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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une lecture que je n'aurais certainement pas faite sans le challenge Solidaire. de cet auteur britannique que je ne connaissais absolument pas, j'ai choisi ce roman, publié de façon posthume en 1971, alors qu'il avait probablement été écrit avant la première guerre mondiale. Il s'agit d'un roman d'inspiration autobiographique gardé secret du vivant de l'auteur. Et pour cause, puisque l'homosexualité était considéré en Angleterre comme un crime jusqu'à la fin des années 60 !
L'écriture est belle, très classique, et nous plonge dans une toute autre époque, explorant dans ce roman d'apprentissage préjugés et barrières sociales d'un autre temps. C'est le roman de la découverte par Maurice, jeune bourgeois de la bonne société, de son homosexualité. Ses premiers amours, platoniques, finissent mal, puisque Clive décide de céder à sa famille et aux conventions en se mariant. Par la suite, après un temps où il essaie de rentrer dans la norme et un épisode dépressif, Maurice rencontrera Alec, jeune ouvrier, ce qui le poussera à faire des choix décisifs.
C'est un très beau roman d'amour, mais j'ai trouvé la psychologie des personnages un peu difficile à cerner : le retournement de Clive n'est guère expliqué, et Maurice est parfois particulièrement énervant (en dehors de son homosexualité il est bien représentatif de son milieu social, et assez snob et misogyne). Clive est-il vraiment devenu hétéro ? Maurice a-t-il vraiment souhaité rentrer lui aussi dans la norme ? Ces questions du lecteur restent sans réponse claire.
J'ai refermé ce livre en me disant qu'il faisait bien bon vivre dans une autre époque, moins puritaine, moins normative et où la diversité et les différences ont leur place. Quoi que … on ne puisse pas pour autant en dire autant partout !
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Maurice est l'histoire du long et dur combat d'un homme vers son autonomie intellectuelle et sexuelle, l'histoire de la lutte d'un homme seul contre les carcans religieux et sociaux de son temps.
Tout comme son condisciple Clive, Maurice est élevé, donc conditionné, afin de devenir une partie de l'élite dirigeante de cette Angleterre du tout début du vingtième siècle. Secret, sensible mais se sous-estimant constamment, il tombe sous l'emprise intellectuelle de Clive qui voit avec pédantisme dans leur relation une illustration de cet amour sublimé mais non physique prêté à Platon.
Ce ne sera qu'avec la transgression justement physique et sensuelle de cet idéal que Maurice sera enfin libéré de ses angoisses existentielles dans un pays qui punissait pourtant légalement et lourdement l'homosexualité.
On comprend tout le chemin de cet être si vulnérable mais aussi celui de nos sociétés à la lecture de ce courageux et lucide roman d'Edward Morgan Forster superbement et finement adapté à l'écran par James Ivory.
Autant qu'un très beau roman d'amour, il s'agit donc ici d'une très sensible étude sociale et psychologique.
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L'amour qui n'ose pas dire son nom… Ou l'homosexualité dans les très sélectes universités anglaises.

Maurice a mis du temps pour comprendre qu'il marchait de l'autre côté du trottoir ! Il a fallu qu'il entre à Cambridge pour enfin ouvrir les yeux sur ses préférences sexuelles.

Oui, sa préférence à lui, ce sont les jeunes garçons de son âge dont un camarade d'université qui deviendra son compagnon, même si jamais rien n'est affiché.

En ce temps-là (1910), en Angleterre, l'amour entre hommes était toujours considérée comme un crime et passible de peine de prison tandis qu'en France, le code Napoléon avait déjà rendu la chose "légale".

Pour vous dire la bêtise humaine : si l'homosexualité masculine était punissable, celle entre les femmes pas car le législateur ne l'avait pas prise en compte. Paraîtrait que la reine Victoria avait trouvé tellement répugnant qu'elle avait jugé la chose impossible. Mais je n'ai aucune preuve de ses dires non plus.

Pas facile de vivre son homosexualité dans l'univers conformiste et répressif de l'Angleterre édouardienne !

Maurice n'appartient pas à l'aristocratie proprement dite, mais nous évoluons dans les milieux bourgeois, les milieux où on ne se mélange pas entre classes, où les domestiques sont priés de rester à leur place, où il faut sauvegarder les apparences, quoiqu'il arrive.

