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Dans une interview dans le dernier numéro de la revue America, Franzen indique que dans ses premiers écrits (dont celui-ci donc) il privilégiait l'intrigue sur l'histoire – l'histoire d'une famille dont un des membres veut absolument la rassembler pour Noël par exemple. C'est tout ce qui se passe dans « les corrections », et c'est ce qui en fait un grand roman, et de Franzen un grand romancier.
A contrario, l'exercice du développement d'une intrigue, comme dans ce « Phénomènes naturels », exercice efficace mais moins profond, lui réussit moins.

Sacrée intrigue pourtant que ce thriller écolo-sociologico-féministe dans lequel deux jeunes gens, Louis, vilain canard d'une famille sur laquelle tombe une fortune en héritage et Renée, sismologue trentenaire un peu paumée, déterrent et dénoncent un complot industriel à l'origine de tremblements de terre à Boston. Rien que ça !
Au fil des pages de ce gros pavé, la sauce prend, mais je ne suis pas sûre qu'à la longue elle tienne bien au corps. Quelques maladresses et des personnages pas assez creusés font que j'ai eu du mal à plonger aussi profondément dans leur histoire (justement !) comme cela avait été le cas pour Freedom et Les corrections.

Toujours est-il que j'ai suivi avec beaucoup d'intérêt le propos de Franzen, qui fait déjà montre de brillants talents d'entomologiste d'une société américaine fonçant tête baissée dans un matérialisme sans limites (on croise d'ailleurs Donald Trump comme figure triomphante de ce modèle !), d'une part sur la question de l'écologie qui a bien évolué depuis 1992 (date de parution du roman) sous la lavasse du green washing notamment, et d'autre part sur celle du féminisme, dont pour le coup la violence n'a pas pris une ride.

A lire donc si l'on a plaisir à découvrir les premières oeuvres d'un auteur apprécié, en assumant le risque d'être un peu déçu !
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Le mois dernier, je furetais comme souvent dans les rayons de ma médiathèque préférée, l'oeil aux aguets et la truffe au vent, quand soudain v'là-t'y pas que je tombe en arrêt devant un nouveau Franzen ! Un nouveau Franzen ? Et personne ne m'aurait prévenu ?
Ni une ni deux, je fonds sur ma proie. Section "nouveautés", une belle brique épaisse et accrocheuse : évidemment "j'A-chète !" (comme hurlerait l'autre excité de TF1), ou plutôt j'emprunte (c'est bien, vous suivez).
Je regagne mes pénates tout content, j'examine du plus près mon butin du jour et là surprise : si la traduction française date bien de 2018, la publication originale remonte elle à ... 1992 ! Tu parles d'une nouveauté ! Pourquoi diable les éditions de l'Olivier ont-elles attendu si longtemps avant de nous proposer ce titre ? Souffrirait-il de la comparaison avec "Les Corrections", "Freedom" et "Purity" ultérieurs (miam miam) ? Serait-il trop mauvais, indigne de celui qu'on présente aujourd'hui partout comme "l'un des plus grands romanciers de l'Amérique moderne" ?
Pour en avoir le coeur net une seule solution : éplucher le machin.

700 pages plus tard, mon verdict est sans appel : "Phénomènes naturels" est un vrai Franzen (plouf, pavé dans la mare !).
La même vision mi-caustique mi-blasée de la société occidentale, ses dérives et ses excès, son consumérisme maladif, la même écriture riche et "urticante" façon poil à gratter, la même immersion dans l'intimité d'une famille américaine moyenne, la même ironie et le même cynisme dans la description de leurs relations conflictuelles, la même ampleur dans l'intrigue et dans le propos, tous deux teintés de politique et d'écologie (et même des références à Donald Trump, déjà !)
La même en un peu plus "brouillon", peut-être... Une histoire qui tarde un peu à décoller et des personnages légèrement moins fouillés que dans les romans précités, mais heureusement rien de rédhibitoire !
Qu'on se le dire : en 1992, Franzen était déjà Franzen ! Malgré quelques longueurs en début de roman, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les tribulations de la famille Holland, et notamment de Louis (le fils cadet un peu rebelle, aussi instable sur le plan professionnel que sur le plan sentimental) et de sa dulcinée Renée, une jeune sismologue ambitieuse qui a oublié d'être bête.

Quand la mère de Louis hérite d'une petite fortune, l'unité déjà précaire de la famille vole en éclat, et comme si ces secousses domestiques ne suffisaient pas, c'est bientôt toute la région de Boston qui se trouve ébranlée par des tremblements de terre répétés et d'intensités variables. Déchirements familiaux et mouvements tectoniques entrent en résonance, au point qu'on ne sait plus si les "phénomènes naturels" évoqués par sur la couverture se rapportent aux uns ou aux autres. Probablement les deux, mon capitaine.
Les répliques sismiques se multiplient, et il s'avère bien vite que les tremblements de terre pourraient être induits par les pratiques d'enfouissement illégales d'une grande usine pétro-chimique de la région. Scandale industriel et catastrophe écologique (toute ressemblance avec des évènements récents survenus du côté de Rouen serait purement fortuite...) viennent donc étoffer une intrigue déjà dense, qui fait en outre la part belle aux grands tournants sociétaux des années 90 (féminisme et droit à l'avortement, course au profit et dérégulation économique, libertés individuelles...)

