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sur 86 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après son saisissant "Le courage qu'il faut aux rivières". qui nous plongeait dans un village perdu en plein Balkans dans une communauté, un village aux traditions pour le moins archaïques, la poétesse et romancière Emmanuelle Favier raconte Virginia Woolf mais ce roman n'est pas une biographie classique sur la romancière que nous connaissons tous et toutes.

En effet, la Virginia Woolf que raconte la romancière française n'avait pas encore imposé sa marque, ce n'était pas la grande figure de la littérature mondiale que nous connaissons.

C'est plutôt la naissance d'une vocation qui intéresse Emmanuelle Favier, lorsqu'elle ne s'appelait que "Virginia Stephen". Elle y raconte avec détails et sensibilité l'enfance et l'adolescence de Virginia dans une Angleterre victorienne, rigide, pesante, parfaitement retranscrite.

Virginia est une femme née au sein d'une fratrie recomposée et artiste mais son cheminement jusqu'à la publication de ses premières lignes va prendre du temps puisqu'ils vont en fait coïncider avec la disparition d'un paternel, certes aimant mais qui ne la croyait pas capable d'écrire, ce qui, dans cette société fortement patriarcale ou les femmes ont soif d'émancipation n'a rien d'étonnant !
Loin de l'image de la femme fragile que sa fin tragique a pu laisser en nous, Emmanuelle Favier prend soin de construire une image différente de Virgina Woolf , mue par une farouche volonté de s'affranchir des jougs moraux et familiaux .

Comment s'inventer en tant que romancière dans un milieu où le patriarcat règne en maître? "Virginia" répond joliment et de façon pertinente à cette question qui touche à l'universel et l'auteur arrive à restituer parfaitement ses questionnements intérieurs et existentiels face à la page blanche.

Dommage que certains procédés stylistiques (ce "nous" qui voudrait englober le lecteur mais qui n'y arrive pas vraiment, pas tout le temps en tout cas) font un peu artificiels, mais le reste est suffisamment élégant et ambitieux pour convaincre ...

Une lecture à comparer et à compléter avec le film "Vita & Virginia" qui s'évertue à montrer également une autre facette de la grande romancière britannique, un film dont on parle très prochainement à l'occasion de sa sortie vidéo à venir ...


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« (…) mais allez savoir ce qui anime un esprit et un coeur victoriens soumis à l'épreuve argentique. »
Emmanuelle Favier s'y est collée dans cette biographie romancée de Virginia Woolf, dont elle a scruté la jeune vie, de sa naissance en 1882 au sein d'une famille reconstituée jusqu'en 1904, où à vingt-deux ans, Virginia prend la décision de se consacrer à l'écriture.
Empruntant un ton parfois badin parfois solennel, l'auteure, « du bout de sa lorgnette » d'au-delà du temps, nous entraîne au coeur des remous familiaux dans lesquels baigne Virginia, l'avant-dernière d'une fratrie de quatre enfants (Vanessa, Thoby et Adrian) nés des mêmes parents, ceux-ci ayant apporté avec eux dans le mariage d'autres rejetons nés de précédentes unions. Comme le veut l'époque victorienne, les apparences doivent être sauvegardées au prix de silences, de secrets et de règles strictes. L'été se passe au bord de la mer dans les Cornouailles, le reste de l'année dédié aux réceptions et aux visites dans la maison londonienne. Virginia s'ennuie mais, dans le même temps, son regard s'acère sur autrui. Son imagination débordante s'amuse à inventer des histoires qu'elle s'empresse de coucher sur le papier pour s'amuser, immense exutoire à une vie sans but. C'est ce long parcours parsemé de doutes, d'envies, de jalousie, de deuils et de passages à vide que nous livre avec émotion Emmanuelle Favier. « Nous en sommes au point d'imaginer, qui est la plus sûre façon de savoir. » Au diable, photographies et correspondances, il faut savoir lire entre les lignes. J'ai adoré cet ouvrage tout en finesse et en subtilité qui m'a permis d'entrevoir la jeune Virginia Stephen au seuil d'une autre existence, m'exhortant ainsi à lire ses romans, une lacune que je me dois de combler maintenant au plus vite.
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Voici le deuxième roman lu pour la rentrée littéraire. Un roman qui parle de Virginia Woolf bien sûr, mais avant qu'elle ne le devienne. de son enfance à ses 22 ans, âge auquel elle envoie sa première critique littéraire au Guardian, sans illusions, en omettant d'y joindre une enveloppe timbrée pour le retour et même son nom. Et pourtant, c'est ce qui la sortira de l'anonymat.

