Il lui donne rendez-vous, mais ne s'y rend jamais.
Ce n'est pas par timidité, par crainte d'une déception, non, il veut seulement s'amuser, et penser que la fille l'aura attendu en vain suffit à son plaisir.
Il y a des moments, comme ce soir, où elle se demande ce qu’elle fout avec ce mec près de ses sous et aussi sérieux qu’un pape. Elle ne se souvient pas qu’ils aient, un jour, une seule fois, été emportés par un fou rire. Ces instants un peu idiots mais qui vous font dire : « J’ai fait le bon choix
Stéphanie est fascinée par le bonheur qu’ils ont eu de se rencontrer. Un jour, elle lui a dit que le hasard avait bien fait les choses, il a répondu avec un tel sérieux qu’elle en a été impressionnée : « Le hasard n’existe pas, Stéph. C’était notre destin à ta mère et à moi.
-Partez, monsieur. Descendez ici, cela vaudra mieux, tente Vincent, le plus calmement possible. Autant éviter de se battre, espère-t-il. – Je vais plutôt te foutre mon poing dans la gueule, pauvre con, tonne le géant. Dans le wagon, personne ne pipe. Observer, oui, se mêler de cette histoire, surtout pas.
Vincent n’est plus aussi charmant et aussi aimable qu’il peut le laisser paraître au premier abord. Sa fêlure est profonde, très profonde, même s’il parvient sans peine à la dissimuler.
La faute à ces petits détails dus au hasard qui font souvent le sel de la vie. Mais pas toujours.
Dans la vie, il faut savoir se quitter avant de réaliser que c'est trop tard.
Le hasard sait aussi faire du mal.
Comme quoi, dans la vie, il faut aussi provoquer le destin. (...) Quand on est, comme Guirado, petit-fils de républicain espagnol abattu par des miliciens, fils d'ouvrier dans la métallurgie à Carmaux, avec une mère s'exprimant à peine en français, cela tient du miracle, et démontre une sacrée volonté de réussir, pour intégrer la crème de la crème de la police française.
Alors qu’il reste moins d’une dizaine de stations, Vincent triomphe déjà. À l’instinct, il est sûr de la victoire finale. Elle sera sa prochaine proie. La chasse a été bonne.