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sur 1955 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La violence extrême à peine enfouie dans les replis de la démocratie sud-africaine retrouvée. Héroïque et terrifiant.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2016/04/26/note-de-lecture-zulu-caryl-ferey/
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Caryl Férey, un style à part, une écriture nerveuse, affûtée, avec un brin de sensibilité assumée, au service d'une histoire violente et édifiante.
Zulu, Afrique du Sud 2009, une Afrique du Sud qui se relève lentement de ses cendres post-apartheid, avec une politique faite de compromis qui laisse un goût amer aux natifs des townships, surtout à l'aube de la Coupe du Monde de football de 2010… Il ne faudrait pas que la violence latente et les signes extérieures de misère débordent trop des bidons-villes, il ne faudrait pas heurter la sensibilité du touriste…
Ali Neuman, d'origines Zoulou, détective de la police de Cape Town a dû, lui, accepter l'inacceptable, vivre et travailler aux côtés de ses anciens bourreaux ; il travaille sous les ordres de Krüge, chef de la police actuel et sous l'apartheid…
Ali n'a qu'une femme dans sa vie, sa mère, très croyante et presque aveugle, mais encore très active dans le township où les âmes en perdition sont légions.
Les femmes, c'est l'une des faiblesses de Brian Epkeen, le co-équipier de Neuman. Epkeen, lui, est un Afrikaner pure souche, et ne le revendique pas. Il tente de noyer son malaise dans l'alcool, les drogues et les femmes. du coup, sa femme officielle en a eu marre et est partie depuis belle lurette,et s'apprête à se marier avec un dentiste friqué, et David, leur jeune fils, lui en veut de ne pas jouer son rôle de père, et ne se gêne pas pour lui faire savoir.
Ce duo de choc est complété par Dan Fletcher, jeune flic totalement opposé aux deux autres : Fletcher, doux, sensible, a, lui, une famille, des enfants, une femme charmante, malheureusement atteinte du cancer.
Ces trois-là sont efficaces, et quand on découvre le cadavre d'une jeune fille blanche battue à mort, droguée, violée, abandonné dans un parc, Krüge les colle illico sur l'affaire, surtout que la victime n'est autre que la fille d'un célèbre rugbyman à la retraite.
L'enquête les mène sur une plage, où se passerait une partie du trafic de « tik », cette drogue ultra-puissante qui sévit dans les townships de l'Afrique du Sud, et qui menace maintenant la jeunesse dorée blanche… Une drogue faite de plusieurs produits chimiques, genre méthamphétamines, avec un petit plus : le virus du sida en cadeau bonus.
A partir de là, les choses s'accélèrent, la violence omniprésente éclate, et les dessous de la sombre histoire de l'Apartheid et des salopards qui en profitèrent ressurgissent : les expériences dignes des nazis, sur des cobayes humains, avec Wouter Basson aux commandes, Docteur La Mort est de retour…
L'enquête, les personnalités des caractères, le décor, l'ambiance, tout dans ce polar vous donne le frisson, moite, collant, comme la chaleur de Cape Town, comme la peur qui rôde, comme les relents de magie Zulu…
Une intrigue sur le fil du rasoir, des personnages puissants, un fond qui ne dépare pas la forme, intense, méchant, intelligent, sans complaisance… Je pourrais continuer longtemps à énumérer les qualités de ce thriller sombre et dense. Une vraie baffe. Un uppercut. Zulu m'a mise K.O.
Par contre, le film – Zulu, 2013, Jérôme Salle, scénario de Caryl Férey (il a dû s'en mordre les doigts, pour être polie… ;)- que je me suis retenue de visionner avant d'avoir fini le livre, est, malgré une bonne interprétation des personnages, une grosse bouse édulcorée digne d'Hollywood… Après un départ prometteur, les trop nombreuses coupes dans l'histoire originale, et la fin, calamiteuse à force de vouloir faire dans le politiquement correcte, m'ont achevée. J'ai bien fait de ne pas craquer pendant ma lecture ! On ne le dira jamais assez : il faut lire le livre avant de voir le film !

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Après avoir lu Deon Meyer et maintenant "Zulu", je ne crois pas que je vais m'offrir de sitôt un voyage en Afrique du Sud. Grâce à une atmosphère lourde, chaude et surtout extrêmement malsaine, Caryl Ferey nous fait parfaitement ressentir le sentiment d'insécurité et de violence qui règne sur ce pays à jamais meurtri par l'Apartheid. A ce malaise, il se permet d'y ajouter des personnages tourmentés, à moitié perdus, qui traînent leurs souffrances intérieures dans les rues malfamées. Tous ces éléments réunis, saupoudrés de scènes d'action et de violence rare, contribuent à faire de ce "Zulu" un roman réaliste sombre et désarçonnant.

