J'ai immédiatement aimé le ton de ce livre. Jan, le narrateur, m'a tout de suite été sympathique. Avec son franc-parler, son naturel, son optimisme, sa chaleur humaine, il m'a charmée dès le début.
Et Jan ne fait que nous donner des raisons de l'aimer, comme le démontre son dévouement pour son ami, le temps qu'il passe auprès de lui. C'est touchant cette amitié à la vie à la mort.
Jan se donne aussi corps (c'est que le cas de le dire- vous comprendrez pourquoi) et âme pour les résidents de la clinique psychiatrique qu'il a baptisée “
Le Nid de coucous” (cela fait rire tout le monde, même les principaux concernés), endroit où il effectue son service civil. Il ne compte pas ses heures et s'investit beaucoup. C'est aussi sans doute pour se changer les idées...
Mais difficile d'oublier Nils. Et Jan s'est donné une mission : tenir un journal des événements pour lui, Nils, son meilleur ami. Car il n'y aurait pas de roman sans lui et le drame qui l'a touché : l'accident de moto qui l'a plongé dans un coma profond. Il s'est déjà écoulé six semaines au moment où le roman débute.
Autour de Nils et Jan, il y a a toute une bande de copains : Stephan, Rick, Lukas, Michael et Nelly, la petite amie. Sous le crayon de Jan qui écrit tout mais vraiment tout, se dessinent les contours de rapports qui se délitent. Les uns n'osent plus venir, des secrets sont révélés (un surtout!) et autour du lit d'hôpital de Nils, ça se déchire. Certains moments sont assez terribles. Et le désespoir des uns et des autres est palpable.
Le temps passe et tout part en vrille. Sauf Jan. Lui, il garde espoir. Cette amitié est tout pour lui. Il se raccroche au passé et écrit le présent pour ne pas sombrer.
Ses lettres sont drôles, la plupart du temps. Jan a du talent pour raconter des choses simples. C'est sans doute parce qu'il s'adresse à Nils, son meilleur ami, et que du coup, il est honnête, simple et naturel.
Alors le temps continue de passer avec des hauts et des bas, des disputes, des rendez-vous interdits dans la buanderie du Nid de Coucous, des pauses "clope" en cachette avec Soeur Barbara, des concerts improvisés de trombone, des beaux moments de complicité avec Mme Stermmerle, une résidente, des bières bues et d'autres abandonnées sans y avoir touché, des virées en moto (encore, quand même), des mises au point, des sauvetages, du lâcher prise, la vie ou la mort.…
En tout cas, si Nils ne peut pas lire ces lettres, nous, on prend un plaisir immense à le faire. C'est un procédé narratif intéressant qui permet ici de mettre à distance le malaise de la situation et le fait que derrière tout cela l'angoisse, la tristesse et la mort ne sont pas loin.
A chaque nouvelle lettre, on tremble d'apprendre une mauvaise nouvelle. Une fois la peur passée, on peut rire des anecdotes racontées. Elles ne le sont pas toutes non plus. Même si Jan essaie de garder le moral et un ton positif!
Bref, je ne veux pas trop en dire sur ce roman. En tout cas, moi, il m'a vraiment touchée. le sujet n'était pas facile à aborder et
Rita Falk le fait avec humour, lucidité (aucun détail ou presque ne nous est épargnés), émotion (Jan est très touchant et encore plus à mesure qu'on apprend à le connaître). On voit vraiment comment la vie s'organise dans des situations difficiles comme peut l'être celle d'avoir un être cher dans le coma.
Avec cette attente terrible, ascenseur émotionnel épuisant moralement...
C'est un formidable roman et un gros coup de coeur !
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