Bon, cette fois c'est sûr, ce
Jérémy Fel sera mon dernier.
Restons-en là et quittons-nous bons amis !
Déjà modérément emballé par son récent "
Nous sommes les chasseurs", j'ai voulu retenter ma chance avec son premier roman, qui avait suscité en 2015 un certain enthousiasme.
Hélas pour moi - et plus encore que la dernière fois - je me suis retrouvé face à un texte relativement bancal (pour ne pas dire inconsistant), qui sous prétexte de chercher à mélanger plusieurs histoires donne plutôt l'impression de partir dans tous les sens.
Une fois encore, l'auteur consacre chacun de ses douze chapitres à un personnage distinct, mais ne semble pas spécialement désireux de les relier ensemble... le procédé n'est pas nouveau, et de mon point de vue il ne s'avère payant qu'à partir du moment où toutes les pièces du puzzle finissent par s'assembler correctement. Ici, malheureusement, les liens entre chaque épisode sont trop distendus et l'effet tombe un peu à plat.
J'ai ainsi eu le sentiment de me trouver face à douze chapitres d'introduction (dont certains, il faut le reconnaître, ont de quoi susciter la curiosité du lecteur) et d'attendre en vain qu'une trame principale se dégage, qu'une perspective globale de se dessine. Quoi de plus frustrant que de guetter, page après page, l'instant où tout s'emboîte, et de réaliser au fur et à mesure que cet instant ne surviendra jamais ?
Seul fil conducteur (ténu !) : le personnage particulièrement sadique et malfaisant de Daryl Greer qui ouvre le récit en assassinant sauvagement ses parents, et que l'on retrouvera de loin en loin au fil de notre lecture, mêlé de près ou de loin aux drames vécus par les autres protagonistes. Tous connaissent en effet leur lot de malheur, tous sont les victimes plus ou moins directes des agissements de Daryl, à différentes époques et dans différents pays. Sans doute est-ce là le véritable point commun entre les différentes histoires : l'universalité du Mal, sa persistance à travers l'espace et le temps.
Rien de très réjouissant en somme, des meurtres sordides, des kidnappings atroces, des viols et des tortures en tous genres.
Et l'écriture dans tout ça ?
Pas grand chose à en dire, je l'ai trouvée plutôt quelconque, sans grande originalité. le texte semble avoir été écrit d'une seule traite, au gré de l'imagination débridée de
Jérémy Fel, mais sans soin particulier et sans souci de cohérence.
On reconnaît sa plume de scénariste de courts-métrages, sans doute efficace pour produire des épisodes courts et riches en rebondissements, mais qui à mon goût se prête mal à la rédaction d'un roman de plus grande envergure.
À vrai dire je cherche encore le rapport avec les textes de l'excellente
Joyce Carol Oates dont il était question en quatrième de couverture...
Pour qualifier
Les loups à leur porte, je parlerai plutôt de douze ébauches de romans qui, développés chacun indépendamment et mieux travaillés dans la forme, auraient pu me séduire, mais qui ainsi mélangés les uns dans les autres ne me laisseront qu'un souvenir confus, terne, brouillon.
Dommage.