J'avoue que je ne sais pas vraiment comment parler de ce livre. J'en attendais beaucoup. J'en ai appris pas mal sur l'enfance et l'adolescence de l'auteure de Mrs Daloway. le lecteur suit la vie de la famille Stephen, famille recomposée à l'heure victorienne puis édouardienne, de 1875 à 1904. Nous vivons assez furtivement le deuil de Julia, la mère de Ginia, veuve d'Herbert Duckworth, son chagrin noyé dans la charité, malgré un remariage avec un veuf, un voisin : Leslie Stephen, un haut fonctionnaire qui ne manque pas d'ambition. La belle Julia est déjà mère, Leslie aussi, et apparenté par sa feue épouse à Thackeray, l'auteur de la foire aux vanités, dont elle était la fille. de l'union de Julia et Leslie naîtront Vanessa, Thoby et Virginia, en 1882, "une semaine tout juste avant James Joyce" ! Des gamins qui deviennent demi-soeur ou demi-frère de Stella, Gerald, George et Laura. La famille reste dans vivre dans le quartier londonnien de Kensington, au manoir de l'impasse de Hyde Park Gate.

J'ai eu quelques difficultés à m'immerger dans cette biographie romancée. Emmanuelle Favier se perd dans mille détails et digressions qui vous font perdre le fil, surtout au début. Son écriture n'est pas limpide mais surchargée. Cela m'a gênée, surtout au début. J'ai eu le sentiment qu'elle veut tout dire, ou du moins en dire le davantage possible. Cela a des avantages (j'ai appris pas mal de choses) mais en même temps on se demande si cela sert vraiment le récit, dans ses grandes lignes. On a un peu l'impression d'une thèse transformée en roman.
Une autre chose qui m'a dérangée : la narratrice s'immisce sans cesse dans ce récit. J'aurais préféré qu'elle s'efface davantage devant la famille Stephen et en particulier l'objet de sa quête : Virginia. En feuilletant des lettres, albums photos, journaux intimes, elle tente de combler le vide, le mystère sur certains points. Pourtant, on ne peut pas écrire une vie entière dans tous les détails, c'est une quête vaine...

Cependant, ce roman nous immerge parfaitement dans la société victorienne dans laquelle est née Virginia Woolf. Une société patriarcale où si l'on né femme, on n'est pas grand chose ou du moins cantonnée à la maison. Les soeurs Brontë, (dont il est fait allusion, car Virginia Woolf était admirative de ces aînées) l'ont déjà montré. Il y a Leslie, ce père imposant, qui, sans le vouloir, étouffe sa fille. La fin du récit est à ce titre éloquent. Virginia "se lâche" ( :) ) après la mort de son père, elle ose alors devenir elle-même et se faire publier.

On apprend également que cette famille aisée n'a pas été épargnée par les malheurs : la mort, qui hantera Virginia jusquà l'obesession est omniprésente (de façon moins fulgurante que chez les Brontë, mais tout de même) : très jeune, Ginia perd tour à tour sa mère et Stella, sa soeur aînée. A 22 ans, elle est orpheline.

Le refuge de Viriginia est très tôt la littérature. On s'en doute. Elle écume tous les livres qui lui passent dans les mains, avec l'aval de Leslie : "Il lui a ouvert sa bibliothèque car il pense, et c'est un penseur moderne, qu'une jeune fille anglaise a droit à une instruction la plus large possible - tant que c'est sans bourse déliée. Elle lui en est reconnaissante. Pourtant elle pressent que la pensée moderne et l'éducation parfaite des jeunes filles, c'est bien joli, mais qu'en dessous se trame quelque chose qui a plutôt à voir avec la vie et la mort."
"L'obsession que suscitent les livres prend aussi une forme physique : elle se met à la reliure, le contenant prenant le pas sur le contenu le temps de s'asphyxier aux émanations de la peinture dorée dont elle enlumine ses volumes. le goût des livres ne se suffit pas des mots, il lui faut - croit-elle, se méprenant sur la source du manque - l'incarnation physique. La matière, lin, cuir, papier japonais, soie ou parchemin, comble les lacunes sensuelles de la pensée déployée en caractères."

