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sur 547 notes
Au 18e siècle, en pleine nuit, l'Utile, une goélette française fait naufrage sur le plateau de corail qui borde une île minuscule et désolée au large de Madagascar : à son bord 160 esclaves noirs embarqués secrètement par un capitaine sans scrupule et à qui le naufrage à fait perdre la raison. Ce qui reste de l'équipage et des esclaves va se réfugier sur cet îlot inhospitalier et construire en quelques mois un bateau à partir des restes de l'Utile. Matelots et esclaves participent à l a construction mais la « prame » est trop petite pour pouvoir embarquer tout le monde…
Irène Frain livre ici un document historique passionnant, sobrement raconté à la façon d'un roman : dès le début le lecteur est tenu en haleine par le naufrage de l'Utile, brisé par les déferlantes qui entourent l'îlot corallien. Et malgré la maigreur des témoignages de l'époque, elle arrive à restituer une figure véritablement lumineuse en la personne du premier lieutenant Castellan qui prend le commandement de l'île, de l'équipage et des opérations.
C'est à partir des seuls témoignages de l'écrivain et du chirurgien de bord, ainsi que des recherches archéologiques menées en 2006 par Max Guerout , spécialiste en archéologie navale, qu'Irène Frain a pu mener son enquête et reconstituer cet épisode captivant et tragique de notre passé négrier ; une époque trouble et ahurissante pour nous, humains du 21e siècle, où l'homme blanc n'avait pas encore identifié l'esclave noir comme un homme, au même titre que lui.
Voici une histoire poignante qui aura au moins eu le mérite de servir la cause abolitionniste, grâce en particulier à Condorcet qui s'empara à l'époque de l'épisode pour faire avancer son combat.
Vous refermerez ce livre révolté et bouleversé.
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L'île Tromelin se situe dans l'océan indien entre Madagascar et l'île Maurice.
C'est une petite île plane qui fait à peine 1km carré et sur laquelle une station météorologique a été construite en 1954.
A l'écart de toutes les routes de navigation, elle n'est découverte qu'en 1722 par un navire de la Compagnie des Indes et baptisée "l'île des sables".
Elle est alors une île coralienne sans mémoire, battue par les vents, noyée par la mer lors des cyclones auxquels elle est particulièrement exposée.
Les maîtres de l'île sont les oiseaux, les bernard-l'ermite et les tortues qui viennent y pondre leurs oeufs.
Aucun bateau ne se risque à ses parages bien trop dangereux.
En 1761, cependant, une frégate de la Compagnie française des Indes orientales, L'Ultime, se fracasse sur ses récifs.
Partie de Bayonne avec cent-quarante-deux membres d'équipage, elle avait fait escale à l'île de France (île Maurice) pour y embarquer cent-soixante malgaches, hommes, femmes et enfants, destinés à l'esclavage..et ce, malgré l'interdiction de la traite décrétée par le gouverneur.
Les rescapés, blancs et noirs, qui ne sont pas morts noyés parviennent à rejoindre l'île et, sous les ordres du second lieutenant, Castellan, organisent leur survie en deux camps.
Dans un même temps, ils construisent un nouvelle embarcation en utilisant les matériaux récupérés de l'épave de L'Ultime.
Une embarcation qui, il le savent bien, ne pourra pas contenir tout le monde..

Je ne connaissais pas cet épisode de l'Histoire qu'Irène Frain nous relate en se basant sur des documents de l'époque et les découvertes de l'archéologue Max Guérout, spécialisé dans les naufrages.
L'auteure s'attache essentiellement à ce qui s'appuie sur les documents officiels et ne peut donc nous renseigner que sur l'attitude des autorités françaises face à l'abandon des malgaches et à l'insistance de Castellan à vouloir honorer sa promesse, celle d'aller les rechercher.
Il faudra attendre quinze ans pour que quelqu'un se décide enfin à agir.
Il n'est nulle part question de la manière dont ces pauvres gens ont organisé leur survie, ni de ce qui a provoqué le décès de la plupart d'entre eux.
Ces oubliés de l'île Tromelin hantent chaque page du livre comme il ont hanté l'esprit de Castellan.

