AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,9

sur 218 notes
5
14 avis
4
26 avis
3
7 avis
2
0 avis
1
0 avis
Émilie Fréche, signe un roman remarquable, émouvant, déchirant, voir perturbant, A travers un fait divers réel, celui d'un couple d'octogénaires , qui se sont donnés la mort , dans un un grand hôtel parisien , le Lutetia, Un suicide préparé depuis un certain moment, rien n'a été laissé au hasard une chambre nickel, un appel au garçon d'étage qui leur apporte le petit déjeuner ,et découvre leurs corps allongés sans vie .L'auteure va tisser son histoire, à travers ce drame, Ezra et Maud ,laisse une lettre adressée à leur fille unique, Éléonore expliquant leurs gestes. Un couple qui voulait mourir dignement et ne voulant pas devenir source de soucis , de dépendance, , ils n'auraient pas pu envisager une vie l'un sans l'autre Une mort , qu' Éléonore a du mal à comprendre, un geste qui lui semble égoïste, mais après plus de 60 de vie commune, ils ont fait leurs choix. Eléonore, nous raconte l'histoire de ses parents et son vécue avec eux. Ses parents vivaient une vie de "dépravé" sans aucune limite ,un monde de richesse, une mère trompée, une enfant mise à l'écart, une enfance qui a bouleversé, traumatisé, Éléonore, elle qui voulait recevoir l'amour de ses parents. Entre égoïsme et trahissons voilà le triste sort qu'ils lui laissent.
Elle a du mal à faire son deuil, elle souffre , une colère c'est emparé de son corps. Éléonore est divorcé, un enfant Simon, son ex mari sera toujours présent pour l'aider à avancer , faire son deuil. Son fils décide d'ouvrir un compte Instagram , dédié à ses grand parents. Simon et Éléonore s'embrouillent, Éléonore a du mal à accepter cette démarche. Ils se brouillent et ne se parlent plus pendant un certain moment. Simon ne comprend pas la réaction de sa mère face à l'héritage , une incompréhension , une aberration , pourquoi ne veut -elle pas signer les papiers notariés .Arriveront ils à se réconcilier, trouver les réponses que se posent Simon, trouver un terrain d'entente pour panser leurs maux. Ezra et Maud mort main dans la main, unit pour l'éternité .Une histoire qui nous met dans le questionnement du début jusqu'au final, sur le droit de mourir dignement.
Une plume sensible subtile, toute en finesse, entraînant une lecture dérangeante et déstabilisante.
Une belle découverte.

Commenter  J’apprécie          1154
En 2013, plus effrayé par la dépendance et la séparation que par la mort, un couple d'octogénaires mettait fin à ses jours dans une chambre d'un palace parisien, le Lutetia. Bouleversée par ce fait divers qui relançait la question du droit à une mort digne et choisie, Emilie Frèche s'est projetée dans leur histoire en leur imaginant une fille unique qui, le monde saluant un acte d'amour absolu, doit pour sa part faire face à un double abandon.


Ce matin de septembre 2018, lorsqu'un commissaire de police lui apprend au téléphone la découverte de ses parents suicidés dans leur chambre d'hôtel, une lettre seule expliquant leur geste, Eléonore est foudroyée. Ils venaient de passer en famille plusieurs jours heureux et détendus, et rien n'avait jamais percé de leur projet, pourtant soigneusement orchestré jusqu'aux moindres détails de leurs obsèques et de leur succession. Pour cette architecte divorcée et mère d'un grand fils, qui, enfant non désirée, s'était toujours sentie une intruse dans le couple que formaient ses parents, tout entiers happés par le tourbillon professionnel et mondain où s'ancrait leur éclatante réussite de publicitaires influents, cette disparition volontaire et organisée dans le plus grand secret, la mise en scène spectaculaire de leurs funérailles et les dispositions prises pour contrôler par-delà la mort la destinée de leur chère maison des Bulles, un chef d'oeuvre d'architecture organique imaginé par le célèbre Jacques Couëlle, mettent la dernière main à un égoïsme monstrueux, la laissant anéantie, à la fois meurtrie et pleine d'incompréhension.


