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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je découvre pour la première fois Annie Ernaux et sa plume. Ici l'événement en question est l'avortement clandestin de l'auteure dans les années 70. Et quelle claque ! Un petit livre très court mais très poignant. On y découvre les difficultés de cette jeune femme pour être entendue, aidée. J'y ai perçu une grande solitude. Bien sûr, l'avortement étant à l'époque illégal, peu nombreux étaient ceux qui prenaient le risque d'aider une femme et on peut le comprendre. Mais quand on lit les propos tenus par le corps médical, sans aucune empathie ou bienveillance, on se demande à quoi cela sert d'enfoncer encore plus une jeune femme en détresse. À lire absolument pour se rendre compte de ce que c'est et de l'importance de ce droit fondamental qu'est l'avortement.
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Ce roman m'a bouleversé. Je l'ai lu d'une traite, le coeur serré, les larmes aux yeux, la respiration haletante. Annie Ernaux témoigne une nouvelle fois d'un pan de sa vie particulier, celui de son avortement clandestin. J'ai trouvé son récit passionnant, chaque paragraphe juste et percutant. J'ai corné une page sur deux de mon roman tellement j'étais conquise par son style d'écriture. Une nouvelle fois, le récit est court, mais il est saisissant. Là où je m'étais sentie “exclus” avec “passion simple”, j'ai ressenti un énorme sentiment de sororité et de bienveillance durant “L'évènement”. Alors que les droits des femmes et du droit à l'avortement sont constamment remis en question, la voix d'Annie Ernaux devient politique et résonne de manière très forte dans l'histoire des femmes.
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L'écriture avant tout.
Avant de lire le Jeune Homme, texte court et dense, j'ai eu l'envie irrépressible de relire L'Évènement.
Rouen, octobre 1963, Annie jeune étudiante prend conscience qu'elle n'a plus ses règles.
Elle vit dans la cité universitaire des filles, elle est boursière. le géniteur de l'embryon est un étudiant en sciences politiques.
La confirmation de sa grossesse occulte l'assassinat de JFK.
« Une nuit, j'ai rêvé que je tenais entre les mains un livre que j'avait écrit sur mon avortement, mais on ne pouvait le trouver nulle part en librairie et il n'était mentionné dans aucun catalogue. »
Dans l'esprit d'Annie la confirmation de cette grossesse rime avec avortement. Elle le sait ce n'est pas le moment ni la bonne personne.
Le temps, celui qui rythmait la vie de cette jeune étudiante est aboli, il devient l'ennemi intime.
En apparence, les gestes et habitudes du quotidien se font machinalement, sans laisser percevoir le bouillonnement intérieur.
Mais dans son esprit c'est le chaos :
« J'établissais confusément un lien entre ma classe sociale d'origine et ce qui m'arrivait. Première à faire des études supérieures dans une famille d'ouvriers et de petits commerçants, j'avais échappé à l'usine et au comptoir. Mais ni le bac ni la licence de lettres n'avaient réussi à détourner la fatalité de la transmission d'une pauvreté dont la fille enceinte était, au même titre que la fille alcoolique, l'emblème. J'étais rattrapée par le cul et ce qui poussait en moi c'était, d'une certaine manière, l'échec social. »
Si le recours à l'avortement se fait instantanément dans son esprit, elle va devoir faire le parcours du combattant. Entre rumeurs entendues sur les différentes méthodes « efficaces », les mortes sur la table de charlatans et la réalité, le chemin est semé d'embûches et le temps est assassin.
Le géniteur la laisse se débrouiller seule.
Les copains à qui elle ose en parler la considèrent différemment, les réactions sont variées mais aucune bienveillance à son égard.
Elle va consulter un médecin, choisi au hasard, mais elle n'osera pas prononcer le mot avortement devant lui.
« Et, comme d'habitude, il était impossible de déterminer si l'avortement était interdit parce que c'était mal, ou si c'était mal parce que c'était interdit. On jugeait par rapport à la loi, on ne jugeait pas la loi. »
Préparant son mémoire, son « ciel d'idées » se couvrait de gros nuages noirs.
C'est indéniablement une traversée du désert, elle ne peut se confier à ses parents, les amis sont factices, elle est seule.
Et puis, une éclaircie avec les passeuses : LB cette étudiante qui a eu recours à l'avortement, la faiseuse d'anges P.R.
L'attente.
Concomitamment, l'idée d'écrire son premier livre Les Armoires vides, qui retracerait les vingt premières années de sa vie.
Le moment crucial est vécu dans la stupéfaction qui n'a d'égale que l'ignorance des choses de la vie.
Jamais l'écriture d'Annie Ernaux n'a été aussi « à l'os » que dans cette scène de déflagration.
Le drame, l'hospitalisation, les gestes sans compassion et les mots avilissants…
Elle pense que si les choses lui arrivent c'est pour qu'elle rende compte.
Elle crie le droit à la libre disposition de son corps, la maîtrise des naissances, le chemin individuel que chacune doit pouvoir emprunter, la domination masculine et les conséquences sur la marche du monde, la vie, la mort, le temps, la morale et l'interdit, la loi.
Tout cela avec le corps pour vecteur.
Toute la beauté du travail d'écriture quand on possède les mots, est la subtilité de choisir ceux qui vont servir le propos, l'intrusion du je dans la dimension sociale.
Un art qu'elle maîtrise à la perfection.
Lire et relire cette oeuvre.
A quand le Prix Nobel pour une oeuvre qui fait sens. Oh, combien !
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Un témoignage poignant, et des mots puissants mettant en lumière ce qu'aucune femme ne pourrait décrire.
Annie Ernaux, a, comme à son habitude, figé un âge de sa vie, une période charnière qui conditionnera la suite de son oeuvre.
Cet événement est un avortement, mais l'avortement décrit n'est pas un événement. Il est douleur, solitude, colère, vilénie, et dépourvu de toute charité.
Ce récit raconte l'auteure sur le gué de sa condition féminine, voire humaine.
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🔲 Dans ce récit, Annie Ernaux, alors étudiante à Rouen, apprend qu'elle est enceinte.
Elle souhaite avorter mais en 1963, ce geste est passible de prison et d'une amende.
Nous la suivons alors dans son parcours afin d'accéder à son refus d'enfanter.
Elle tient une sorte de journal dans son agenda en résumant par quelques mots le résultat de ses recherches et de ses constats.