Grande observatrice de ses contemporains, dès qu'elle en a assez, elle décroche et se plonge dans les livres, échappatoire salvatrice ? Rien n'est moins sûr. Car il y a la "bête", la "bestiole" qui sommeille déjà... Une intelligence supérieure, une fragilité qui va de paire.

Malgré une plume complexe qui m'a gênée, j'ai fini par me faire à au style de l'auteure. J'ai globalement apprécié ce livre. Il restitue bien l'époque et la personnalité de Virginia, même si l'on est un peu trop dans le domaine du contemplatif. Peut-être faut-il le lire d'une traite. Je me suis posée la question.

Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Une biographie des années d'apprentissage de Virginia Woolf, fille de Julia Duckworth et de Leslie Stephen, famille recomposée faisant partie de la bonne société Victorienne. De sa mère, Virginia a hérité de la beauté et d'une vénération pour la charité. Quant à son père, il reconnait dans une lettre à un ami que « Virginia devient aussi littéraire que son papa ». Elle commence l'écriture par la rédaction du journal de Hyde Park Gate – il retrace les évènements qui se passent dans le manoir de Londres. Elle envoie sa première nouvelle à l'âge de onze ans au magazine « Tit-bits » qui ne la publiera pas. Elle développe une activité épistolaire- où elle exprimera son impertinence. Enfin, elle tient un journal dans lequel elle esquisse des portraits, rédige des petits récits sur les évènements de son quotidien qui formeront ensuite la matière de ces futurs romans. Les professeurs de Virginia sont son père pour les mathématiques et sa mère pour le latin, l'histoire et le français. Elle complète son éducation par des visites culturelles – elle se rend dans l'appartement de Carlyle à Chelsea. En 1891, elle s'inscrira « au King's College pour étudier la littérature classique avec le Dr Watt, qui a contribué à fonder les cours pour femme » alors que « Eton, Cambridge, Trinity, ces noms quoique que quotidiennement entendus recouvrent une réalité informe, interdite ». Son père lui a toujours laissé accès à sa bibliothèque- lectrice compulsionnelle elle ira jusqu'à lire un volume par jour : Gibbon, Balzac, Keats, Swift, Coleridge. A Londres, dans l'impasse de Hyde Park Gate, s'agite toute une micro société autour de la famille Stephen - des amis parfois aussi célèbre qu'Henry James, le parrain de Virginia ; des prétendants et courtisans que Julia convoque ; des membres de la famille avec ses célébrités comme la tante Cameron photographe et enfin la mort qui s'invite et renverse la distribution. Virginia côtoie les artistes grâce à sa soeur ainée Vanessa (peintre) et déjà, bien que ce monde ne soit pas accessible pour une femme – « une femme ne peut-être qu'épouse ou soeur » - les intellectuels grâce à son frère Thoby- les apôtres du Trinity College de Cambridge. Nous quittons Virginia confrontée aux premiers émois amoureux avec pour guide intellectuel les romans de Jane Austen et pour les travaux pratiques l'observation des comportements des chiens qui accompagnent toute famille victorienne.
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Emmanuelle Favier a mis ses pas dans ceux de l'enfant, de la jeune fille, de celle qui deviendra… à travers des phrases, des sensations, des instants de vie, elle nous fait ressentir le poids des traditions, de la famille, l'amour d'une mère et l'amour pour une mère si belle, si solaire. L'amour pour un père autoritaire si représentatif de son époque, et puis surtout l'amour pour une certaine forme de liberté, à peine imaginée, déjà rêvée, bientôt vécue.