Comment faire son deuil, quand, plus que tout, l'on en veut à ses parents de ce qu'ils ne furent jamais pour soi et de ce que leur ultime abandon renvoie encore de mise à distance et d'exclusion, cette fois définitives ? le cheminement d'Eléonore devra passer par une longue et douloureuse introspection. Son questionnement l'amène à réfléchir sur les schémas, conscients ou non, qui ont construit la relation et le mode de vie de ses parents. Tandis qu'en filigrane de leur frénétique soif de vivre épousant l'euphorie des Trente Glorieuses, transparaît la chaîne de transmission familiale des failles et des traumatismes hérités des camps de la mort pendant la guerre, leur fille apprend à les comprendre avant de se comprendre elle-même. Pour éclairer le rapport à la mort, il faut d'abord se poser la question du rapport à la vie. Et, poussée dans ses retranchements par son propre fils par le biais providentiel de conversations anonymes sur Instagram, la voilà qui peu à peu se retrouve à envisager la fin de vie selon différents points de vue, recentrant le débat sur ce qui, pour reprendre les mots de Simone de Beauvoir, ne devrait être que la seule question véritable : « Que devrait être une société pour que, dans sa vieillesse, un homme demeure un homme ? »


Tout en justesse et en délicatesse, ce livre aussi lumineux qu'émouvant, qui réussit si bien à ancrer son souffle romanesque dans la réalité que l'on a du mal à se défaire de l'illusion d'une véritable autobiographie, est une formidable peinture du sentiment d'abandon, de la difficulté des relations aux parents et, dans un monde qui ne laisse guère de place à la fragilité, de notre incapacité à accompagner le vieillissement de nos proches. Très grand coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          966
Un fait divers a défrayé la chronique en 2013 lorsqu'un couple d'octogénaires s'est donné la mort à l'hôtel Lutetia, le célèbre palace parisien.
Émilie Frèche s'en est inspirée, leur pacte suicidaire et la revendication du droit à choisir l'instant de sa mort ont été le point de départ de son roman, Les amants du Lutetia.
Même si Émilie Frèche a inséré quelques éléments et personnalités réels, les personnages de son livre, Ezra et Maud Kerr, ces riches publicitaires sont eux, des êtres de fiction.
C'est leur fille unique Éléonore qui en est la narratrice et que l'on trouve effondrée, avec la sensation d'être invalide, au début du récit. Venant d'apprendre que ses parents ont été découverts allongés, main dans la main, sans vie, par un garçon d'étage de l'hôtel Lutetia, le chagrin le dispute à l'incompréhension dans son esprit.
Cette architecte divorcée, dont l'ex reste un véritable ami, mère d'un garçon Simon de vingt-trois ans ne comprend pas. En compagnie de son fils, ils venaient de passer le week-end avec eux qui allaient avoir quatre-vingt-six et quatre-vingt-huit ans, dans leur sublime domaine des Bulles à Ramatuelle, et rien ne laissait présager ce geste.
Izra et Maud, dont les parents juifs étaient tous morts pendant la guerre, ont formé un couple fusionnel dès leur rencontre, et sont devenus un couple vedette de la publicité française par leurs idées avant-gardistes, en créant leur propre agence M.E.K (leurs initiales), en vendant des rêves ... Ils sont les incarnations vibrantes des dernières décennies euphoriques du XXe siècle.
Cette planification de la mort, spectaculaire et de leurs funérailles pour le moins extravagantes, à l'image de leur vie laisse à Éléonore un sentiment de trahison et de rancoeur.
En remontant dans ses souvenirs, elle évoque une enfance où elle s'est la plupart du temps sentie de trop, où elle n'avait pas sa place dans ce couple fusionnel.
Le legs compliqué de leur maison des Bulles, conçue pour le roman, par Jacques Couëlle, sera peut-être pour Éléonore, une manière d'avancer vers une plus grande compréhension de leur acte.
Dans Les amants du Lutetia, l'auteure nous emmène dans cette époque des années 1970 à 1980, ces folles années où tout paraissait possible et où ceux qui avaient réussi se laissaient emporter dans un tourbillon de folie, d'où ce sentiment d'avoir peu compté et ce sentiment d'abandon avec des parents absents, que ressent Éléonore. Une possible explication aussi pour cette mort programmée avec tout le faste comme un dernier tour d'honneur, leur dernier coup de pub, avant que la maladie et la déchéance physique ne surviennent, avant qu'ils ne soient mis en fragilité.
Pouvoir planifier sa fin de vie, pour le droit de mourir dans la dignité, en absorbant un produit létal préalablement délivré, un des thèmes du roman, est un sujet de société bien actuel et qui fait débat. Entre euthanasie, suicide assisté, sédation, la fin de vie apparaît comme une prochaine liberté à conquérir.
Les relations familiales et leurs difficultés sont largement abordées par l'écrivaine. Que ce soit la relation entre la narratrice et ses parents ou encore avec son fils Simon.
Une suggestion de la psychologue à Éléonore m'a paru particulièrement intéressante : « Si vivre dans la rupture vous coûte trop, alors je vous conseille d'écrire. »
J'ai trouvé original et bien contemporain le rôle que vont jouer les réseaux sociaux, en l'occurrence ce compte Instagram ouvert par Simon, un mois après le suicide de ses grands-parents, pour leur rendre hommage, montrer qui ils étaient et le rôle majeur qu'ils ont joué dans l'histoire de la publicité, et aussi pour défendre leur dernier geste. Il n'hésitera pas d'ailleurs à lancer une pétition sur change.org réclamant « l'inscription du droit de mourir dans la dignité au rang de nos droits fondamentaux. »
Le coeur de ce roman est ce couple fusionnel qui a vécu un amour où la dépendance était réciproque, reconnue et assumée par les deux partenaires.
S'il se lit facilement et aborde des sujets intéressants, j'ai été cependant vite saturée par cette débauche de richesses, ces fêtes fastueuses (allusion est faite aux paradis fiscaux) et déçue par un style trop impersonnel pour laisser la place à l'émotion.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          861
Pour construire son roman Emilie Frèche est partie d'un fait divers, en 2013, où un couple d'octogénaires, des intellectuels parisiens, s'était suicidé dans une chambre d'un palace parisien, le Lutetia. Ils avaient laissé des écrits expliquant qu'ils préféraient quitter la vie ensemble après soixante ans de vie commune. Emilie Frèche est partie de cet acte fondateur, mais a entièrement inventé les personnages, conçu une histoire et a ainsi raconté l'histoire d'un couple qui a une fille unique qui sera la narratrice tout au long du roman.
Le 1er septembre 2018, jour de la rentrée scolaire, tout bascule pour Eléonore qui apprend que ses parents ont été trouvés sans vie, main dans la main, endormis pour l'éternité dans une chambre de l'hôtel Lutetia. Ses parents étaient en bonne santé, ont toujours aimé la vie, mais n'ont pas supporté le grand âge et ne voulaient pas devenir un fardeau, c'est pourquoi ils ont décidé de partir. Leur grande peur : la séparation et la dépendance. Ils ont tout organisé depuis plusieurs mois, sans rien dire à leur fille, c'est ce qui nourrit sa colère, pour eux l'histoire est terminée, pour le lecteur elle commence.