Quelques longueurs mais un récit impressionnant.
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Voici un livre que j'ai lu il y a quelques années et j'en ai toujours gardé un souvenir très fort.
En 1761 un navire Français s'échoue sur une île perdue dans l'océan indien. Or, outre l'équipage, il était chargé d'esclaves transportés clandestinement.
Les blancs de l'équipage vont cohabiter avec les esclaves et les convaincre de construire un radeau afin que tout le monde puisse partir.
Mais les blancs partiront seuls abandonnant les noirs à leur sort. Ceux-ci seront forcés de s'adapter à la nature terriblement hostile de ce bout de terrain aride et soumis aux vents.
Quinze années plus tard, lors d'une expédition de sauvetage menée par un des seuls rescapés ayant eu des remords, on ne retrouvera qu'une poignée d'entre-eux, en particulier des femmes.

Irène Frain après de très sérieuses recherches aussi bien dans les archives que sur le terrain, a romancé cette histoire vraie de façon très agréable et on se passionne pour l'aventure et le sort de ces personnes.
C'est un livre que je n'avais pas critiqué à l'époque, mais qui reste en bonne place dans ma bibliothèque.
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C'est à Madagascar en 2013 que j'ai entendu parler pour la première fois de l'île Tromelin, dans l'Océan Indien. Une station météo y est installée depuis les années 50. Mais depuis la publication en 2009 du roman d'Irène Frain Les Naufragés de l'île Tromelin, des fouilles archéologiques étaient menées pour tenter de mieux comprendre comment quelques rescapés du naufrage du navire l'Utile en 1761 avaient pu survivre sur ce morceau de corail sans végétation pendant quinze ans.
Je n'avais pu mettre la main sur le roman d'Irène Frain à Madagascar ni visiter l'île Tromelin.
Comme pour d'autres naufrages, les récits des survivants sont peu nombreux. Irène Frain a eu la chance de pouvoir se baser sur les recherches archéologiques de Max Guérout.
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En 1761, « L'utile » un navire français transportant une cargaison clandestine d'esclaves fait naufrage sur une minuscule île.
Les marins survivent comme ils peuvent et réussissent à fabriquer un bateau pour s'enfuir. Mais, faute de place, ils laissent sur place les esclaves. Il faudra quinze ans pour qu'un autre navire les découvre et les ramène. Il ne reste plus que sept femmes.
Irène Frain a été bouleversée par cette histoire. Elle s'est rendue sur place sur l'ile de Tremolin, pour s'imprégner des lieux et entreprendre de raconter cette histoire dans les moindres détails.
Elle a recherché minutieusement tous les documents relatifs à cette pitoyable aventure.
Avec une imagination débordante pour recréer ce qui s'est passé et un grand souci des détails, elle ne laisse rien passer, n'omet rien.
Un énorme travail !
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"Les naufragés de l'île Tromelin" c'est tout d'abord le récit d'un fait historique, un naufrage, celui de "L'utile", au large de Madagascar, une nuit de 1761.
Au petit matin, les rescapés se retrouvent sur un îlot aride battu par les vents. Commence alors une existence précaire pour ceux qui ont survécu: la plupart des membre de L'équipage et la moitié des esclaves embarqués en fond de cale en contrebande.
L'espoir revient avec la construction d'une embarcation de fortune, la porte de sortie, la fuite enfin possible. Les marins partent, les esclaves sont laissés sur place, alors même qu'ils ont participé à l'effort, certes avec la promesse d'envoyer des secours au plus vite pour revenir les chercher.
Viens ensuite la longue attente, où l'humanité de quelques uns se fracasse sur la réalité d'une époque où la vie ne vaut pas grand chose, et celle des esclaves encore moins.
Roman plutôt prenant, qui alterne entre le récit historique, très documenté, avec une mise en contexte très éclairante et les passages plus romanesques où l'auteure se laisse aller à explorer la psyché des personnages...
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L'île de sable

En 1761, un navire français transportant une cargaison clandestine d'esclaves s'échoue sur une île perdue de l'océan Indien. Blancs et Noirs devront cohabiter pour survivre.

