La liste (désormais) traditionnelle des livres qui ont ému, emporté, fait chavirer le cœur, titillé les neurones, surpris de bonheur, en un mot enthousiasmé le Masque et la Plume cette année... [Dernière mise à jour le 28/12/2017]
Émission du 01/01/2017 - Magnifique, très prenant, très fort - elle arrive à mêler l'histoire politique de son pays avec des choses complètement intimes - un imbroglio italien assez fascinant - à chaque fois elle se renouvelle - un grand roman politique et social - un livre d'une finesse et en même temps d'une beauté absolument incroyables.
Émission du 15/01/2017 - C'est érotique, bondage, plein de SM - un livre tout à fait réussi - on est vraiment au coeur de l'empire des signes et de l'empire des sens - un livre physique, charnel, sensuel, olfactif - un livre initiatique, très spirituel, sur les relations avec l'au-delà - incroyablement exotique - un sacré boulot littéraire - c'est une merveille.
Émission du 15/02/2017 - Un livre magnifique, politique, très compliqué à analyser vraiment - elle est piquante, elle est pétillante - la trame romanesque est minimale mais elle sert magnifiquement d'architecture au livre - ça sonne très très juste - une armée de petits détails très très drôles - elle a réussi un roman pamphlétaire brillant [Seule Nelly Kaprièlan émet de légères réserves]
Émission du 15/02/2017 - Ça se lit exactement comme une série télévisée - il y a des rebondissements permanents - un humour souterrain qui fait qu'on a tout le temps envie de rigoler alors que rien n'est drôle - c'est un grand livre sur Israël - d'une densité, d'une finesse, d'un humour absolument exceptionnels - elle a une manière d'écrire qui est très franche - il y a quelque chose d'universel.
Émission du 12/03/2017 - Il va très loin - même Desproges n'aurait pas osé aller aussi loin - hilarant - c'est un cauchemar volontaire, un cauchemar travaillé, un cauchemar réussi - c'est une espèce de bombe atomique - tous nos propres sentiments, nos propres croyances, nos propres valeurs occidentales contemporaines sont renversés et montrés par l'absurde - il y a une dimension critique par l'absurde de notre société qui est incroyable - il ne s'embarrasse d'aucune fioriture pour aller dans l'horreur.
Émission du 12/03/2017 - C'est un styliste, c'est merveilleux - on se laisse bercer par les phrases, le rythme - tout y est - un petit bijou - c'est un livre très personnel - il y a quelque chose d'une timidité enfantine - un voyage absolument extravagant avec des histoires à dormir debout - il y a mille références littéraires. [Seul Arnaud Vivien exprime une certaine lassitude devant l'abondance des récits de voyage en train à travers la Russie]
Émission du 09/04/2017 - C'est un objet totalement étrange, à la fois philosophique, mystique, complètement romanesque aussi, qui est extrêmement lent - une espèce d'étude de l'absence - le livre est tellement bizarre que ça ne sombre jamais dans le didactisme, ce n'est jamais "je vais vous faire une leçon de compassion", c'est effleuré tout le temps - on est obligé de lire très lentement, comme une espèce d'alcool fort, il y a une espèce de liqueur romanesque absolument incroyable - on peut le prendre dans tous les sens, il pose d'infinies questions - un livre étonnant, mais on peut le dire, assez miraculeux - au début il faut un peu se forcer et je trouve qu'on est énormément payé de retour.
Émission du 21/05/2017 - Il y a sept nouvelles qui sont toutes très différentes - il y a de la tendresse, il y a de l'ironie - on rentre de plain-pied dans la psychologie des personnages, on est tout de suite dans les univers - il y a beaucoup de bienveillance - une espèce de capacité à vous serrer le kiki - elle parle très bien des enfants contemporains - ce qui pourrait être sinistre devient assez merveilleux - c'est vraiment une dentellière, elle a le sens du détail.
Émission du 21/05/2017 - Pascal Quignard a acquis une liberté absolument incroyable - il crée une forme hybride qui est entre le théâtre, la poésie et le roman - ça dégage une force - en fait, c'est un livre terrible, mais très très beau, subversif - c'est le livre de l'amour fou - c'est un livre de rituel silencieux, c'est un livre sur la réconciliation des âmes - tout ce livre est tissé de plein de formes différentes et constitue quelque chose qui est un objet tout à fait miraculeux, somptueux, merveilleux, délicat.
Émission du 21/05/2017 - C'est un livre guilleret, c'est un livre un peu canaille - c'est un livre qui fonctionne par sauts et gambades de la mémoire, c'est une sorte de vide-grenier- il n'y a aucune méchanceté - quand il règle un compte c'est avec un fleuret tellement moucheté que l'adversaire ne s'en rend pas compte - c'est très sympathique - il parle en journaliste de la littérature.