Caryl Ferey se sert comme dans "Mapuche" de l'excuse d'un thriller, pour imposer à nos yeux une réalité plutôt triste que nous souhaitions jusque là ignorer. Mais réduire cet auteur à un moraliste ou revendicateur, serait beaucoup trop réducteur, tant la qualité de sa plume apporte de l'épaisseur à l'histoire qu'il nous conte.
Lien : https://leslivresdek79.wordp..
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Les enfants perdus de Cape Town.
Curieusement, lorsque l'on parcourt de mémoire nos étagères du polar franchouillard, on peut citer quelques rares grands noms mais on oublie presque toujours Caryl Férey. Peut-être est-ce dû à ce patronyme plein de 'y' et à la coloration très ethnique des polars de ce globe-trotter (Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud, Argentine, ...).
Pour nous rattraper on s'était promis, depuis le film de Jérôme Salle en 2013, de (re-)lire ce Zulu qu'on avait un peu oublié depuis sa sortie en 2008.
À l'occasion de ces retrouvailles, le verdict est sans surprise : le bouquin gagne en épaisseur comme en densité et garde très confortablement l'avantage. le cinéma peut toujours courir après la 3D, l'écriture a plus d'une dimension en réserve !
Le récit prend son temps pour distiller les infos au fil des pages, pour fouiller plusieurs personnages secondaires, là où le film se concentrait rapidement sur le duo B&W des deux stars hollywoodiennes.
On garde quand même en mémoire de beaux décors de cinéma (les plages de Muizenberg ou de Noordhoek, les dunes de Sossusvlei dans le désert namibien) qui fournissaient l'occasion de fortes images, toujours imprimées sur nos rétines. Mais elles datent déjà de deux ans et l'écriture de Caryl Férey est suffisamment forte pour plaquer ses propres paysages sur l'album photos du cinéaste, à la manière d'un palimpseste.
Contrairement au début laborieux de Mapuche (bouquin qui évoquait les enfants perdus de la dictature en Argentine : ici on s'intéresse plutôt aux enfants perdus des townships), les premières pages de Zulu nous accrochent immédiatement, sans doute parce que l'auteur se concentre sur ses différents personnages et son trio de flics et qu'il évite le guide du routard à Cape Town. Des personnages qui, justement, partagent avec leur ville au coeur de l'apartheid, une histoire puissante et tourmentée, celle d'un pays dur, sec, violent, qui s'est construit (et se construit encore) dans la douleur, un pays où les blancs se sont fait la guerre (celle des Boers) et où les noirs se sont entretués (le bouquin fait notamment référence à la rivalité - un doux euphémisme - entre l'Inkatha du zoulou Buthelezi et l'ANC du xhosa Mandela).
Au fil de nos lectures, on sait bien désormais que l'Afrique du Sud est un pays qui ne se décrypte pas en noir et blanc, ni entre gentils et méchants, et que la principale couleur de la Nation Arc-en-Ciel est bien le rouge. le rouge sang.
D'ailleurs Caryl Férey ne faillit pas à sa réputation et nous assène quelques scènes insoutenables (tout comme dans Mapuche d'ailleurs) : au ciné, fastoche, il suffit de fermer les yeux quelques secondes mais au fil des pages ce bon vieux truc ne marche pas et il n'est point d'échappatoire !
Mais qu'on ne se méprenne pas sur le message de Férey : en dépit du passé tourmenté de ce pays, l'ultra violence dont il imbibe son bouquin et qui dessèche les coeurs de ses personnages est clairement annoncée comme celle de notre société mondialisée et ne doit que peu de chose aux gènes sud-africains et au folklore local.
Plus équilibré que l'histoire argentine de Mapuche, plus dense et plus fouillé, Zulu est sans doute l'un des meilleurs ethno-polars sur l'Afrique du Sud et vient parfaitement actualiser les tableaux de Malla Nunn.
Pour celles et ceux qui aiment se faire secouer.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/s..
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Cela faisait longtemps que je n'avais pas lu un polar aussi percutant. Tout concourt à vous embarquer dans l'intrigue : des personnages aussi torturés qu'attachants, le contexte complexe de l'Afrique du Sud, pas débarrassée de ses démons ni à un paradoxe près, une course poursuite à la vie à la mort qui nous laisse groggy à la fin.
Tout commence avec le meurtre d'une jeune étudiante issue du milieu afrikaner, dont on découvre bientôt qu'elle a pris avant son décès une nouvelle drogue aux effets dévastateurs. Voilà l'équipe d'Ali Neuman - un Zoulou dont le père et le frère ont été assassinés alors qu'il était enfant - sur le coup. Ali travaille avec le jeune Dan, dont la femme Claire est atteinte d'un cancer, et Brian Epkeen, grand séducteur, dont la vie affective est un fiasco. Très soudés, leurs liens dépassent le cadre professionnel. C'est ensemble qu'ils vont enquêter et découvrir ce que cachent les morts nombreuses qui vont jalonner leur route.
Première rencontre avec Carly Férey, auteur que je ne connaissais pas et qui me semble très talentueux. J'ai été très surprise de voir qu'il était français, l'immersion en Afrique est si réussie que je le pensais lui-même sud-africain ! Les références aux événements politiques et sociaux du pays étayent vraiment l'intrigue, donnent du sens à l'action et à la violence qui se dégagent de l'ensemble. L'Afrique du Sud que nous conte Férey semble bien éloignée de la réconciliation engagée par Mandela. C'est sombre, angoissant, pessimiste mais on se régale (en espérant que l'auteur en rajoute un peu...) !
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le Français Caryl Ferey a choisi de situer ce polar très dur en Afrique du Sud peu de temps avant la coupe du monde de football 2010 dont ce pays était l'organisateur. Trois flics doivent rėsoudre une affaire de meurtre lié à un trafic de drogue. Trois hommes blessés par la vie . Ali Neuman, le chef de la police intègre, rescapé d'une descente des zoulous Inkhata qui l'ont mutilé. Dan Fletcher, le flic instable dont le fils David vient le voler au petit matin. Brian Epskeen, dont l'épouse Claire lutte contre un cancer très virulent. Une jeune fille de la bonne société blanche est retrouvée morte au petit matin, le visage complètement détruit par les coups. Une double vie, une drogue de synthèse aux effets ravageur, des jeunes noirs perdus dans la désespérance, des trafiquants ultra-violents. Une enquête au bout de la vie , dans d'épouvantables bas fonds, la cour des miracles des townships en marge des villes. le prix de la vérité est terrible. J'ai beaucoup aimé cette noirceur ancrée dans une sociologie réaliste, et surtout la manière , Caryl Ferey manie une langue pleine de trouvailles et même de poésie. le mot d'amour pour Claire est bouleversant de sensualité . Les personnages sont d'une intensité rare. L'Afrique du Sud est un personnage de l'histoire, un pays de tragédie, avec des paysages de rêve, peuplé de fantômes d'un passé toujours vivace. Caryl Ferey en parle avec précision et la passion de celui qui a été touché par le destin de ce peuple original qui a donné au monde une figure mythique de la lutte contre les discriminations.


