Citations sur La forêt des 29 (64)
-Tu ne vas pas me dire que la statue mange ce que tu lui donnes....Tu as vu les prêtres? Dans tout le village, ils sont seuls à rester gros et gras...
- Ballauw-ballauw-ballauw! La langue, petit...C'est elle qui donne vie au monde! Du moment que tu parles et que les gens te croient, tout peut exister. Le vrai, mais aussi le faux. Et le demi-faux, le trois quarts vrai, tout ce que tu veux! Du moment que, ballauw-ballauw-ballauw,tu as déclenché l'envie de croire! Pas de jeunes, pas de vieux, pour le ballauw-ballauw-ballauw,. Ni riches ni pauvres, ni malades ni bien portants! Rien que des gens que tu prends au piège de tes paroles....Et que tu rends heureux. Car c'est ça aussi, la magie du ballauw-ballauw-ballauw, les gens oublient leurs tristesses, leurs malheurs...
Et j'ai fini par comprendre que la violence ne naît pas des armes, comme on le croît trop souvent. Elle commence avant, c'est la fille des mots qu'on emploie. Les guerres éclatent quand on commence à appeler vraies des choses qui sont fausses. Et fausses des choses qui sont vraies.
Et soyons patients, car le seul lieu des hommes, ce n'est ni leur champ ni leur village, ni leur ville, ni même leur pays. C'est le Temps.
Mais comme disent les Charans : " Le Destin ressemble au chamelier qui conduit la caravane. Dans la désespérante aridité des dunes, lui seul sait où se cache l'oasis. Et pour tracer son chemin, il s'y prend de très loin...
p.486.
Mais ce que nous dit aussi Djambo, c'est que les lamentations sont vaines. La source est en nous. Et il est encore temps - il est plus que temps - d'aller à sa rencontre. Nous pouvons nous recréer. Et recréer le monde. Ensemble, et par nous-mêmes.
p.452.
Enfin, comme toujours, il se trouvait des gens pour avoir de drôles de petits sourires lorsque les Vingt-Neuf tombaient. Des types qui prenaient goût au spectacle, des salopards qu'on connaissait depuis longtemps. Ou des fous.
p.449.
La différence, c'est que de temps en temps, au beau milieu de toute cette vie scandaleusement normale, il y avait toujours un homme ou une femme qui, au premier arbre menacé d'un coup de hache, venait s'enlacer à un tronc. Et qu'on devait décapiter sur-le-champ pour sauver la face. Même quand c'était un gamin ou une très jeune fille. Le capitaine avait fini par comprendre pourquoi ils venaient, ces petits-là, de douze, treize ans, parfois dix. Ses soldats venaient de tuer leur père, leur mère, leurs frères. Ils ne voulaient pas, ou ils ne pouvaient pas leur survivre.
p.384.
Malgré tous les efforts de Djambo, ils n'avaient toujours pas compris qu'une renaissance dans l'enveloppe d'un nouveau corps fait de l'homme, une fois de plus, l'esclavage des passions et malheurs de ce monde. Et ainsi de suite jusqu'à ce qu'il ait chassé de son âme toute forme d'attachement et de pulsions. Ils préféraient se dire : " Une vie de plus, quel bonheur ! Pourvu seulement que je ne me réincarne pas dans un serpent, un porc ou un cancrelat ! "
p.359.
Elles se renseignent alors de plus près ; et c'est ainsi qu'ils apprirent, encore plus stupéfiant, que les femmes, chez les Vingt-Neuf, étaient dispensées de tout travail pendant leurs menstruations. Et qu'après leurs accouchements, elles avaient droit à tente jours de repos absolu. On les écartait alors du groupe. Non qu'on les soupçonnât d'être impures. On voulait tout simplement éviter qu'elles et leurs nouveau-nés ne tombent malades. Les Vingt-Neuf accordaient tant d'importance à ces deux prescriptions qu'ils les avaient placées en tête de leurs commandements.