Citations sur Nagasaki (130)
Heureux les amnésiques, car le passé est souffrance.
La Crise rend les hommes un peu plus seuls. Que signifie encore ce nous qui revient à tire-larigot dans les conversations? Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme.
« J’ai écouté longuement mon appartement et guetté, oui, guetté les odeurs qu’elle aurait pu laisser comme signature de son passage ; j’aurais aimé que le matelas fut imprégné d’elle. Qu’il ait pris sa forme. »
"Je n'ai jamais aimé ceux qui réussissent. Non pas parce qu'ils réussissent, mais parce qu'ils deviennent le jouet de leur succès, d'un Moi aveuglé. Le Moi à tout prix est la fin de l'homme."
"Dans la cuisine, aussi, je devais redoubler d'attention jusqu'à tourner en bourrique. Le plus souvent pour manger, j'allais me servir dans les poubelles à l'arrière d'un libre-service du quartier, ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre, qui m'entretenait sans le savoir en jetant des produits à peine périmés. Les jours de pluie torrentielle, ou lorsque je ne me sentait pas bien, je puisais un peu dans les stocks de mon hôte, me contentant de riz ou de pâtes. Je ne prenais rien dont il aurait pu remarquer la présence. Presque rien. Exceptionnellement, je succombais à la tentation d'un yaourt ou d'un peu de jus de fruits. C'est tout. Avec le temps, j'ai fini par me ranger à ses goûts, par les apprécier même."
S'il est une chose dont j'ai acquis la conviction au cours de ces semaines, c'est bien cela: le sens n'existe pas. C'est-à-dire qu'il ne préexistait pas.L'idée de sens a été inventée par l'humanité pour mettre un baume sur ses angoisses et la quête d'un sens l'accapare, l'obnibule.Mais aucun " Grand Ordonnateur" ne nous surveille du haut des cieux.Dans les jours où cette évidence me donna le vertige, j'eus parfois besoin, en guise de bouée, d'étaler devant moi les objets, souvenirs dont je n'avais pas pu me séparer. Non que j'attendais d'eux un quelconque salut, ce n'est pas ça. Pourtant, il émanait d'eux une lumière pâle et froide, comme un " fond de teint" de l'univers.
( Stock, 2010, p.102)
La crise rend les hommes un peu plus seuls. Que signifie encore ce nous qui revient à tire-larigot dans les conversations? Le nous meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les je s'isolent, s'épient. Chacun crit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme.
Un jour, il ne se passe plus rien. La corde du destin, d’avoir été trop tendu, a cassé net. Rien plus n’arrive. L’onde de choc de ta naissance est si loin désormais, oh ! si loin. C’est la vie moderne. Entre échec et réussite s’étend ton existence. Entre gel et montée de sève.
La Crise rend les hommes un peu plus seuls. Que signifie encore ce "nous" qui revient à tire-larigot dans les conversations ? Le "nous" meurt. Au lieu de se regrouper autour d'un feu, les "je" s'isolent, s'épient. Chacun croit s'en sortir mieux que le voisin et cela, aussi, c'est probablement la fin de l'homme.
Non pas l'oubli de cette pauvre femme qui ne m'était rien. Mais celui de mon existence entière dont se dévoilaient tout d'un coup les dénuement et l'aridité. Aucune ambition n'y poussait plus depuis longtemps, aucune espérance non plus. Cette femme était à maudire. A cause d'elle, le brouillard s'était levé.