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A partir d'un schéma de départ assez simple, une famille juive new-yorkaise empêtrée dans ses soucis ordinaires, Jonathan Safran Foer nous entraine dans un récit foisonnant avec un parallèle net entre les failles qui menacent l'équilibre fragile d'une vie de couple, et le drame qui couve en Israël et qui se révélera différent de ce que laissaient supposer les prédictions.

Les thèmes abordés ont le temps d'être développés , au long des 740 pages du roman, mais pas de panique, l'ensemble reste facile à parcourir même si parfois l'on peut s'égarer, un peu comme dans une réunion de famille où l'on vous présente 15 cousins inconnus en un quart d'heure. La solution, se dire que ceux des personnages qui comptent sauront se manifester à nouveau pour signifier leur importance.

Ce qui rend la tâche facile, c'est la légèreté du style et la présence récurrente de l'humour, en particulier dans les dialogues, avec des échanges fulgurants entre les personnages, les saillies les plus affutées émanant bien sûr du narrateur, double à peine déguisé de l'auteur.

Les crises qui constituent la trame de fond du roman permettent à l'auteur d'aborder de multiples thèmes, la famille, et les affres de l'éducation, dont les aléas constituent si l'on n'y prend garde le meilleur moyen de  détruire le couple, de la place de la religion quand on n'est pas croyant et que la pratique se réduit aux rituels qui permettent de réunir la famille élargie en recréant un semblant de cohésion. le tout sur un fond de fiction géopolitique parfois un peu lourd.

Tout repose sur la personnalité singulière, drôle, excentrique, fantasque, sans doute profondément angoissée du narrateur, et qui ressemble comme un frère à Woody Allen, dans ses questionnements ironiques et spirituels, à la fois attachant et irritant.

Le roman laisse une impression de sincérité dans le propos, qui évite la fausse pudeur, et ne fait pas l'impasse de ses zones d'ombre. comme l'annonce le titre Me voici, avec ses forces et ses faiblesses, ses moments de grâce et ses échecs .

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Jonathan Safran Foer est un phénomène. Tout est illuminé, son premier roman écrit à l'âge de vingt-cinq ans, m'avait enthousiasmé. J'avais apprécié son imagination, quelques années plus tard, dans Extrêmement fort et incroyablement près. Après dix ans de silence « romanesque », voici donc, sinon JSF lui-même, du moins son double, Jacob, personnage central de Me voici, un ouvrage qui entremêle un feuilleton familial, une fiction géopolitique et des réflexions spirituelles et morales.

Le centre de gravité de l'ouvrage est le couple formé par Jacob et Julia, des bobos aisés de Washington, juifs, quadragénaires, mariés depuis seize ans. Malgré leur complicité attentive dans la tenue quotidienne de leur foyer et dans l'éducation de leurs trois garçons, ou à cause de cette complicité attentive, ils ont laissé leur intimité de couple se désagréger. Un constat d'ensemble qui justifie de se séparer, dit l'un ; qui justifie de rester ensemble, aurait pu dire l'autre, ...mais qui ne le dit pas !

L'auteur, qui parle d'expérience, s'étend sur le risque qui guette le couple, lorsque l'un ferme une part de soi au regard de l'autre, tout en oubliant ce qui compte pour l'autre. Les enfants, fins observateurs, ne font pas de cadeaux. En bon Juif ashkénaze américain à la Woody Allen, Jacob, dans sa manie de tout intellectualiser, a du mal à ne pas perdre pied dans ce tourbillon de casse-tête familiaux.

Comme si ses problèmes familiaux ne suffisaient pas, Jacob apprend qu'un séisme de grande ampleur a frappé le Moyen Orient, provoquant des dégâts considérables en Israël et dans sa périphérie. Une catastrophe qui va rallumer les hostilités entre Israël et toute la région. Dans un discours glaçant, l'Ayatollah appelle à la destruction de l'entité sioniste et à la mort de tous les Juifs sur la planète. Comment doit réagir un Juif américain non-croyant dont la pratique religieuse se limite à des traditions minimales ? Jacob s'interroge sur ce qui constitue l'âme juive et l'âme d'Israël. Les controverses ne manquent pas en famille, d'autant plus que des cousins israéliens sont de passage.