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Quel livre! Après Mapuche, je poursuis la lecture de Caryl Ferey dans le sens inverse de la chronolgie d'écriture. Un fait divers sordide nous emmène au plus profond du dénuement physique, moral et affectif de l'Afrique du Sud. L'auteur nous embarque et nous suivons l'enquête avec effroi mais addiction. Peu de respirations hormis dans quelques jeux de mots qui font du bien et une humanité des policiers en charge de l'enquête qui fait que l'histoire bouleverse. Un grand roman noir très noir mais à lire absolument.
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Roman très prenant mais un peu trop violent par moment.
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Zulu est un livre noir, dur, mais sincère et révélateur des problèmes sociaux et économiques qui touchent l'Afrique du sud.
Pauvreté, criminalité, racisme, sida, drogues....Férey dénonce ici un régime post-apartheid, où le malheur règne toujours pour les habitants pauvres du Township.
L'intrigue est excellente, les dialogues fins et poussés, on est hors des clichés, on est dans la réalité, en ce sens, pour moi, on est dans un livre de dénonciation politique et sociale.
Ce livre est prenant, de par son style mais aussi pour son histoire, Férey nous emmène dans un pays lointain, le contexte est original et les personnages attachants.

A lire absolument, n'hésitez pas aussi à lire les autres romans de cet auteur!!

PS: Pour ce qui est de l'adaptation cinématographique, les lecteurs seront, je le pense, déçus....
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Si pour vous l'Afrique du Sud ressemble à une belle image de carte postale, ce livre se charge de vous faire un électro-choc. Une intrigue noire, complexe, violente à vous couper le souffle.
Ce pays qui a été gangréné par l'apartheid est ravagé par les maladies, les meurtres, les tensions raciales, les gangs.
l' Afrique souffre depuis longtemps.
Ali est un enfant de Mandela, sans qui rien n'aurait été possible. Aujourd'hui encore, ce pays vit dans la peur. La violence n'est pas qu'une fiction, c'est une réalité...
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