Sorti de rien

Un titre accrocheur ce n'est pas tout mais ça interpelle le lecteur. Je n'ai pas été déçue : le récit est captivant. C'est un retour aux sources, aux coutumes et mode de vie de sa Bretagne natale et surtout un hommage à son père. A partir de documentation trouvée dans la valise de celui-ci après son décès elle essaie de remonter le temps. Elle cherche à comprendre comment son père est devenu celui qu'elle a connu. Elle découvre son caractère de lutteur, de rebelle. Aide-vacher puis maçon, il survit à sa captivité lors de la 2ème guerre mondiale grâce à ses écrits et à son apprentissage de l'allemand. Tout ce parcours de vie lui montre comment les événements ont modifié le caractère de son père. C'est autant le témoignage sur une époque que roman psychologique où toute attitude peut-être expliquée. En même temps une longue enquête lui permettra de découvrir le pourquoi de son prénom. A la fin du livre on sent l'auteur apaisé et si proche de son père. « L'espace de quelques secondes nous avons partagé, lui et moi une confiance proche de l'enfance, absolue, rayonnante. de celles qui font avancer quoi qu'il arrive ». G.B.

Ce livre m'a particulièrement touchée. L'auteure nous fait découvrir la réalité très dure de son enfance. Sans pathos mais le réalisme est saisissant.
Dure réalité de la société française au début du siècle dernier, et ses horribles clivages.
Une belle leçon de vie, de pugnacité et d'amour filial.

Je lis Irène Frain, (livre dédicacé), celui-ci fait partie des bons livres. On y découvre la vie d'un homme d'origine modeste né dans les années 1910, on apprend sur la culture et la société bretonne (les Rouges et les Blancs, et moins connus, les Noirs, les descendants de protestants). Les hommes prisonniers en Allemagne, les femmes seules avec des enfants en bas âge, les retrouvailles difficiles pour ces couples séparés si longtemps. Des énigmes s'expliquent, des secrets se dévoilent. Son histoire, son prénom, son combat. Elle est bien la fille d'un Breton "sorti de rien". Et parce que cet ouvrage est une belle déclaration d'amour d'une femme à son père.
Digne et fière. Belle écriture, émouvant témoignage de la fille d'une France rurale dont les enfants nés après guerre se sont émancipés, grace aussi à des parents qui avaient l'intelligence de la culture.
Lien : https://www.babelio.com/conf..

J'ai lu Irène Frain dans les années 80- 95 ( le Nabab, Modern style, Désirs, Secret de famille,Devi, ... et puis plus rien , jusqu'à ce "Sorti de rien" .
Et ce n'est pas rien, cette histoire de père:" le dixième de dix"", "réglo jusqu'au bout de la langue"..Un très bel écrit qui n'est pas sans echo dans ma propre histoire !
Ce livre est un hommage vibrant au père, mais aussi au courage et à l'intelligence du coeur, qualités qu'il me plaît à croire qu'elles étaient celles de nombreux "gens de la terre" du siècle passé.
J'ai découvert une Irène ( il a aussi toute une histoire ce prénom, liée aux amours de ce père pour lequel la Connaissance était l'objectif principal.)

Irène Frain veut à tout prix démontrer que son père était un être exceptionnel. Certes, sa volonté lui a permis de s'élever mais l'intérêt de ce récit semble minime, le matériau trop juste. Les répétitions y sont nombreuses, même les secrets restent très fades. le seul passage qui émerge est la fraternité dont sont parfois capables les peuples en guerre les uns contre les autres. A part ça, quel ennui !

C'est ma mère qui m'a conseillé cette lecture, car le ‘rien' du titre fait référence aux ‘noirs' qui vivaient dans la forêt de Quenecan, au centre de la Bretagne.
Les 'noirs' étaient des charbonniers, qui vivaient par groupe de 3 ou 4 familles (voir beaucoup plus) au sein de la forêt, dans des ‘loges' ou ‘huttes'.
La présence des charbonniers en forêt était liée à l'activité métallurgique.
La grand-mère d'Irène Frain est de la lignée de ces ‘noirs' qui fournissaient du charbon aux Forges des Salles, situées sur les communes de Sainte-Brigitte (Morbihan) et de Perret (Côte d'Amour) en Centre Bretagne, tout comme une de mes aïeules du côté maternel.