La dramaturgie des événements maintient le lecteur en haleine jusqu'à la fin. Jacob et Julia divorceront ils vraiment ? Israël sera-t-il vraiment rayé de la carte ?

Pages hilarantes et pages émouvantes se succèdent, quand elles ne sont pas à la fois hilarantes et émouvantes, comme celles des obsèques où un jeune rabbin débutant, chaussé de baskets aux lacets dénoués, réunit croyants et non-croyants – et le lecteur ! – par le rire et par les larmes. D'autres pages sont en revanche anxiogènes, voire carrément angoissantes.

La lecture est par moment ardue, tant l'inspiration de l'auteur est foisonnante. C'est le cas des premières pages, préfiguration énigmatique de l'ensemble, à relire absolument après la fin du livre. Les sept cent cinquante pages sont ventilées en une centaine de séquences, toutes titrées, dont la taille va de trois lignes à quarante pages ! Une structure originale qui aère la lecture. On peut déplorer quelques longueurs, quelques passages inutiles, quelques invraisemblances, aussi. La maturité et la sagacité des enfants, notamment, ne me paraissent pas correspondre à leur âge. Mais dans leurs échanges avec leurs parents, la pertinence et la drôlerie de leurs propos sont proprement irrésistibles.

L'ouvrage alterne narrations et dialogues, dont certains, réduits à des répliques très brèves à l'emporte-pièce, s'étendent sur plusieurs pages. Cela donne une lecture vive, dynamique, mais plus complexe lorsque les enfants dialoguent dans des univers virtuels... L'écriture est pleinement maîtrisée, en tout cas dans sa traduction française, à la syntaxe parfaite. le texte est fluide, empreint d'un ton plutôt badin, grâce à l'emploi de quelques mots et expressions du langage de tous les jours.

L'analyse et l'écriture sont suffisamment précises, pour qu'on découvre dans Jacob ce que l'on trouve aussi dans les personnages joués à l'écran par Woody Allen ; la petite faille qui pourrait nous déchirer, quand nous voudrions n'être ni totalement d'un côté, ni totalement de l'autre, et que nous craignons qu'il n'existe rien entre les deux.

« Me voici » ou « me voici pas » ? On trouve la seconde formule en titre de plusieurs séquences. Elle reflète le caractère de Jacob, un homme protégé par sa pusillanimité, doutant de tout, y compris de lui-même, et donc dans l'incapacité de lâcher : « me voici ! », tel Abraham choisissant de marquer ainsi sa confiance absolue en son Créateur.

