Arrogant et énervant dans son aspect totalement délirant : Arturo
Bandini à 18 ans…
Peut-être pas la meilleure entrée dans l'univers de Fante que ce premier roman, qui n'a pas été publié de son vivant. Ecrit en 1933, publié en 1983.
Arturo
Bandini donc, le héros de plusieurs de ses romans, doit travailler pour faire vivre sa mère et sa soeur, son père étant décédé.
Mais
Bandini est un jeune un peu particulier : il lit de grands auteurs, beaucoup de philosophie, admettant lui-même qu'il n'y comprend pas grand-chose.
Il prend de haut toutes les personnes qui l'entourent, et en particulier les gens de sa condition. Il leur crache à la gueule son mépris.
Il dénigre particulièrement les femmes, êtres inférieurs apparemment pour lui.
Il se montre violent avec les insectes, les crabes (pas d'animal à sang chaud cependant) et envers lui-même quand il s'inflige quelques blessures.
Il ment, à tout bout de champ.
Et surtout, il part dans des tas de délires : il se raconte des histoires dont il est invariablement le héros incompris ; il réfléchit à sa condition qu'il trouve tout à fait injuste, puisqu'il est un génie mais le seul à le savoir, ressassant sur son sort, tout en insistant sur le fait qu'il ne se plaint pas ; beaucoup de dialogues du livre sont de beaux dialogues de sourd à cause de lui…
Mais,
Bandini est très préoccupé par ses femmes, celles des magazines avec lesquelles il s'inventent des histoires, quelques autres plus réelles aussi.
Mais,
Bandini réagit violemment à la bigoterie de sa soeur.
D'ailleurs, quand il pense son avenir entravé, qu'il met cela sur le dos de « ses femmes » (celles qui lui tournent la tête), il cherche un moment à retrouver les prières qui l'apaisaient quand il était enfant.
Quelques autres passages suggèrent une réflexion sur l'éducation religieuse et ses répercussions sur les jeunes hommes à l'éveil de leur sexualité.
Je reste sceptique pour celui-ci mais à voir, maintenant que
Bandini a pris
la route de Los Angeles, ce qu'il fera de sa condition…
Influences soul, reggae, blues. Et une petite merveille dans le texte, très à propos ici :
« […]
Johnny j'savais pas vraiment ce que j'foutais là
Mais y'avait du taf alors j'y suis allé voilà
Johnny j'voulais un peu de grisby et puis rentrer chez moi
Mais le temps et les années ont dit :
« ça s'passera pas comme ça ! »
Johnny le fossoyeur poète à ses heures
Johnny le petit menteur et sa soeur qui vend des fleurs
Johnny tu t'es pas levé ce matin pour aller à la messe
Ta femme t'a jamais pardonné ta passion pour les fesses
Johnny t'en as déjà trop dit
Fout le camp et en vitesse
Avant que le bitume ne te blesse
Johnny c'est lui, Johnny c'est vous, Johnny c'est moi
Faites bien gaffe à vous
Et m'oubliez pas
J'ai quelques vices mais j'suis peace
Bien plus clean que le palais de la justice
Si j'fais des vieux os faut pas que ça soit à l'hospice
J'profite mais si je sais qu'ça glisse
Avec le vent comme complice… »
Extrait de « Avec le vent », Anis :
https://www.youtube.com/watch?v=hTrxHUpsYUI