Chevrotine (2014) est un roman tragique construit autour d'une mésalliance entre un pêcheur éperdu d'amour, Alcide Chapireau et une belle manipulatrice, Laura.
Chapireau est veuf et élève seul ses deux garçons nés d'un premier mariage heureux; c'est un être placide et content de son sort, devenu ostréiculteur et éleveur de moules dans cette bourgade en bord de mer nommée Coup-de-vague (nom fictif). Vient perturber cette harmonie familiale, l'irruption de Laura, une femme divorcée avec un enfant qui commence par charmer les deux garçons puis le père. Elle sait faire, c'est une panthère.
Père et enfants vont tomber sous le charme. Alcide et Laura se mettront en ménage et très vite elle lui donnera une fille qu'ils prénommeront Automne.
Cette vie familiale, au début idyllique deviendra un enfer en huis clos car Laura est une narcissique perverse, elle prend plus qu'elle ne donne, elle aime détruire essentiellement par une parole assassine, mais elle sait aussi être violente.
Dans ce huis clos délétère, Alcide Chapireau perd pied, se laisse faire, chaque jour un peu plus jusqu'à tout perdre : ses deux fils, ses amis, son espace vital; son monde sera littéralement atomisé. Il devient la tête de turc de cette femme jamais rassasiée par ses maléfices, toujours à trouver de nouvelles lubies. La seule fois où Chapireau n'écoutera pas sa femme c'est quand celle-ci s'entichera d'acheter un appartement cousu en ville, alors qu'ils habitent une maison face à la mer avec un paysage magnifique à leurs pieds.
Ceci jusqu'à l'explosion finale. le lecteur arrive préparé. La lente description du calvaire d'Alcide Chapireau fait que le dénuement est compréhensible. A la fin du livre, Alcide Chapireau est malade et voudrait raconter par le détail son histoire à sa fille Automne, âgée de 20 ans, mais il n'arrivera pas.
J'ai apprécié la qualité de l'écriture, simple et élégante. Mais je n'ai pas apprécié l'histoire de ce couple mal assorti. Il me semble que la femme souffre d'un trouble sévère de la personnalité qui n'est pas esquissé ici. D'accord. Et la personnalité de Chapireau m'a paru si veule, si pitoyable face à l'importance de tout ce qu'il perdait, à croire que quelque part lui aussi avait perdu la raison. On sait comment cette femme le tenait, mais tout de même, quelle aboulie !
Belle métaphore avec l'ouragan Xynthia, lequel en février 2010 ravageait la Charente-Maritime et la Vendée et qui provoque l'effondrement partiel de la maison du pauvre Chapireau à l'unisson de son couple.
Cette histoire m'a fait penser à une autre histoire lue récemment, celle écrite par
Jean-Paul Dubois dans
le cas Sneijder, un autre homme qui ne saura pas se défendre face à une autre femme narcissique et perverse.
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