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4,11

sur 682 notes
Quand Eva, cinquante-six ans reçoit son premier carnet intime, elle est loin de se douter combien les démons de l'enfance vont se réveiller sous sa plume.

Entourée de Sven et de sa fille Suzanne et surtout de ses rosiers qu'elle adule, Eva écrit et se penche sur l'ombre de sa vie : une mère fantôme, égocentrique, malsaine, dénuée d'amour. Quoi de plus difficile pour un enfant d'apprendre que sa propre mère ne voulait pas de soi, que l'accouchement fut un cauchemar et qu'elle s'en serait bien passée à vie d'une môme.

Sur plus de quatre cents pages, on découvre une Eva révoltée et ingénieuse, qui s'est construite dans le revers de ses manques. de rencontres en rencontres, Eva fait face, elle use d'imaginations pour gagner sa plus belle bataille : être vivante et respectée. On sait d'entrée de jeu que c'est à sept ans que Eva eut l'idée de tuer sa mère, qu'il lui en faudra dix de plus pour mettre son plan à exécution. On suit avec vif intérêt le pourquoi jusqu'au comment... et on va de surprises en surprises.
Les oreilles de Buster, ce chien qui n'en faisait qu'à sa tête et parce que tout le monde a bien besoin d'oreilles attentives pour écouter les petites filles pleurer le soir...

Voilà bien un livre qui change de tout ce qui affleure sur la maltraitance enfantine, pour une fois, nous avons une enfant puis une ado pleine de vie et d'ingéniosités pour colmater les trous de sa vie. Une tranche de vie passionnante auprès d'une héroïne qu'on aime de suite et qu'on quitte avec le sourire car la fin est de toute beauté, comme ce moussaillon qui revient de guerre, une rose à ses lèvres.
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Eva fête aujourd'hui ses 56 ans. Famille, voisins et connaissances se sont réunis chez elle, notamment ses enfants, Suzanne et Eric, son compagnon, Sven, et ses petits-enfants. Des assortiment de biscuits et de gâteaux et quelques bouteilles pour contenter tout ce monde. de la part de sa plus petite fille, Anna-Clara, elle s'est vue offrir un carnet décoré de roses. Ses fleurs préférées qu'elle cultive avec amour. Ce journal intime occupera la plupart de ses nuits estivales, rythmées par le doux ronflement de Sven, un petit verre de vin sur le secrétaire. Eva va se livrer et plonger au plus profond de ses souvenirs, certains fussent-ils douloureux. de son enfance à son adolescence, sa vie fut marquée par sa mère, femme méchante, dévalorisante, égoïste et qui n'a, semble-t-il jamais aimé sa fille. Aussi, Eva se souvient-elle que c'est à partir de 7 ans qu'elle décida de la tuer et que son geste fut accompli 10 ans plus tard...

Dans une maison endormie, à la lueur d'une bougie, l'on retrouve, presque tous les soirs, Eva, assise devant son secrétaire, la plume à la main et des souvenirs plein la tête. Depuis sa plus tendre enfance jusqu'à aujourd'hui, elle se remémore son passé, les événements tragiques qui l'auront marqués à tout jamais, l'amour sincère mais trop discret de son père, sa mère fantasque et désobligeante, ses premières amours et comment et pourquoi elle en est venue à vouloir tuer sa mère. de la petite fille maltraitée et incomprise à la retraitée paisible et si charmante en passant par l'adolescente déterminée et implacable, l'on se prend aussitôt d'affection pour Eva, tant elle est touchante et loyale. Alternant entre passé et présent, l'on suit son parcours ô combien chaotique. L'auteur met au coeur de ce roman machiavélique les relations mère/fille et l'amour/la haine qu'elles se portent, laissant au second plan les hommes. L'auteur réussit magnifiquement à captiver le lecteur tant on attend la mort de sa mère. Porté par une écriture fort habile et passionnelle, ce roman tantôt tragique, tantôt drôle est véritablement passionnant. L'on lit avidement ces confidences et l'on espère voir refleurir le coeur d'Eva...

Les oreilles de Buster... seront toujours là pour vous écouter...
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Les yeux verts d'Eva, scintillants d'intelligence
La chevelure d'Eva, luxuriante
Le nez d'Eva, sensible aux odeurs de son enfance dévastée
Le ventre d'Eva, déchiqueté par le manque d'amour
La bouche rouge de la mère d'Eva, ouverte sur d'abjectes paroles...
Et les oreilles de Buster, toujours, toujours, à l'écoute d'Eva, bien enfermées dans leur sac hermétique.