🔲 Je remercie Annie Ernaux pour ce partage très personnel à propos d'un événement tout à fait particulier dans la vie d'une femme.
Si en 1963, l'avortement était strictement interdit, l'annonce d'une grossesse reste un épisode important dont les répercussions, quelle que soit la décision, restent ancrées à tout jamais dans la mémoire émotionnelle mais aussi corporelle.

🔲 Ce n'est que le 17 Janvier 1975 que l'interruption volontaire de grossesse sera légalisée en France grâce à la loi portée par une courageuse Ministre de la Santé, Madame Simone Veil, sous la présidence Giscard d'Estaing.
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L'événement d'Annie Ernaux

Annie Ernaux est une autrice française connue et reconnue. Grâce à ses romans qui sont devenus des classiques comme La place ou Une femme. Des livres qui traitent de sujets importants pour elle puisque souvent autobiographiques. Mais aussi pour toutes les femmes et pour la société en général puisqu'ils éveillent à certaines questions.

Lire ce livre sur cet événement de la vie de l'auteure m'a profondément impactée. Peut être est-ce le fait que la rédaction de ce roman est faite en parallèle à la relecture de son journal intime de l'époque ? On ressent sa fragilité, son désespoir. Tout en ayant les commentaires de l'auteure plus âgée, plus consciente. D'elle après l'événement. C'est un contraste qui subjugue. Parce qu'on ressent que cette grossesse, cet avortement l'a transformée.

J'ai senti tout mes privilèges, dont j'avais conscience mais que j'ai cette fâcheuse tendance à mettre de côté. Être née dans les années 1990 fait que je n'ai jamais eu à me questionner sur mon droit à l'avortement. Puisque c'est légal à présent et assez ''fréquent''. Je n'ai jamais eu à affronter cet événement parce que j'ai eu la chance d'avoir accès à la contraception. Tout cela est une réelle chance.

J'aurais aimé pouvoir questionner les femmes de ma famille, ma mère, mes grands-mères. Malheureusement je n'ai plus cette chance de partager ces secrets. Mais j'ai pu lire quelque-chose de très intime, de profondément touchant. Cet événement qu'à vécu d'Annie Ernaux.

Merci pour ce bout de votre vie partagé avec nous tou.te.s. Et votre auto-analyse de cet évènement /avènement.
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Intringuée par le fait que des amis m'avaient conseillé le livre, j'ai d'abord souhaité commencer par lire le livre. Un parcours dur, innommable, semé de culpabilité, de honte et d'abandon, celui d'une jeune fille qui souhaite disposer de son propre corps et de son propre avenir. Quelle plume, un devoir de mémoire obligatoire.
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Un livre poignant tout en simplicité dans lequel Annie Ernaux relate les circonstances dans lesquelles elle a dû avorter en 1963, une dizaine d'année avant la loi Veil.
L'autrice nous permet de découvrir le désarroi de toutes ces jeunes filles et femmes, obligées de vivre seules et dans la honte cet événement qui, au mieux ne s'effacera jamais de leur mémoire, au pire les entraînera vers la mort.
Les détails peuvent paraître crus, ils ne sont que le reflet d'une réalité cruelle et d'une perversité humaine, que certains voudraient remettre au goût du jour en bafouant le droit élémentaire des femmes à disposer librement de leur corps.



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Tellement percutant que je n'ai pas pu fermer l'oeil avant d'avoir fini la lecture de ce livre et j'ai du lire un TomTom et Nana pour me permettre de mettre mon cerveau en pause après pour pouvoir dormir.

Quel événement ! Et quelle façon de le raconter ! Annie Ernaux me tient aux tripes avec ses mots justes et profonds, ainsi que son honnêteté et les détails qu'elle donne sur son avortement qui généralement sont tus ou tabous.

J'ai été également touchée par sa démarche de vouloir se souvenir et du rôle de l'écriture dans sa vie. Très beau passage sur la mise en parallèle du rêve et de l écriture, l un jouant avec l éphémère, l'autre avec le permanent
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Je m'étais procuré le roman, désireuse de connaitre l'écrit avant de voir son adaptation sur grand écran (L'Evènement, réalisé par Audrey Diwan).

J'avoue ne pas avoir été capable de lire plus de 10 pages sans être immédiatement happée par la puissance de ce témoignage, et ne pas avoir pu continuer. C'est après avoir vu le film en salle - et d'avoir assisté un rare moment de sororité dans les fauteuils rouges, la salle étant quasi exclusivement composée de femmes - que je me suis remise à la lecture.

Bouleversante, la prose d'Annie Ernaux nous emporte avec elle dans ce souvenir éminemment personnel, écho vibrant de ce qu'il y a moins de soixante ans encore, était illégal et rejeté comme l'incommensurable expression du droit des femmes à disposer librement de leurs corps.
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