Vous l'aurez compris, Franzen s'est éclaté, en parsemant comme toujours son récit de formulations un peu nébuleuses (d'aucuns diront artificielles ou prétentieuses ?) du type "une brise humide imprégnée d'infrastructure déplaçait des faucilles de cheveux sur son front" ou "le silence qui les enveloppait, flatté par leur déférence, se fit saturé et despotique". Comprenne qui pourra ;-)
Il n'empêche qu'à l'épicentre de ce grand bazar, j'ai une nouvelle fois dévoré le "dernier" Franzen avec un appétit gargantuesque. Même si ce roman de jeunesse n'égale pas en qualité les grands succès qui suivront, faites moi confiance il reste d'excellente facture !
Espérons qu'il ne nous faille pas attendre encore 27 ans avant de pouvoir remettre ça !
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Cher Jonathan,
Je t'ai découvert avec "les corrections' que j'ai adoré, pour dépeindre les familles disloquées et les souffrances de ces relations, tu es très fort.
J'ai lu ensuite "purity" idem, vrai coup de coeur, je t'ai trouvé percutant, ton style d'écriture est un vrai bonheur, tu m'as enrichi. Donc tu comprendras que lorsque "phénomènes naturels" est sorti, je me suis dit "ce livre je ne l'emprunte pas à la médiathèque (géniale d'ailleurs merci la ville d'Orléans) tu vas l'acheter direct il te le faut dans ta bibliothèque !'
Il y a des auteurs pour lesquels la question ne se pose pas, il me faut les livres chez moi, pour moi (Paul Auster, Haruki Murakami etc..)
Donc me voilà partie dans ma lecture de "phénomènes naturels" que tu as écrit en 1992 et qui vient seulement d'être traduit en France.
Et là pour moi c'est THE déception.
Je n'arrive pas à entrer dans ton histoire, tes personnages sont à la fois trop simples et trop compliqués. Et ton style d'écriture est "lourd" je suis désolée de te le dire, mais trop de métaphores tue la métaphore, trop d'images sensées être poétiques je suppose rendent ma lecture lente et je ne comprends pas plein de choses ! Je me suis demandée s'il ne fallait pas être américain pour piger les clins d'oeil à toute une culture USA que je ne connais pas, l'humour est très particulier aussi et les relations entre les personnages vraiment bizarres !! Par ex, je ne comprends pas ton personnage principal Louis, notamment dans ses relations avec les femmes. Pour ne rien dévoiler je n'entrerai pas dans les détails mais la scène de son déménagement avec Renée et l'arrivée de Lauren pour moi c'est juste incongru. Les explications de séismes sont simplement chiantes !! Tu as voulu intégrer une sorte d'intrigue dans ton roman pro-ecolo mais ce n'est pas cela qui arrange le récit ! Renée est bizarre, et tes longues considérations sur les femmes, les hommes et l'amour etc.. pffff...
Alors voilà je t'ai laissé de côté, je finirai ce livre par respect pour l'auteur que tu es et que j'aime beaucoup, disons que ce livre là n'est pas pour moi. le dernier Paul Auster était sur ma table basse, me faisait de l'oeil depuis sa sortie et Paul Auster tu sais c'est mon gros point faible, un auteur que j'aime plus que tout, alors oui j'avoue j'ai ouvert "4.3.2.1" et je ne peux plus en sortir ! Promis j'y retournerai dans "phénomènes naturels" mais là le bonheur de lire Paul Auster est énorme..
J'ai encore "Freedom" dans ma bibliothèque que je n'ai pas lu donc tu vois je suis persuadée de reprendre plaisir à te lire !
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Pour moi, c'est le meilleur Franzen ; il devrait être bien mieux noté. Je suis tellement enthousiaste que je vous recommande avec insistance cet auteur découvert en lisant White de Brett Easton Ellis et qui est cité dans les commentaires sur Patte blanche, de Kinga Wyrzykowska. Encore plus prenant que Purity ou encore Les Corrections qui est pourtant le plus lu et le plus connu. Ne ratez pas non plus l'excellent Crossroads qui, comme Phénomènes naturels, comporte une trame faisant intervenir un pasteur, et déborde d'humour, de sensualité, d'ironie et de cruauté.
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Jonathan Franzen propose ici une satire de la société américaine, à travers cette analyse des pratiques économiques, financières, moralisatrices... C'est énorme, un peu lourd à digérer ! On côtoie dans ce "roman" des familles qui s'aiment et se déchirent, des personnages prêts à tout, une société corrompue par l'argent et au milieu de tout ça, Louis Holland, un petit gars parfois sympathique , amoureux de Renée, une sismologue un peu paumée. le style est cru, parfois très dérangeant, quelques scènes d'amour virent à la description abrupte du corps humain, évoquant la dissection.
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Après Freedom, Purity ou encore Les Corrections; les éditions de l'Olivier nous offrent la possibilité de découvrir le premier roman de Jonathan Franzen, un des plus grands écrivains de notre temps.