Heureusement qu'elle les a, les oreilles du chien Buster, Eva, pour survivre à une mère ignoble, pour se relever après une trahison amoureuse, pour fuir enfin ce lieu pourri qu'est la maison de son enfance et de son adolescence.
Son refuge ? Les roses, qu'elle cultive avec tendresse, dans la maison de campagne près de la mer.

Et à 56 ans, elle entame son journal intime, dans lequel elle narre l'innommable : « J'avais 7 ans quand j'ai décidé de tuer ma mère. Et 17 ans quand j'ai finalement mis mon projet à exécution. »

« Les oreilles de Buster » est un roman psychologique qui décortique avec délectation tous les mécanismes de la méchanceté d'une mère envers sa fille mais qui montre aussi comment une enfant puis une adolescente, va puiser dans une volonté hors du commun pour s'en sortir.
J'en suis ressortie sonnée, abasourdie et complètement acquise à la cause de Maria Ernestam, son auteure.

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Les oreilles de Buster est une lecture qui m'a beaucoup plu. La narratrice Eva se confie à nous à travers son journal intime. Des confessions parfois lourdes comme le meurtre de sa mère qu'elle nous avoue sans détours des la première page ou encore le sort réservé à Buster justement.
Malgré son passé de meurtrière, j'ai trouvé cette femme très attachante et c'est avec regret qu'on referme la dernière page.
Ce roman m'a énormément plu pour une deuxième raison : il éveille en nous énormément de sentiments. J'ai beaucoup ri (notamment avec l'histoire de Bjorn), j'ai parfois été triste ou révoltée.
Et puis surtout j'ai souvent été surprise par les rebondissements successifs et les révélations faites tout au long du roman (principalement quand j'ai découvert le vrai visage de Sven).
Un roman que je ne regrette absolument pas d'avoir lu et que j'aurai voulu plus long car vraiment, je me suis bien amusée avec Eva.
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Quand le bilan d'une vie s'écrit sur les pages d'un petit cahier orné de roses, les révélations peuvent faire voler en éclats les apparences. L'enfance d'Eva se déroule aux côtés d'une mère hystérique et machiavélique et d'un père laxiste. Elle fait rapidement le constat qu'il est préférable de ne compter que sur soi-même. Et que toute offense mérite châtiment. Buster, l'horrible chien des voisins lui servira de modèle. C'est à 56 ans que tous ces traumatismes refont surface, quand Eva prend la plume et se confie aux pages blanches.

On sait dès les premières lignes qu'Eva a tué sa mère. Ce qui sera révélé est le long chemin de souffrance de cette petite fille au destin de Blanche-Neige (miroir, mon beau miroir...). Avec une grande puissance d'évocation, et une intensité psychologique qui sollicite sans relâche les émotions du lecteur.

L'auteur dresse également un constat sur les effets pervers de l'éducation : que les parents reproduisent des schèmes de maltraitance ou qu'ils adoptent une conduite opposée à celle qui les a fait souffrir, le résultat sur leur progéniture est imprévisible.

Le défilé des couples qui constituent le réseau social d'Eva a quelque chose de pathétique , et c'est l'humour qui sauve le récit du désabusement.

Quelques remarques acerbes sur les insuffisances du système social danois complètent l'ensemble, bien repéré dans le cadre historique des 50 dernières années.

C'est donc un roman d'une grande intensité psychologique , habilement mené pour ménager une attente interrogative chez le lecteur, piégé et heureux de l'être.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Voilà un roman que j'ai pris plaisir à lire, si j'ai soupçonné certains événements , j'ai eu la surprise pour d'autres.
Une belle decouverte d'une auteure suédoise , hors polar, j'ai eu du mal à lâcher ce livre, prise d'affection pour cette pauvre enfant.
La relation entre cette mère et sa fille atteint des sommets de perversion de la part de cette mère horrible. Folcoche n'est pas loin d'aller se rhabiller.
On s'attache à l'héroïne qui, malgré le rejet total de sa mère qui trouve un malin plaisir à faire souffrir sa fille, cherche l'amour de sa mère par tous les moyens.
Plus sa quête d'amour maternel avance, plus la méchanceté de sa mère augmente, jusqu'à la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Et là, cachez-vous, femme trahie ne connaît pas de limite.
Une roman à lire et à découvrir.
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On l'apprend dès les premières lignes : la narratrice Eva a tué sa mère à dix-sept ans, elle en avait pris la décision à sept ans. S'agit-il réellement d'une mise à mort, ou d'un meurtre purement symbolique, d'une simple rupture ? Grâce à un carnet offert par sa petite-fille, et destiné à devenir un journal intime, Eva se délivre à cinquante-six ans de ses blessures de jeunesse. Elle écrit sur ses années d'enfance aux côtés d'une mère toxique et d'un père aimant, attentionné...

