Citations sur Nagasaki (130)
Je crois que j'ai voulu l'oublier, et je dois dire que l'entrée en scène de l'automne, cette année, m'y a aidé. Car l'automne a pénétré jusque dans les âmes, cet automne. Il a ruisselé en nous. Imposé des silences où il n'y en avait pas encore.
Il était très important pour moi, avant toute chose, de vous exprimer ma reconnaissance pour votre retenue lors du procès . Je ne sais le dire autrement que par ce mot-là , retenue.
Une pensée la traverse, qui sonne comme parole biblique : heureux les amnésiques, car le passé est souffrance.
[p. 93 de l'édition de juillet 2011, Stock]
Je ne m'accrochais à rien.Le glissement de terrain, je l'ai compris peu à peu, continuait en moi.Il avait commencé un jour de typhon en se jetant sur ses premières proies; l'éboulement poursuivait son oeuvre plus lentement, plus souterrainement.Il emportait pan par pan la vie que j'aurais aimé mener.
L'idée de sens a été inventée par l'humanité pour mettre un baume sur ses angoisses et la quête d'un sens l'accapare, l'obnubile.
« Je l’ai probablement aperçue, remarquez, votre femme de ménage. Il a de ça un mois environ, j’ai vu une silhouette dans votre cuisine, en pleine journée. Je me suis dit tiens, et me suis souvenue que vous aviez une sœur, qui vous rend visite de temps en temps. Et peut-être qu’il fréquente. »
"Je n'ai jamais aimé ceux qui réussissent.
Non pas parce qu'ils réussissent, mais parce qu'ils deviennent le jouet de leur succès, d'un Moi aveuglé. Le Moi à tout prix est la fin de l'homme."
"Il y avait plus. Par une sorte de "soupirail" que la présence de cette femme avait entrouvert dans ma conscience, j'y voyais un peu plus clair. Je comprenais que cette année commune, à elle et à moi, même si elle m'avait ignoré et que je n'avais rien su d'elle, allait me changer et que je n'étais plus tout à fait le même. En quoi, je n'aurais pas su le définir. Mais je n'en sortirais pas indemne."
Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme.
Sans bouger de mon siège, je suis un ninja invisible et immatériel qui épie son domicile. Me voici ubiquiste, sans effort