Ce roman a été publié une première fois à l'époque de la RDA mais avec des coupes de censure importantes. Il a été rétabli dans sa version intégrale en 2011 en Allemagne et en 2015 en France. Ecrit juste après la guerre 39/45 par
Hans Fallada, de son vrai nom Rudolf Ditzen qui est décédé en 1947, il décrit très fidèlement les conditions de vie des citoyens allemands sous le III ème Reich. Il montre sans concession, les climats de peur, de suspicion, de délation permanente, de perversité du régime, et de ses suppôts, les systèmes policier, judiciaire, pénitencier. Il nous plonge, dans une rue peuplée de gens ordinaires qui sont un reflet probablement très juste de la société allemande de 1940 à 1945. le livre débute en mai 1940, Berlin fête la campagne victorieuse sur la France, dans un immeuble de la rue Jablonski cohabitent des persécuteurs et des persécutés. La juive, Madame Rosenthal, qui est menacée, dénoncée, pillée par ses voisins. L'odieuse famille Persicke, les parents, dont le père alcoolique invétéré, ont adhéré au parti nazi, la fille est gardienne à Ravensbruck, le fils Baldur jeune recrue des SS qui terrorise le quartier, y compris sa propre famille, finira même par exiger que son père placé en asile soit euthanasié. Lorsque la factrice Eva Kluge dépose chez le couple Quangel, la lettre qui les informe de la mort au front de leur fils, elle va changer leur destin. Otto est contremaître dans une usine de meubles, il est adhérent au syndicat du parti nazi, Anna est ouvrière dans une usine de textile, elle aussi est adhérente au syndicat nazi des femmes, ils ont été de fervents admirateurs du Fürher, ils vont se lancer dans une action de résistance sans envergure, mais qui leur permet de " rester convenables ". Ils vont inonder Berlin de 270 cartes en forme de tracts pour dénoncer les atrocités et les mensonges du régime. La première carte débute par " Mère, le Fürher a assassiné mon fils... ". le climat de peur qui régnait dans la population est parfaitement décrit, lors de la découverte des cartes, les gens craignent d'être vus avec les cartes, d'être accusés de les avoir écrites, de les avoir déposés, lorsqu'ils les montrent à un ami, celui-ci a peur que se soit pour le trahir. Ils ne savent pas comment s'en débarrasser, comment les faire parvenir à la gestapo sans risquer l'emprisonnement. Pendant 2 ans les héros Quangel vont déjouer la police, et les inspecteurs lancés à leur trousse vont connaître des destins très contrastés . Malheureusement, les Quangel seront arrêtés et vont entraîner dans leur chute, tout leur entourage, la famille d' Anna, l'ex-fiancée de leur fils. Les méthodes perverses et brutales de la gestapo, les conditions démentes de l'emprisonnement, la parodie de justice des tribunaux sont décrites avec minutie. C'est un livre bouleversant, d'une force incroyable qu'il faudrait faire lire à ceux qui de nos jours, font confiance aux extrémistes politiques où religieux. Les dirigeants allemands ont entraîné le monde dans la guerre, et leur peuple dans l'enfer. Il est des lectures que l'on n'oublie pas, "
Seul dans Berlin " sera de celle-là.