Un beau début avec le naufrage ; les descriptions sont sublimes et bien immersives.

Mais après l'écriture est plus aride et le texte aussi.

C'est le premier livre d'Irène Frain que je lis, mais je ne renouvèlerai pas l'expérience.

La survie sur cet îlot, cette poussière d'1 km2 située entre Madagascar et La Réunion qui s'appelait jadis "l'île de Sable" est bien décrite, mais lassant à force.

Le texte s'arrête au départ des Blancs sur un radeau de fortune et abandonnent les esclaves…
Un récit inspiré par les écrits de deux survivants...

Même si les propos à la fin du livre s'orientent sur l'esclavage et son inhumanité, j'aurais aimé que l'auteur décrive la survie de ces hommes et de ces femmes qui furent laissés là pendant plus de 15 ans !
L'auteur rappelle que c'est la Convention nationale en février 1794 qui a abolit l'esclavage.

Une post-face de Max Guérout est très intéressante ; il a dirigé les fouilles sur l'île.
"Après quatre campagnes de fouilles terrestres et sous-marines menées sur place en 2006, 2008, 2010 et 2013, ils ont mis au jour des centaines d'objets du quotidien, ainsi que de nombreuses constructions en dur. Ils ont établi que les naufragés se nourrissaient entre autres de tortues et de sternes, dont ils utilisaient probablement les plumes pour tisser des pagnes. En guise d'ustensiles de cuisine : des coquillages transformés en louches, des objets récupérés à bord de l'épave de l'Utile, ou des récipients fabriqués à partir de matériaux recyclés. Des cuillères en métal, notamment."

Une histoire à connaître :
Avec l'exposition "Tromelin, l'île des esclaves oubliés" au musée de l'Homme du 13 février au 3 juin 2019.

Pour aller plus loin : la formidable bande-dessinée Les esclaves oubliés de Tromelin

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🏝🚢🌊 «Les naufragés de l'île Tromelin» Irène Frain
💙💙💙💙💙 5/5

Le capitaine Lafargue est un homme têtu, entre autres défauts. Il navigue avec une carte ancienne et garde son cap malgré les avis contraires de l'équipage. C'est ainsi que, en 1761, le navire « L'utile » fait naufrage sur les rives de l'île qui deviendra plus tard l'île Tromelin. En fond de cale, près de 160 esclaves attendent d'être vendus frauduleusement. le coup du siècle pour ce vieil homme cupide.

Une fois sur l'île, les naufragés blancs et noirs sont forcés de cohabiter sur cette île sans arbre, battue par le vent et frappée par un soleil ardent. La vie s'organise et Castellan, un homme bon, prend le rôle de capitaine à la place de Lafargue, devenu fou. Les blancs gardent pour eux les rares réserves d'eau potable mais n'hésitent pas à demander aux esclaves de l'aide pour construire un bateau. Les noirs acceptent, n'ayant d'autres solutions.

Alors, quand le bateau de fortune est enfin prêt à prendre la mer, Castellan fait la promesse de venir chercher les noirs plus tard. Mais la Compagnie des Indes n'étant pas de cet avis, les esclaves ne sont sauvés que 15 ans plus tard. Seuls huit ont survécu.

Irène Frain nous offre un roman historique et d'aventure profondément humain qui fait naître des sentiments puissants de fraternité, de colère et d'injustice. Les personnages sont inoubliables, dans le meilleur comme dans le pire. J'ai été touchée par l'acharnement de Castellan et la culpabilité latente de beaucoup de membres de l'équipage revenus à terre.

