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Citations sur Sarinagara (41)

La légende raconte comment une femme rendue folle par la mort de son enfant, son cadavre encore serré dans ses bras, se mit en quête du Bouddha pour apprendre de lui la raison de son malheur. Avec compassion, le regard perdu dans le vide, tout désir éteint en lui, flottant déjà dans le grand néant où chaque douleur s'apaise, l'homme saint contempla la jeune mère et il l'interrogea : ne savait-elle pas que tout ce qui naît doit un jour mourir et que donnant le jour à son enfant, elle le promettait déjà à la nuit du tombeau ? La légende raconte qu'apaisée, la mère abandonna le petit cadavre aux flammes du bûcher et qu'elle se rendit ensuite à la grande clarté toujours vive de la vérité. (p 91)
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Et, arrivé nulle part, je me trouvais du même coup chez moi, libre de cette même liberté sans contenu ni limite qui, enfant éveillé dans le néant de la nuit, me donnait un vertige que je ne comprenais pas.
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De la poésie , de la vie , ceux qui croient avoir assez d'autorité pour en parler disent qu'elles n'expriment que la même vérité vide et vaine , que tout est poussière et vapeur , mirage miroitant un seul instant dans l'espace sans profondeur de l'existence , que le même néant nous attend tous , que la chair aimée retournera à la terre et qu'en conséquence le seul savoir qui compte enseigne à l'homme l'inflexible nécessité qui tourne tout ce qu'il a aimé en cendres froides , que la seule illumination à laquelle il soit digne de prétendre consiste en la révélation du rien auquel tout se rapporte enfin . Issa n'ignore rien de tout cela . Oui , il y a la longue et interminable douleur de vivre , la fatigante routine du corps laissant passer sur lui les jours , la torture du temps et son lent travail d'effroi , toutes les affections les plus vraies une à une défaites , l'affolante solitude sur le versant le plus noir de la nuit ouverte et puis , dans la lumière verticale d'un matin indifférent , le corps aimé allongé et sans vie d'une enfant . Nul n'est censé ignorer tout cela . Pourtant , le dernier mot n'est pas tout à fait dit . Malgré la vérité , dans l'infini du désir , quelque chose insiste encore quand tout est terminé . Tout est néant , bien sûr . Mais Issa ajoute : cependant.
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Toute sagesse dit : le temps est un fleuve. Mais, en réalité, personne ne se tient jamais sur la berge des mondes pour en contempler le cours. Tout lestés d'eux-mêmes, les corps flottent dans l'épaisseur qui les étouffe, entourés d'une lumière bleutée de néons, passant entre deux lignes de néant, sans rien savoir du remuement vert et gris qui les balance et les porte vers nulle part. Le fleuve du temps est sorti de son lit pour recouvrir le cercle sans couture de l'horizon. Il déverse partout sa matière opaque sur les hommes et les noie.
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Et si la poésie tout entière est perception hallucinée du temps, alors c'est chaque mot en elle qui doit faire signe vers l'écoulement sans répit des choses.
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Enfin, le soleil s'est levé. Il y a eu les grandes traînées habituelles de couleurs vives qui déchirent horizontalement le ventre du ciel et lui font au flanc de longues plaies inégales, roses, rouges et jaunes, d'où dégouline la matière encore informe du jour, lourde, tombant par taches sur la terre, la lumière investissant doucement le paysage et s'accrochant à tel ou tel de ses reliefs jusqu'à ce que — et personne ne peut jamais saisir l'instant exact où la chose se produit enfin — les morceaux épars du monde se rejoignent et recomposent le spectacle ordinaire de la vie. Ce qu'il voyait ? En un mot, toute la fade poésie céleste qui indique au regard le perpétuel recommencement du temps. (p 261)
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Le Japon dans lequel vit Issa est aussi celui que peignent bientôt Utamaro, Hokusaï, Hiroshige.
(p.39)
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L'histoire des hommes est un long séisme à peine interrompu. Entre deux secousses, l'accalmie peut durer des décennies ou des siècles. Mais le moment du désastre vient toujours. L'univers est un vaste vertige. Tout appui se dérobe pour finir. La terre ferme n'offre qu'un répit entre deux catastrophes. Il y a ce grand mouvement de toupie et de balancier qui emporte la planète et qui met tout à terre. Il faudrait pouvoir se représenter l'apparente fixité des choses pour ce qu'elle est : une illusion, l'image arrêtée un instant de la fuite du temps qui porte tout vers le néant.
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La poésie est le sentiment du temps, son chiffre ébloui et impuissant. Il n'y a ps de vérité plus forte et plus désespérée.
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l’extrême limite au delà de laquelle plus rien n’existe
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