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3,6

sur 2322 notes
Quel est donc ce coeur simple, doux, vaillant et généreux?
C'est celui de Félicité servante à Pont-l'Evèque chez Madame Aubain, veuve hautaine et bourgeoise. Une Félicité que tout le monde félicite pour ses qualités. Aimante avec les enfants, Paul et Virginie, honnête,économe,dévouée,travailleuse, bref une perle.
C'est que tout n'a pas été toujours facile.
Maltraitée dans son enfance, trompée par Théodore un jeune fermier intéressé, elle s'épanouit auprès de cette famille dont elle considère les petits comme les siens.Elle s'occuppe de Virginie souffrante et à son catéchisme. Au départ de cette dernière en pension, elle s'attache à son neveu Victor.Et celui ci noyé, ce sera Loulou le perroquet qui disparaîtra aussi. Et puis ce sera le tour de Madame Aubain. Et puis,et puis,et puis...les morts tournent à l'obsession et au délire mystique: un Dieu Loulou qui même empaillé la prendra sous son aile.
Mais bienheureux les coeurs simples car..... le paradis les attend!
Un livre émouvant, car Félicité n'est qu'émotions et belles émotions.
Des portraits psychologiques forts et une peinture aigue de la société du XIX° siècle. Cézanne a, dit on, comparé sa Vieille au chapelet avec la Félicité de Flaubert.
Petit rappel sur Gustave Flaubert: né en 1821, il est connu pour Madame de Bovary (1856) soumis à la critique de l'époque, Salammbô (1862), L'éducation sentimentale(1869) et bien d'autres romans qui lui vaudront la reconnaissance du public et la fréquentation des frères Goncourt,de Sainte Beuve,Théophile Gautier et surtout George Sand qui l'incitera à écrire Un coeur simple.
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Encore un souvenir scolaire concernant ce livre : une lecture, en fin de cours, de "La légende de Saint Julien l'Hospitalier". Je me souviens, qu'à l'époque (au siècle dernier, dirons-nous), ce récit m'avait marqué par le mélange de mystère et de merveilleux dans lequel il baignait. J'ignorais alors qu'il faisait partie d'un triptyque intitulé "Trois contes" publié par Flaubert en 1877, qui constitue en fait sa dernière oeuvre romanesque publiée de son vivant, puisqu'il est mort en 1880.
Le recueil réunit trois contes ou nouvelles assez différentes d'inspiration : une nouvelle contemporaine "Un coeur simple", une légende médiévale "La légende de Saint Julien l'Hospitalier", et enfin une évocation biblique "Hérodias".
"Un coeur simple", relate la vie de dévouement de Félicité, une fille de province placée chez madame Aubain, une bourgeoise, mère de deux enfants, Paul et Virginie. Elle passe toute sa vie dans cette maison et dans cette famille qui devient la sienne. Elle participe aux joies et aux douleurs (la mort de Virginie, puis celle de son neveu Victor, et enfin celle de Madame Aubain) et reporte toute son affection sur Loulou, un perroquet que lui a laissé Madame Aubain, mais Loulou meurt aussi, et sur les conseils de sa maîtresse, Félicité le fait empailler. Quand elle meurt à la fin de la nouvelle, elle s'imagine que c'est Loulou qui l'emporte au ciel...
"La légende de Saint Julien l'Hospitalier" renoue avec les contes du Moyen-Age où un christianisme naïf se mêle au merveilleux : Julien, fils d'un petit seigneur local, grand chasseur devant l'Eternel, reçoit un jour la prédiction par un cerf qu'il avait massacré avec sa biche et son faon, qu'il allait tuer son père et sa mère. Pour échapper à cette funeste prophétie, il part au loin, se marie, et ne pense plus au terrible présage. Un soir alors qu'il est à la chasse, deux vieillards se présentent au château et se présentent comme les parents de Julien. L'épouse de ce dernier, ravie, les invite, les fait manger et leur propose sa propre chambre pour se reposer. Julien rentre de la chasse, bredouille et plein de rage. Voyant des formes dans le lit de sa femme il les poignarde tous les deux. Prenant conscience de son erreur, il quitte le château et part mendier sur les routes. Devenu passeur au bord d'un fleuve, il transporte un jour un lépreux en guenilles à qui il donne tout ce qu'il a, jusqu'à la chaleur de son corps. C'est alors que le lépreux se transforme en une merveilleuse clarté (Jésus-Christ) et l'entraîne au ciel avec lui
"Hérodias" reprend l'épisode biblique de la mort de Jean-Baptiste (appelé ici Iaokannan). Hérode Antipas a épousé sa nièce et belle-soeur Hérodias, ce qui amène Iaokannan à l'accuser d'inceste. Par l'intermédiaire de sa fille Salomé qui exécute une danse que nous qualifierons de lascive (en étant gentil), elle finit par obtenir la tête du prophète, qu'elle se fait servir sur un plateau.
Ces "Trois contes" représentent peut-être l'apogée de Flaubert en ce qui concerne la qualité de l'écriture : travaillée à l'extrême, d'une grande précision, elle colle à merveille au propos, tour à tour familière, poétique, dramatique, à la limite du fantastique, sensuelle, d'une grande puissance d'évocation.
Dernière oeuvre romanesque de l'auteur les "Trois contes" font un peu aussi figure de testament, dans la mesure où tous trois rappellent d'autres grandes réalisations : "Un coeur simple", par sa peinture de moeurs provinciales rappelle "Madame Bovary", La "Légende de Saint Julien l'Hospitalier" nous remet en mémoire la "Tentation de Saint Antoine", par son alliance insolite entre merveilleux et imaginaire chrétien, enfin "Hérodias" renoue avec les fulgurances antiques de "salammbô".
Pour moi un des meilleurs "Flaubert", égal à "Madame Bovary", et supérieur à 'L'éducation sentimentale" ou à "salammbô"...
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Je n'avais jamais lu de roman de Gustave Flaubert. Un coeur simple est très court (je reconnais que pour le challenge riquiquis c'est un atout!) mais son récit est riche. L'héroïne, Félicité, est une femme de son époque, servante dévouée, pieuse sans instruction, n'existant que pour les autres. Elle fait preuve d'une grande loyauté, elle est courageuse, travaille dur. Je me souviens de la scène dans le pré que les enfants doivent traverser, et que les vaches menacent.
Flaubert décrit la vie de Félicité avec une grande humanité, il s'intéresse à ses pensées, ses émotions, aux épreuves qu'elle traverse. Un coeur simple est le roman d'une femme pas uniquement celui de son rôle dans la société.
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Relire ces « Trois contes » de Flaubert vient de me reposer un peu de la lecture encore inachevée du livre de Patrick Grainville « Falaise des fous ». Cet assaut écumant de mots et de descriptions, vagues après vagues, vous sape. Aussi, avant de m'écrouler, il était temps d'une pause.