Me revoici, pour ma part, enthousiasmé à nouveau par Jonathan Safran Foer. Un enthousiasme qui est peut-être juste celui d'un homme, juif ashkénaze, non-croyant, marié depuis suffisamment longtemps pour croire avoir déjoué les risques qui auraient pu menacer son couple. Qu'inspirera ce livre à un lecteur différent de moi ? Qu'inspirera à une lectrice le personnage de Julia et son face-à-face avec le personnage de Jacob ? Ce n'est pas moi qui donnerai la réponse.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Titre : Me voici
Auteur : Jonathan Safran Foer
Editeur : Editions de l'olivier
Année : 2017
Résumé : Julia et Jacob Bloch vivent avec leurs trois enfants à Washington. Malgré les apparences cette famille juive est au bord de l'explosion, Sam le fils ainé vient de se faire expulser du lycée et Julia trouve des SMS salaces sur le portable de son époux. Pendant ce temps au proche-orient, un terrible tremblement de terre menace directement l'existence de l'état d'Israël.
Mon humble avis : Jonathan Safran Foer, ce nom m'évoque plusieurs qualificatifs : brillant, génial, original, drôle, surdoué. Foer fait partie du cercle très restreint des auteurs immédiatement reconnaissables, ceux qui bouleversent les codes, qui inventent et ouvrent des pistes. La lecture de tout est illuminé et surtout du sublime extrêmement fort et incroyablement près fut pour votre humble serviteur une expérience unique, troublante et inoubliable, c'est dire si j'attendais avec impatience le nouveau roman de cet écrivain américain. Les premières chroniques, premiers avis de blogueurs ou journalistes étaient plutôt mitigés voir négatifs, peu m'importait ! Après cinq années d'attente j'avais enfin dans les mains le dernier pavé de Jonathan Safran Foer ! Je me lançais donc dans cette lecture sans d'autres a priori que le souvenir émerveillé des lectures précédentes du génie natif de Washington. Et puis les premières pages, le plaisir de retrouver son humour, ses dialogues ciselés , cette tendresse mais aussi ce désespoir si caractéristiques de l'oeuvre de Foer. Me voici est un roman fourre-tout (dans le bon sens du terme), à l'image de toutes ses oeuvres, les thèmes abordés sont nombreux : décrépitude du couple, perte des idéaux, judéité, morale, filiation, héritage, frustration. Une fois de plus la structure du roman n'est pas linéaire et la virtuosité de Foer et sa grande précision font de cette oeuvre un objet étrange, attachant et libre. Et pourtant….Pourtant malgré cet attachement, malgré mon enthousiasme au départ j'ai l'impression d'être passé complètement à côté de ce nouvel opus. Les raisons ? Des dialogues interminables parfois drôles mais souvent pesants et abscons, l'impression tenace que le roman va enfin démarrer au prochain chapitre ce qui n'arrive jamais, le sentiment que Foer se caricature, qu'il se répète à l'infini, que ce roman est une boucle dont le seul but de l'auteur est de montrer au monde à quel point il est génial, unique. Contre toute attente me voici est un texte qui m'a souvent ennuyé, irrité parfois, ébloui quelquefois, un roman bouillonnant et complexe surement largement autobiographique ( Foer était lui-même en plein divorce lors de sa rédaction ). Peut-être suis-je passé à côté de ce texte par manque d'acuité, peut-être que la marche était trop haute cette fois-ci et que d'autres lecteurs sauront tirés la quintessence de cette oeuvre ambitieuse et mordante. Cela n'a pas été mon cas et je suis le premier à le regretter, croyez moi .
J'achète ? : Malheureusement non. Par contre si tu n'as pas encore lu les précédents romans de Foer je te conseille vivement de t'y mettre car cet homme est un pur génie. Surement le plus doué de sa génération.
Lien : https://francksbooks.wordpre..
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« Me voici » sorti à l'automne dernier était très attendu par tous les fans de Jonathan Safran Foer. En quinze ans, Jonathan Safran Foer n'aura produit que trois romans " dont Tout est illuminé », ou le best seller sur le 11 septembre « Incroyablement fort et extrêmement près" complétés d'un essai qui a fait pas mal de bruits sur la surconsommation de la viande animale.

Ce pavé de 750 pages est un roman tragi comique qui est l'oeuvre d'un écrivain en crise, qui a traversé l'explosion de son couple et son divorce d'avec la romancière Nicole Krauss et on peut facilement retrouver dans le couple Julia-Jacob au bord de la rupture une partie autobiographique évidente.

"Eparpillés parmi les décombres, se trouvaient les fragments du vitrail de son Présent juif, chaque tesson illuminé par la destruction."

Les Bloch semblent constituer une famille juive américaine typique et plutôt soudée jusqu'au jour où Sam, le fîls aîné âgé de 13 ans, est renvoyé du collège pour avoir écrit un chapelet d'injures racistes, et où Jacob, le père, est surpris en train d'échanger des textos pornographiques avec une inconnue, deux micro événements a priori, mais qui vont tout faire basculer dans la vie de Jacob.

De ce roman fleuve qui sonde avec fougue les difficultés de la vie de couple, mais aussi celles d'être père, d'être fils, et la relation au judaïsme dans notre société actuelle, on notera avant tout la qualité exceptionnelle des dialogues et la virtuosité de certains passages.