C'est toujours avec une certaine appréhension que j'aborde un(e) auteur nordique. Mes échecs de lecture sont nombreux en la matière (Herbjørg Wassmo, Hanne Ørstavik, Steinunn Sigurdardóttir, Anne B. Ragde...).

Et ouf ! Ce roman-ci m'a immédiatement conquise. Malgré l'humeur sombre de la narratrice, elles m'ont vite touchée, émue, elle et son histoire traumatisante. Eva était une petite fille sensible, à vif, élevée à coup de paroles maternelles empoisonnées, donc partagée entre des sentiments d'amour et de haine pour cette mère dure, méchante - ou tout simplement femme malade, bipolaire et alcoolique ? quoi qu'il en soit, le résultat fut le même, les ravages sur l'enfant identiques.

On découvre avec horreur et jubilation la jeune fille meurtrie tisser patiemment ses toiles pour se protéger de ceux qui la blessent, et pour se forger une carapace. On peut trouver le comportement maternel excessif, mais nous en lisons des souvenirs, probablement déformés et partiels, et la caricature est de toute façon un moyen de mettre en évidence certains travers. On a parfois du mal à relier cette adolescente à la femme à la fois dure et vulnérable qu'elle est devenue, mais on comprend la genèse du hiatus au fil des événements endurés.

J'aurais préféré une autre fin, quelques rebondissements m'ont paru trop spectaculaires, mais ils ont le mérite de bouleverser la lecture qu'on a eue jusqu'alors du récit, et de donner envie de le redécouvrir entièrement. Les toute dernières pages sont superbes et ont racheté ce qui avait pu légèrement m'agacer.

Un excellent roman - bouleversant mais non dénué d'humour - sur les relations mère-fille, les traumatismes de l'enfance, le couple, le vieillissement, les regrets des amours passées, les vertus thérapeutiques de l'écriture... et sur les roses.
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Le jour de ses cinquante-six ans, une des petites-filles de la narratrice lui offre un joli cahier décoré de roses (ces fleurs sont sa passion). C'est le déclencheur qui la pousse à écrire son journal dans lequel elle va s'épancher plus encore sur son passé que sur son présent. du 13 juin au 10 août, Eva remplira son cahier, parfois frénétiquement, souvent en buvant un peu trop de vin, avec la pulsion de raconter son histoire, et toujours avec le souci de la vérité.
***
La couverture me faisait craindre un roman sentimental, mais après ma lecture, je la trouve parfaitement adéquate. Cette jeune fille dont la silhouette en papier découpé taille des rosiers qui forment un coeur illustre le propos avec pertinence. La première phrase nous plonge tout de suite dans le bain : Eva a projeté de tuer sa mère alors qu'elle n'avait que 7 ans et a réalisé son projet à l'âge de 17 ans… Comment ? mais surtout pourquoi tuer une mère qu'on adore et dont on mendie l'amour ? Pour le découvrir, lisez Eva qui profite de ses insomnies pour noircir les pages de son journal. le plus étonnant, c'est que la lectrice que je suis la comprenait parfaitement, pas au point de l'approuver, mais presque…
***
J'ai été bouleversé par ce qu'a vécu Eva. Une mère odieuse, d'un égoïsme destructeur (on peut la qualifier, je crois, de perverse narcissique), un père adorable, mais trop amoureux ou trop lâche pour s'interposer, l'isolement que ses camarades lui imposent ou qu'elle suscite elle-même par son attitude, bref, une enfance emplie de blessures et de traumatismes. Elle a du ressort, Eva ! Elle sortira ses griffes et pratiquera la vengeance quitte à en souffrir. Mais comment se construire après ça ? Comment ne pas répéter les erreurs que l'on a subies ? En en faisant d'autres, c'est couru... le tour de force, dans ce livre, c'est que ce personnage, assurément psychopathe, a réussi à susciter mon empathie et à me surprendre jusqu'à la fin de cet extraordinaire journal !
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Les confessions d'une psychopathe (malgré elle).
*
Une lecture pudique et intime d'une suédoise de 56 ans.
Qui raconte - et confesse- pourquoi elle en est arrivée à tuer sa mère à 17 ans (et l'avoir prémédité à 7 !).
Le ton est donné dès le départ.
*
Eva dévide au fur et à mesure ses pensées en ce chaud mois de juillet dans un cahier à spirales que sa petite fille lui a offert.
Sa naissance chaotique, son enfance si difficile et son adolescence de souffrances. Tout est expliqué, rien n'est caché.
Eva alterne aussi avec sa vie actuelle ; ses amies, la vieillesse qui pointe le bout de son nez (on apprend ainsi que le système public suédois est assez bancal concernant les personnes âgées).
Comment a-t-elle pu tuer sa mère de sang-froid? Quelle est son excuse?
Eva raconte la relation houleuse avec sa mère. Une figure maternelle hystérique et machiavélique. le père, faible et souvent absent. Effectivement, Eva a souffert mille maux. Elle se construit comme elle peut. Elle se recrée un cocon protecteur avec l'écoute des oreilles de Buster (un chien dont elle s'est vengée).
Et l'amour dans tout ça? Existe-t-il dans ce chaos?
*
C'est un cheminement vers l'apaisement (post-vengeance) qui arrive tout à la fin.
Une écriture toute douce, majestueuse et très agréable à l'oreille (ou les yeux!). J'ai vraiment apprécié les rebondissements (identités de chacun) tout au long du roman. Et les roses comme fil conducteur , j'ai presque pû les sentir.....
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Une flânerie impromptue dans une librairie de Boulogne [ Hauts-de-Seine], il y a déjà un mois m'a fait "rencontrer" ce livre et cette auteure, que la libraire avait mis en avant , en mettant son commentaire appréciatif sur l'ouvrage...

