Elena Ferrante m'avait perdu dés le troisième tome de cette série que je trouvais de trop , tant j'avais l' impression de ressasser les problèmes des uns et des autres, tant j'en avais marre de leurs névroses, tant je trouvais certains faits peu crédibles. le premier tome était parfait, original, et le deuxième avait encore quelque chose à dire. J'avais laissé passer du temps entre le troisième et le quatrième sensé clôturer une série prodigieuse, afin, de retrouver ma "candeur" de lectrice, d'oublier cette sensation de "pataugeoire" qui consiste à faire durer une saga dans un but commercial, mais là, quelle déception ! Tout ça pour ça ?
Souvenez-vous, au début du premier tome , face à cette sublime et longue amitié, L'autrice nous informait que l'une des deux amies disparaissait (dans le sens volatilisée, vivante mais n'informant pas ses proches de son état et de son adresse) et la lectrice pendant toute la série de se demander : mais qu'a t-il pu arriver à Lila pour qu'elle réagisse ainsi ? ... C'était le fil conducteur, la question laissée en suspens, sensée nous faire avaler tous les tomes, avec gourmandise, fébrilité.
Et bien,
Elena Ferrante ne répond pas à la question, nous offre des embryons d'idées pas assez consistants.
Contrairement au Publishers Weekly, je ne trouve pas la boucle bouclée, et je ne trouve pas que la conclusion soit formidable... Et je ne peux m'empêcher de comparer cette saga à d'autres (Autant en emporte le vent, La Saga des Cazalet...), et je ne peux que trouver l'Amie prodigieuse décevant...
Je n'adhére pas à trop de choses.
Je ne comprend pas qu'avec son évolution intellectuelle, professionnelle, sa réussite financière, Lena revienne habiter dans son quartier, dans un taudis. Je ne comprends pas qu'elle veuille , qu'elle choisisse, d'y élever ses filles avec tout ce que ça comporte de freins dans leurs apprentissages scolaires, dans tout ce qu'il y a comme risques avec la mafia tout autour, et surtout avec tout le mal qu'elle a en dit. C'est comme si Jamel Debouze retournait scolariser ses enfants à Trappes ! Et le père qui verse une pension n'a t-il pas voix au chapitre ?
Je ne comprends pas cette amitié toxique, se voler le petit-ami Nino était la goutte de trop .
De quoi elles peuvent bien parler, ces amies ? Lena la cultivée et Lila, certes intelligente mais qui n'ouvre jamais un roman, vu une expo, écouté un disque, vu un film, apparemment... Lila qui n'est jamais sortie de son quartier. J'aurais compris si elles se retrouvaient de temps en temps, comme pour faire le point, analyser leurs situations respectives, se donner des nouvelles du quartier et de ses habitants. Mais là, habitant l'une au-dessus de l'autre, il n'y a pratiquement pas de frontières entre chez l'une et chez l'autre. Trop fusionnelles ...
Je ne comprends pas de quoi vit Lila, qui à un moment, passe son temps à garder les enfants de Lena, au lieu de bosser. Son entreprise d'informatique ne tourne pas toute seule, surtout si elle est aussi florissante que le décrit
Elena Ferrante. Où sont les petites mains, les collaborateurs. Cet aspect-là de la "prodigieuse réussite" de Lila, est "abyssalement " absent. Or cela fait partie de l'évolution du personnage, de sa construction. Lila devrait changer, évoluer avec le succés, l'aisance financière, or dans les quatre tomes, elle est identique. C'est irréaliste .
D'ailleurs , j'aurais trouvé bien que
Elena Ferrante lui donne un peu la parole, qu'on voit le monde à travers ses yeux...
Je ne comprend pas l'intérêt du drame qui survient vers le milieu du livre. C'est comme si,
Elena Ferrante s'étant rendu compte qu'à part, décrire le quotidien, somme toute, banal, sur plus de cinq cents pages de deux amies, il lui fallait soudainement muscler son jeu dans l'intrigue, y mettre du drama, de l'intensité. Ça sort de nulle part, et rend encore plus toxique , bizarre, effrayant cette relation " d'amitié"...
J'ai bien compris que vers la fin, l'autrice veut nous faire réfléchir sur la fonction d'écrivain, sur les traces qu'ils laissent à la postérité, sur l'insignifiance des mots face aui tourbillon de la vie, aux enfants qu'on laisse sur terre ou pas...
Les frontières sont minces entre "fictions" et réalité : Lena exerce le même métier qu'
Elena Ferrante, Lena a une petite-fille qui s'appelle Elena, Lena écrit le livre qu'elle croit que Lila écrit, Tina la fille de Lila a le même prénom que la poupée de Lena enfant qui avait disparu.
Mais c'est comme si l'autrice me laissait sur ma faim (sur une "vraie"fin ), me laissait dans un flou artistique et je déteste ça.
Trop de destins croisés, de personnages à peine esquissés. Trop peu de descriptions sur l' Italie, sur Naples (par exemple de tremblement de terre si mal raconté, et puis si vite oublié les pages d'après...).
Elena Ferrante n'ancre pas assez son récit dans l'Italie : Naples n'évolue pas, où sont les chansons, les films, la mode vestimentaire, les voitures...
Après le tome 2,
Elena Ferrante m'a perdue et j'en suis la première déçue!