Il est toujours intéressant de découvrir les premiers pas d'un auteur à présent qu'il possède un succès indéniable, cela permet ainsi de voir le chemin parcouru, de faire à nouveau connaissance, d'en savoir encore plus sur cet auteur qui a déjà marqué sa génération. Si j'ai aimé l'ensemble de ses avec une préférence pour Freedom et Purity, Phénomènes naturels laisse entrapercevoir les thématiques essentielles à l'auteur sans pour autant atteindre la qualité des livres qui le feront connaitre.

En effet tous les premiers romans ne sont pas des chefs d'oeuvre propulsant un auteur sur le devant de la scène, il faut parfois plusieurs coups d'essai et je comprends pourquoi ce livre n'a pas été celui qui a remporté le plus vif succès et pourquoi il n'est publié que des années plus tard en France. Ainsi j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire, j'ai trouvé que l'ensemble manquait de l'originalité, de la profondeur des autres livres de l'auteur.

L'ensemble comporte des longueurs ainsi qu'un manque de souffle. Tous les romans de Franzen sont des pavés mais ils possèdent tous une certaine fluidité passionnante alors qu'ici l'auteur souhaite faire passer de nombreux messages, il y a un "trop plein". Après il est vrai que c'est un livre très intéressant mais il souffre de la comparaison avec les livres qui l'ont suivi.

En définitive, un roman qui permet de faire connaissance avec les débuts de Jonathan Franzen mais qui reste en deçà de ses grands chefs d'oeuvre.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Un délice que ce roman, un presque coup de coeur. Difficile de pénétrer dans l'histoire, c'est vrai, mais une fois qu'on y est... Quelle profondeur, quel style et quel visionnaire que ce Franzen ! On a l'impression qu'il décrit l'Amérique actuelle, qu'il en peint une fresque presque exhaustive - alors qu'il écrit ce livre en 1992. du grand art, vraiment, et un cri du coeur qu'il faut plus que jamais prendre au sérieux (plus d'infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/07/01/lamerique-actuelle-dil-y-a-dix-ans-phenomenes-naturels-jonathan-franzen/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Comme souvent dans ses romans suivants, il y est question d'écologie, des comportements scandaleux des grandes entreprises, des relations compliquées dans la famille, des relations amoureuses, des choix que l'on fait et leurs conséquences…
Et c'est aussi une très belle description de l'Amérique de la fin du XXe siècle.
C'est un roman qui m'a plu, même si peut-être il y avait parfois quelques longueurs que n'avaient pas les romans suivants.
Néanmoins pour tous les amateurs de cet écrivain, il ne faut pas hésiter.
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Bonjour,
Phénomènes naturels est une somme.
Ici, l'écologie et la famille ne font pas bon ménage, ajouter à cela les dollars.
L'auteur n'oublie pas l'Amérique puritaine et moralisatrice et la religion et les anti avortements. Tout est passé en revue et ça fait du bien de lire ce avec quoi on est d'accord.
Les personnages sont très attachants et bien décrits, aussi bien Louis, que Renée, et toute la famille, sinon ce ne serait pas Jonathan Franzen.
Un très grand livre à lire, même s'il y a des passages un peu long.

Et, le thème des tremblements de terre est dans l'actualité, puisque entre septembre et début décembre (2020), il y a eu des (petits) tremblements de terre liés à l'activité humaine au nord de Strasbourg.


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Je connaissais Les corrections, que j'avais adoré.
Dans ce livre qui date de 1992 (il faut se remettre dans le contexte, à la fin des années Reagan), j'ai bien retrouvé le style particulier de Jonathan Franzen, à la fois caustique et poétique. Les descriptions font des associations d'images et de sensations toujours improbables, inattendues, c'est ce que je trouve si riche et poétique chez Franzen. Les personnages sont bien paumés, ça aussi c'est un point commun aux deux livres. Ce sont des représentants de ce que peut être "toute une vie bien ratée" (avec tout de même un happy end), ils se prennent beaucoup la tête, ils sont toujours dans le doute sur l'attitude à adopter, et font généralement les mauvais choix, ils se démarquent complètement du modèle idéal de l'américain moyen qui fonde une famille et consomme bien.
Le seul bémol, c'est qu'il y a quelques longueurs, des moments d'essoufflement où je n'en voyais pas le bout, il faut parfois s'accrocher.
Mais globalement, on peut dire que Jonathan Franzen n'y va pas avec le dos de la cuillère pour critiquer les "bons américains". C'est cinglant, ça dépote.
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