Cette société bourgeoise anglaise est régie par des règles désuètes, vieillottes, bourrée de morale chrétienne, tout le monde était enfermé dans un carcan plus serré qu'un corset taille XS porté par le troll Hébus de la série fantasy Lanfeust !

Franchement, j'ai eu très envie d'en baffer plus d'un et plus d'une, dans ce roman riche en apprentissage de la vie chez les bourgeois, qui, comme le chantait si bien Jacques Brel ♫ Les bourgeois c'est comme les cochons Plus ça devient vieux plus ça devient bête ♫

Nous suivrons le récit du jeune Maurice, de ses 14 ans à ses 24 ans, passant d'un enfant effacé, paresseux, dans les jupons de maman, à un étudiant du collège effacé, paresseux, puis, enfin la chenille deviendra papillon avec Maurice amoureux d'un camarade, filant le parfait amour, mais sans le consommer !

Ah ben oui, messieurs dames ! L'amour entre hommes était plus toléré s'il était platonique. Se chipoter la chose, mon dieu, vous n'y pensez pas ! Nos deux amants s'aiment mais ne s'astiquent pas le manche mutuellement, aucun ne jouant avec la batte de criquet de l'autre.

Entre nous, bourré d'hormones qu'ils devaient l'être à 19-20 ans, je me demande comment ils ont fait pour ne pas succomber à la bêbête à deux dos.

Maurice est un personnage qui va évoluer au fil des pages, passant de chenille pataude effacée à papillon flamboyant d'amour, avant de virer tyran avec sa mère et ses deux petites soeurs.

Si la première histoire d'amour a tout d'une folie entre deux jeunes gens, la seconde histoire d'amour, celle qui sera le moins développée dans le livre, est pour moi la plus importante, la plus mûre, celle où Maurice aura le plus de couilles, ou il sera le plus touchant et où il prendra encore plus de risques en transgressant toutes les règles de l'époque, notamment le mélange des classes.

Un livre que j'ai tardé à lire, reportant sans cesse la lecture au fil des Mois Anglais et là, je suis contente d'avoir pris le taureau par les cornes car c'est une oeuvre majeure en ce qu'elle nous parle des difficultés de vivre son homosexualité et des carcans empesés de la bourgeoisie anglaise.

Sans compter que le roman nous laisse avec moult question : Clive a-t-il vraiment changé de bord où a-t-il eu peur des conséquences à long terme de cet amour interdit ? Maurice avait-il vraiment envie de rentrer dans la normalité ?

Bon, yapuka se faire le film, maintenant, afin de découvrir le jeune Hugh Grant déjà super sexy et le futur Lestrade de la série Sherlock BBC (Rupert Graves).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un roman largement autobiographique d'un autre temps dans l'Angleterre puritaine du début du siècle dernier. A cette époque l'homosexualité était considérée comme un crime et sévèrement réprimée. Cet ouvrage rédigé vers 1913 puis remanié à plusieurs reprises ne sera publié, compte tenu de son sujet scabreux, qu'en 1971 après le décès de E M. Forster.

C'est le récit des relations ambigües entre deux hommes , Maurice Hall et Clive Durham. Encore adolescents ils se rencontrent à la Public School ; ils se lient d'une profonde amitié et ressentent une attirance l'un pour l'autre. Ils vivent une passion sincère mais très chaste. Toutefois, Maurice au fond de lui-même se rend compte qu'il espère plus de cette relation privilégiée, Clive, pour sa part, va se plier aux conventions et obligations de la bonne société, il va épouser une jeune fille de son milieu et diriger le domaine familial. S'en suivent pour Maurice des périodes d'extrême solitude, de désarroi et de combat pour tenter de soigner son "anormalité".

Ecrit dans un style très classique, riche et élégant, où chaque mot a son importance, ce récit intimiste longtemps mûri par l'auteur, nous décrit avec talent et pudeur la lutte incessante que Maurice se livre contre ses penchants homosexuels. Il nous dépeint une société rigide et corsetée qui ne tolère aucune entorse aux bonnes moeurs. Heureusement que de chemin parcouru depuis et quelle révolution en un peu plus d'un siècle !

Merci au Challenge solidaire 2024 qui a retenu E. M. Forster dans sa liste. Il m'a donné l'occasion de découvrir de ce roman, que je n'aurais peut-être pas eu l'envie de lire sinon. Un bon moment de lecture. J'ajoute qu'au moment de sa sortie, j'avais bien apprécié l'excellente adaptation cinématographique de James Ivory avec Hugh Grant, James Wilby et Rupert Graves dans les rôles principaux.

