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sur 9631 notes
En fait, je ne sais que dire tellement il y a à dire. C'est en voyant Gaël Faye sur scène il y a environ deux semaines de cela que le déclic s'est fait. En l'entendant chanter, lire des extraits de son roman que je savais que je devais impérativement le lire à mon tour. En le lisant, j'ai revu l'auteur sur scène -un moment magique- réentendu sa voix à chaque page qui ma narrait l'histoire de Gabriel et Ana au Burundi. Frère et soeur, on ne peut pas dire que ces derniers ont eu une enfance malheureuse, tout comme on ne peut pas dire le contraire. Confrontés trop jeunes à des choses qui ne devraient même pas exister : le génocide rwandais et la guerre civile au Burundi entre Tutsis et Hutus pour une chose que notre jeune narrateur n'a jamais réussi à comprendre.
Plus qu'un témoignage, c'est un cri du cour que nous adresse ici Gaël Faye : non, un enfant ne devrait jamais voir ça et d'ailleurs, cela ne devrait jamais exister : les conflits quels qu'ils soient ne devraient plus jamais avoir lieu. Pourtant, l'homme étant ce qu'il est, l'auteur, narrateur adulte et le lecteur savent malheureusement que d'un, on ne peut pas refaire L Histoire et que de deux, celle-ci continuera à se répéter encore et encore. Suis-je fataliste ? Non, tout simplement réaliste !

Je ne vais pas m'aventurer à vous répéter ce que vous avez probablement déjà lu 534 fois mais juste essayer de me retrouver moi-même dans cette histoire, l'histoire tragique d'une famille avec un père français et une mère rwandaise exilée depuis de nombreuses années au Burundi et celle de leurs deux enfants : Gaby et Ana. L'histoire d'autres familles comme la leur déchirée à cause de la bêtise humaine , l'histoire de deux ethnies qui n'ont jamais pu s'entendre, l'histoire d'un monde que je ne comprendrai jamais ! A découvrir et à faire découvrir !!!
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Ce livre est bouleversant, l'auteur raconte la guerre dans son « petit pays » le Burundi à travers les yeux d'un enfant, Gaby, un double de Gaël, que l'on va suivre de l'âge de dix ans à treize ans. Son père est Français, sa mère a fui le Rwanda. Avant, c'était le bonheur avec ses parents et sa petite soeur Ana, mais il ne le savait pas. Un premier séisme apparaît avec le divorce qui se passe mal.

Gaby se tourne vers sa bande de copains, Gino, les jumeaux dans leur impasse. Après l'école ils vont chaparder les mangues chez les voisins, tirent des plans sur la comète dans un vieux Combi Volkswagen, voulant à tout prix rester dans l'enfance et ne pas voir la violence qui monte, la haine entre Hutu et Tutsi gagnant le pays.

L'auteur nous décrit la montée de la violence, les tueries de masse qui réduisent la famille de sa mère à néant, et comment peu à peu, elle en vient à toucher les enfants, à modifier leur façon de penser. On passe de l'insouciance de l'enfance au coup d'état et la prise de conscience brutale de l'intolérance, du racisme interethnique, de la peur, de l'horreur.

« Cet après-midi-là, pour la première fois de ma vie, je suis entré dans la réalité profonde de ce pays. J'ai découvert l'antagonisme hutu tutsi, infranchissable ligne de démarcation qui obligeait chacun à être d'un camp ou de l'autre. Ce camp, tel un prénom qu'on attribue à un enfant, on naissait avec, et il nous poursuivait à jamais. »

C'est la rencontre avec les livres que lui prête une voisine grecque qui va modifier son existence : il peut ainsi échapper à l'horreur, apprendre à penser par lui-même car elle le fait parler de ses lectures, ne pas seulement résumer mais dire ce qu'il ressent.

« Bien sûr, un livre peut te changer ! Et en même temps changer ta vie. Comme un coup de foudre. On ne peut pas savoir quand la rencontre aura lieu. Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis. »

Gaël Faye ne tombe jamais dans le pathos, car il n'est jamais facile de raconter des évènements dramatiques, la sortie brutale de l'enfance, le fait de s'apercevoir qu'on est métis alors que l'on ne s'était jamais posé la question d'une identité quelconque, l'obligation de choisir, la perte de l'innocence, la possibilité de résilience à travers les livres. le style est simple, presque épuré mais beau car on imagine les manguiers, les bougainvilliers, la brutalité des orages, les pluies diluviennes, les termites…

Je ne connaissais pas le chanteur mais son roman m'a donné envie de faire plus ample connaissance, de découvrir son univers. Comme il le dit, c'est en France qu'il a pu parler du Burundi et maintenant qu'il vit au Rwanda, c'est de la France qu'il a envie de parler d'écrire, comme si l'éloignement était nécessaire à l'inspiration.

