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sur 2682 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Jean-Louis Fournier est maître en la matière quant à la narration de ses propres histoires. Il délie les noeuds pour faire valdinguer la peine, sous peine d'en rire, sa prose est sans contexte indémodable et mémorable. Mais si le rire permet de détendre une atmosphère tendue et compliquée, peut-on néanmoins rire de tout ? J'ai découvert ce maître de l'autobiographie avec ma mère du Nord qui m'avait subjuguée car rempli d'empathie et d'amour. Ici, je suis mitigée. Bien sûr que deux enfants handicapés à la maison c'est du très lourd, du très triste, du très désespérant. Fournier choisit clairement le chemin de la dérision pour disculper son malheur. Écrire sur ses enfants avec amour aurait peut-être donné un récit too much sortez vos mouchoirs. Non, ici, on rit, on sourit devant l'aliénation d'enfants. Enfin, moi je n'ai pas voulu sourire. Cela m'a gênée même.
« Comme Cyrano de bergerac qui choisissait de se moquer lui-même de son nez, je me moque moi-même de mes enfants. C'est mon privilège de père. ».

D'accord ou pas d'accord, je lui laisse la liberté à ce père désabusé. Il l'aura bien méritée.

Jean-Louis Fournier sait manier les mots rendant un bien bel hommage à la langue française. Pour ce qui est du père, il a une sacrée dose d'humour qui a dû certainement l'aider pour avancer dans ce terrible quotidien...
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Etre parent n'est jamais simple et avoir une enfant handicapé c'est forcément un parcours singulier. Alors tant mieux si des oeuvres comme « Intouchables » ou « Yo tambien » sont drôles et brisent des tabous, notamment sur le handicap mental…

La lecture de « Où on va papa ? » n'était pas anodine pour moi puisque je suis la maman d'un garçon âgé de treize, handicapé mental, très peu autonome, d'un niveau scolaire de moyenne section avec des troubles du comportement de type autistique.

Je pensais donc retrouver un peu de mon vécu dans ce livre dont tout le monde me disait « j'ai pensé à toi en le lisant », mais le degré de handicap des enfants de Jean-Louis Fournier est particulièrement sévère et chaque histoire familiale est unique.

Ce qui me frappe dans le récit de Jean-Louis Fournier, c'est l'absence de communication possible avec ses enfants, de perspectives familiales et cela doit être très dur à vivre. J'aurais sans doute était aussi désarmée que lui face à une telle situation mais j'ai aussi appris que nous avons souvent des ressources insoupçonnées face à des situations inédites et difficiles. Ce livre me conforte dans la certitude que malgré ses nombreuses difficultés quotidiennes, notre vie de famille est riche d'échanges, de projets et le tout dans une grande complicité affective.
« Où on va papa ? » se lit d'une traite, c'est un témoignage très touchant mais aussi un texte mordant, attachant, déroutant. Il évite tout militantisme ou misérabilisme. Avec un humour désopilant, il décrit des instants de vie, son désarroi face à ses deux garçons avec beaucoup de malice et d'affection…

C'est beaucoup plus qu'un simple récit, un oeuvre littéraire de grande qualité, au succès mérité.
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Mais c'est vrai, où va-t-on, au fond ? Comment envisager l'avenir, le bout du chemin, quand on débute sa paternité par deux enfants lourdement handicapés ? C'est, en substance, ce questionne Jean-Louis Fournier.

Jean-Louis Fournier, justement, se pose en homme déçu de la vie, désemparé face à tant de bonheurs malheureux (oui, je sais…). Avec sa rengaine du « Où on va, Papa ? » (épargnons-nous d'ailleurs le trop simple lien avec Papaoutai, de Stromae), l'auteur aborde l'honnêteté et le quotidien devant le handicap. C'est vrai aussi, ce court récit revient beaucoup à un amoncellement de situations diverses et variées, autant de rancoeurs contre cet état d' « handicapés à la naissance » que subirent ses enfants. C'est d'ailleurs ce dernier aspect qui prime pour l'auteur : entre un humour noir décompresseur et une flagellation expiatoire, nous sommes constamment dans un entre-deux mi-gênant, car très rentre-dedans, mi-consolant, car démystifiant la condition d'handicapé.
Le style est un peu trash à plusieurs reprises, c'est vrai, mais il y a tellement de récits ultra compatissants que cela fait du bien aussi de se prendre la dure réalité en face, surtout quand ces tranches de vie quotidienne peuvent parler à n'importe quel parent ou futur parent. de l'honnêteté à ne plus savoir qu'en faire donc, en tout cas nous sommes tentés d'y croire totalement. D'autant plus que c'est très court comme récit : ça se lit très (trop) rapidement, à peine plus d'une heure à tout casser, ce qui fait que nous sommes happés et lessivés d'un même élan par l'auteur et son dégoût de la malchance.

