Je pense que ce qui m'a le plus frappée en commençant ma lecture, ce sont les progrès que l'auteur a réalisé entre l'écriture de "Les deux Jules, la théorie du serpent" (roman grâce auquel je l'ai connu) et "
Før". J'ai remarqué une grande amélioration de la plume de l'auteur. Elle semble plus sûre, plus mâture. Les descriptions sont précises et justes. L'écriture est fluide, travaillée. J'ai vraiment senti ce changement, alors bravo pour ces progrès, cette lecture a été un vrai plaisir.
J'ai cherché la signification du titre à la fin seulement, après avoir terminé de lire l'histoire. Il veut dire "avant, précédemment, antérieurement". Un petit mot qui renferme beaucoup de choses, très significatif dans le roman. Après discussion avec l'auteur, il s'avère que le titre a également sa signification en français : for pour "en son for intérieur". Cette double symbolique est forte.
J'avoue que j'appréhendais un peu la thématique, car je ne suis pas très courageuse. Je ne lis jamais de roman d'horreur ou d'épouvante, donc quand j'ai lu "paranormal", j'ai eu une appréhension. Si vous êtes comme moi, alors je vous rassure : rien ne fait peur dans ce roman. À aucun moment je n'ai été mal à l'aise. Au contraire, je suis rentrée facilement dans l'histoire.
Si je devais résumer cette lecture en un mot, ce serait : surprise. En commençant ce roman, je ne savais pas trop dans quoi je m'embarquais. J'ai été très agréablement surprise par l'originalité du thème.
Le lecteur suit les aventures de Skøll, un homme qui, depuis tout petit, rêve d'un garçon, d'une femme et d'une maison. D'une vie antérieure. Il cherche donc des informations, des réponses à ses questions.
Le début est très intriguant. le prologue commence de façon originale, avec un jeu de ouïja télévisé. On plonge directement dans l'ambiance, les choses se précisent rapidement. C'est ici un très bon point : Clément ne perd pas de temps, il embarque le lecteur dès les premières lignes. J'ai directement accroché.
Au début, on ne comprends pas trop ce qui se passe, qui est ce personnage étrange, ni ce qu'il fait. Et puis, tout ce met en place lentement et le lecteur comprend que le personnage joue par moment la comédie devant des caméras. Ces éléments sont habilement amenés, surprennent.
J'ai trouvé le personnage de Skøll attachant. Il va au bout de ses idées. Il a une forte envie de garder le contrôle sur sa vie, malgré le fait que celle-ci soit très médiatisée. Son lien avec Basile est mystérieux, il pousse à continuer la lecture pour en apprendre plus.
J'ai beaucoup aimé la crédibilité de la mère, sa relation avec son fils. Ce doit être difficile pour une mère d'entendre son enfant parler d'une autre figure maternelle...
On découvre au fil du roman à quel point l'esprit humain est fascinant. Je ne peux en dire plus sans spoiler, mais le suspense autour des rêves de Skøll est gardé jusqu'au bout.
J'ai découvert avec cette histoire un "roman puzzle", comme l'appellent les lecteurs de Clément, un style que je n'ai pas l'habitude de lire. Pour vous donner une idée : il s'agit d'un roman qui ne suit pas l'histoire de façon logique et chronologique. Les chapitres sont constitués de scènes fortes, qu'on ne comprend pas toujours mais qui, mises bout à bout, comme un puzzle, dévoilent et expliquent l'intrigue.
Cette façon de construire le roman est pertinente pour cette histoire et très bien maîtrisée. le lecteur plonge dans un passé lointain, mais également un futur proche.
Før est donc une très belle découverte pour moi.