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EAN : 9782130729518
300 pages
Presses Universitaires de France (20/09/2017)
4.25/5   2 notes
Résumé :
Etude sur la pratique de la torture à la fin du Moyen Age et la construction d'un mythe.
A partir des archives du Parlement de Paris, l'auteure étudie les limites et les contrôles du recours à la torture judiciaire et le passage à un usage plus politique de la torture.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Faustine Harang est agrégée d'histoire et docteur de l'université Paris1 Panthéon-Sorbonne.
Elle a travaillé à la source et a fait des longues recherches sérieuses en consultant des centaines de procès et comptes-rendus judiciaires, aux Archives du Parlement de Paris.

Avec son livre « La torture au Moyen Age XIVe -XVe siècles », elle nous démontre, contrairement aux fausses idées, que « la torture » à cette époque précise, était encadrée, très contrôlée et finalement très réduite.
Ce qui m'a un peu étonné !
Le mot « torture » est un mot très récent dans l'Histoire, que vous ne retrouverez pas dans les minutes des procès-verbaux de l'époque.
On parlait que les accusés étaient soumis à la « gehine » et plus tard à la « question »
Même si ces souffrances physiques et psychologiques infligées, étaient encadrées et surveillées par des gens de lois et un chirurgien très souvent, il n'en demeure pas moins que c'était tout de même un acte d'une grande barbarie et d'une extrêmement cruauté.
Bien souvent les accusés, terrifiés par les préparatifs de torture, puisque on les mettait déjà nus sur des tréteaux de bois, avouaient bien avant d'être soumis physiquement à ses épreuves.

Contrairement à d'autres fantasmes imposés par la « torture médiévale », il n'y avait pas seulement le bourreau qui était désigné pour faire cette épouvantable besogne.
Cela pouvait être le sergent de la ville, au le geôlier de la prison. Bien sûr, ces personnes coutaient moins cher que les prestations du bourreau.
Puis avec le temps, on a vu apparaitre « des spécialistes de la torture », qui parcouraient de ville en ville, là où la loi les appelait.
Et certains étaient réputés par leur extrême cruauté.

Je pense que les médecins de l'époque n'avaient qu'une notion très réduite de cette souffrance infligée à l'être humain. Et ignoraient l'impact psychologique sur l'individu qui était soumis à des humiliations, des emprisonnements de plusieurs mois, dans un cachot insalubre au pain sec et à l'eau, à dormir sur la pierre, ou à se faire broyer les chevilles avec des instruments, comme des brodequins en bois.

Mais le plus révoltant et le monde n'a malheureusement pas changé, ce sont les statistiques impressionnantes que l'historienne Faustine Harang a fait pour savoir qui étaient ces gens qui passaient à la « question ». Et elle explique que l'individu torturé ne l'est pas pour ce qu'il a fait, mais pour ce qu'il est.

Il y eu de très rares clercs qui furent soumis à « la question », car les hommes d'église en étaient exemptés.
De même que les bourgeois richissimes, qui achetaient les hommes de lois et juges corrompus, pour éviter d'être mis à la torture.
Peu de femmes aussi passèrent « à la question », hormis les accusées de sorcellerie ou d'hérésie (mais dans ce cas, les jugements et sentences appartenaient à l'Eglise). Qui étaient plus impitoyables que les juges royaux !

Restaient donc pour 80 % des accusés et condamnés, les vagabonds, les marginaux, les démunis, les pauvres êtres, les mendiants, les bandits détrousseurs, les étrangers de la région qui commettaient un forfait et les lépreux, une communauté ponctuellement ciblée.

Finalement c'est comme aujourd'hui, où il n'a pas de place pour les losers. Les plus exposés à cette infâme torture, étaient les gens du petit peuple et les plus défavorisés.

Faustine Harang a fait un travail remarquable et son livre est vraiment des plus instructifs et intéressants.

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critiques presse (1)
LaViedesIdees
20 mars 2018
Le Moyen Âge ne fut pas un temps plus tortionnaire que d’autres. À partir d’une enquête dans les archives du Parlement de Paris, Faustine Harang montre que le système judiciaire médiéval fit de cette pratique un usage réduit et, surtout, fort contrôlé.
Lire la critique sur le site : LaViedesIdees
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Dans sa transposition française, la « question » appartient donc à l’origine à la langue des savants. Dans le langage courant, c’est la gehine qui est le plus employée. Le vocabulaire de la torture est en cela tout à fait typique d’une société « plurilingue », où se côtoient le langage référentiel du droit romain et le parler populaire. La persistance de l’utilisation du terme « gehine » dans les actes rédigés en français, alors que les textes en latin, sauf exception, n’en font pas mention, traduit bien le syncrétisme qui s’opère entre des pratiques d’aveu contraint, antérieures à la résurgence du droit romain, et la réappropriation de celui-ci à partir des XIIe-XIIIe siècles. Petit à petit, le terme « torture » se fait une place aux côtés de la « question » et de la « gehine », participant ainsi du processus de formation d’une langue officielle, qui ne se veut redevable ni du droit romain, ni de la langue commune, et qui accompagne la construction de l’État monarchique.
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Si l’on considère la preuve comme un « mécanisme par lequel on parvient à établir la vérité d’une allégation, d’un droit ou d’un fait », la torture peut elle-même devenir une preuve. L’aveu valide en justice n’est que la réitération de l’aveu arraché au moyen de la question. Lorsque l’aveu répété entre en contradiction avec les aveux extorqués, ou bien que ceux-ci font l’objet de dénégations ultérieures de la part du prévenu, cela fournit un indice suffisant au juge pour relancer la machine de la procédure extraordinaire. Autrement dit, la torture judiciaire fait indirectement partie des preuves partielles qui figurent au dernier rang du système des preuves légales. Inversement, les aveux extorqués par la torture et la torture en elle-même peuvent devenir des éléments à décharge.
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La douleur infligée est appréciée en termes de degrés. En 1376, Adam d’Ay, sergent d’armes du roi, reproche à Jean Le Boursier, ancien bailli du duc d’Orléans, de l’avoir mis « à gehine moult villainnement », tandis que celui-ci se défend de l’avoir questionné « courtoisement ». Adam d’Ay dit avoir été blessé au bras et avoir eu une dent cassée par l’« estanguillon » que le bailli lui mit dans la bouche. Le terme « villainement », du verbe « vilener », blesser, désigne très explicitement les mauvais traitements induits par la torture. À l’opposé, la « courtoisie » avec laquelle doit s’opérer la question se rapporte, elle, à la Cour.
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Le vocabulaire du crime peut parfois sembler mouvant, varié et incertain, ce qui en fait une notion fuyante pour l’historien. Pourtant, la rigueur avec laquelle les ouvrages de doctrine naviguent entre droit romain, gloses et autres commentaires, mais aussi celle avec laquelle les juges conduisent un procès, ne sauraient être contredites par des formules floues ou aléatoires.
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La question se définit en fait par sa visée : arracher la vérité à l’accusé. Pour y parvenir sont utilisés les tourments, c’est-à-dire la douleur physique.
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