Un récit poignant, simple dans la forme comme dans le contenu, qui donne à réfléchir un minimum en développant le propos habituel, mais toujours utile, sur la norme et son cortège d'absurdités

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Difficile de porter un jugement sur ce livre : j'avoue que ma lecture terminée, mon sentiment reste ambigu.
Rire de ses propres malheurs, c'est l'option qu'à choisie Jean-Louis Fournier pour faire face aux handicaps de ses deux enfants, peut-être pour "faire la nique" à la vie et à ses injustices, certainement pour exorciser son sentiment de culpabilité et survivre tout simplement. Rire, oui, mais comme le clown triste, obligé d'amuser son public alors que son coeur saigne. Ce coeur de père qui souffre dans son amour-propre en voyant l'avenir de ses enfants réduit à néant.
J'ai trouvé certains passages complétements hallucinants à cause du cynisme parfois insoutenable dont l'auteur fait preuve. Je reconnais aussi que j'ai souri à son humour noir.
Finalement, ce témoignage me parait courageux mais je comprends parfaitement que l'on puisse être choqué par les réactions de l'auteur.
le blog tenu par la maman des enfants http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/ qui insiste beaucoup plus sur l'affectif nous montre une autre version des relations qui ont pu être établies. Mon avis restera donc mitigé....
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J'ai laissé passer un peu de temps après la lecture de ce livre très court mais très dense au niveau du ressenti.
Après avoir lu attentivement chacune des critiques sur ce livre je me suis retrouvée dans beaucoup d'entre elles.
Du côté positif j'ai aimé l'écriture pleine de sobriété et les phrases qui percutent.
Du côté négatif je n'ai pas toujours apprécié l'humour utilisé par J-L Fournier pour mettre à distance sa souffrance.
J'ai gardé au final de cette lecture un léger goût de malaise malgré tout le talent d'écrivain que je reconnais.
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Tantôt triste, tantôt hilarant, tantôt déconcertant, tantôt hors propos ce livre n'est vraiment pas comme les autres. Un peu à l'image des deux enfants de l'auteur dont il est question ici.D'ailleurs ce n'est pas un roman, pas une fiction mais la vraie vie, celle dont on ne rêve pas mais celle que l'on doit bouffer tous les jours. Alors rien que pour ça, ce livre mérite d'être lu.
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Comment concilier tout ce que l'on ressent en lisant un roman tel que celui-ci ?

D'une part on compatit avec la famille de ces enfants. On éprouve de l'affection pour Mathieu et Thomas, et il exprime bien l'amour qu'il leur porte. Il compare ses enfants avec des petits oiseaux fragiles, l'analogie me paraît juste et non péjorative et on en éprouve encore plus de tendresse.
On peut entendre et essayer de comprendre le fait que ce n'est pas aisé d'élever des enfants handicapés, et donc manier l'ironie et l'humour noir sur un sujet aussi épineux est des plus téméraire, mais cet humour est tout même bien manipulé. Il est plus facile pour l'auteur d'aborder la douleur qu'il ressent en maniant l'humour.

D'autre part l'excès d'égocentrisme de l'auteur est désolant.
Oui il s'agit d'un livre hommage à ses deux garçons handicapés, mais son épouse (ou ex-épouse suivant l'époque) ? sa fille ? Devait-il vraiment faire si peu cas du reste de sa famille ? En tous les cas cela m'a manqué personnellement.
Un peu plus de sarcasmes sur sa propre personne aurait été tout aussi plaisant et nous aurait permis d'oublier son apitoiement récurent.

