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3,69

sur 616 notes

Antonia est morte. Elle avait une quarantaine d'années et alors qu'elle rentrait d'un reportage photo d'un mariage, la fatigue l'a faite tombée avec sa voiture dans le ravin.
Le roman est constitué des différentes étapes de la messe célébrée par son parrain, prêtre de son état.
Nous sommes en Corse. Chaque étape de ces funérailles religieuses va emmener le lecteur dans les tourments de la vie de Antonia, jeune femme photographe par passion, mêlée affectivement aux agitations terroristes nationalistes, frustrée de ne pas pouvoir trouver la vérité du monde à travers son appareil photo, désespérée de l'avoir trouvée en Ex-Yougoslavie lorsqu'elle décide d'aller couvrir la guerre en free-lance.
Jérôme Ferrari a une façon de philosopher qui amène le lecteur à remettre en question ses fondamentaux alors même que les éléments de la narration sont à mille lieux de ses préoccupations. En effet, quelle est la proportion de lecteurs corses ayant endossé la prêtrise sur le tard qui pourrait s'identifier au parrain d'Antonia ?
Quelle est la réalité ? Celle que l'on perçoit avec ses yeux ? Celle que l'on distingue à travers un objectif ? Quelle est la place de la foi dans cette quête, qu'elle soit religieuse ou politique ?
Très métaphorique et pourtant si proche des intimes sentiments qui nous animent, ce roman est une merveille de littérature intelligente, celle qui si bien écrite nous emmène vers la voie de la réflexion existentielle sans jamais nous faire oublier la faiblesse de notre humanité.
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« Oui, les images sont une porte ouverte sur l'éternité. Mais la photographie ne dit rien de l'éternité, elle se complaît dans l'éphémère, atteste de l'irréversible et renvoie tout au néant. »

Chaque chapitre de ce roman est associé à une photographie, car Antonia dont on célèbre les obsèques était une photographe avant tout. Depuis que son parrain lui a offert un appareil pour son quatorzième anniversaire, elle a toujours parcouru le monde son appareil photo à la main, elle en a fait son métier. de simple photographe d'un journal local qui rend compte des concours de pétanque à correspondante de guerre à Belgrade, pour finir photographe de mariages.

L'écriture de Jérôme Ferrari est belle, mais je me suis perdu dans les allers retours, le style décousu m'a déconcerté et je n'ai pas vraiment été captivé par ce récit sur la mort, la photographie, la guerre, la famille, la violence et le nationalisme corse.
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Corse. Une photographe trouve la mort par un accident de voiture. Son parrain, prêtre et qui lui a offert son premier appareil photo, est chargé d'en faire la cérémonie d'enterrement. le début est vraiment prenant. Bien écrit, beaucoup d'émotions. Puis ça part sur un autre chemin. Celle d'un photographe d'une autre époque, d'un autre lieu. Ce roman tourne-t-il au documentaire ? Les allées/retours continuent. Ce qui, au final, éloigne le lecteur de l'histoire principale. Dommage !

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" Elle est venue photographier la guerre, garder la trace de ce qui se passe ici....
Elle lui écrit  seulement : Je sais que certaines choses doivent demeurer cachées. ...
Il y a tant de façons de se montrer obscène, ecrit-elle à son parrain.
Elle ne développera pas les pellicules. "