Émission du 02/07/2017 - C'est du bazooka, avec elle, tout le temps - il y a de quoi faire son miel de plein plein de scènes, plein de choses extraordinairement percutantes - il y a une série de tableaux de la France d'aujourd'hui que j'ai trouvés extraordinairement percutants - il y a l'idée terriblement sympathique de l'équipe et du collectif, de la bande, et c'est là où elle est très consolante - il prend une forme mystique et philosophique, et je trouve que là, elle prend de l'ampleur, ça décolle complètement - j'aime bien cette espèce de paradoxe entre d'un côté la sévérité du regard, comme un vrai moraliste, et, en même temps, quelque chose d'assez généreux, quelque chose d'assez joyeux [Seul Michel Crépu est resté absent du livre]
Émission du 02/07/2017 - C'est une merveille de concision - il y a un thème central à ce livre qui est extraordinaire, c'est le bluff, le rôle du bluff dans l'histoire - c'est assez malicieux - une façon grave de rire de l'histoire - ça sonne très très juste sur cette banalité du mal avec des passages parfois archi périlleux - c'est de la haute voltige - c'est un petit livre absolument extraordinaire, puissant, sensationnel - le style est superbe
Émission du 30/07/2017 - J'ai appris plein de choses tout le temps - un livre de vulgarisation que j'ai trouvé vraiment passionnant - il explique très bien ce qu'est la lenteur - une bonne lecture d'août.
Émission du 30/07/2017 - Moi j'ai adoré ce livre que je prenais avec un peu d'appréhension étant donné le sujet - il a un côté crocodile indocile, très joyeux - une espèce d'indolence joyeuse, un côté débonnaire, avec en plus quelque chose de farcesque - il y a des fulgurances. [Seuls Arnaud Vivien et son hypocondrie ont émit quelques réticences]
Émission du 13/08/2017 - Par moment, c'est absolument formidable - on est à la limite entre le journalisme et la littérature - ce qui est magique dans ce livre, c'est qu'on peut l'ouvrir vraiment au hasard et tous les articles sur lesquels on tombe sont vraiment biens - il a l'art des titres - on voit que Jean-Paul Dubois est un grand écrivain - c'est le grand reportage porté à son incandescence - il se place juste de côté, il a l'air d'écouter silencieusement, il capte tous les détails, il les rend tous signifiants, et ensuite, la façon dont il boucle ça est absolument extraordinaire.
Émission du 13/08/2017 - C'est un très très beau livre introspectif - c'est un livre très doux, à la voix très retenue et sans pathos, très émouvante - au fur et à mesure, on est éblouis par ces gens.
Émission du 27/08/2017 - C'est un livre très mystérieux - je l'aime pour son non-dit - j'aime ce livre à cause de sa fraîcheur - c'est un livre absolument splendide - elle a une manière de décrire le bonheur de nager qui est absolument unique - c'est un livre sur ce qu'on transmet à ses enfants presque malgré soi - c'est d'une beauté absolument inouïe et l'écriture est magnifique - j'ai retrouvé toute la finesse de Chantal Thomas, je trouve qu'elle est d'une intelligence extraordinaire - c'est d'une finesse, d'une élégance, sans arrêt, d'un charme un peu volatil, c'est sans arrêt réussi.