Quoiqu'il en soit, quoi qu'il ait pu faire, au final le sentiment qui me reste c'est une très grande tendresse pour Mathieu et Thomas et une
pensée pour tous les enfants "pas comme les autres" et leur famille .
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J'ai lu ce livre comme l'exutoire nécessaire d'un père, sinon accablé, en tous cas portant avec difficulté un fardeau extrêmement lourd : bien sur très touchant car il déguise sa détresse sous une carapace d'humour cynique, mais... j'ai également lu les commentaires de la maman de Thomas et Matthieu, qui donne (brièvement) sa propre version, ce qui, évidemment, modifie la lecture du livre de Jean-Louis Fournier
http://mamanmathieuetthomas.monsite-orange.fr/page1/index.html
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Au départ, j'ai beaucoup aimé cette histoire et cette manière anecdotique de raconter ses deux enfants handicapés. Cette plume caustique, décalée, cet humour noir dont je suis plutôt friande. Ce besoin de rire de soi, de sa situation, de prendre la vie comme un pied de nez. le courage de se raconter, loin des tabous, d'exprimer ses sentiments et impressions face à cette injustice qu'est le handicap d'un enfant. Une lecture intéressante.

Puis vers le milieu de ce récit, qui est une succession de pensées jetées aux lecteurs dans de minuscules chapitres, j'ai souhaité en savoir plus sur l'auteur et son grand malheur.
C'est là que j'ai appris que, bien que ce roman s'inspire de faits réels, ce n'est pas le témoignage authentique d'un père en détresse, il ne s'agit pas d'un hommage à ses deux garçons. Ici, ils sont dépeints comme des êtres incapables, de qui l'on ne peut rien ni espérer ni attendre et qui décevront forcément leur papa qui avait pour sa descendance de hautes aspirations. Leur handicap est noirci. L'auteur s'est inspiré de son vécu mais les faits sont romancés.

De cet oeil nouveau, je me suis rendue compte alors que cet ouvrage est loin de ce poignant et percutant hommage que l'on nous laisse présager. Finalement, c'est assez égocentré et cela devient même redondant et lourd. Je ne remets pas en cause la plume de l'auteur que je trouve agréable à lire, ni cet humour noir décalé qui offre un ton particulier et j'aurais d'ailleurs bien mieux apprécier ce récit si : option 1, il avait été authentique ; option 2, le parti pris d'être fictif avait été totalement assumé.
Je trouve quelque peu malaisant de prendre une part de son histoire, d'accoler les prénoms de ses propres enfants, de son entourage et pourtant de modifier la vérité pour produire une oeuvre de fiction tout en laissant plâner un flou artistique. La maman de Mathieu et Thomas a d'ailleurs dû ouvrir un site internet afin de rétablir la vérité sur leur famille et ses deux garçons, afin de leur rendre leur humanité et leur gloire, afin de se justifier.

Bref, ce ROMAN est un véritable trompe l'oeil et pour ma part c'est donc une lecture en demi-teinte. Agréable à lire, touchant même, mais lorsque l'on sait que ce n'est qu'une oeuvre de fiction, elle a tendance à perdre de son sens et le récit, tout comme la vie du narrateur, s'achève en cul de sac.

Challenge Multi-Défis 2022
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Roman qui se lit d'une traite car les chapitres sont courts, faits d'anecdotes et réflexions de l'auteur sur la vie avec ses deux enfants handicapés ou ses enfants "pas comme les autres" comme il préfère dire.

Le ton est vite donné, un recueil de pensées accompagné d'un humour noir incisif, qui peut être choquant pour certains lecteurs. Car la verve de Fournier est sarcastique, certainement pas à prendre au premier degré.
Personnellement cela ne m'a pas dérangé ni choqué outre mesure, car il est évident que ce livre est comme une exutoire pour l'auteur face à ce destin difficile, à ses "et si...", à ses "pourquoi nous?", "pourquoi eux?"
Une manière d'affronter le quotidien et toutes les questions qui resteront à jamais en suspend, et la principale: que seraient-ils devenus si ses enfants pas comme les autres avaient été "normaux"?

Mais il y a plus, on ressent à travers ses lignes que l'amour pour ses enfants est bien présents, qu'il suit un peu l'adage "qui aime bien châtie bien", au fond de ses mots et de ses traits d'humour on peut aisément déceler son impuissance et sa tristesse, j'ai eu une ou deux fois les larmes aux yeux. Mais il ne tombe pas dans le larmoyant, ne cherche surtout pas l'apitoiement.

Je ne lui attribue que 3 étoiles car, comme pour tout livre qui se lit vite, on peut se demander si il y a avait peut-être plus à dire, plus à raconter, plus à partager avec ses lecteurs.

A la fin de cette lecture, une question me vient, je me demande quel fût l'avis des lecteurs parents d'enfants pas comme les autres, qu'en ont-ils pensés?
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