Au foisonnement dément des mots d'un Grainville, Flaubert a préféré la simplicité et l'efficacité d'un esprit clair et organisé. Phrases courtes, qualificatifs précis et sûrs fluidifient le discours, emportent le lecteur. En sens inverse de leur présentation, ces contes font la démonstration des facultés créatives de l'auteur. S'appuyant sur une histoire tellement connue, celle de la décollation de St Jean Baptiste, un peu moins avec la légende de St Julien et oeuvre de composition totale avec « Un coeur simple ».
Exercice de style assumé, réussi avec maîtrise, bien sûr.


Allusions cyniques aussi à la fatuité religieuse de vouloir dominer le monde et ses incompréhensibles cruautés. La Félicité d'un coeur simple meurt seule et usée d'avoir servi autrui, Julien le sanguinaire sera en proie à la malédiction avant sa rédemption et le Baptiste paiera de sa vie l'avénement programmé du Christ.
Trois destins roulant entre les mains d'un Dieu aussi incompréhensible que cruel. Trois coeurs purs soumis dès avant leur naissance à la cruauté du démiurge, fort habilement relayée par leurs semblables.


Flaubert a certes cette dimension de très grand conteur mais aussi celle de fin moraliste dont le regard avisé sur nos destinés nous fait encore frémir.
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Je reconnais que j'ai eu du mal à ouvrir un Flaubert, même très longtemps après le traumatisme scolaire provoqué par Emma Bovary.
Il m'a semblé que trois courts contes, dont on disait le plus grand bien, pouvait me réconcilier, non pas avec Emma mais du moins avec Flaubert. Certes, un "Coeur simple" était souvent évoqué comme un modèle du genre.
J'ai beaucoup aimé. J'ai aimé chacun de ces trois contes au sujet, à l'époque, à la narration si différents. Bien sûr que des similitudes existent.
J'ai tellement aimé que j'ai, derechef, entamé avec délectation Salammbô.
Je recommanderai donc bien ce petit livre pour commencer Flaubert, notamment à tous les anciens traumatisés par Emma.
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J'adore Flaubert. Cette nouvelle m'a beaucoup plu. Elle est simple comme son titre et dans la lignée des nouvelles de Flaubert, elle témoigne de cette période du 19ème siècle. Ce livre m'a ete offert par une collègue lors de la visite de l'expo de Jeff koons à Beaubourg. Un petit clin d'oeil avec ce joli coeur que j'avais vu aussi à Versailles.
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Pour le plaisir du style!
Pour la Normandie de Un coeur simple,
pour le perroquet évoqué souvent par les auteurs qui s'intéressent à Flaubert (entrevu dans Oscar Wilde et le jeu de la mort que je viens de terminer)
Pour Saint Jean Baptiste dans Hérodias et les belles fresques que j'ai vues récemment à Avignon....
Pour le plaisir de redécouvrir un classique et s'apercevoir qu'il n'a pas pris une ride!
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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CHALLENGE ABC 2013/2014 (9/26)