Née Adeline Virginia Alexandra Stephen le 25 janvier 1882 à Londres, Virginia est morte en mars 1941. Entre ces deux dates, c'est par une approche chronologique que l'auteur nous dévoile son enfance et sa place dans sa famille. Des parents veufs chacun de leur côté, Sir Leslie Stephen et Julia Stephen Duckworth ont des enfants de leurs premiers lits. George, Stella et Gerald pour Julia, et Laura pour Leslie, puis dans la famille recomposée arrivent Vanessa, Thoby, Virginia et Adrian. Tout ce petit monde vit au 22 Hyde Park Gate, à Kensington. le père est écrivain, la mère est elle aussi issue d'une famille d'intellectuels, le terreau est propice pour donner à la jeune Virginia le goût de la littérature. Elle saura puiser dans la bibliothèque familiale les bases de son éducation, puisque pour les filles, pas besoin d'école, il suffit de faire un bon mariage et quelques enfants pour être une femme accomplie. le décès de sa mère alors qu'elle n'a que 13 ans, puis de sa soeur, seront les déclencheurs de sa première dépression nerveuse, elle restera fragile toute sa vie.(...)
Le lecteur respire avec Virginia qui n'est encore que Miss Jan, erre avec elle sur les chemins de l'enfance, ceux où l'on se cherche, où l'on teste son charme, ses connaissances, son pouvoir d'attraction. (...)

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/11/23/virginia-emmanuelle-favier/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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« Virginia » est le second roman d'Emmanuelle Favier, publié chez Albin Michel, après ‘Le courage qu'il faut aux rivières' sorti en 2017…Emmanuelle Favier se lance dans un projet ambitieux, retracer les premières années de la vie de Virginia Woolf; cette biographie romancée est une réussite, et un très bel hommage littéraire, empli de poésie, de délicatesse, de sensibilité, pour l'auteure britannique disparue tragiquement.
Virginia Stephen, dite Ginia ou Miss jan, naît à Londres en 1882, dans une famille ‘recomposée' : veufs avec enfants, ses parents, Sir Leslie Stephen et Julia, se sont remariés et ont donné naissance à une nouvelle couvée, Vanessa, Thoby, Adrian et…Virginia. Contrairement à ses frères, Ginia n'ira pas à l'université. Pour se construire, celle qui deviendra Virginia Woolf se laisse guider par son instinct, au cours de marches solitaires en contact étroit avec la nature environnante, ou d'incursions dans la bibliothèque familiale.
Alors que je m'attendais à une biographie romancée complète de Virginia Woolf, je n'ai compris qu'en cours de lecture que le récit en fait s'arrête au moment de la mort de son père, en 1904, c'est-à-dire quand ‘tout commence' – ses crises dépressives et sa carrière d'écrivain. le livre d'Emmanuelle Favier est donc le récit des prémices, de la petite enfance et de l'adolescence, l'auteure explorant avec minutie les indices (principalement des photographies) permettant de comprendre les premières années de Ginia. Par ailleurs l'ouvrage est extrêmement codifié : un chapitre par année, entre 1875 et 1904, avec l'intervention en transparence de la ‘biographe' qui convoque le lecteur avec ce ‘nous' récurrent, et toujours en fin de chapitre, une évocation des naissances, décès d'hommes ou femmes illustres, et principaux événements (finement sélectionnés) ayant marqué l'année. Emmanuelle Favier multiplie ainsi les contraintes, et pourtant, elle excelle dans cette évocation d'un être en construction, de la succession des saisons, des métamorphoses de la nature. Année après année, s'ouvrent les perspectives et la conscience. Mais tout bascule en 1895, lorsque meurt la mère de Ginia. le récit devient alors totalement bouleversant, et la seconde partie du livre gagne encore en intensité, avec la folie qui rôde, l'eau et les cailloux, les obsessions, les deuils, l'incompréhension de devoir se conformer à un destin tout tracé de femme, à l'époque victorienne. Et puis très vite survient un ultime déchirement, car le livre se termine, et j'aurais tant voulu lire la suite, sous la plume ciselée d'Emmanuelle Favier…Pour la suite, cliquez sur le lien !
Lien : https://bit.ly/32GBYiV
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« À cette pensée - celle du receveur et de la paille -, Julia brusquement se lève et dit qu'elle va acheter les fleurs elle-même pour la réception de ce soir. » Virginia, Emmanuelle Favier.
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Mais pourquoi une telle citation pour vous présenter « Virginia », d'Emmanuelle Favier ? Alors, des idées ? ... Parce qu'il se trouve que cette citation fait référence à l'incipit de Mrs Dalloway - roman phare de Virginia Woolf : « Mrs Dalloway dit qu'elle irait acheter les fleurs elle-même. » Et, si je me permets de faire référence à ce roman, c'est que, justement, tout le processus d'écriture de « Virginia », fait écho au processus utilisé par Woolf dans ce magnifique classique qu'est « Mrs Dalloway » : The stream of consciousness ou, en français (mais qu'est-ce que c'est moche !), le courant de la conscience. Pour faire court, c'est un processus d'écriture qui “imite” la façon de penser, d'articuler, de digresser, de notre cerveau. le style choisi par Emmanuelle Favier est un hommage supplémentaire à l'immense artiste qu'était Virginia Woolf.

