Vers l'infini et au-delà ! Enfin... l'infini peut-être, mais pour l'au-delà tout dépend auquel on fait allusion.
Parce qu'il faut pouvoir y parvenir à remonter ces centaines de milliers de kilomètres de fleuve, et encore sans savoir même s'il y a un début et une fin à cet écoulement continu, à ce défilé de plaines et de civilisations différentes. Donc pour aller au-delà, il faut s'accrocher, croiser les doigts et s'armer de patience.
Richard Burton se réveille au commencement de la vie dans ce monde étrange et étranger. Contrairement à beaucoup d'autres, il n'aura de cesse d'explorer ce nouvel environnement, et de comprendre sa raison et son fonctionnement. N'ayant pas beaucoup d'autres alternatives, il va se faire un devoir de remonter le fleuve, dans l'espoir d'atteindre sa source et ainsi, il l'espère, obtenir toutes les réponses à ses questions.
Mais en attendant, il va devoir s'adapter aux conditions de vie et surtout à la multitude de personnages qu'il va rencontrer et avec qui il va devoir vivre en société. Car c'est bien là tout l'intérêt de cette passionnante histoire, que d'observer comment des gens de toutes les époques imaginables, de toutes les régions existantes, ou ayant existé sur Terre, peuvent cohabiter dans les milliers de micro-Etats qu'ils doivent bâtir et gouverner eux-mêmes.
En parallèle des aventures et mésaventures, qui sont au rendez-vous, ne vous en faites pas pour cela, il y a continuellement une confrontation de points de vue selon les origines des protagonistes. Il est énormément question aussi de la question des formes de gouvernements, sombrant facilement dans la dictature et l'autoritarisme, et du traitement des minorités en présence, aboutissant souvent à de l'esclavagisme, parfois sur fond d'antisémitisme. On voit bien les séquelles de la seconde guerre mondiale encore fortement présentes dans l'esprit de l'auteur au moment de l'écriture de ce livre.
Ce livre qui, au final, est un véritable mélange de roman d'aventure et d'expérience psychologique.
Le principal point négatif de ce bouquin, qui se lit d'une traite au rythme régulier de l'eau qui coule et s'écoule éternellement, c'est la place et le traitement de la femme. Je sais que c'est propre à une bonne partie de l'âge d'or de la SF, mais là ça m'a un peu plus dérangé que d'habitude. Ici l'homme va se chercher et se trouver, car c'est d'une facilité aberrante, une femme pour se distraire ou comme compagne sérieuse, comme il va se remplir sa gourde d'eau ou se chercher à manger au point de ravitaillement du coin. On peut mentionner, entre autres, ce passage où, une fois que
Richard Burton et deux acolytes seront acceptés comme citoyens dans un des pays, ils pourront "se choisir une compagne", ou encore ce que déclare à un moment notre héros, qui affirme qu'il ne veut pas d'une femme intelligente mais simplement d'une femme belle et qui l'aime. Je ne citerai pas d'autres exemples, qui sont encore plus criants (et bien plus sexuels) pour ne pas spoiler.
Mais que cela ne vous freine pas pour autant, car nous avons là un vrai très bon roman de SF qui s'inscrit effectivement dans les classiques de ce genre.
Après il n'est pas certain que j'enchaine sur les tomes suivants tellement j'en lis et en entends des mauvaises choses.