Dans son nouvel écrin les éditions Slatkine, l'auteur-procureur
Nicolas Feuz ne perd rien de son style.
En effet dès les premières lignes, le lecteur n'a pas le temps d'absorber ni d'esquiver, il est cueilli par un uppercut.
C'est totalement sonné qu'il poursuit sa lecture, en entendant les pulsations de son coeur, dans ses tympans assourdis, impression renforcée, avec l'habileté de
Nicolas Feuz, en chapitre court, voire très court.
A peine relevé, le lecteur essaie de casser la distance, pour parer les coups, mais rien n'y fait, un pas de côté, on chasse les coups, on essaie de se repositionner et de mettre son corps (et son esprit) en position de garde, et vlan une nouvelle fois au tapis.
Le procureur Jemsen a été victime d'un attentat, pourquoi est-il visé ? La police fait son boulot à minima, car ses flics n'aiment pas le procureur. de plus, un des leurs, qui a joué solo, a été exécuté par le dénommé le Vénitien qui signe ses crimes avec des balles en verre de Murano. L'enquête croise la route de la mystérieuse Alba : « Elle était devenue l'esclave sexuelle du maquereau albanais. Elle savait qu'elle ne lui échapperait plus. Sauf peut-être au prix de sa vie. Jamais Berti n'accepterait qu'elle passe une nuit entière à l'extérieur du salon, sauf, peut-être, si elle revenait avec une substantielle somme d'argent. »
Un art consommé de nous plonger dans un monde interlope, de faire un beau portrait de femme avec Alba.
Pendant ce temps, le procureur Jemsen essaie de se rétablir et d'enquêter de son côté, pas facile car il est partiellement amnésique et aidé par sa greffière Flavie dont il ne comprend pas le dévouement. Ils vont plonger dans le dossier des disparitions inexpliquées.
L'action se déroule sur 5 jours, elle est centrée sur l'enquête, donc pas de temps pour ausculter la température de la ville qui a subi l'attentat ni pour savoir comment la population survit à ce drame.
Les bons poursuivent les méchants et parfois la frontière est ténue. Certains ne sont pas à la place qui leur est dévolue, mais n'est-ce pas cela le suspens ?
Un thriller efficace, mené tambour battant.
L'épilogue serait-il un clin d'oeil de Monsieur le procureur à l'auteur ?
Merci aux éditions Slatkine pour la découverte de ce nouvel écrin des histoires noires de
Nicolas Feuz.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 03 septembre 2018.