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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je sais, je sais ! J'ai déjà dit et répété qu'Eschyle n'est pas mon tragédien antique préféré. Ça n'empêche pas que je termine de lire son oeuvre relativement courte avec la trilogie de l'Orestie en commençant par le commencement : Agamemnon.
Eh bien je dois dire que là, ce cher Eschyle regagne des points dans mon top 50 personnel. Je me suis régalé.

Agamemnon nous plonge dans le fleuve de larme et de sang que constitue la généalogie des Atrides. On est loin d'être rendu à la source, houlà non ! Cette famille est un vrai jeu de dominos où le poignard joue le rôle de la gravité. Pensez ! Papa Atrée avait déjà donné à son p'tit frère Thyeste ses propres fils à manger en sauce avant de lui demander s'il avait trouvé le plat goûtu. le fiston Agamemnon, décidé à faire la guerre à Troie et sommé par les Dieux de faire un sacrifice pour bénéficier d'une bonne brise pour ses navires, découpe sa fille Iphigénie. Pendant son petit voyage, sa femme Clytemnestre jure de le lui faire payer et prend d'ailleurs comme amant Égisthe, un des fils survivant de Thyeste qui est dans le même état d'esprit.

La pièce parle du retour d'Agamemnon, victorieux de Troie et content de rentrer à la maison avec, dans ses bagages, la voyante Cassandre de la famille royale de Troie. Son séjour sera de courte durée car Clytemnestre lui a déjà acheté un billet pour l'Enfer. Qui a découpé sera découpé, c'est son principe (elle devrait d'ailleurs s'en souvenir dans le futur quand elle se retrouvera du mauvais côté de la lame).
De fait Agamemnon ne fait qu'une courte apparition. En revanche le choeur prend bien le temps d'expliquer à quel point ce type est un néfaste individu ; que les Dieux, en lui proposant le choix du sacrifice d'Iphigénie, comptaient bien qu'il refuserait comme Yahvé avec Abraham, et renoncerait à la guerre ; que sur l'autel il fit bâillonner sa fille sacrifiée non pour ne plus entendre des supplications mais pour l'empêcher de le maudire ! Avec tout ça, on prend bien vite le parti de Clytemnestre comme on prendrait le parti d'une femme sans arrêt battue quand elle élimine son époux.

Longues, mais bourrées d'informations, les tirades du choeur et du coryphée se lisent sans ennui. Certains dialogues à double sens sont sublimes, comme lorsque Clytemnestre déclare au héraut venu annoncer le retour d'Agamemnon combien elle l'attend avec impatience (pour le tuer) et comment elle s'apprête à lui faire fête (lui faire payer le meurtre de leur fille). Les visions de Cassandre qui expriment le meurtre ayant lieu au palais et son propre assassinant à venir alors que le choeur ne comprend pas (c'est la destinée funeste de Cassandre de ne jamais être crue) sont pathétiques.

Le seul point noir réside à mon humble avis dans la fin. Je n'y crois tout simplement pas. Quand les meurtres sont accomplis, le choeur, comprenant enfin ce qui s'est passé et représentant le peuple d'Argos, s'apprête à se rebeller contre Clytemnestre et Égisthe. Alors qu'Égisthe et le choeur s'apprêtent à en découdre, Clytemnestre désamorce la situation de quelques phrases artificielles et sans force, du style « assez de sang, retournez chez vous vieillards ». Et tout le monde range ses armes bien gentiment.
Tatata ! Je n'y crois pas je vous dis. Ça aurait dû saigner. Mais la mort de Clytemnestre par le peuple aurait voulu dire « adieu à la trilogie » et « on se fiche de la mythologie ». Eschyle, n'avait pas le choix de sa fin. Il aurait quand même pu se fendre d'une meilleure interprétation.
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La pièce, première partie de l'Orestie, se déroule à Argos, devant le palais d'Agamemnon au cours de la dixième année de guerre contre Troie.
Dans le prologue un veilleur aperçoit une lueur au milieu de la nuit : c'est un feu qui brûle au sommet de l'Arachnaios et qui annonce la victoire des Grecs sur Troie. le veilleur est heureux de revoir bientôt son maitre, même s'il semble un peu anxieux de ce qui se passe dans le palais, et court annoncer la bonne nouvelle à Clytemnestre.
Puis entre le choeur, formé des vieillards d'Argos. Celui-ci rappelle d'abord la cause de la guerre et les années de bataille qui ont suivis, puis la prophétie de Calchas et la mort d'Iphigénie sacrifiée par son père. Dans le premier épisode Clytemnestre annonce au choeur que Troie a été prise pendant la nuit et que les Grecs ont saccagé la ville. Dans le premier stasimon, le choeur réfléchit sur le sort de Troie et sur Hélène qui a conduit à la mort de milliers d'hommes. Dans le deuxième épisode, un héraut vient annoncer à la reine la prise de Troie. Celle-ci le renvoit à Agamemnon pour qu'il lui dise qu'elle a hâte de le revoir. le choeur, anxieux, demande au héraut des nouvelles de Ménélas et apprend qu'il a disparu dans une tempête. le choeur dans le deuxième stasimon se penche à nouveau sur la chute de Troie et la met sur le compte d'un crime ancien qui sera la cause de malheurs futurs. le troisième épisode correspond au retour triomphal d'Agamemnon. Il accepte après beaucoup d'hésitations de rentrer dans le palais en foulant des tissus précieux. Dans le troisième stasimon , le choeur fait part de son épouvante prémonitoire. Au début de l'exodos, Cassandre informe le choeur de ses prémonitions, en prédisant le meurtre du roi et le sien, puis rentre au palais faire face à son destin. On entend dans le palais trois cris et les membres du choeur, ayant des avis partagés, ne savent quelle conduite adopter. Puis Clytemnestre ressort du palais se vantant de son crime qui venge sa fille Iphigénie, et avoue son amour pour Égisthe. Égisthe sort à son tour, se réjouissant de la mort d'Agamemnon, car cette mort venge son père Thyeste. le choeur annonce alors la vengeance d'Oreste à venir.