Une toute première découverte de cette écrivaine suédoise !

Un roman aussi prenant que sombrissime ! qui n'empêche pas quelques flamboyances et jolies lumières sur la vie:
les rapports entre une grand-mère, et sa petite-fille, un amour fulgurant entre deux êtres blessés, la tendresse et la complicité vécues avec un père faible, le besoin d'écriture et de clarification de sa vie, la passion des fleurs, plus particulièrement , des roses, etc

Une petite-fille offre pour les 56 ans de sa grand-mère, un cahier vierge, qui
deviendra un compagnon quotidien par la rédaction d'un journal intime...

Ce dernier va devenir une occupation centrale pour notre protagoniste , Eva, avec sa passion pour les roses, qu'elle cultive depuis toujours avec le plus grand soin ...
Journal intime, tour à tour thérapie, lieu de mise au point, d'émergence des souvenirs...
Une fiction fort intéressant que j'ai mis toutefois 3 semaines à achever, en lisant d'autres écrits, en alternance avec des textes plus légers, moins
âpres !

Ce roman met en valeur les luttes, les combats parfois surhumains que doivent mener les adultes ayant vécu une enfance "massacrée", pour continuer à se construire... La narratrice pour "survivre", et poursuivre
son chemin, a dû écarter définitivement la figure dévastatrice d'une figure maternelle égocentrique et vampirisante...
Eva a vécu mais pas complètement: une sorte de dédoublement, comme si elle restait à la lisière, aux marges de son existence...tant les blessures,
ainsi que les fantômes du passé a laissé des fissures, des failles impossibles à "colmater" !

L'auteure décrit très justement cette étrangeté de vie dans les lignes qui suivent !! Une existence amputée de sa nourriture première: l'amour d'une mère...

Sujet grave traité avec une ironie des plus mordantes, comportant de nombreux rebondissements et suspens !!

"Quand j'ai supprimé ma mère, j'ai eu peur de mourir aussi. mais j'en ai réchappé. J'ai trouvé un travail qui me plaisait, j'ai vécu en harmonie avec un compagnon compréhensif et j'ai élevé ma fille qui m'a rendue fière et
heureuse pratiquement tous les jours. Non, je ne suis pas morte, mais je suis passée à côté de la vie. Je l'ai regardée défiler sous mes yeux sans jamais m'y plonger, ne serait-ce que brièvement. Je ne suis pas devenue une aventurière mais une spectatrice." (p. 447)
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