Alors là, je n'ai qu'une chose à dire : méfiez-vous des apparences..
Tout d'abord, méfiez-vous de la couverture. En effet, sur la couverture du livre est représenté un joli petit paysage champêtre composé d'une gentille petite fille qui a l'air de promener un gentil petit toutou (sans doute Buster). Aussi, ma première impression en voyant cette couverture fut de me dire que «
les oreilles de Buster » racontait l'enfance d'une petite fille fortement attachée à son chien, le tout dans une ambiance plutôt paisible et bucolique.
Que nenni ! D'ailleurs, ma première impression s'en est allée aussitôt que j'ai lu les premiers mots du bouquin !
Ensuite, méfiez-vous des personnages et surtout du personnage principal, Eva. Eva m'a fait penser à ce genre de personne calme et souriante en apparence alors que, dans sa tête, la vôtre balance déjà au bout d'une corde..
Ce côté légèrement malsain et sadique, Eva va le développer dès son enfance. En effet, dès l'âge de sept ans, Eva décide de « punir » sa mère pour son comportement tyrannique et égocentrique. Puisque tout le monde passe les caprices de la mère d'Eva (la scène de la machine à laver est tout simplement mémorable), elle décide de se faire justice elle-même. Inutile de compter sur son père qui apparait comme un homme faible et sans envergure, incapable de dire non à sa superbe femme de peur de perdre son magnifique trophée.
La mère d'Eva ne sera d'ailleurs pas sa seule victime : Eva décidera de se venger à plusieurs reprises d'autres personnes (ou d'animaux) dont le comportement l'aurait contrariée.
Les récits d'enfance d'Eva mêlent à la fois candeur et perversion donnant une ambiance assez particulière au bouquin, une ambiance presque malsaine. On est à la fois gêné par le comportement et la psychologie de cette petite fille et pris de pitié pour elle, eu égard au comportement de cette mère qui ne l'a jamais aimée.
A travers son journal, Eva va revivre son passé et se remémorer tous ses vieux souvenirs d'enfance et d'adolescence. On aurait presque l'impression qu'elle rédige ses mémoires, comme si elle n'allait pas tarder à mourir. Et le passé d'Eva, croyez-moi, est vraiment riche en rebondissements. L'histoire m'a fait un peu penser au principe des poupées russes : à mesure que l'on découvre un détail important de la vie d'Eva, une autre histoire sous-jacente à la première surgit et créée un nouveau rebondissement. Tout ceci jusqu'à ce que l'on arrive au coeur de l'histoire : sa relation avec sa mère.
La relation mère/fille est le thème principal du roman avec notamment les répercussions psychologiques du manque d'amour maternel. Les femmes sont d'ailleurs placées au coeur de l'histoire, les hommes étant carrément placés au second plan et n'ont pas franchement le beau rôle.
Il convient également de souligner l'ambivalence de ce roman avec un côté noir, très sombre, pervers, voire même démoniaque qui réside dans l'amour/la haine qui règne entre la mère et la fille et la psychologie avec laquelle Eva va analyser la situation et préparer son matricide. le côté blanc, beaucoup plus pur, candide et saint, je l'ai retrouvé dans les actes désespérés de cette petite fille qui fait tout pour gagner l'amour de sa mère et l'immense admiration qu'elle lui porte.
Le style de
Maria Ernestam est vraiment excellent et l'on a presque l'impression de lire un thriller psychologique, surtout à la fin du roman, lorsque l'histoire se dénoue. Un grand bémol tout de même : je trouve que le livre traine parfois un peu trop en longueur et que l'auteur se perd un peu trop dans des descriptions qui rendent plus lourde la lecture de son livre.
Finalement, «
les oreilles de Buster » m'auront laissé un souvenir mitigé, un goût aigre-doux, prise entre le côté clair et le côté obscur qui sommeille en chacun d'entre nous. Et je ne sais de quel côté mon coeur balance..
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