La vengeance et la haine sont des thèmes en filigranes de la trilogie toute entière : dans Agamemnon, Clytemnestre tue son mari pour venger la mort d'Iphigénie, sacrifié par son père. Pour Égisthe, cette mort venge Thyeste, dont les enfants ont été tués par Atrée, père d'Agamemnon. Dans les Choéphores, Oreste tue Clytemnestre, sa mère, et Égisthe, pour venger la mort d'Agamemnon. Dans les Euménides, Oreste est poursuivi par les Furies, déesses de la vengeance, pour avoir tué sa mère. Chaque crime est ainsi vengé par un autre crime.
Une place importante est faite à la fatalité et au poids du destin. En effet cette pièce retrace la mort du plus connus des Atrides, Agamemnon. Cette famille qui est poursuivi par la fatalité depuis le jour où Atrée sert en repas à son frère les propres enfants de celui-ci. de cet acte découlera des actes tous plus affreux les uns que le autres (meurtres, viols…). La fatalité, présente aussi à travers la place importante laissée aux dieux, poursuit ainsi chaque génération.
L'angoisse sous tend également toute la pièce. Dès le prologue, le garde semble anxieux. Puis tous les personnages le sont tour à tour, surtout le choeur qui portera cette angoisse tout au long de la pièce. Cassandre, elle est le personnage qui représente le mieux cette angoisse parce qu'elle sait contrairement au choeur, ce qui va se passer.

Cette pièce est intéressante pour plusieurs raisons. D'abord, elle fait partie de la seule trilogie dramatique conservée complète (Agamemnon, Les Choéphores, Les Euménides). Ensuite elle raconte la mort d'Agamemnon, qui est l'un des héros grec le plus connu. Enfin le style d'Eschyle, brillant et poétique, qui distille la peur tout au long de la pièce jusqu'à arriver à l'apogée de l'horreur, le meurtre.
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Agagmemnon n'est pas le héros principal de la pièce qui porte son nom, il n'apparaît que dans quelques scènes. C'est bien un héros pourtant, au sens strict. Il rentre de la guerre de Troie, victorieux. le chef des armées achéennes a triomphé, toute la ville le célèbre. Il faut oublier les soldats morts, oublier les dix ans d'absence, pour ne penser qu'aux célébrations. L'épouse d'Agamemnon, Clytemnestre, lui a préparé un véritable triomphe, lui déroulant même le tapis de pourpre. L'honneur de la famille est donc vengé, Ménélas a récupéré Hélène, Pâris est mort, Troie est détruite, Agamemnon a pris sa part du butin, la belle Cassandre.
Ce sont les personnages féminins qui sont les plus intéressants dans cette pièce : Cassandre qui prophétise en transe le malheur qui va arriver à Agamemnon et le sien propre, dans des paroles obscures pour ses auditeurs, mais parfaitement transparentes pour le spectateur antique nourrit de mythologie, qui sait ce qui va arriver. C'est un personnage tragique qui a déjà souffert et qui souffrira encore.
Et puis il y a Clytemnestre, la figure principale de la pièce, monstre au féminin. La comparaison qui revient à plusieurs reprises - et qui peut étonner pour nous au XXI ème siècle, c'est celle de "chienne". Elle se présente comme la chienne fidèle à son maître, son époux, qui a gardé son foyer en son absence et qui a aboyé contre ceux qui le menaçaient. Mais elle n'est pas la fidèle et patiente Pénélope... La chienne, c'est aussi celle qui prête à tout pour ses enfants. Et Clytemnestre souffre, depuis dix ans, depuis le départ des navires pour Troie, lorsque son mari a sacrifié leur fille, Iphigénie, la mettant à mort pour obtenir les vents favorables pour son armée. Depuis dix ans, Clytemnestre prépare sa vengeance.
Mais dans l'ombre, un autre personnage, peu présente dans la pièce, a toute organisé. C'est l'amant de Clytemnestre, le régent du royaume, et il veut venger son père, chassé du pouvoir par Agamemnon. On retrouve les relations familiales haineuses et meurtrières au sein de la famille des Atrides, même si j'aurais eu un peu de mal à comprendre les plaintes d'Egysthe si je n'avais pas su son origine familiale. J'avais d'abord lu Thyeste de Sénèque qui présente ce mythe.
Une pièce violente, pleine de bruits et de fureur, de massacre et de vengeance en famille, où les héros sont égorgés dans leur bain et les manipulateurs restent dans l'ombre.
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Il s'agit d'une tragédie nous racontant le retour d'Agamemnon de la guerre de Troie, qui est accueilli par sa femme. Jusque là ça pourrait aller, pourrait !
Sauf que pour partir il a du sacrifier leur fille aux dieux (une vies contre toutes celles qu'il allait prendre)… et la vengeance sera terrrrrrrible. J'ai un amour particulier pour Cassandre qui a des répliques fantastiques !.. et que personne n'écoute une fois encore.
J'aimerais tellement voir ça sur scène !!! Entendre le chant du choeur serait un grand bonheur… et je pense vraiment que cette pièce ferait du bien à beaucoup d'entre nous.