C'est un premier roman, qui a fait partie de la sélection finale du Goncourt et qui a reçu le Goncourt des Lycéens.

Note : 9/10
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Je n'avais pourtant pas envie de lire un livre sur le Rwanda, encore moins un premier roman d'un nom professionnel mais ma soeur a insisté, insisté, insisté.
Bénie soit-elle !
Petit pays est un livre magnifique écrit sans fioriture, sans effet de manche et surtout, sans leçon de géopolitique.
Au début, on rit beaucoup. Comme le narrateur, on est innocent et apolitique et puis, petit à petit, on est embarqué malgré nous dans l'horreur. On veut résister; on veut rire encore mais vient le moment où on ne peut plus se voiler la face. On se retrouve le nez dans le sang. pourtant, ce n'est pas "déprimant" ni "exotique"; c'est un roman universel sur la réalité qui pousse les enfants à grandir. Une vraie pépite.
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J'ai lu ce livre dans une accélération progressive.
Fatigué de ma journée de taf, le premier soir je n'ai lu qu'une trentaine de pages, ne comprenant pas trop bien de quoi il s'agissait. Je l'ai repris le second soir sans grande conviction. Mais rapidement les chapitres se sont enchainés et je l'ai fini au pas de course le lendemain matin avant d'aller au boulot.
Dire que ce bouquin est bouleversant est un doux euphémisme. Ecrit comme une longue confession, l'auteur nous amène tout doucement vers l'horreur, des jours bénis vers la plus grande des barbaries. On ressent au fil des pages la tension monter, se faisant boule de neige jusqu'à l'horreur suprême. Malgré cela Gaël Faye essaye de préserver son lecteur grâce à une écriture pleine de tendresse et de poésie, alternant chapitres joyeux et sombre. Une écriture simple faites de belles descriptions qui nous transporte vers une autre réalité : celle de la haine ordinaire et de la guerre.
Gabriel fait partie d'une petite bande de jeunes adolescents qui passent leur temps à rigoler, à voler des mangues … Fils d'un expatrié français et d'une exilée Rwandaise d'origine Tutsi vivant au Burundi, il vit le temps de l'insouciance. Mais du côté du Rwanda voisin la colère et la haine grondent. Gabriel essaiera de garder une distance par rapport à cette tension mais au final sera, lui aussi obligé de choisir un camp.
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Combien d'enfants, témoins de cet effroyable génocide, ont vu massacrer leur famille et leurs amis ?
Combien sont-ils aujourd'hui encore à faire des cauchemars, traumatisés par des scènes qu'aucun gosse ne devrait voir ?
Combien sont-ils à avoir été privés de leur enfance, à avoir vu leurs copains s'imprégner d'une haine fiévreuse et se muer en tortionnaires.
Une guerre qui n'en est pas vraiment une où la peur se blottit dans la moëlle épinière et n'en bouge plus.
Quand on ne sait plus d'où peut venir l'ennemi, qu'on se méfie même de ses voisins et qu'une petite impasse pourtant si tranquille, si vivante, devient un territoire dangereux, comment se sentir en confiance ?
Comment faire pour garder l'espoir, pour continuer de vivre quand les autres sont morts ?
Quand l'insécurité devient une sensation banale, que la fureur et le sang côtoient les gestes du quotidien, comment conserver son innocence ?
Gaby se réfugie dans le bunker de son imaginaire grâce à ses amis les livres dont les histoires repeignent ses journées de lumière.
Mais la réalité le rattrape bien trop souvent, le précipitant malgré lui dans des scènes de terreurs.

Gaël Faye, comme Stromae, fait partie des exilés de leur enfance , de ceux qui ont du fuir leur Petit Pays que pourtant ils aimaient, qui resteront marqués à jamais par ce drame, amputés d'une part d'eux-mêmes.