Quelle mise en abyme que le dernier roman de Jérôme Ferrari  : À son image
Il faut un peu de temps pour ordonner ses pensées et laisser retomber l'émotion qui vous a étreint à la lecture de ce roman.
A partir d'un événement dramatique,la mort d'une jeune femme, Antonia, dans un accident de la route, Jérôme Ferrari va nous offrir un roman fait de mille tiroirs et miroirs.
A partir d'un récit se calquant sur la cérémonie des funérailles d' Antonia, Jérôme Ferrari va nous offrir dans un espace temps réduit, une reflexion sur l'image, la représentation,  le réel et la mort.
Antonia vivait en Corse et était journaliste et photographe.
Pas photographe de mode ou de pub, encore moins photographe de guerre. Juste photographe pour un journal régional.  Photographe des mariages, des banquets , des associations et des concours de boules.
Nous sommes dans les années 1990 , marquées en Corse par les dissensions entre Nationalistes et marquées en Europe par la guerre des Balkans et la scission de l'ex Yougoslavie.
Depuis son adolescence Antonia est passionnée par la photographie.
C'est son parrain qui lui offrira son premier appareil-photo à 14 ans.
Ce parrain qui deviendra prêtre  et qui attends aujourd'hui sur le parvis de l Église le cercueil d'Antonia.
Et le roman de Jérôme Ferrari va être rythmé par la célébration religieuse.
Chaque chapitre du livre sera un instant de la liturgie mais aussi l'occasion de se perdre sans une représentation photographique.
Et puis il y aura tout au long de cette liturgie le positionnement du parrain qui est aussi prêtre. Rester prêtre et religieux ou parler de sa nièce telle qui la connaissait.
Dilemme qui va parcourir la totalité du roman
Cette liturgie , ce requiem pour Antonia va nous emmener  loin dans la réflexion sur l'image ,la photo, le réel.
Une photo représente-t-elle ce que l'on voit ?
Que peut cacher un cadrage ? Peut être une autre réalité ?
Une photo peut elle être obscène
Une photo  capte t-elle un instant de vie ou un instant qui est déjà mort
Cette réflexion passionnante Jérôme Ferrari va la triturer, la malaxer  au travers de la vie d'Aurelia qui nous est retranscrit par le parrain/prêtre.
Ce regard photographique qui embrase la vie quotidienne d'Aurelia mais aussi le regard qu'elle portait sur le nationalisme corse  ou sur la guerre en Ex Yougoslavie.
Et puis Jérôme Ferrari intègre des moments de vie et de regards de photographes français ou slaves du 20eme siècle.
L'histoire d'Aurelia devient universelle tout comme le questionnement.
Enfin comment ne pas être troublé  par le lien religieux et spirituel entretenu par ce roman liturgique en pensant à la la phrase biblique : Et Dieu créa l'homme à Son image
La boucle est bouclée.
Satanée Image !

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Sur les hauteurs de Calvi, une petite chapelle comble.
Fournaise du mois d'août.
Devant l'autel un cercueil, celui d'Antonia, victime à 38 ans d'un accident de la route. En chaire, sous l'oeil impassible de Notre-Dame du Rosaire, dans les fumerolles des cierges et les parfums d'encens, c'est l'oncle et parrain de la jeune femme qui préside aux funérailles. Sur les bancs de bois, à genoux sur les prie-dieu, les amis d'Antonia, son frère, ses parents.
Et moi.
Moi tout au fond, derrière le bénitier. Moi qui assiste, ému, à l'homélie du prêtre, et qui l'écoute religieusement dérouler à rebours la vie de sa nièce bien-aimée, sa carrière de photographe passionnée, son attachement viscéral à l'île de beauté, sa proximité souvent douloureuse avec certains groupes nationalistes ou encore ses amours contrariées avec l'insaisissable Pascal B...

La construction du récit, qui suit fidèlement celle de cette poignante messe chantée, s'articule autour des douze temps liturgiques de l'office des défunts : elle brille par son habileté et son originalité, et confine pour moi à la perfection !

Grâce au talent de Jérôme Ferrari, grâce à son écriture si riche, si généreuse, si maîtrisée, chaque épisode de la vie d'Antonia nous transporte instantanément dans le maquis corse, sur le port d'Ajaccio, ou sur les théâtres de guerre de l'ex-Yougoslavie où la jeune photoreporteur a plus d'une fois capturé l'horreur sur pellicule...
C'est l'occasion pour l'auteur de se livrer à des considérations passionnantes sur notre rapport à l'image, notre besoin compulsif de suspendre le temps, de le figer sur papier glacé, de mitrailler à tort et à travers et de produire à la chaine soit des clichés stériles, qui souvent ne témoignent de rien d'autre que de l'obscénité du monde, soit des "images mensongères, suggérant une profondeur saturée d'un sens qui, en fait, n'existe pas".

Jérôme Ferrari n'oublie pas d'aborder, en outre, les questions épineuses de la foi, de la fidélité, de la confrontation entre la vie et la mort, ou les impasses de la violence dans la Corse déchirée des années 90.
Autant de thématiques brillamment évoquées au moyen de phrases longues mais jamais lourdes, éloquentes mais jamais emphatique, sophistiquées mais jamais prétentieuses.