Le travail de recherche est phénoménal et le vocabulaire marin très précis. L'aspect documentaire ne gâche en rien le romanesque du texte. Au contraire, de se dire que le naufrage a eu lieu rend cette «histoire» encore plus poignante.

Un récit de survie vraiment marquant, un réel coup de coeur pour cette fin d'année. Les mots me manquent, ça m'a coupée le souffle.

Lisez-le !

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Tromelin est une île française qui se situe à 400 km au nord de la Réunion. Rien n'y pousse, les vents et les ouragans rendent l'île inaccessible.
Je ne vous propose pas un cours de géographie mais un roman construit à partir d'un évènement réel : le naufrage en 1761 d'un navire marchand de la compagnie des Indes sur l'île de Tromelin. Outre les 120 marins de l'équipage, le bateau transportait dans ses cales, « achetés frauduleusement », 160 esclaves.
Au bout de quatre mois, les marins parviennent à quitter l'île en promettant aux esclaves de venir les rechercher…ce qu'ils ne feront pas. Les esclaves resteront 15 ans, dans des conditions effroyables. Il ne restait plus que huit femmes et un bébé sur les soixante personnes laissées sur ce bout de caillou.
Ce naufrage a fait l'étude de recherches historiques et archéologiques sous l'égide de l'UNESCO pour l'année internationale de commémoration de la lutte contre l'esclavage et de son abolition. Max Guéroult était à la tête de cette mission et décrit dans la postface, toutes les recherches effectuées et les documents retrouvés (certains dans les familles des descendants des marins du 18ème siècle !). C'est fascinant de voir comment des documents historiques peuvent être retrouvés 250 ans plus tard.
Le roman reprend ce naufrage, au plus proche du fait historique (il a d'ailleurs reçu le prix Palatine du Roman Historique). C'est sa force et sa faiblesse. Je m'explique.
Quand Irène Frain s'appuie sur des documents, par exemple les cartes maritimes du 18ème s, son propos est trop technique, redondant et selon moi superflu (chaque carte est analysée en détail).
Quand l'autrice fait vivre ces naufragés sur cette île inhospitalière ou sur le navire, sa plume fait merveille. L'utilisation d'un vocabulaire précis (ah ! ce vocabulaire maritime avec tous ces termes spécifiques dont je ne vais que rarement chercher le sens dans le dictionnaire …), la description précise des évènements rendent le livre vivant. Je ne l'ai pas lâché, fascinée, dégoûtée et horrifiée par cette histoire…
Pour conclure, je ne mets que 3 étoiles car l'autrice n'arrive pas à s'affranchir de la description laborieuse de certains documents, certainement de peur de ne pas rester dans la reconstitution historique.
Par contre, c'est un livre que je suis contente d'avoir lu. J'ai ainsi découvert ce pan de notre histoire, rarement évoqué mais cependant essentiel à connaitre. de plus, je peux situer l'île de Tromelin maintenant !
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J'ai bien aimé ce livre car je n'avais jamais entendu parler de cette histoire et j'ai donc pu la découvrir. L'aventure vécue par ces naufragés est terrible et j'ai vraiment eu envie de savoir jusqu'au bout ce qu'il était advenu de chacun d'entre eux. Les faits sont bien documentés et on sent tout le travail réalisé pour soumettre un texte de qualité aux lecteurs. Cependant, le récit m'a semblé un peu long et le fait que ce soit assez descriptif m'a un peu ennuyée. C'est vrai que j'ai toujours du mal avec les explications trop détaillées. Ce petit bémol m'a empêchée de rentrer complètement dans l'histoire que j'ai malheureusement plus lue comme une information que comme un roman.

En résumé, je conseille cette lecture car elle permet d'apprendre beaucoup de choses sur ce naufrage et sur les suites de celui-ci. C'est vraiment intéressant mais si vous n'aimez pas trop les détails comme moi, vous risquez de trouver le récit un peu longuet.

Lien : http://lecturesmagiquesetfee..
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