Comme beaucoup de pièces antiques nous avons un choeur qui répond aux protagonistes et qui généralement reprend « l'avis du peuple ».
J'aime cette construction car après tout ce sont des rois et leurs batailles impactent les gens.

La pièce fait partie d'une trilogie mais comme je n'ai pas lu et ne me suis pas renseignée sur les deux autres je n'en parlerai pas… désolée !

Pour moi, cette pièce est une réflexion sur le droit.

Le droit qui induit de la violence, l'exigence de la vengeance de sang : quand un père tue sa fille, la mère tue le père, et sera tuée à son tour.
Pourtant le premier sang a été versé en pré-condamnation pour les meurtres de guerre qui seraient commis par la suite (inception de meurtres?).

Oreste finit le tout : toute la famille finit dans le sang.

La question de la gravité, de la légitimité du châtiment se pose.
Sauf qu'ici les Dieux sont à l'origine du tout. Mais j'aime la réflexion développée autour du crime de guerre. Où est la « justice » dans tout cela ?
Peut-on effectuer une gradation entre des meurtres ?

Plus personnellement j'aime le texte en lui même, même si je sais que « juger » ainsi sans avoir connaissance des deux autres pièces est un brin absurde, mais je suis touchée par les images employées, par le ton du choeur et par la souffrance de Clytemnestre. Si je calibrais mon avis comme je le ferai pour une pièce contemporaine, je dirais que clairement « j'ai adoré » si je prends plus de pincettes pour un texte ancien, gardez cette idée : c'est une super lecture !
Et Eschyle a un don du suspens formidable… chaque personnage (sauf les morts, mais c'est logique) ont une évolution propre, et on a le temps de s'attacher à Clytemnestre, de la comprendre avant qu'elle nous échappe.
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"Son théâtre est un tableau lucide des sentiments d'hommes que la fatalité met à l'épreuve".
(Ceci est un extrait de la quatrième de couverture de "Théâtre complet" de Eschyle chez Flammarion)

"Agamemnon" c'est ça ! C'est l'histoire d'un père meurtri, d'abord symboliquement, déchiré par l'opposition entre sa vie de famille d'un côté et ses responsabilités guerrières de l'autre. Puis meurtri physiquement, par sa femme, une fois son devoir accompli.

Cette pièce est absolument touchante car elle décrit en son sein une situation intemporelle de manière poignante. Un père face aux conséquences d'un choix tragique (évidemment), sacrifier sa famille, un peu tout du moins, pour accomplir des objectifs hors du foyer (qui n'a pas souffert où qui ne connaît personne ayant souffert d'un père absent ?). En privilégiant ce qui se passe dehors au détriment de ses enfants, comment ne pas attirer le courroux de sa femme ? Et si Agamemnon avait fait l'inverse, cela aurait-il été la bonne solution ? Il y en avait-il une seulement ? le fait de réussir à soulever ces questions montre une compréhension profonde de la mélancolie de la vie humaine.
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Comme pour "Les Perses", le spectacle s'ouvre sur un peuple qui se ronge les os en attendant le verdict glorieux ou non de la guerre à laquelles la cité a pris part.
Par contre a l'opposé des "Perses" le verdict sera positif : Agamemnon revient victorieux de la Guerre de Troie après 10 années de lutte. Il sera accueilli en héros par le peuple et par sa femme qui sera à la tête des festivités.
Le tragédie prend forme en fin de piece lorsqu'un oracle annonce la mort imminente d'Agamemnon.
Apres 10 ans de combat, maintenant enfin achevé, ou Agamemnon à survécu, la prédiction semble irréalisable...
Et pourtant...
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