JULES VERNE
PERE DE LA SCIENCE-FICTION ?
III – Edgar Poe et Jules Verne
par J.-J. BRIDENNE
Esthète de l’effroi pathologique et métaphysique, rénovateur du Conte Fantastique, Poe n’en est pas moins aussi le grand promoteur de la littérature scientifique et policière. Et c’est ainsi que « Le Canard au Ballon » (direction aérostatique), « L’aventure sans pareille d’un certain Hans Pfaal » (voyage à la Lune), « Les Aventures d’Arthur Gordon Pym », riches en coups de théâtre géographiques et, à un degré moindre, « Eiros et Charmion », « Une descente dans le Maëlstrom », « Double Assassinat dans la Rue Morgue », doivent être considérés comme ayant contribué à la vocation de Jules Verne. En 1863, celui-ci consacra une étude, parue dans « Le Musée des Familles », aux écrits de Poe traduits par Baudelaire. Tout en faisant des réserves sur leur (prétendu) matérialisme morbide et sur la… relativité de leur caractère de lectures familiales, Verne ne pouvait s’y défendre d’une sagace admiration à leur égard. Lui-même n’avait-il pas débuté au reste dans le genre fantastique ? « Maître Zacharius » et « Un Drame dans les Airs », qui furent composés environ entre 1851 et 1855, marquent le passage, déjà très net alors dans tout un domaine de la littérature française, de l’influence d’Hoffmann à celle d’Edgar Poe(15). La première de ces nouvelles est encore bien dans la ligne de l’extraordinaire romantique d’inspiration germanique et médiévale ; la seconde associe les deux thèmes modernes, mais bien « poesques », de l’aérostation et de la démence. Et puis…