Une oeuvre très brilante, traversée, on l'imagine par une vraie sincèrité, mais qui a le défaut d'être parfois aussi agaçante, foutraque et boursouflée car elle donne l'impression de partir dans tous les sens, surtout dans sa seconde partie, un peu trop absurde et qui se teinte de géopolitique dont on a du mal à comprendre tous les tenants et aboutissants.

Bref, une oeuvre aussi foisonnante que roborative qui pourra autant rendre béats d'admirations les uns qu'en laisser d'autre sur le bas côté.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Jonathan – le – jeune – surdoué - des -lettres – américaines divorce, et c'est l'explosion au Moyen-Orient : quand son couple sombre, Israël sombre avec. Rien que ça ! Mon petit doigt se trompe-t-il quand il me gratouille que pour y aller aussi lourd, c'est qu'on est habité d'une forte envie de devenir LE nouveau Philip Roth, LA référence de l'écrivain juif américain du 21ème siècle ?
On y pense souvent à la découverte de cette famille juive de Washington en pleine crise existentielle sur fonds de gamins glissant en mode incontrôlable, divorce en vue, parents lourds, mais lourds à porter ! ainsi que donc, un séisme au Moyen-Orient qui amène Israël au bord de l'implosion.
Jonathan Safran Foer, qui nous avait habitué avec talent et en fort peu de romans à une certaine poésie dans l'outrance, frappe encore fort cette fois-ci, bien qu'un peu moins juste. La faute à l'épaisseur du roman, au traitement trop foisonnant du sujet ?
Et pourtant avec quelques jours de recul, j'y ai bien retrouvé la multitude foutraque de sensations qui m'avaient fait aimer « Incroyablement fort… » et surtout « Tout est illuminé » : des personnages super tête à claques (Jacob ou Julia : pas un pour racheter l'autre !) mais hyper attachants, de l'humour en wagons à fatiguer les zygomatiques, une faculté de dire la richesse, le fardeau et la complexité de la judéité qui continue de beaucoup me toucher, des morceaux de n'importe quoi dans un tout parfaitement construit, des moments d'émotion pure…
Avec « Me voici » on est bien dans l'outrance propre à l'auteur, à commencer par celles des pages un peu trop nombreuses, mais sans ces effets de style boursouflés des précédentes oeuvres destinés à créer à tout prix l'expérience de lecture unique. On est bien aussi dans la poésie de son univers, teintée d'une maturité nouvelle et de désenchantement qui donne du corps à sa plume toujours aussi vive.
Un roman que j'ai failli lâcher en cours, mais auquel je ne regrette pas de m'être accrochée car il le mérite.

Challenge Pavés 2018
Challenge Multi-défis 2018
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Bonjour a toutes et à tous.
Votre serviteur est heureux de vous retrouver.
J'espère que tout va bien pour chacun et chacune d'entre vous.
Votre serviteur se fait rare ici pour des raisons personnelles, mais ce site demeure l'un de mes préférés.

Aujourd'hui nous allons parler d'un ouvrage qui fait débat depuis sa sortie, et Babelio n'échappe pas a ce débat, et c'est tant mieux.

Safran Foer n'avait pas publié de romans depuis longtemps, et il est revenu avec un opus inclassable....

Inclassable, car d'une telle richesse que l'on ne peut le classifier dans un style ou un autre.
"Me voici " est une oeuvre "monde", et donc par la même, il est impossible de la mettre dans une case....