#Challenge solidaire 2024


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E n fouillant parmi des livres d'occasion, je suis tombée sur ce titre dont j'avais vu l'adaptation cinématographique à sa sortie en 1987 ,
Celui-ci m'ayant laissé un bon souvenir de par sa réalisation et ses acteurs je l'ai acquis ( pour 1 euros) le prix étant inversement proportionnel à la beauté de l'histoire.
Maurice est le  roman éponyme  posthume largement autobiographique d'Edward Morgan Forster.
Une tendre amitié entre Maurice et l'un de ses condisciples dans l'Angleterre du début du xxeme siècle qui se transforme au fil des jours en un amour réprouvé par la société.
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D'une très belle plume, E.M. Forster écrit un roman que l'on peut qualifier d'apprentissage, où l'on suit Maurice Hall, de son enfance à l'âge adulte, et ses prises de conscience sur son moi et le monde dans lequel il vit.
Ecrit en 1913 (mais seulement publié en 1971 après le décès de E.M. Forster, selon sa volonté), j'ai été étonnée par la modernité du propos et touchée par la justesse de la description du sentiment amoureux et de ses tourments. L'homosexualité plus que tabou dans l'Angleterre du début du XXe siècle est abordée par l'auteur de façon très juste et pose les bonnes questions. Maurice est un roman social aussi, puisqu'il décrit d'une part le désir du jeune homme de s'affranchir des carcans de cette Angleterre qui ne correspondent pas à sa façon d'être et de vouloir vivre, mais décrit également d'autre part la bonne société et l'aristocratie "vieillissante" (avec l'image du domaine de Clive, Penge, qui se dégrade au fil du temps), qui reste pourtant très à cheval sur des principes depuis trop longtemps ancrés et difficile à dépasser.
Un roman qui m'a plu donc, où j'ai aimé le sujet traité, sa façon d'être traité et surtout la belle écriture de E.M. Forster, que j'ai hâte de retrouver dans un autre des ses romans.
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Dans ce roman sorti après sa mort, E. M. Forster raconte audacieusement (pour l'époque) les états d'âme d'un jeune homme, Maurice, qui découvre son homosexualité - alors interdite et considérée comme une maladie - et qui tente de la vivre, puis de la nier jusqu'à ce que sa rencontre avec Alec, un garde-chasse, le délivre enfin de ses tourments.

Ce livre est bouleversant par son honnêteté et par le désespoir qui transparait souvent, Maurice est un être tout ce qu'il y a de plus humain, avec ses qualités et ses nombreuses failles ; il se cherche en tant qu'homme dans le milieu élevé qui est le sien, mais il est difficile d'être entier face au monde quand une part de soi - si importante - est cachée.

Cet adolescent qui devient adulte n'aspire qu'à aimer, vivre sa sexualité, et pendant longtemps ce fardeau lui pèsera.

J'ai été touchée par la fougue de Maurice dans ses élans amoureux, mais aussi par ses blessures, et je suis toujours émue de découvrir de si beaux textes qui luttent à leur façon contre les préjugés et les injustices à des époques où aimer pouvait être un crime…

Un classique indispensable de la littérature queer.
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Ce roman de E.M Forster est resté longtemps caché par son auteur lui-même et l'on comprend aisément pourquoi.
Jeune bourgeois anglais promis à un bel avenir, Maurice suit le cursus scolaire et universitaire promis aux gens de sa caste. En chemin, il tombe amoureux d'un condisciple, lequel abonde dans son sens avant de codifier leur relation pour mieux l'interdire. Alors que la passion qui l'anime pourrait s'éteindre, Maurice fait tout pour être lui-même. Refusant le beau chemin tracé, il en trouve un autre qui est sien. Forster est un grand écrivain. Sous sa plume, les emballements, les crucifixions et les décisions de Maurice prennent un tour tantôt cruels tantôt délicats mais la peinture de ce jeune homme au parcours courageux reste toujours très sensible et terriblement humaine.
A signaler le film, aussi beau que le livre...

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Cette oeuvre c'est une prise de conscience, l'évolution d'une personnalité.
Celle de Maurice Hall dans une société policée. Il devra faire face à son homosexualité alors qu'a cette période on la guérissait avec des électrochocs. (sic !)

