Recommençons, comme avant, à nous mettre à l’écoute du ciel, des animaux, des nuages, des arbres, des insectes, des serpents, des fleurs, des plantes. Et puisque la vie et l’eau sont les seules vérités qui tiennent, occupons nous de la vie et de l’eau
Et pour une raison qui a échappé à tous : la haine, comme l'amour, se nourrit de paroles. Elle a besoin de mots, c'est sa faille, il faut qu'elle se raconte, nul ne peut se soustraire à cette loi, pas même les êtres les plus dissimulés.
Des malheurs qui jalonnent l'histoire des humains ont régulièrement surgi des êtres d'exception qui transformèrent de fond en comble l'existence de leurs contemporains et des générations futures.
Les Charans font la moue, dès qu'ils entendent les premiers mots de ce conte sucré. Même s'ils estiment que toutes les légendes ont droit à la vie, ils protestent : non, Djambo ne fut pas ce premier-né choyé, protégé, adulé. C'est absolument le contraire :on l'a rejeté. Et c'est précisément là, dans la douleur des mal-aimés, qu'il a trouvé la force de changer le monde. Après avoir failli basculer dans le pire.
Si tu n’imagines rien, ta vie reste comme elle est, immobile.
Il est prêt, l'enfance est close. Il continue donc d'avancer, sans honte ni défi, le dos sûr, le pas calme. Installé dans sa seule, sa droite, sa simple fierté d'humain
Rien à voir avec les dieux. Ce n'est pas le signe qui conduit l'homme, mais l'homme qui met au jour le signe. Quand ses yeux se dessillent enfin, ils projettent autour de lui une immense lumière. Le monde alors s'éclaire, prend sens, et lui répond.
En juillet 2009, lorsque je suis partie à la recherche des Bishnoïs entre Jodhpur et Bikaner, je n'ai pas seulement découvert les lieux fondateurs de leur histoire, Pipasar, la dune de Samrathal, les marais salants de Bhap et la fameuse forêt d'Amrita Devi. Dans l'épopée de Djambo, la naissance des premières communautés, la grandiose immolation des femmes, des hommes et des enfants de Khejarli, j'ai vu un miroir tendu aux angoisses de notre temps. Le message de Djambo, son approche rationnelle des rapports entre l'homme et la Nature, son refus du fatalisme, son appel à la responsabilité individuelle et collective m'ont paru d'une actualité et d'une urgence absolues.
« Là encore, la réponse est venue toute seule. Pas besoin de s’inventer une vie antérieure pour se sentir si proches. Leur famille, c’était la tribu des humains. »
Dans notre naissance, nulle fatalité. Nous nous créons nous-mêmes.