Emilie Frèche propose deux récits : une grande histoire d'amour de deux êtres qui ont cheminé ensemble toute leur vie, mais surtout les conséquences de leur acte pour leur fille unique, Eléonore, qui vit cet acte comme un abandon, la destruction de sa famille, de ses racines. Leur geste définitif va ainsi bouleverser la vie de leur fille et celle de leur petit-fils, Simon. Les ressentis d'Eléonore et de son fils sont diamétralement opposés. Elle en veut à ses parents car ils ne se sont jamais vraiment occupés d'elle. C'est elle qui va souffrir le plus du geste de ses parents. Elle se sent trahie, abandonnée, face au geste très égoïste de ses parents et va devoir accepter leur décision et se reconstruire face à ce double deuil. le fils d'Eléonore comprend mieux ses grands-parents. Il y a chez Simon une curiosité envers ceux-ci dont Eléonore est privée à cause de sa colère.

Dans "Les amants du Lutetia", Émilie Frèche aborde le sentiment d'abandon, et les rapports compliqués avec les parents. Est-ce que la mort nous appartient ? Que se passe-t-il pour les personnes qui restent ? Mais le véritable enjeu de ce roman est de nous questionner sur la place de la vulnérabilité dans notre société et sur le bien-fondé de leur geste et de leur désir d'une loi qui permettrait une fin de vie choisie.
Commenter  J’apprécie          723
AMOUR A MORT

