Comment, en 168 pages, prendre un tel condensé d'intelligence et de courage?
S'arrimer? Relire le texte une fois, deux fois, trois fois? Multiplier les notes, les post-it et les recherches?
Et se rendre compte au final que ce substrat précieux n'a qu'à se laisser distillé pour infuser notre conscience.
Nietzsche affirmait qu'un homme, à la condition qu'il soit muni d'un but, d'un "pourquoi?", pouvait s'accommoder de n'importe quel "comment".
Viktor Emil Frankl l'illustre avec une puissance inouïe. Son "comment" a été durant 3 longues années le quotidien des camps d'extermination nazis. Son "comment" se déclinait en froid, faim, terreurs, douleurs, humiliations...
Son "pourquoi" lui a été fourni par son métier. Medecin psychiatre à Vienne avant sa déportation, c'est dans l'observation de son sort et de celui de ses codétenus qu'il a bâti ce que l'on appellera plus tard la "troisième école viennoise de psychothérapie", la logothérapie.
Logos comme Raison. Ce fameux pourquoi qui permet à l'homme de transcender le pire et d'être heureux.
Donner un sens à sa vie. N'importe lequel, différend selon chacun, et même et surtout quand il semble qu'il n'y en ait plus aucun...
A l'inverse de la psychanalyse, retrospective et introspective, se tourner vers l'avenir et hors de notre peau.
Dans cette dernière édition, l'auteur livre une postface écrite en 1985, doit 12 ans avant sa mort, y faisant l'amer constat que notre civilisation en veine de consumérisme et de réussites confond désormais Dignité et Utilité. Il déplore que le but soit pour un si grand nombre d'accumuler des biens, des richesses, du pouvoir, permettant de facto une hiérarchisation des individus à l'aune de leur utilité pour la société.
Je ne sais pas vous, amis qui me lisez, mais moi, cela me fait froid dans le dos...
Et l'immense médecin de conclure par cette phrase que je pose sur ma table et celle de tous, humains de la terre, afin de la considérer attentivement en ces temps de folie génocidaires et d'absurdie...
"Depuis Auschwitz, nous savons ce dont l'homme est capable.
Et depuis Hiroshima, nous connaissons l'enjeu.".