J'espérais, au travers le livre d'Irène Train, en apprendre sur la vie de ces familles bretonnes à la fin du XIXè siècle.
Ce ne fut pas le cas, car l'autrice mentionne en quelques lignes les origines ‘noires' de son père. Ce livre est davantage un hommage à son père, à son courage et à sa volonté de se hisser socialement.
Au travers les portraits de ses parents, Irène Frain dresse dessine également les contours de la Bretagne de la 1ère moitié du 20ème siècle.

Elle relate également quelques souvenirs qui font échos à ceux de ma mère, comme le fait de naître 3ème fille dans une famille qui espère tant un garçon !

« Je me revois, par un après-midi de printemps ou d'été, arrosant dans notre jardin une de ces plantes grasses et rampantes que nous appelions ‘roses vertes'. Ma mère m'observe depuis quelques instants ; elle a le regard fixe et soudain elle m'apostrophe : « Elle n'a besoin de rien, cette plante, arrête de l'arroser. Elle est comme toi, vivace. » Je demande : « C'et quoi, vivace ? » Elle me rétorque immédiatement : « Des plantes comme celle-là où les gens comme toi, qui ne sont pas faciles à mourir."

Enquête touchante d'une fille sur les traces de son père, au fil de photos, lettres, discussions avec des descendants de son employeur, et déductions pour boucher les inévitables trous. On voit le tissu de cette vie se reconstituer, dans la délicatesse et la réparation qui viennent remplacer la honte. Beau travail !

On ne dira jamais assez l'importance de nos racines, Irène Frain, auteure reconnue, s'est ainsi vue interpellée et interrogée sur ses origines jugées de piètre condition, sans s'être jusque là vraiment penchée sur le parcours de son père. Piquée au vif, elle va emmener son lecteur sur les traces de ses ancêtres à la manière d'une enquête policière... aussi foisonnante que riche.

Cette découverte intime, à travers la rencontre de personnes ayant côtoyé son père et la relecture des carnets laissés par son père comme les bribes de confession de ce dernier (quelques souvenirs ou indices semés ici et là), est le véritable récit d'un destin personnel et de l'histoire de la Bretagne au tout début du siècle dernier.

Dixième d'une lignée de dix enfants, ayant perdu très tôt son père et sous la tutelle d'une mère forte et autoritaire dans un Bretagne où le breton est encore la langue courante, entre les tensions entre rouges, blancs (partie de la religion) et noirs (partie des athées, anti cléricaux), le père d'Irène, simple garçon porcher malgré lui, va alors se tracer un parcours dans la rudesse et la fuite d'un monde paysan trop attardé et prisonnier de ses traditions et de ses vieilles règles.

Un parcours d'un jeune homme qui va, très vite, se révolter contre un destin médiocre et tracé par une mère à la personnalité intangible, se lancer dans les rencontres féminines, connaître des échecs, se retrouver prisonnier de guerre en Allemagne, alors qu'il venait juste de se marier et encore tout jeune père. Un couple qui, va apprendre à s'émanciper et pour lequel l'apprentissage et la maîtrise du savoir vont se révéler être leur survie. Un parcours ensuite fait de conquêtes sur soi, sur autrui, sur la famille, les faux semblants et qui va aussi révéler à Irène Frain de terribles vérités alors qu'elle effectue ce retour vers ses racines. Mais jamais plus, on ne pourra ignorer ce que « sorti de rien » signifie en sacrifices, en victoires et en exemples.

Une belle écriture, un destin à la fois simple et brillant, une oeuvre sociologique et aussi un témoignage historique….. bref un coup de coeur.
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Cet ouvrage d'Irène Frain est un récit biographique qui nous plonge dans une enquête familiale. On se retrouve à suivre l'aventure de Jean, ce "sorti de rien" breton du siècle passé grâce à sa fille qui nous livre diverses descriptions du quotidien d'antan dans la campagne bretonne. On y trouve un rêve d'enfant brisé plusieurs fois, des personnages avec de forts caractères, de belles découvertes familiales et un beau témoignage des difficultés éprouvés par les "sortis de rien" qui se retrouvaient éloignés de tout et sans réel moyen de s'extirper de leur condition.

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