Et ce n'est là qu'un des mystères de ce texte bluffant !
"Un roman qui a du sens" (comme l'a dit récemment avec beaucoup de justesse et de concision une excellente chroniqueuse basque qui se reconnaîtra et que je me permets de citer ici ;-)) et qui forcément m'incite, en ce début d'année 2020, à prendre une bonne résolution : celle de lire très bientôt un autre Ferrari !
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Quoi de mieux, pour parler de la guerre, que de se servir du regard d'un photographe. On a à la fois l'image qui témoigne, l'art qui interpelle, et le photographe qui vit le terrain.
Et qui dit guerre, dit mort.
Jérôme Ferrari, en choisissant de tuer ce photographe en dehors du terrain permet d'aborder la mort au sens large.
Surtout quand les funérailles sont célébrées par un curé proche du défunt qui a pris l'habit sur le tard. Il donne un point de vue fort réfléchi sur l'éternité et la résurrection.
Deux mots qui pourraient définir une photo.

Bien loin du monde "photoporn" dans lequel on baigne, c'est un excellent roman qui a du sens.
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J'avais hâte de revisiter l'univers de Jérôme Ferrari après le sermon sur la chute de Rome et À son image ne m'a pas déçue. La Corse encore comme toile de fond, mais ici, pas de description de paysages, mais plutôt la destinée de l'existence humaine dans un monde en perpétuels conflits.
Antonia, une enfant de l'île de beauté, réalise enfin son rêve de devenir reporter-photographe et part, à son compte, couvrir les conflits en Yougoslavie au début des années 1990. « Sur les photographies, les vivants mêmes sont transformés en cadavres parce qu'à chaque fois que se déclenche l'obturateur, la mort est déjà passée. » Comme nombre de photographes de guerre, elle est hantée, longtemps après, par les horreurs des combats, fixées à jamais sur la pellicule.
Pour appuyer son récit, Jérôme Ferrari insère habilement la description de réelles photos aux images insoutenables prises par des reporters reconnus lors de conflits historiques (Gaston Chérau, Ron Haviv, Rista Marjanovic, entre autres), et place au premier plan les revendications nationalistes corses, lesquelles apportent un poids supplémentaire au propos. Il en va de même pour le personnage du prêtre, parrain d'Antonia, qui incarne à lui seul l'antithèse parfaite à toute cette histoire. Une lecture à tiroirs suscitant de nombreuses réflexions.
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J'ai beaucoup apprécié ce roman pour les trois raisons suivantes:
Pour sa structure originale;
Pour la place de l'image, de la photographie qui fige des événements, les pensées, en un mot qui révèle;
Et aussi pour la restitution intéressante d'une vie, qui vient de se transformer en destin celui d'Antonia, juste et brutalement décédée, et qui est présente, de manière également peu commune et très bien traitée par le regard porté sur elle et sur les grandes époques et bifurcations de sa vie par son oncle curé qui préside ses obsèques.
La corse et notamment au travers déchirements du FLNC mais pas que, est aussi quasiment un personnage du roman.
Je reviens sur la structure : chaque chapitre repose sur la progression de la cérémonie catholique des obsèques et sur une photographie qui est soit attribuée à Antonia ou à un de ses collègues photographe et journaliste. le style est sobre et laisse aussi place à de multiples ramifications, cheminements, digressions propices à la réflexion, parfois à la rêverie et l'auteur nous fait revenir toujours, sans nous perdre, à la singularité d'un destin, d'une trajectoire de vie incomplète forcément qui essayait à la fois de saisir le réel dans son aspect tragique, inattendu, décalé et d'en rendre compte en ce qu'il est produit par le désordre des pulsions et des vanités. Au point que la photographe Antonia pouvait décider de ne pas développer certaines photos, objet et sujet de son travail ainsi sabordé noblement et éthiquement si j'ose dire.

En résumé un roman fort et attachant, bon reflet de notre société des années quatre-vingt dix, années qui me sont apparues soudain si étrangement proches et lointaines, un effet de ses arrêts sur image successifs et constitutifs du récit ? On ne les saisirait plus de la même façon ....
A les détailler, nous mesurons l'épaisseur incontrôlable du temps ...