La plume d'Emmanuelle Favier est douce, sensible, presque feutrée. Elle s'immisce dans le quotidien de l'enfance et de l'adolescence de Virginia Woolf avec pudeur. C'est un hommage absolument vibrant à femme de lettres. Une biographie très romancée, mais splendide.

Au-delà de la vie de Virginia Woolf, c'est également toute l'époque victorienne que décrit Emmanuelle Favier, avec ses us et coutumes que Virginia rejettera de plus en plus en grandissant. Refusant le rôle que lui a attribué la société.

L'autrice nous décrit une jeune femme espiègle, pleine de vie et aux multiples talents, bien décidée à ne pas donner raison à tous les clichés féminins de l'époque. Nul doute que chaque lecteur trouvera une facette de Virginia à laquelle s'identifier.

[En bref :] Un roman à lire pour sa poésie et la pudeur de sa plume. Un brillant hommage à l'icône littéraire qu'était Virginia Woolf.
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J'ai rencontré Emmanuelle Favier avec "la force qu'il faut aux rivières" que j'avais beaucoup aimé.
Là nous sommes dans un autre registre, évidement quand on aime Virginia on n'ignore pas grand-chose de son enfance et sa jeunesse, mais Emmanuelle Favier aborde la vie de notre autrice de façon plutôt originale, on y croise des auteurs connus, des références littéraires tout un monde qui fourmillait autour de la famille Stephen. On comprend sur quelles bases cette petite fille a grandit dans cette famille que l'on pourrait qualifiée de bizarre si ce n'est de toxique.
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Cette biographie retrace l'enfance et la jeunesse de Virginia Woolf, de sa naissance jusqu'à ses 22 ans, âge où elle devient officiellement écrivaine et sera enfin publiée. Quelle réussite pour cette époque où le patriarcat règne en maître ! Elle naît dans une famille recomposée, ce qui durant les premiers chapitres embrouille un peu la compréhension au milieu de tous ces personnages, mais ensuite quel régal. C'est une vraie plongée dans l'époque. J'ai bien aimé la liste bien documentée, à la fin de chaque chapitre, donc chaque année, des naissances ou des décès de personnages célèbres. Emmanuelle Favier a fait un immense travail de recherche, elle rend aussi hommage aux beaux mots et nous fait connaître une Virginia Woolf qui s'affranchit pas à pas des codes moraux et familiaux. YR
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Comment devient on une immense écrivain ? Qu'est ce qui vous a manqué que vous devez combler par l'écriture ? Qu'avez reçu dont vous devez déverser le trop plein sur des pages blanches ?
Emmanuelle Favier nous emmène sur la piste de Virginia avant Virginia.
Et le mot piste n'est pas choisi au hasard. Avec l'auteur nous chaussons notre longue vue, nos jumelles pour observer l'auteure naissante dans son milieu naturel, sa famille, son siècle.
Ecrit un peu comme un documentaire où Emmanuelle Favier serait la voix off décrivant les rencontres animalières, nous devenons spectateurs de l'évolution de Virginia passant de la petite fille à Miss Jan pour finalement naître à elle même et devenir Virginia l'écrivain.
Tout au long du récit nous voyons également apparaitre la bête, le monstre qui aura finalement raison d'elle, et dont on comprend qu'elle la hante depuis bien longtemps et se dévoile un peu plus à chaque drame.
Et l'on pense déjà à cette fin tragique mais libre et déterminée qu'elle accompagnera de cette phrase.

« J'ai la certitude que je vais devenir folle : je sens que nous ne pourrons pas supporter encore une de ces périodes terribles. Je sens que je ne m'en remettrai pas cette fois-ci. Je commence à entendre des voix et ne peux pas me concentrer. Alors je fais ce qui semble être la meilleure chose à faire. »


Emmanuelle Favier n'a pas quitté cette écriture bien particulière qui la caractérisait déjà dans le courage qu'il faut aux rivières. Elle choisit un point de vue très original et c'est une réussite.
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