Émission du 27/08/2017 - Un livre très étrange et très réussi - cette histoire, qui est terrible, je trouve qu'elle la raconte avec une distance absolument inouïe - elle la raconte par cercles, un peu à la Modiano - avec ce livre, on a la naissance d'un écrivain - l'innocence est réellement le vecteur profond de ce livre - tout ça est raconté d'une façon incroyablement fraîche et très simple. [Seul Jean-Louis Ezine a eu l'impression de rester coincé dans une porte à tambour]
Émission du 27/08/2017 - Il a une écriture absolument poétique, onirique, envoûtante, et en même temps extrêmement précise - c'est une merveilleuse brocante de la mémoire - c'est ça la beauté de ce livre, c'est la littérature ça, c'est une rivière qui transporte toutes sortes de choses différentes - l'écriture est magnifique et emporte vraiment tout - l'idée de dévoiler ce qu'il appelle son arrière-monde est très belle. [Seul Jean-Louis Ezine y a vu le parfait bréviaire du snobisme intellectuel]
Émission du 01/10/2017 - Je trouve l'écriture somptueuse _ il arrive à créer une poésie contemporaine, moderne, qui est absolument magnifique - c'est un livre très très fort - c'est "Le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley et "La montagne magique" de Thomas Mann dans une version américaine post-moderne ou post-apocalyptique - c'est glaçant - c'est un chef d'œuvre absolu - un roman philosophique à la manière d'un Diderot d'aujourd'hui - à aucun moment on ne peut se dire que c'est de la fiction - il parle de l'expérience de la mort d'un autre mais c'est à notre propre mort que ça nous renvoie
Émission du 01/10/2017 - Il y a un vibrato communicatif là-dedans, je trouve que c'est un livre de feu - c'est à hurler de rire les trois quarts du temps - et en même temps il y a une forme d'extase - c'est un livre auquel le diable n'a pas accès - il y a une espèce de tissus de pop culture pour créer un roman magique - il y a une espèce de poésie, de quête de l'absolu - c'est à la fois mystique et rocambolesque
Émission du 29/10/2017 - Ce qui fait la force de Le Clézio ici, c'est qu'il s'implique - c'est un livre politique, c'est un livre engagé - j'ai trouvé très intéressante la recherche de langage - j'ai trouvé qu'il était presque gamin - la livre coche toutes les cases de l'humanisme contemporain - c'est un livre qui se mérite - au début, c'est assez difficile, et tout d'un coup, on a l'impression qu'il y a des espèces d'ouvertures, et des scènes d'une beauté folle avec des scènes incroyables - il y a des passages d'une beauté stupéfiante - c'est un livre très premier degré, mais au bon sens du terme, et qui est plutôt dans l'air du temps
Émission du 29/10/2017 - On voit bien que Jaenada a trouvé son truc - et il a trouvé, surtout, son style - là, on sent bien qu'on est entrés, avec Jaenada, dans un trip que moi j'adore, c'est à dire "la joie dans la répétition" - il y a un côté "littérature doudou" - qui fait du bien - on est un peu chez les Pieds Nickelés - c'est à la fois drôle, cruel, tragique - c'est un polar, c'est un livre de procès, c'est absolument passionnant - il arrive à mettre ensemble des situations extrêmement disparates qui ne jurent pas - il a une manière de se mettre en scène vraiment hilarante - il bichonne son lecteur tout le temps - le procédé du livre est génial - la fin est stupéfiante - il y a un autoportrait d'une dérision exemplaire, magnifique
Émission du 26/11/2017 - C’est absolument magnifique - ce sont vraiment les deux pigeons de La Fontaine qui se tiennent lieu de tout - il y a un appétit pour la littérature absolument fou - c’est un livre absolument splendide - cet amour est bouleversant, il y a des phrases très belles - j’ai été complètement sous le charme, séduite par l’intelligence, que je devine dans ses réponses à Dominique Rollin, de Dominique Rollin - il parle d’amour sans jamais tomber dans la sentimentalité et le pathos, de façon extrêmement juste. [Les critiques regrettent cependant l’absence des lettres de Dominique Rollin ou s’impatientent de les lire]
Émission du 26/11/2017 - [Critiqué conjointement avec le roman "Nos débuts dans la vie"] - C'est magnifique, c'est magique - il est toujours dans ses obsessions et ses obsessions fonctionnent - c'est comme un rêve ou un cauchemar - c'est très drôle, très nerveux - c'est comme si les personnages des romans qu'on croise sans arrêt, qui sont un peu comme des fantômes, des gens insaisissables, tout d'un coup étaient là incarnés - il n'y a pas vraiment de sujet, il n'y a pas non plus vraiment d'action, mais il a un tempo, c'est fluide, c'est rythmé, il y a beaucoup de sentiments - il n'a jamais autant dit à quel point le texte est un rempart, un abri face à la vie - moi j'ai trouvé que le roman était absolument splendide et très douloureux, que c'était l'instant de bascule de sa vie.
Émission du 24/12/2017 - On découvre un autre Bukowski, qui en fait est un poète, travailleur, qui galère - on comprend pourquoi il boit - il y a vraiment la quintessence de l'énergie créatrice - c'est une assez bonne introduction à sa vie et à la manière dont il conçoit la littérature - la lettre à Fante est extraordinaire - la force de ce livre c'est que Bukowski se décrit réellement comme un poète
Émission du 24/12/2017 - C'est un grand roman - j'ai trouvé ça extraordinaire du début à la fin - c'est substantiel - c'est un dialoguiste hors pair, ce sont des diamants ses dialogues - c'est tragique et ça fait sourire - le livre est là pour prouver qu'on peut être une famille malheureuse et banale - je trouve que c'est ébouriffant - je trouve que c'est merveilleux de justesse pour tous les personnages - il a le don du détail incroyable - il arrive aussi bien à se mettre dans la tête de la femme que dans sa tête - on rentre et c'est vraiment fendard - déjà un livre où les français sont traités de vulve ramollie, moi ça me fait rire - on sent bien le nabokovien fou furieux et qui a cet humour par le langage et c'est juste brillant