Dans
Helena, iI y a quelque chose d'un conte pour grandes personnes averties, du Magicien d'Oz : le Kansas comme décor, ses tornades, ses champs plats et ternes de maïs à perte de vue où pourrait s'enfuir Cary Grant, ses fermes plantées au milieu de nulle part, auxquelles mène une unique route rectiligne, fréquentée par quelques bagnoles de collection, rouges de préférence. le coeur de l'Amérique, celui qui a oublié de battre.
Il y a quelque chose de Steinbeck dans
Helena, Des souris et des hommes : Tommy, ce grand gosse à l'esprit cadenassé, esclave de ses hormones, qui rêve de caresser des femmes douces et aimantes pour mieux les torturer, mais n'aime pas manger de la cervelle car il est délicat et sensible.
Il y a quelque chose de Little Miss Sunshine dans
Helena : Cindy, la petite soeur, destinée à devenir une mini-miss par la volonté de sa mère qui souhaite prouver que la plus délicate des fleurs peut s'épanouir au milieu de décombres, habillée et maquillée comme une ford mustang volée ou pour être mise sur le trottoir.
Il y a quelque chose de Desperate Housewives dans
Helena : Hayley, mètre-étalon de l'adolescence friquée en manque de repères, qui s'ennuie entre vodka, cocaïne et tournois de golf où elle s'imagine, sans grandes illusions, percer un jour pour devenir une championne.
Mais surtout, il y a quelque chose, c'est mon avis, de la série tirée du film d'
Hitchcock, Bates Motel, dans
Helena : Norma, (prénommée au hasard ?), mère toxique de Tommy, Cindy et Graham, fait tout pour oublier que sa vie en apparences sans histoires cache les plus inavouables cauchemars, et invente à chaque problème créé par son grand fiston détraqué, une solution qui au lieu de le résoudre, l'aggrave. Par tous les moyens, elle tente de recomposer un passé décomposé.
Il y a vraiment quelque chose de Bates Motel dans
Helena : Graham, l'aîné des enfants de Norma, comme Dylan dans la série, est le seul qui semble avoir échappé à la malédiction familiale. Il n'est pas comme les autres, ne partage que son sang et ses gènes avec eux ; il veut fuir cette tombe rurale et les bouseux du Kansas. Il est le rayon de soleil, l'espoir du roman, la normalité.
Helena n'est pas un thriller comme les autres.
Jeremy Fel sait y faire pour décrire une famille piégée qui en retour, piège le lecteur de la première à la dernière page. Malgré quelques poncifs, il livre un thriller original et séduisant, truffé de références, et sur le fil, oscille constamment entre horreur et émotion.