Commençons par le style.
Safran Foer adopte ici un style assez frontal, direct, tout sauf simpliste, mariant avec brio les dialogues et les longues plages introspectives...
C'est une orme stylistique rarement employée, que votre serviteur apprécie beaucoup.
Cet interêt vient du fait que cette forme permet de faire ressortir l'urgence d'un propos, tout en creusant celui ci, évitant de survoler et donc de passer a travers des éléments cruciaux pour l'intrigue ...
Cette forme permet également de developper une psyché propre a chaque personnages, qui acquierent ainsi une épaisseur qui les rends crédibles.
Nombre de romans perdent de vue l'épaisseur des personnages et donc leur crédibilité, au profit d'une efficacité bien souvent mortelle pour l'intérêt du roman.
Safran Foer mise sur la capacité du lecteur à s'adapter a ces changements de style soudain, ce qui s'avère un compliment pour le lecteur a qui il dis "je te fais confiance, je sais que tu saura faire preuve d'adaptation a ce que je te propose" .
Qui plus est, ce choix s'avère jubilatoire, car il n'y a ainsi aucune lassitude, l'esprit est toujours en éveil.
Le vocabulaire proposé ici étant d'un niveau soutenu, le lecteur enrichit son champ lexical, et ressort plus "savant " de cette expérience.

Car oui, il s'agit d'une expérience dans le cas présent.

Tout d'abord, il faut se fâire à l'idée que l'on pars dans un livre conséquent, dans lequel, Il n'y a aucun suspense, aucun super flic, aucun monstre, aucun super héros, juste des humains lambdas ....
Cela ne peut que surprendre les amateurs d'intrigues aux rebondissements nombreux, et incredibles, Safran Foer ne veut pas de cela et le fâit clairement comprendre....

Son propos s'attache à des humains lambdas, une famille en l'occurence, dont Il disséque les rapports, plongeant au coeur même de cette cellule, étudiant de maniere naturaliste les comportements, les idées, ect....
Si l'on devait établir un comparatif avec un cinéaste pour décrire le sentiment qui prédomine à la lecture de cet opus, ce ne peut pourrait être que Bergman et Ceylan.
A l'image de ces maîtres venus de Suède et de Turquie, Safran Foer dépouille totalement son propos, élaguant au maximum le superflu pour aboutir à la représentation de l'âme humaine dans toute sa complexité et sa beauté ....
Sa beauté, car au fond, le propos ici, réhabilite l'humain lambda, celui que nombre d'entre nous fuient pour le refuge non sensique de la fiction fantaisiste, dans laquelle l'humain lambda est remplacé par des des imageries délirantes destinées à donner un miroir trompeur au lecteur relativement à sa propre condition d'être humain....
Safran Foer, à l'image de Frantzen ou Zadie Smith, veut nous parler d'humains, dans un monde rempli d'humains, avec leurs qualités et leurs defauts, avec leur zone d'ombre, et leurs secrets inavouables ...
En incluant une dose d'humour corrosif, il nous fait rire aux larmes....
Nombre de dialogues sont ainsi d'un humour féroce , mais intelligent et d'une drôlerie imparable....
Je pense surtout aux dialogues entre les parents et leurs enfants, ou entre le père et le grand père ....
Et d'un coup, d'un claquement de doigt, il nous prends à la gorge, avec des réflexions introspectives, des remises en question, ce qui est la preuve d'un romancier au sommet de son art....
Certains passages m'ont ainsi mis la larme a l'oeil, comme un certain échange entre Sam et Billie...
Les enfants sont ici d'une importance capitale, apportant chacun une réflexion sur le devenir des parents face a des enfants de plus en plus intelligents, doués, devant lesquels les parents sont débordes....
C'est un hommage aux parents qui donnent l'exemple en lisant, en s'instruisant, ce qui ne peut que faire évoluer les enfants....
Ce que Safran Foer démontre c'est qu'une éducation au contact de la culture, conduira l'enfant a une maturité d'esprit précoce, a des questionnements existentiels, ce qui conduira plus tard a un rejet viscéral de l'imbécilité régressive d'un Trump par exemple ....
Parmi d'autres qualités indéniables de cet opus, l'on ne peut nier que Safran Foer nous offre un pamphlet anti Trump, nous démontrant que les USA sont toujours vivants, que la culture y est toujours presente, et que Trump n'a pas detruit tout les espoirs d'un lendemain ou la culture vaincra ....
Cette oeuvre, c'est une plongée introspective au coeur d'une cellule familiale, c'est une reflexion sur le non dis qui detruit un couple, c'est l'affrontement entre deux conceptions de l'existence : l'une rationnelle et adulte représentée par Julia, l'autre plus instable, immature, puérile même représentée par Jacob et son père.
On peut y voir également une réflexion sur l'erreur de parcours, sur le danger de la méconnaissance de ceux avec qui l'ont vis au quotidien, sur le rejet de soi et le besoin d'amour qui en résulte, sur l'identité que l'on pense se forger, en reniant souvent la vraie, par peur de ce que qu'elle peut montrer comme visage ...