Un livre bouleversant où la candeur des premiers chapitres se voit petit à petit traînée dans la boue, sâlie par la haine, étouffée par la violence.
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Ce n'est pas la guerre, ni même une guerre civile, c'est un génocide qui a touché deux petits pays, le Rwanda et le Burundi.
Petits par leur taille par rapport à l'immense République Démocratique du Congo, que l'on aperçoit depuis Bujumbura, à l'horizon du lac Tanganika.

Comment parler d'un génocide pour se faire entendre ? Comment en parler vraiment sans tomber dans la description de la barbarie insupportable ? Comment dire l'indicible : la haine qui tue, qui veut exterminer, haine basée sur rien, ni sur la couleur, ni sur la religion, ni sur des frontières, ni sur la langue.

La haine pure, en somme, reposant sur rien : si elle n'avait pas été si futile, on ne comprendrait pas comment elle a pu s'installer insensiblement et inéluctablement jusqu'à ravager deux pays.

Gael Faye réussit ce prodige: il raconte l'avant génocide, son enfance, les jeux avec ses copains, le vol des mangues et leur vente à la propriétaire du manguier, quelques alertes, des fractures invisibles dans les conversations des adultes, des regards incompréhensibles, des non-dits et des gestes que l'enfant aperçoit mais n'a juste pas envie de voir.
On pourrait dire, comme beaucoup.

Cependant la peur s'insinue, sans explication ni raison apparente. le repli insidieux. Les récits alarmants (cf citation)
Avec une langue chantante, Gael Faye ( normal, c'est aussi un musicien ) prend la mesure du vécu des domestiques , ne recevant aucun mot d'ordre sécuritaire d'aucune ambassade, pas de gardiens devant les maisons, pas de chauffeur pour conduire les enfants à l'école, le danger pur.

Car bien entendu, il est obligé de voir des assassinats, les cadavres s'entassant dans les rues. le mal devenu ordinaire, la terreur banale dans les rues, les agressions sans raison apparente, les passants qui s'arrêtent comme pour profiter d'une animation gratuite lors d'un lynchage deviennent le nouveau paysage de ce Burundi année 1994.
Gael Faye sait nous faire partager avec un ton extrêmement juste l'installation presque tranquille, devenue familière, de la mort dans les rues. Un homme se fait fracasser la tête, les passants continuent leur promenade, leurs achats, leur train train.
« les petits vendeurs proposaient des sachets d'eau *et de cacahuètes, les amoureux espéraient trouver des lettres d'amour dans leur boite postale, un enfant achetait des roses blanches pour sa mère malade, une femme négociait des boites de concentré de tomates, un adolescent sortait de chez le coiffeur avec une coupe à la mode, et, depuis quelque temps, des hommes en assassinaient d'autres en toute impunité, sous le même soleil de midi qu'autrefois. »
C'est le mal ordinaire, celui d'Hannah Arendt, sans véritable objet, et sans aucun remède, car les Hutus comme les Tutsis resteront les uns comme les autres hutus et tutsis.
Côté positif, il y a la paillotte, « l'agora du peuple, »le cabaret, où radio trottoir permet de parler sans être vu, l'obscurité aidant les confidences, la liberté anonyme de parler.
Et la lecture, Hemingway en premier, et plein d'autres , grâce à l'acheteuse de ses propres mangues. Les livres sont des génies endormis, lui dit elle, certains peuvent changer ta vie. Les livres donnent une escapade à Gaby/Gael, le font se refugier dans des histoires douces, vivre d'autres vies et oublier les assassinats.

