Roxelane est une ode à la beauté, à la beauté d'une femme et de ses yeux pénétrants, à la beauté du théâtre et à celle d'un Orient raffiné et haut en couleur.
"Roxelane" est une pièce de théâtre en trois actes, écrite par
Claude Farrère.
Mais qui, destinée au théâtre lyrique, n'a finalement jamais été jouée.
Elle a été publiée, en 1920, dans la collection de "l'édition originale illustrée" des éditions "Édouard-Joseph" de Paris.
Le rideau se lève sur Stamboul, et sur le haremlick du sérail impérial ...
Le sultan Suleïman est l'époux.
Il est le roi des rois, l'ombre de Dieu, le khan de tous les khans, le sultan de tous les sultans, victorieux à Belgrade, Rhodes et Pesth.
Il est celui qui n'a jamais fui.
Sa première épouse est cadine Hasséki.
Son fils est le shah Zadeh.
Après avoir vaincu les infidèles à Beyrouth, le sultan est de retour.
Son vaisseau est au port, chargé de butin et d'esclaves.
L'une d'elle est la jeune vénitienne Roxelane, accompagnée de sa nourrice Khondjé Gul.
Pour elles, le lieu est terrible, le sultan épouvantable et la première épouse effrayante comme la mort !
La pièce prend vite des allures de tragédie antique.
La trahison et la perfidie s'y insinue comme le venin du serpent lorsqu'il a mordu.
Azraël, l'ange de la mort, déjà a marqué un front, celui de l'homme qui a souillé le harem, qui s'y est introduit du dehors.
Pour le coupable, un linceul de chanvre et le Bosphore profond pour tombeau ...
Cette très belle pièce est une pièce d'ambiance et de décorum.
Mais c'est aussi une magnifique histoire d'amour.
On y ressent la splendeur de ce seizième siècle à Stamboul où la finesse des moeurs voisinent avec la cruauté, où les colonnes de marbre surplombent les vasques et leurs jets d'eau, les tapis et les alcôves prises dans les murs.
La vieille ville de Stamboul est le décor de quelques livres, et de beaucoup de nouvelles écrites par
Claude Farrère.
Claude Farrère connaissait bien la Turquie où il avait séjourné quelques années durant, et après, sa carrière militaire sur les vaisseaux de la République.
L'écrivain s'y était passionné pour l'âme turque polie par des siècles et des siècles d'une brillante civilisation.
Et il rend, ici, à cette âme turque tout ce qu'elle lui a offert d'émotion, d'intérêt et de beauté.
Rehaussé de quarante-sept bois dessinés et gravés, le livret qui contient la pièce est aujourd'hui devenu rare et forcément un peu cher à l'achat d'occasion.
Mais sa lecture est un petit moment de délicatesse et de fine littérature qu'il serait dommage de ne pas avoir glissé dans sa bibliothèque ...