Ce tome est le premier d'une nouvelle série consacrée à Dinah Lance version New 52. Il contient les 8 pages du Sneak Peek, ainsi que les épisodes 1 à 7, initialement parus en 2015/2016, écrits par
Brenden Fletcher.
Annie Wu a dessiné et encré le Sneak Peek, ainsi que les épisodes 1 à 3, 6 et 7. Les épisodes 4 & 5 ont été dessinés et encrés par Pia Guerra.
Lee Loughridge a réalisé la mise en couleurs de l'ensemble des épisodes.
Senak Peek - le groupe Black Canary s'apprête à pénétrer dans le bâtiment qui abrite la salle de concert par l'entrée des artistes, lorsqu'elles sont prises à partie par une bande de loubards. Seule D.D. reste à l'extérieur et se bat avec adresse. Épisodes 1 à 7 - Il devient évident que la plupart des concerts du groupe Black Canary finissent en baston, ou en échauffourée, pour des raisons diverses et variées. Cependant leur tournée estivale se poursuit et lors d'un concert les accords de Ditto révèlent que 3 spectateurs en costume noir ne sont pas ce qu'ils semblent être.
Alors que le groupe continue de voyager de ville en ville, il se rend compte que plusieurs factions essayent de ravir Ditto. Il y a des agents du gouvernement qui sont à leurs trousses, dont Kurt Lance, le mari de
D.D. Il y a également une étrange entité noire dont les manifestations anthropomorphes sont capables de s'introduire partout. Elles ont la surprise de voir revenir Bo Maeve leur première chanteuse, avant
D.D. le passé de cette dernière est d'ailleurs bien mystérieux, avec ces compétences de combattante à main nue, et son cri sonique. Et finalement qui est Ditto ?
En 2011, l'éditeur DC Comics fait redémarrer à zéro l'ensemble de ses personnages dans une opération appelée The new 52. Ainsi tout le passé de Dinah Lance est effacé, son mariage avec Oliver Queen n'a jamais existé, sa mère n'a jamais porté le nom de Black Canary et son historique avec la Justice League est des plus ténus. Pour apprécier cette histoire, il vaut mieux que le lecteur oublie tout ce qu'il pouvait savoir du personnage et qu'il ne conserve comme notion uniquement qu'elle a été la meilleure amie de Barbara Gordon, et qu'elle a déjà fait partie d'un groupe de rock appelé Ashes on Sunday. Dinah Lance se fait appeler
D.D. ce qui renvoie à son nom de jeune fille Dinah Drake, avant qu'elle n'épouse Kurt lance.
En fait ce tome peut même se lire sans rien connaître du personnage car
Brenden Fletcher place Dinah Lance dans un nouveau groupe de rock, entièrement féminin, avec un contrat tout neuf. le lecteur découvre donc progressivement cet environnement tout neuf, à commencer par les autres membres du groupe. Il y a donc Ditto (une jeune fille à peine adolescente, guitariste avec un toucher plein de sensibilité),
Lord Byron (la batteuse) et Paloma Terrific (la bassiste). le lecteur voit à plusieurs reprises Heathcliff Ray (leur manager) et voit passer quelques fois Flo (l'ingénieur du son).
Brenden Fletcher établit des liens secondaires (mais bien présents) avec d'autres séries en faisant apparaître ou en mentionnant d'autres personnages : Amanda Waller (la responsable de Suicide Squad), Frankie Charles (l'une des amies de Barbara Gordon dans la série Batgirl of Burnside coécrite par
Brenden Fletcher &
Cameron Stewart), et Pomeline Fritch (un personnage secondaire de la série Gotham Academy coécrite par
Becky Cloonan &
Brenden Fletcher).
Ces 7 épisodes forment une histoire complète qui révèle la véritable nature de Ditto et qui amène une résolution à sa situation. le lecteur se laisse emmener dans le récit par un point de part qui sort de l'ordinaire des comics de superhéros.
D.D. a été embauchée pour devenir la chanteuse de du groupe Black Canary, dont la précédente chanteuse a été évincée. Les auteurs (scénariste, dessinateur, coloriste) adoptent une narration plutôt adulte, avec des dessins épurés à grands traits, des jeux chromatiques qui rendent compte des éclairages de scène, et des situations qui évoquent les petites salles de concert rock. Finalement le costume de
D.D. fait sens dans le cadre d'un groupe de rock, avec son collant à résille déchiré, ses bottines en cuir, et son blouson en cuir. le groupe se produit dans des petits clubs, à l'opposé des grands stades impersonnels, avec un système d'amplification réduit, des projecteurs basiques. Les auteurs ne le précisent pas, mais le lecteur peut imaginer que Black Canary joue du garage rock. Les spectateurs sont des adolescents et des jeunes adultes à l'allure normale, avec leur téléphone portable pour enregistrer la prestation.