Dans le cadre de ce challenge, pour diversifier son contenu, j'ai choisi d'y disséminer quelques classiques. A côté de l'inégalable Victor Hugo et son imposant "Notre-Dame de Paris", j'ai ajouté ce court récit de Flaubert. Ne gardant pas un souvenir impérissable de "Madame Bovary", lu au lycée, je ne prenais cependant pas trop de risque, vu le nombre de pages. "Un coeur simple" avait été cité dans l'émission LGL de François Busnel en mai dernier par Marie-Hélène Lafon comme le classique indispensable à mettre dans sa valise pour l'été alors qu'elle déconseillait vivement d'y mettre le roman précédemment cité de Hugo.
Une chose est sûre : Mme Lafon et moi n'avons pas les mêmes goûts. J'ai lu que cette histoire (ou plutôt non-histoire) faisait partie de la dernière oeuvre de Flaubert intitulée "Les Trois contes". Pour moi, un conte a une dimension onirique, loin du réalisme pathétique de cette nouvelle. Louons ici le souci du détail de l'auteur qui se plait à tout décrire minutieusement (paysages, évènements, coutumes) au détriment de véritables actions. Voilà, c'est du Flaubert. C'est parfois beau mais souvent ennuyeux....
Cette pauvre Félicité porte décidément bien mal son nom car le bonheur se joue d'elle. le destin se fait un malin plaisir à éloigner d'elle toutes les personnes pour lesquelles elle éprouve un sentiment. Sur la fin de sa vie, il ne lui reste plus qu'un perroquet empaillé à aimer, oiseau qu'elle va d'ailleurs assimiler, dans un dernier élan mystique au Saint Esprit. Devant toutes les épreuves de sa vie, son absence de réaction évoque plus une naïveté proche d'une faiblesse d'esprit.
A moins que Flaubert ait voulu faire de l'ironie, je n'ai pas saisi la morale de ce soit-disant conte philosophique.
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D'après le résumé, on peut se dire que cela va être ennuyant, mais loin de là. Cette nouvelle sur le personnage de Félicité est touchante, on s'attache petit à petit à cette femme : quand elle perd ses proches, on a envie de la réconforter. Elle a un coeur en or cette Félicité ! Vraiment toute la force de cette nouvelle c'est ce personnage et l'écriture, car Flaubert écrit merveilleusement bien, un bonheur à lire. le seul défaut que je ressens c'est sa brièveté, j'aurais aimé qu'elle soit un peu plus développée.

Ce que j'ai aimé, c'est la description de la chambre de Félicité, un bric-à-brac d'objets hétéroclites, ça m'a beaucoup plu ; et son perroquet Loulou, le seul être qui la soutient.

Mon édition parle de l'adaptation faite par Marion Lane, je me renseigne plus et je la regarderai peut-être…

Bref une belle nouvelle merveilleusement écrite.
Lien : http://novelenn.wordpress.co..
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Fille de pauvres paysans normands, Félicité après quelques engagements malheureux comme fille de ferme a trouvé un certain équilibre et une certaine sécurité chez Madame Aubain où elle sert de domestique depuis si longtemps qu'elle semble faire partie des meubles. Elle s'attache à la fille de sa patronne, mais après son décès, reporte toute son affection sur un joli perroquet… Fils d'un grand seigneur, Julien est promis à un bel avenir. Mais, à force de chasser et de tuer des animaux, il prend tellement le goût du sang qu'il prend un malin plaisir à pratiquer de véritables carnages avant d'en arriver à tuer père et mère sur un coup de folie. Pour expier son forfait, il part sur les chemins, pieds nus, tout juste revêtu d'une robe de bure. Il finit par s'installer sur la rive d'un fleuve et par se dévouer comme passeur bénévole… En Galilée, le tétrarque Hérode Antipas craignant pour son pouvoir, a fait arrêter et jeter dans un cul de basse fosse Ioakannan, prophète connu sous le nom de Jean le Baptiste. Ce petit potentat local est sous la coupe de son épouse Hérodias qui déteste le prédicateur. Et voilà que se présente le Consul Vitellius qu'il a convié à un grand banquet dont il espère beaucoup…
« Trois contes » est un recueil de textes relativement courts et bien rythmés qui pourraient représenter la quintessence de l'oeuvre et des thèmes de Flaubert. On y retrouve son goût de l'histoire ancienne, des légendes, de la mythologie et de la vie des petites gens. Son style inimitable, peut-être un brin trop descriptif et trop attaché au détail et à la précision, mais si plein de charme et d'efficacité narrative. Tout comme Balzac, Maupassant ou Zola, Flaubert transcende les époques, il est intemporel et même au-delà du temps et des modes. le lecteur pourra toujours trouver un immense plaisir en lisant des nouvelles si bien écrites et en particulier la première « Un coeur simple » pour la personnalité attachante de Félicité, la très dévouée servante…
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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