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C'est avec À son image que je découvre l'écrivain d'origine corse, Jérôme Ferrari.
Un roman ? Un essai ? Avant tout un livre intelligent, ambitieux mais complexe et sombre. Pour moi une lecture assez laborieuse, J'avoue avoir eu du mal à entrer dans le récit, pourtant intéressant par ses réflexions et interrogations sur l'utilité de la photographie, la photographie de guerre en particulier. Et je n'ai éprouvé que très peu d'empathie pour les personnages ni ai ressenti d'émotion.

Antonia était passionnée de photographie, elle en avait fait son métier. Agée de 38 ans elle vient de trouver la mort accidentellement en rentrant chez elle au petit matin. Sa voiture et son corps ont été retrouvés au fond d'un ravin de l'Ostricoli, en Corse. Son office funèbre est célébré par le prêtre de la paroisse, qui n'est autre que son oncle et son parrain avec lequel elle entretenait un lien privilégié. Encourageant sa passion, c'est lui qui lui avait offert son premier appareil photo, alors qu'elle n'avait que quatorze ans. Anéanti par son chagrin et sa tristesse, le prêtre va souhaiter s'en tenir strictement aux règles édictées par la liturgie. Il explique à Marc-Aurèle, son neveu et frère d'Antonia :

« Demain il ne s'agira pas d'évoquer la vie de ta soeur, ce qu'elle aimait ou ce qu'elle n'aimait pas. Il ne s'agira même pas de montrer combien nous sommes tristes. Demain nous remettons ta soeur à Dieu et nous prions pour qu'il la reçoive (…) ça n'a rien à voir avec nos souvenirs intimes. »

Et pourtant, dans l'église, chacun se remémore la vie d'Antonia, son enfance et son adolescence, ses relations avec Pascal B. et les nationalistes corses, son travail anodin et décevant pour un journal local puis sa volonté de devenir reporter de guerre, en ex-Yougoslavie. Les horreurs dont elle va être témoin vont l'amener à s'interroger sur la puissance des images, le "choc des photos" et le voyeurisme obscène.

Jérôme Ferrari signe ici un livre très sombre, où la violence est omniprésente, atypique dans sa construction, une sorte d'oraison funèbre à la mémoire d'Antonia, où tous les chapitres sont un moment de la liturgie associé au titre d'une image photographique.
Le style d'écriture de l'auteur est élégant, sobre mais je l'ai trouvé très (trop ?) dense avec des phrases démesurées, peu de paragraphes et de ponctuation. Une plume qui m'a parfois lassée et qui m'a quelque peu égarée.

#Challenge illimité des Départements français en lectures (20 - Corse)
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Heureusement il y a l'écriture de Jérôme Ferrari , l'originalité et le défi d'intercaler le récit pendant les étapes de la liturgie catholique des funérailles car je n'ai pas vraiment aimé ce roman , en attendant sans doute trop après les excellentes critiques lues sur Babelio .

Antonia s'est tuée en revenant dans son village de Haute Corse , éblouie par la lumière du soleil levant , comme un flash vengeur pour cette jeune femme photographe : réponse finalement apportée au tout début du roman sur les limites de l'image figée par la photographie lorsqu'elle ne se contente plus de montrer la beauté du monde et des hommes.

Son parrain et son confident, celui qui lui avait offert son premier appareil photo célèbre la messe en tant que prêtre , occasion de revenir sur la vie d'Antonia mais aussi sur le nationalisme corse et sur la place ambiguë de la photographie dans l'intimité des hommes, dans l'indécence vite atteinte des photos lorsque , comme Antonia l'a fait dans les Balkans, elles montrent de trop près les dommages mais ce sont , à mon avis , les pages les plus poignantes du roman.

Je suis restée assez distante vis à vis des personnages, le récit prenant souvent l'allure d'un essai sur l'impact des images et les frontières que le photographe doit ou pas s'imposer .

Quant aux pages sur le nationalisme corse, Jérôme Ferrari n'est pas spécialement tendre , mais le faut-il ... le combat comparé à celui des conflits récents semble un peu caricatural et j'espère , en tout cas , ne vexer aucun lecteur corse .
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