Benjamin Button vient au monde semblable à un vieillard. Son père est catastrophé, surtout par le "quand dira-t-on" de la société à laquelle il appartient. Puis Benjamin se rend compte qu'il rajeunit chaque jour, sans qu'il puisse rien y faire. le drame, c'est que chaque génération qui le côtoie, son père, sa femme, son fils, ne lui pardonne pas d'être ce qu'il est.
Mon avis
J'avoue, j'ai lu ce livre après avoir été voir le film ; un film dont je n'ai pas encore eu le temps de parler. Nous verrons bien. Pour l'heure, j'ai craqué pour cette courte nouvelle afin de refermer la boucle de cette inspiration : j'étais curieuse de lire le récit qui avait été à l'origine du film, voilà tout. Quelle étrange et fascinante idée de faire vivre quelqu'un à rebours !
Je ne vais pas comparer le livre au film, même si c'est tentant. J'ai juste envie de dire que le livre possède une connotation comique que ne possède pas le film.
Le père de Benjamin décide d'éduquer son fils "comme si de rien n'était" : bien que son fils ait l'apparence d'un vieil homme, il l'habille en barboteuse, puis avec des shorts et ne lui autorise les pantalons que lorsqu'il est adolescent, alors que physiquement, son fils a une cinquantaine d'années.
Ensuite, les deux hommes se "rattrapent" : on les prendrait pour des frères, pendant ce temps il est noté que la société "oublie", personne ne se rend compte que le fils rajeunit.
Benjamin tombe amoureux, il se marie, a un fils : Roscoe. Il continue de rajeunir, bientôt son fils se marie, et lui ressemble au fils de son fils. Inextricable sentiment d'épouvante. La société oublie là encore. Benjamin existe sans exister : il "remonte" à travers le destin de ces concitoyens qui eux cheminent vers la mort, séniles, alors que lui se dirige vers un état embryonnaire.
Ce livre me fait songer à cette magnifique nouvelle qui m'a bluffée l'année dernière :
l'automate de Nuremberg de
Thomas Day dont je recommande la lecture !
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La lie du bonheur
La jeune actrice Roxane Milbank épouse un écrivain connu Jeffrey Curtain. Peu de temps après, Jeffrey tombe malade, a une attaque cérébrale, et végète durant des années avant de mourir. Sa femme lui tient compagnie patiemment, fidèle et aimante. Celle-ci, peu à peu abandonnée par ses anciens amis, garde au fil des années l'amitié et la compréhension auprès de Harry, leur ami commun. Harry, lui même marié à une femme frivole, incapable de tenir une maison, d'élever leur fils, finit par en divorcer, tout en restant une sorte de "chevalier servant" auprès de Roxane.
Mon avis
Cette deuxième histoire insérée à la suite de
l'étrange histoire de Benjamin Button est très différente. Ici, point d'histoire absurde. Il est question d'un amour, inconditionnel, d'une accablante destinée d'un homme et d'une femme, mariés chacun de leur côté : elle a un mari diminué qu'elle veille jusqu'à la mort, lui a épousé une mégère, sale, qui ne s'occupe pas de leur fils, et qui dépense son fric pour acheter des vêtements et de la lingerie fine qu'elle garde dans un placard. Finalement, il y a bel et bien un autre genre d'absurdité. Celle des "conventions". Là encore, un style sans rien de particulièrement remarquable. Sur le fond, un fort sentiment de tristesse et de dénégation. Et, tout au fond du regard, des visions qui ressemblent aux tableaux d'
Edward Hopper.