Hésitations, révoltes, déni. Toutes les étapes sont décrites avec retenue et on se sent proche du héros qui en fait n'a rien d'un héros.
Maurice Hall reste simple avec ses défauts et ses qualités.

Ce roman c'est aussi deux histoires d'amours.
Le premier amour c'est Clive. Avec lui c'est platonique et passionné.
Mais alors que Maurice va finir par faire face à la réalité, Clive va préférer fermer son coeur plutôt que de défier les conventions d'un monde hypocrite qui se moque des sentiments.
La seconde histoire d'amour pourtant moins développée est celle qui m'a le plus touché. Déjà plus physique, plus assumée.
Sous ses dehors francs, le second amour, Alec nous montre le coté humble et assumé des sentiments.

Qui Maurice choisira t il ?

L'amour, la dénonciation d'une société éthérée en marge de la vie réelle, tout est réuni pour faire de «Maurice» un roman phare.
Le film aussi est mignon.

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"Maurice" est une histoire d'amour mais aussi de quête identitaire. On ne se surprendra pas à trouver, au détours d'un phrase, beaucoup de philosophie, de poésie et même une psychologie balbutiante. Un livre complet et intelligent, donc. Les gens comme Maurice, à l'époque et dans ce pays où cette histoire prend place, sont encore largement stigmatisés. L'auteur a une belle manière de rendre le sujet, même si je trouve le rendu très intellectuel. Disons que ça à le mérite d'être différent!

Maurice vient d'une famille d'une sorte de classe moyenne, qui n'est pas aristocrate, mais pas ouvrière non plus. Orphelin de père, il est donc appelé à faire vivre sa famille composée de sa mère et de ses deux petites soeurs. Il entre à Cambridge pour y faire de bonnes études et c'est là qu'il rencontre son premier grand amour, Clive Risley. Ensemble, ils entreprennent de se définir une relation idyllique, chaste et complémentaire. (Honnêtement, ça ne pouvait durer avec des bases si peu solides, mais bon, ce n'est que mon avis. ) Lorsque, trois ans plus tard, Clive se découvre une attirance nouvelle pour les femmes, du moins le prétend-il, il aspire au mariage et à une vie mondaine "normale". Délaissée et très amer, Maurice semble se morfondre dans un cynisme profond, parfois même près de la dépression. Il tentera toute sorte de moyens pour entrer dans le moule de l'homme respectable que ses proches espèrent voir devenir. Sa rencontre avec le jeune Alec Scubber changera tout.

Parenthèse: L'homosexualité est traitée comme le serait une maladie mentale, dans ce livre, et cela n'a rien d'étonnant. Dans l'univers de la psycho, nous retrouvons un ouvrage appelé DSM, qui contient l'ensemble des troubles psychologiques répertoriés. Dans le 3e, le DSM-III, l'homosexualité s'y trouve et on prétend même pouvoir la guérir. Rassurez-vous, dans la version moderne, le DSM-V, il n'est plus question de maladie mentale, l'homosexualité ne s'y trouve plus.

Concernant le roman, j'ai parfois eu un peu de mal avec le manque de fluidité, mais somme toute, ça se lit bien. Esprit torturé, Maurice nous livre ses pensées, nous sommes donc très près de lui. J'ai aimé le fait que ce soit un personnage "entre deux", tantôt sympathique, tantôt vraiment snob. On voit que la société a un impact fort sur lui. la plupart des personnages ne sont pas ce qu'on pourrait qualifier "d'attachants"( Hormis Alec et le psy, plutôt sympa tout deux ), je dirais même qu'on pourrait facilement chercher à leur fausser compagnie, si d'aventure on devait rencontrer des gens comme ça, condescendants, snobinards, rigides, intolérants, ce genre de traits. Mais encore une fois, ça fait différent et même plausible. Après tout, nous sommes dan un contexte où les riches se croyaient maitres du monde et où les femmes ne jouissait pour ainsi dire d'aucune éducation savante.

L'Angleterre nous parait très puritaine, conservatrice et même très homogénéisante. Il n'y a pas de place pour la diversité ou la différence. L'auteur nous le fait bien vivre: être anglais, c'est se conformer. Il nous parle des classes sociales, du fossé entre elles et même de l'étanchéité de chacune. On ne se mélange pas, quoi.

On voit même défiler divers courants de pensée entre les lignes, que ce soit Platon et les Grecs ou Freud avec sa psychanalyse.

Bref, tout ça pour dire que c'est un bon livre à lire au moins une fois dans sa vie!
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