J'emploie rarement le terme "monument " pour une oeuvre culturelle, mais comme pour l'oeuvre de Bergman ou de Ceylan, comme pour nombre d'oeuvres de Philip Roth, je ne peux que reconnaître que Safran Foer nous offre içi un monument de la Litterature contemporaine, une oeuvre somme, une oeuvre monde, qui ausculte l'humain comme rarement ce fut le cas, qui nous remets en question, qui nous fait grandir, oui, selon moi, Safran Foer nous a offert un monument de la litterature, le genre d'oeuvres qui marquent à vie le lecteur ....

Merci pour votre attention, portez vous bien et lisez des livres .
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740 pages, ça a de quoi rebuter. Mais la lecture est plutôt facile. Dans ce roman presque autobiographique (l'auteur était en plein divorce lors de son écriture), le héros, auteur pour une énième série HBO se rend compte du sens perdu de sa vie entre sa famille et des conflits internationaux. Un roman démesuré sur le couple, les habitudes, les erreurs de jugements, mensonges… Mais l'auteur ne s'arrête pas à ces déboires sentimentaux, il situe l'action en plein drame mondial suite à un cataclysme en Israël. Cet aspect aussi intéressant soit-il est moins convaincant que sa vision d'un couple en berne. S'y rajoute une dose excessive de judaïsme qui ralentit le récit. En clair, dans ce roman, il y a de tout. Ca bouillonne constamment, les dialogues sont piquants, tout n'est pas bon et quand on pense que le récit s'épuise, l'auteur nous renvoie en pleine tête des vérités incroyables. Et quand on pense à un roman (en bien et en mal longtemps après l'avoir refermé), ça prouve que c'est un putain de livre.
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Dans le Livre, Abraham répond à l'injonction de Dieu par ces mots : Me voici. Disponible, sans réserves ni conditions. Jonathan Safran Foer reprend cette formule dans son roman-hommage à la famille. Une dissection du couple formé par Jacob et Julia et une incursion dans l'univers de leurs trois fils Sam, Max et Benjy. Une histoire familiale sous l'emprise de la judéité : celle de l'arrière-grand-père Isaac, survivant de la Shoah, celle du grand-père Irv, investi sentimentalement auprès de l'État d'Israël et celle de Jacob, non pratiquant mais désireux de transmettre certaines valeurs de son peuple à sa descendance. D'où la préparation de la bar-mitsva de l'aîné, Sam, autour de laquelle s'articule le récit. Un roman de haut vol, foisonnant, intime, aux multiples ressorts distillés de manière anodine, accrochant le lecteur jusqu'à la toute fin. Un petit bémol cependant : j'ai trouvé les dialogues répétitifs même si ceux-ci sont nécessaires à la compréhension de la dynamique familiale. Autrement, ce roman est un sacré tour de force tant par sa construction, son écriture et sa verve incomparable.
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C'est à vrai dire une histoire banale : celle du délitement, avec l'usure de la routine, de ce qui faisait le ciment du couple et de la vie de famille...

