"A quoi rêvent les étoiles" ne faisaient pas vraiment partie de mes priorités littéraires, ce roman ayant l'air un peu trop "gentil" pour me plaire… Moi, c'est "
Tout ce que dit Manon est vrai" que je voulais lire.
Et puis, aussi vrai que le hasard - ou bien est-ce les étoiles?- nous bouscule parfois, il travaille aussi à notre culture livresque en nous faisant tomber sur des romans qu'on ne pensait pas lire.
Ainsi, alors que j'arpentais le chapiteau de la Fête du Livre organisée par ma ville, je n'ai pu accéder à l'auteur pour lequel j'étais venue -trop de monde- et je me suis retrouvée tout près du stand de la librairie qui avait invitée
Manon Fargetton. Quitte à être là… J'ai donc jetée un oeil aux livres exposés, tendant l'oreille aux propos tenus par l'auteur à une jeune lectrice qui m'apprennent que dans "A quoi rêvent les étoiles" le théâtre prend beaucoup de place, qu'elle y a mis beaucoup d'elle et de ses années de régisseuse lumière. Voilà qui me parle! J'aime le théâtre, et les romans qui en parlent également. Surtout quand la scène appartient à des adolescents qui y grandissent et y puisent des forces. Que voulez-vous, on ne se refait pas et le choc ressenti à la lecture de "3000 façons de dire je t'aime" n'est pas si loin. Je choisis mon exemplaire, le paye et la libraire le tend à
Manon Fargetton qui m'offre alors la plus jolie dédicace qui soit, à coups de feutre turquoise, d'étoiles dorées, d'un avion vintage et de constellation. Mieux encore, j'ai l'occasion d'échanger avec elle, généreusement, simplement.
Manon Fargetton est incroyablement vivante, chaleureuse et son regard pétille d'intelligence. Comment ne pas avoir envie, après ça, de se plonger dans sa bibliographie?
Dès le matin suivant, je me suis plongée dans la constellation relayée par "A quoi rêvent les étoiles".
Ils sont cinq, comme les doigts de la main, comme les Mousquetaires version Albert et tromblon à spaghettis.
Luce a perdu son mari et avec lui, toute envie de vivre. Pourtant, avant, elle était une véritable aventurière, une voltigeuse, une femme de tête dans un monde d'hommes. Elle n'avait peur de rien, sauf peut-être de le perdre lui.
Titouan refuse de quitter sa chambre. C'est comme ça. Il ne veut plus du monde, à moins que ce dernier ne lui fasse peur. Depuis, il passe son temps à jouer en ligne ou à bâtir une jungle de lego, colorée et étrangement poétique, qui colonise sa chambre d'adolescent meurtri.
Alix ne rêve que de théâtre. Il n'y a que sur les planches qu'elle sent bien, chez elle. Jouer, jouer. Jouer et quitter Saint-Malo.
Armand a oublié ses rêves et la puissance de sa musique pour se consacrer à sa fille, omettant au passage de reconstruire son coeur brisé. Il ne se rend pas compte de ce que son amour a d'étouffant.
Gabrielle a souffert elle aussi et depuis, elle refuse de vivre vraiment, se consacrant corps et âme à son travail, quitte à en souffrir.
Ces personnages n'auraient pas dû se croiser, enfin pas tous, et pourtant, un mystérieux message va contribuer à tous les réunir, le temps pour eux de grandir, de renouer avec leurs vieux rêves et de combler des solitudes, d'autant plus douloureuses qu'elle s'épanouissent au milieux des autres.
On ne va pas se mentir, "A quoi rêvent les étoiles" n'est pas follement original ni audacieux. Il est même parfois cousu de fils blancs; traînées de poussière d'étoiles mâtinée de voie lactée.
Il est un peu trop doux, trop suave et lorgne du côté des romans "feel-good", option adolescence.
En d'autres termes, il n'aurait pas dû fonctionner sur moi qui n'aime rien tant que les histoires âpres, passionnées voire douloureuses. Et pourtant, ce roman bleu et or m'a infiniment touchée. Je l'ai trouvé beau, d'une beauté un peu fragile et pleine de grâce.
Il faut dire qu'au delà de son style, de ce qu'il défend, "A quoi rêvent les étoiles" est plein de petites choses qui me touchent particulièrement, de quoi mettre mon objectivité critique à mal...
Il y a la peinture de cette relation entre un père et sa fille, si pleine d'amour malgré les remous et les orages. Moi, les histoires qui mettent en scène des pères et leurs filles, je n'y résiste jamais bien longtemps, peut-être parce que le mien me manque si fort depuis si longtemps...
Il y a les avions. Mon papa aussi était pilote à ses heures perdues.
Il y a le théâtre, "La Cerisaie".
Il y a les rêves, ceux de l'enfance et les autres.
Il y a Titouan.
Et il y a les crêpes, et les crêpes, c'est la vie.
Alors peut-être bien que "A quoi rêvent les étoiles" est un peu facile, un peu gentillet et que sa langue -si ce n'est le découpage en acte- est un peu plate... Mais il m'a fait du bien. L'effet d'une boisson bien chaude après le froid, l'effet d'une brioche à la cannelle après une journée noire, d'un bain chaud après la pluie.
Peut-être bien aussi que ma critique est complètement dénuée d'objectivité et d'esprit critique, qu'elle s'appuie sur mon ressenti plutôt que sur ma réflexion... mais franchement, je m'en fiche.
Elle est si jolie cette histoire.