai lu ce court roman… un condensé de souffrances mais aussi de souvenirs et d'amour.

Je ne suis pas sortie de ma nuit… C'est la dernière phrase que la maman d'Annie a écrite dans une lettre à une amie…

Annie a tenu ce journal de 1984 à 1986, date de la mort de sa mère. Et c'est 10 ans plus tard qu'elle le publiera.

L'Alzheimer, la dégradation, la dépendance, les derniers jours… C'est difficile, douloureux à lire. La mémoire flanche, le corps se détériore…
L'autrice va droit au but, sans ménagement, sans paillettes autour… Récit cru, parfois brutal… mais tel qu'est la réalité.
Et c'est tout ce que j'aime chez l'écrivaine, elle ne ment pas, ne surjoue pas.
Elle me touche beaucoup
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Il y a eu cet accident en 1981.
Tu t'étais parfaitement remise.
Et puis en 1983, des absences.
Un malaise durant l'été.
Tu as quitté Yvetot pour venir t'installer près de moi à Cergy.

Tu as commencé à nous demander plusieurs fois les mêmes choses.
Je me disais que tu étais fatiguée.
Que c'était anodin. Qu'à partir d'un certain âge, cela pouvait arriver.
Les mots du médecin se sont posés sur nous.
Alzheimer, ce mot terrible qui est venu te prendre à moi.

Quand tu es rentrée dans cette maison de retraite, j'ai eu envie d'écrire.
Peut-être que je sentais que tu allais partir un jour.
Les souvenirs me reviennent. Comme des vagues qui s'abattent sur le sable.
Chaque jour, mes yeux prennent en photo ton visage, tes mains, tes sourires.
Pour qu'ils soient à jamais gravés dans ma mémoire.

Je t'amène des petites brioches que je pose délicatement sur tes mains.
Je t'aide à les approcher de ta bouche.
Tu redeviens une petite fille et je prends la place de ta mère.
Je t'aide chaque jour qui passe à garder ta vie de femme, de mère.
Je t'apporte ta jolie robe fleurie. Celle que tu aimais tant.

Je cours après le temps mais le vent te pousse un peu plus vers le ciel.
Les souvenirs d'enfance semblent éternels.
Pourtant celle qui dicte ta vie est invincible.
Les colombes sont venues te chercher à 79 ans.
Le ciel était devenu ta nouvelle demeure.

Tu es partie.
Le monde s'écroule.
Je cherche un remonteur de temps.
Pour te revoir.
Je t'aime maman.
Eternellement.

" Je ne suis pas sortie de ma nuit " d'Annie Ernaux est un merveilleux hommage de l'autrice à sa mère décédée de la maladie d'Alzheimer.

Une plume sublime, poétique, délicate pour évoquer l'amour d'une fille à sa mère.
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"Quand j'écris toutes ces choses, j'écris le plus vite possible (comme si c'était mal), et sans penser aux mots que j'emploie" nous dit Annie Ernaux dans ce témoignage poignant sur l'accompagnement en fin de vie de sa mère atteinte de cette "saloperie" qu'est la maladie d'Alzheimer.
Après chaque visite à sa mère, résidente d'un service hospitalier de long séjour, et ce durant deux longues année, elle ressent le besoin d'écrire ce qu'elle voit, éprouve, les souvenir de ce que sa mère a été, des phrases qu'elle prononçait lorsque Annie était enfant. Un texte brut, dérangeant, où rien n'est épargné au lecteur, il faut dire qu'Annie n'a rien retouché à ses notes. Une description clinique de sa dégradation, de ses incohérences, des odeurs, du corps qui se délite, du deuil que l'on fait, avant l'heure de celle qui a été sa maman alors que désormais les rôles sont inversés. Je voudrais qu'elle soit morte, qu'elle ne soit plus dans cette déchéance nous dit-elle et comme on la comprend.
Quel courage faut-il à celui ou celle qui rend une visite hebdomadaire à une personne qui ne vous reconnait plus, et quel sentiment de culpabilité si on ne le fait pas.
Un témoignage bouleversant.

Challenge Multi-Défis 2023.
Challenge Riquiqui 2023.
Challenge ABC 2022-2023.
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Dans"Je ne suis pas sortie de ma nuit", Annie Ernaux a tenu un journal de bord pour mettre en mots les trois dernières années de la vie de sa mère, atteinte de la maladie d'Alzheimer.Dans son style très particulier, s'attachant aux faits , au constat de l'évolution de la maladie, l'auteur arrive à donner une valeur universelle à sa propre histoire.Les difficultés du début à reconnaître la maladie, la perte progressive de l'autonomie jusqu'à la mort sont bien décrites ainsi que l'ambivalence des sentiments: le déni, la terreur et l'effarement, la colère. Dans toutes ces phases de sentiments, le lecteur pourra facilement se reconnaître si'il a été confronté à la maladie de ses parents.
"A chaque fois que j'arrive, j'ai du mal à la reconnaître, son visage n'ai jamais le même, aujourd'hui la bouche tirée vers la droite." La force de ce texte est le constat impitoyable de cette déchéance qui montre que sans les facultés intellectuelles, l'être est réduit à un corps, une simple enveloppe charnelle.Un fait, un détail, une situation suffit à nous transporter dans le quotidien des soignants qui accompagnent ces malades.
Un témoignage bouleversant !
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Livre proposé par notre club de lecture pour le mois de novembre. Difficile de discuter de la maladie d'Alzheimer et des proches, surtout quand chacun de nous ou presque a été confronté à la maladie d'un proche et aux difficultés à concilier sa vie professionnelle et familiale au statut d'aidant d'une personne gravement malade.
Annie Ernaux décrit magnifiquement la difficulté de devenir le parent de son parent qui retombe en enfance.
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Un coup de poing au coeur avec ce livre très court mais tellement dense. Je n'aurais jamais pu le lire avant et pendant la maladie de maman. Je peux maintenant, 2 ans après son décès. Elle n'a pas eu alzheimer comme celle d'Annie Ernaux, mais j'ai retrouvé tellement de points communs ! Alors attention, c'est très très dur, voir insoutenable et pourtant, c'est la vérité crue des tripes.
Alors, oui, il faut s'attendre à ce que nos parents redeviennent des enfants, qu'ils perdent toute pudeur, mangent avec les doigts, n'ont plus de retenue physique, mélangent tout et aient parfois des propos violents .
C'est difficile et pourtant, il faut être là, ils attendent notre visite et qu'au fin fond de leur conscience, ils ont besoin de nous.
Remontée des souvenirs d'enfance, bouillie du temps qui n'a plus de logique et la peur de les perdre, tout en étant parfois tellement en colère de les voir ainsi.
Je ne sais pas si l'on peut aimer ce livre sans avoir vécu ce passage, sans doute, mais là, j'ai revécu cette période si douloureuse mais aussi formatrice parce ce forcément, je ne pourrais pas aborder ma vieillesse de la même façon, j'y suis quelque part préparée même si mémoire m'aura fait oublier ces souvenirs aussi.
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