... quand on réalise qu'on a délaissé, l'une après l'autre, ces petites attentions et ces habitudes en soi sans importance (la chanson entonnée par tous à un moment précis qu'on est les seuls à savoir identifier, l'école buissonnière autorisée à l'occasion du premier match de la saison de baseball...), mais qui rassurent sur la persistance de l'amour dont on est l'objet,

... quand les envies, les émotions que l'on tait, par pudeur -une pudeur nouvelle, injustifiée mais incontrôlable-, ou parce qu'on se fait une fausse idée de la maturité, deviennent plus nombreuses que celles que l'on partage,

... quand le fait d'être avec l'autre aliène notre propre vie intérieure, qu'on a l'impression de se perdre, et que plus on réalise que le temps est précieux, moins on en dispose ; que l'on aspire à toujours plus d'espace et de de silence,

... quand on ne dit plus ce que l'on pense, et qu'on ne pense pas ce que l'on dit, qu'on a fait le deuil des promesses mutuelles de sincérité, et qu'à force d'accumuler les maladresses, les mots mal choisis, les silences imposés, on s'installe, de manière inconsciente, dans la certitude permanente de subir un affront qu'il faudra bien un jour venger,

... quand à force de promiscuité domestique mais d'élargissement de la distance intime, de remplacements des rituels amoureux par des rituels domestiques, on désapprend à se connaître,

... quand on dissimule derrière les tâches que l'on s'impose, liées à l'administration de la vie de famille, des blessures non identifiées mais présentes, des traumatismes en apparence anodins, mais qui peu à peu sapent les bases de la relation en entretenant la résignation, la rancune, le besoin d'auto défense,

... quand, pour résumer, on éprouve le sentiment, latent mais permanent, de n'avoir pas trouvé le bonheur, sans savoir au juste où le chercher.

"L'intérieur de la vie devient beaucoup plus petit que son extérieur, ouvrant une cavité, un néant"

"Me voici" décortique les longs et douloureux moments de cette prise de conscience, quand le mal-être jusque-là trop profondément enfoui pour qu'on le reconnaisse émerge peu à peu. Une histoire donc banale... mais Jonathan Safran Foer est un écrivain BRILLANT (c'est le qualificatif qui m'est spontanément à l'esprit en refermant ce lourd volume), et vous le savez aussi bien que moi, ce n'est pas ce qui est raconté qui importe, mais comment ça l'est. Et ça l'est, en l'occurrence, avec une intelligence, un humour et une acuité qui rendent la lecture jouissive !

Alternance de joutes verbales au cours desquelles les héros rivalisent de finesse d'esprit, d'ironie, et de passages narratifs nous livrant les méandres des questionnements auxquels Jacob Bloch -le chef de famille-, rattrapé par sa propension à tout intellectualiser et ses excès de pusillanimité, perdu entre ses fantasmes et ses doutes, est en proie, "Me voici" est aussi le portrait d'une certaine Amérique, celle d'une classe bourgeoise autocentrée sur des préoccupations futiles, individuelles et matérialistes, dénuée d'idéal humaniste, qui à force de croire que procurer à l'autre sécurité et confort matériel c'est l'aimer, en oublie ce qu'est le simple don de soi.

Paradoxalement, l'une des plus grandes qualités de ce roman foisonnant en est aussi sa limite. A force d'être brillant, il en devient parfois clinquant, notamment lorsque l'auteur dote les enfants du couple Bloch d'une capacité au raisonnement et à la répartie peu crédible compte tenu de leur jeune âge (où alors c'est que mes propres enfants sont complètement débiles). Mais on lui pardonne facilement cette tendance à l'excès, qui est finalement l'occasion de nous livrer des dialogues féroces et percutants.

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Un roman long de plus de 700 pages et, pourtant, pas une seconde d'ennui.

C'est l'histoire d'une famille juive installée, depuis toujours, à Washington. le fils aîné est sur le point (ou pas) de fêter sa bar-mitsva alors que 1° ce fils, Sam, est accusé d'injures à caractère raciste, 2° la mère de famille trouve sur le téléphone de son mari des SMS pornos et 3° vu la bar-mitsva en vue, toute la famille débarque d'Israël.

Il n'est finalement pas question de grand chose dans ce roman, si ce n'est de bar-mitsva, d'une famille au bord de l'implosion (ou de l'explosion) et de judéité / judaïté.

Le texte est réellement bien écrit, rempli de situations caustiques, un vrai plaidoyer de l'autodérision... et, sans nul doute, basé en partie sur l'expérience de l'écrivain en matière de divorce.

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