AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 72 notes
5
5 avis
4
6 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Erwin Sommer citoyen estimé de sa ville, propriétaire d'un magasin florissant marié depuis 15 ans avec Magda. Une série d'échecs professionnels et relationnels avec sa femme notamment et « qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ». C'est l'oubli dans l'alcool, c'est la plénitude dans l'alcool, mais les marches descendent lentement mais sûrement en enfer. Humiliations, disputes sordides, beuveries, rencontres dangereuses et c'est les barreaux d'une prison qui l'accueillent. Nous sommes en 44 en Allemagne, (serait ce différent aujourd'hui ?) il échoue après la prison dans un hôpital psychiatrique… La descente est de plus en plus rapide.
Fallada, dépeint avec précision, lucidité, comme si il y avait toujours vécu ? un univers carcéral des plus sordides, un asile psychiatrique des plus vils où les hommes se battent, se volent, s'entredéchirent. Page après page, on découvre, on s'émeut, on se perd, comment est ce possible. Pas d'humour, le roman noir par excellence sans être policier. Triste, mais réaliste, et captivant non comme un roman d'aventure, mais comme un essai sur les bas fonds d'une société, sur un système judiciaire, pénitentiaire à vous donner froid dans le dos.
« du grand Fallada, noir et grinçant ».



Commenter  J’apprécie          30
Hans Fallada est le pseudonyme de l'écrivain allemand Rudolf Ditzen (1893-1947). Rudolf Ditzen naît dans une famille aisée mais a des relations conflictuelles avec elle. En 1911 suite à une sombre affaire de suicide d'un de ses amis, maquillé en duel dans lequel il est gravement blessé, Fallada est inculpé de meurtre et interné dans une clinique psychiatrique à Iéna pour une courte durée. Il abandonne ses études secondaires sans diplôme et fait un apprentissage agricole. de 1913 à 1928, il occupe des emplois divers dans ce secteur, sans être requis plus de quelques jours pendant la Première Guerre mondiale. de 1917 à 1919, il suit plusieurs cures de désintoxication (alcool et morphine) et par la suite il est à plusieurs reprises mis en prison. En 1929, il se marie et aura trois enfants, époque à partir de laquelle il travaille dans les secteurs de l'édition et du journalisme, jusqu'à ce qu'il puisse vivre de ses droits d'auteur. Hospitalisé en raison de ses problèmes d'addiction, Hans Fallada meurt d'un arrêt cardiaque le 5 février 1947.
Si le Buveur est un roman, il est aussi grandement autobiographique. En 1944 Hans Fallada divorce, mais un épisode violent en août contre son ex-épouse entraîne son incarcération pour trois mois, où il rédige en secret une "confrontation intensive avec les humiliations et les crises personnelles des années passées". le roman qui ne sera finalement publié qu'en 1950, après la mort de Fallada, est une partie de ce manuscrit.
Le narrateur, Erwin Sommer, la quarantaine, est propriétaire d'un magasin de produits agricoles qui marche bien, dans une petite ville de province. Il est marié avec Magda depuis une quinzaine d'années mais le couple n'est plus ce qu'il avait été. Une négligence professionnelle puis un court voyage à Hambourg pour rattraper le coup lui font découvrir l'alcool, et lui qui ne buvait jamais tombe dans ce piège addictif. le roman va s'attacher à transcrire la descente aux enfers d'Erwin Sommer.
Pour le lecteur, le bouquin est en deux parties, même si elles ne sont pas concrètement signifiées. Il y a l'avant et l'après incarcération. Personnellement, j'ai préféré l'avant. le ton est enjoué, on s'amuse à suivre cet Erwin, pas très futé et naïf, pas vraiment bosseur, faible de caractère mais ces traits de sa personnalité se lisent en creux car le narrateur ne se voit évidemment pas comme tel, ou bien lors de rares moments de lucidité qui ne durent pas. Puis l'alcool devient drogue dont il ne peut se passer, l'argent du ménage et l'argenterie, tout va partir en bouteilles de schnaps. L'engrenage fatidique est en marche, les mauvaises rencontres, l'entreprise qui périclite, la lutte d'influence avec Magda qui s'avère très « compétente » et selon les mots, plus tard, d'un médecin, « votre femme, dans votre couple, est celle qui mène et qui domine. » Erwin devient paranoïaque, aveugle à la situation, se croyant plus malin que tout le monde. Il va connaître la prison pour tentative d'assassinat sur sa femme, puis l'incarcération en maison de santé. le bouquin est alors extrêmement plaisant à lire, plein d'humour, voire comique (en exagérant un peu, limite Laurel & Hardy dans certaines situations !)
La seconde partie est beaucoup plus classique – du moins à le lire aujourd'hui ( ?) – la vie en prison, les combines, les vexations, la dureté de la vie, on connait nous avons déjà lu cela. Par ailleurs le sevrage semble passé sous silence ou du moins se dérouler naturellement, sans que l'auteur, bizarrement, s'y attarde… C'est moins drôle évidemment, mais on ne tombe jamais dans l'horreur, je l'ai dit le ton de l'ouvrage est léger et même en prison, l'humour (forcé) subsiste, « nous sommes nourris de bonne eau bien chaude… »
La dernière page du roman est très belle, même si elle est très symbolique du caractère définitivement déraisonnable de ce pauvre Erwin Sommer. Un personnage qui ne nous restera, grosso modo, jamais vraiment antipathique… mais comme c'est aussi lui qui a écrit le bouquin… Un fort bon roman au demeurant.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (208) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz: l'Allemagne et la Littérature

Les deux frères Jacob et Whilhelm sont les auteurs de contes célèbres, quel est leur nom ?

Hoffmann
Gordon
Grimm
Marx

10 questions
416 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature allemande , guerre mondiale , allemagneCréer un quiz sur ce livre

{* *}