Brenden Fletcher évoque quelques aspects de la vie des musiciens, des soundchecks, aux concerts, en passant par la route à faire, les individus moins fréquentables, les décisions de la maison de disque A&B Records. La série ne se transforme pas en chronique de petit groupe confronté aux difficultés quotidiennes, du manque de budget aux prises de bec liées plus ou moins aux différences créatives (ou aux affrontements d'égaux), mais il y flotte un parfum assez concret. Il étoffe cette dimension groupe de musique, avec de brefs articles d'un journal musical fictif Burnside Tofu (toujours ce lien avec le quartier où a emménagé Barbara Gordon), écrits par une certaine Tantoo
LaBiche évoquant les musiciennes ou l'ambiance des concerts. le scénariste entremêle à cet aspect de la narration le mystère du statut réel de Dinah Lance (son mari, ses capacités, pourquoi elle a été engagée pour remplacer Bo Maeve). Cette deuxième composante du récit laisse le lecteur dubitatif car il est difficile de s'intéresser à l'histoire personnelle de ce personnage qui finalement se retrouve dans une situation très transitoire et très éloignée de son ordinaire. Il est plus facile de se reconnaître dans la volonté, l'instinct de protection (au bénéfice de Ditto) et l'esprit combatif du personnage.
L'intrigue repose donc sur les origines de Ditto, sa nature réelle, et les différentes factions qui souhaitent la capturer. le scénariste a fait en sorte de concevoir la menace de telle sorte qu'elle ait un lien organique avec l'activité du groupe Black Canary. le lecteur éprouve également la bonne surprise de voir que le scénariste évite les chamailleries de cours de récréation entre le groupe et son ancienne chanteuse. Il consacre même une partie de l'épisode 4 à l'histoire personnelle de Bo Maeve qui acquiert ainsi de l'épaisseur et qui devient une personne à part entière, s'éloignant du simple crêpage de chignon entre demoiselles envieuses et compétitives. le lecteur peut aussi apprécier la manière (évitant le manichéisme) avec laquelle Fletcher donne un rôle à la maison de disques.
Les dessins d'
Annie Wu sont assez personnels. Ils racontent l'histoire de manière compréhensible, avec une petite touche esquissée qui donne de la vie à chaque page. La première chose qui étonne en bien est que tous les membres du groupe Black Canary n'ont pas le même âge. Il est visible que
D.D. est plutôt dans la trentaine, que Ditto a tout juste une douzaine d'années et que les 2 autres sont proches de 18 ou 20 ans. L'artiste n'insiste pas autant que Babs Tarr (dessinatrice de la série Batgirl) sur les aspects féminins de leur vie (il n'est pas question de maquillage, de fringues ou de relations avec leurs copains), et
Lee Loughridge ne se focalise pas sur toutes les nuances de rose. le lecteur glane quelques informations visuelles qui restent discrètes comme le pyjama en forme de tigre de Ditto, ou le fait que
D.D. dort avec ses chaussettes.
L'aspect un peu rapide des dessins transcrit bien l'énergie qui se dégage lors d'un concert de rock, alors même qu'il ne s'agit pas de spectacles avec effet pyrotechniques, maquillages outranciers, ou décors pharaoniques.
Annie Wu compose des pages avec un nombre case très variable de 3 à 14, en fonction de la nature de la séquence, pour jouer sur la vitesse à laquelle le lecteur les lit, et donc comment il perçoit l'écoulement du temps. de temps à autre, elle intègre des éléments visuels exogènes pour souligner un aspect de la scène. C'est ainsi qu'elle utilise des petites silhouettes uniquement détourées lorsque
D.D. entraîne les autres membres du groupe au combat à main nue. Elle représente un affrontement sur une grille de tablature (amalgame futé du combat physique et du contexte qui est celui d'un concert). Elle répète cet effet visuel à plus grande échelle avec un combat chorégraphié sur une partition, le temps d'une page, à nouveau pour une narration augmentée et contextuelle.
Le temps de 2 épisodes,
Annie Wu cède sa place à Pia Guerra (la dessinatrice de la majeure partie des épisodes de la série Y the last man de
Brian K. Vaughan). Celle-ci revient à des dessins un peu plus descriptifs, avec des contours moins vifs, plus travaillés. Elle s'applique toutefois à rester dans la tonalité graphique d'
Annie Wu. Sa narration est plus sage, un peu plus fournie en arrière-plan, tout ne restant proche des personnages, en particulier lors de l'épisode consacré à l'histoire de Bo Maeve. le tome se termine avec 4 pages de facsimilé du magazine Burnside Tofu, 6 couvertures alternatives (
Tula Lotay absolument magnifique, Babs Tarr avec un petit côté plus jeune, Dave Bulloc, Evan Shaner, Mike & Laura Allred, Pia Guerra), et 4 pages d'esquisses préparatoires réalisées par
Annie Wu.
Ce premier tome d'une nouvelle version de Black Canary présente un personnage totalement revu par rapport à celle d'avant New 52, sur la base de sa position de chanteuse dans un groupe féminin.
Brenden Fletcher tricote une intrigue divertissante, mêlant quelques aspects de la vie de chanteuse, avec une mystérieuse jeune demoiselle pourchassée par une agence gouvernementale et d'autres personnes qui ne lui veulent pas du bien. le lecteur peut éprouver un minimum d'empathie pour
D.D., et il apprécie les dessins d'
Annie Wu, sortant de l'ordinaire des comics de superhéros, bien adaptés au récit, et y apportant une personnalité pleine de vie.