Avec des mots simples, et à la fois complètement percutants, justes, sensibles, le ton d'un enfant confronté au pire, avec la volonté pourtant de vouloir continuer à rêver, à espérer en la vie, Gael Faye nous offre un livre unique, exceptionnel ; il ne se perd pas dans des dates et des explications politiques, il n'a pas besoin de pathos pour expliquer ce qu'il a vécu, et , enfin, je pleure en écrivant, ce petit pré adolescent écrit ce que l'on peut écrire de plus touchant, parce que vécu, et parce qu'il rejette définitivement l'idée de vengeance.
Je cite une seule phrase. lorsqu'il se remémore son père et sa soeur, heureux devant la télévision : « l'image de leur innocence, de toutes les innocences de ce monde qui se débattaient à marcher au bord des gouffres. Et j'avais pitié pour elles, pour moi, pour la pureté gâchée par la peur dévorante qui transforme tout en méchanceté, en haine, en mort. En lave. »
*( les sachets d'eau, oui, que l'on tète en en ouvrant un coin )
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J'attaque toujours un prix littéraire avec retenue. Comment savoir à quelle catégorie appartient ce livre ? Celle des livres cooptés, résultats de manoeuvres éditoriales destinées à créer un auteur ? Ou celle des grands livres, bouleversant de justesse, palpitant de vie et de mort ?
Petit pays s'inscrit très clairement dans cette deuxième catégorie.
Gaël Faye, rappeur franco-rwandais, revient sur son enfance et nous fait partager ses souvenirs avec un talent rare. Sans jamais forcer le trait, il nous fait découvrir avec horreur les mécanismes lents mais incoercibles qui font que les hommes deviennent des monstres.
C'est un livre plein de joie, de parfums, de tristesse aussi, d'angoisses, et de mort.
C'est un livre sur la vie qu'il faut lire absolument pour mieux la comprendre.
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Connaissant déjà Gaël Faye pour sa musique et trouvant ses textes riches et prometteurs, j'ai eu envie de lire son premier livre. J'ai d'abord été légèrement déçue, le rythme lent, l'écriture un peu banale... Puis soudain tout a changé. le livre a pris les commandes. Il m'a projetée sur une vieille chaise bringuebalante, m'a giflée plusieurs fois pour m'obliger à écouter son histoire, le texte est devenu plus riche, plus dense. Emportée avec le narrateur dans les tourments de la haine et du sang, je suis finalement tombée de la chaise et j'ai refermé le livre les yeux plein de larmes. M. Faye, en toute simplicité, vous nous cueillez comme une mangue trop mûre et nous laissez nous éclater sur le sol des luttes ancestrales et de la folie meurtrière qui agitent sans répit le coeur des hommes et qui ne cesseront qu'à leur disparition. Bravo !
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Pendant la première partie du livre, Gabriel est insouciant, ramasse les mangues des voisins qu'il se partage avec ses copains, Gino, Armand et les jumeaux. Son papa est français et exploite une entreprise au Burundi, sa maman est rwandaise.
Son père dit que la politique n'est pas l'affaire des enfants. Gabriel ne comprend pas toujours les conversations entre adultes.
Une élection se prépare. Lorsque le vainqueur est annoncé, leur père oblige Gabriel et Ana à dormir sur des matelas posés sur le sol de l'entrée.
Gabriel observe, il veut rester neutre, mais ne le pourra pas.
L'histoire est touchante, forcément. Pas seulement par le thème, une histoire d'enfance fracassée par la guerre, une histoire qu'il faut raconter encore et encore mais aussi par ses qualités littéraires.

Lien : https://dequoilire.com/petit..
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Gaby,

Ton histoire m'a touché, ému, bouleversé !

Tu vivais dans ce petit pays, le Burundi, sur les bords du lac Tanganyika.
Tu étais de sang mêlé mais tu n'étais finalement ni français, ni rwandais.
« Tu tanguais entre deux rives ».

Et tu es revenu pour te souvenir.
« Tu pensais être exilé de ton pays mais en revenant sur les traces de ton passé, tu as compris que tu l'étais de ton enfance. »

De cette enfance, tu te souviens.
Tu te souviens de tes amis, de vos parties de pêche, des chapardages de mangues, du bonheur qui était le vôtre au bout de cette impasse où tu vivais comme un des leurs.

Puis les jours sombres du génocide sont arrivés. Les feux de brousse ont rougi le ciel de leurs volutes de fumée et le sang des hommes a coulé sur cette terre où tous n'étaient plus égaux, où les minorités se firent massacrer. Au nom de quoi ?

Tu as perdu l'innocence de ton enfance dans cette impasse. Tu y as découvert cette ligne de démarcation ethnique. Tu as dû choisir ton camp, toi qui voulais juste aimer tes amis, peu importe leur taille, peu importe la forme de leur nez, peu importe qu'ils soient Hutu ou Tutsi.

Tu t'es échappé à travers les livres et, au bout de cet exil, ce sont eux qui t'ont ramené vers ce petit pays.

Gaël Faye nous offre là un témoignage inspiré de sa propre expérience, poignant, vibrant. Il nous le partage avec des yeux d'enfant et beaucoup de pudeur. Une jolie plume qui touche le coeur. Un roman qu'on n'oublie pas.

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