Emilie Frèche nous a sorti pour cette rentrée littéraire un petit roman d'amours fanées qui se transforme par moment en plaidoyer pour le suicide assisté.
Maud et Ezra one revêtus leurs plus beaux habits un petit matin dans une chambre de l'hôtel Lutetia. Ils se sont dits au revoir à jamais et en ont fini avec cette vie.
Leur vie n'était pas moche... même si ça avait très mal démarré. Orphelins tous les deux suite à la déportation de leur famille à Auschwitz, ils ont pris leur revanche sur la vie. Ils ont travaillé, sont devenus des pointures dans leur domaine. Riches, célèbres, un peu fêtards et jet-setteurs. Ils avaient fait de leur vie une grande fête au quotidien.... mais à plus de 80 ans, il y a moins de fête, les corps ne suivent plus, la vie prends un cours plus lent.
Leur double suicide laissera leur fille pleine d'interrogation, et elle partira à la recherche de ses parents qu'elle ne connaissait finalement pas.

Il s'agit ici d'une oeuvre totalement de fiction, même si un double suicide a bien eu lieu à l'hôtel Lutetia, et même si les pactes suicidaires entre personnes âgées existent. D'ailleurs ça se sent très vite...

J'ai été très perturbées dès le départ par le parlé de la narratrice. Celle-ci est censée être la fille du couple décédé. Elle les appelle Ezra et Maud ! Je n'arriverais pas à écrire sur mes parents en disant Raymond et Bernadette. C'est trop détaché... surtout après un décès.
Ensuite la vie qu'elle leur a inventée est un tantinet trop "conte de fée" à mes yeux. Quand on vient de tout en bas, on rame un max pour monter un peu. Puis le "je signe, je signe pas"... pfff (c'est limite Kinsella par moment).

Reste le plaidoyer pour le suicide assisté et là on en arrive à un sujet de société intéressant : "le droit de mourir dignement".
Non pas le droit de mourir dans la dignité pour les personnes souffrantes, en stade terminal. Ici on parle bien du droit de se faire aider pour partir quand on n'a que l'envie de quitter cette vie... partir pour les souffrances de l'âme.
Le droit de dire Ciao sans devoir passer par des moyens barbares pour se tirer.

Ca se lit vite et c'est quand même assez prenant, même si j'émets pas mal de "mais".






Commenter  J’apprécie          440
Il y a parfois des coïncidences littéraires qu'on ne maîtrise pas.
Après avoir chroniqué « Misericordia » de Lidia Jorge, je vies de terminer la lecture des « amants du Lutetia » d'Emilie Frèche, qui n'est pas sens lien avec le roman de la grande autrice portugaise.

Eléonore est une femme d'une quarantaine d'années qui vit à Paris.
Lorsque le roman début, Eléonore vient de recevoir un appel. Elle n'est rentrée que la veille au soir, après trois semaines d'absence elle est heureuse de rentrer chez elle. Elle vient de passer un week-end avec ses parents, Maud et Ezra, à Ramatuelle avec son fils Simon, juste une semaine avant que celui-ci s'envole pour la Chine où il a décroché un stage dans une grande agence de publicité.

Mais tout va basculer.

Un homme l'appelle et lui apprend qu'Ezra et Maud sont morts, leurs deux corps viennent d'être retrouvés dans une chambre de l'Hôtel Lutetia où ils se sont suicidés ensemble.

Qu'est-ce qui a poussé ses deux êtres qui certes prenaient de l'âge, mais n'étaient ni malades, ni pauvres, ni malheureux, et n'ayant parlé de rien à leur fille quelques jours plus tôt, à se donner mutuellement la mort ?

Une lettre qui lui est destinée lève un coin de voile sur cet acte hors du commun :
« Chère Eléonore, cher Simon,
Pour nous l'histoire était terminée.
Mais nos soyez pas tristes.
Nous avons eu une vie magnifique.
Nous avons eu beaucoup de chance, et profité au maximum de tout ce qui nous aura été offert.
Nous allions avois quatre-vingt-six et quatre-vingt-huit ans, que pouvions-nous nous souhaiter de mieux que de partir ensemble, et encore vaillants ? »

Commence alors pour Eléonore une quête, une enquête, une recherche, pour comprendre ce suicide commun. Domine chez elle la colère.

Car ses parents avaient tout pour être heureux. Ayant fondé une agence de communication peu après s'être rencontrés, ils étaient ce qu'on pourrait appeler un couple fusionnel, connaissant la gloire et la richesse dans les années 80. Une sorte de Jacques Ségala qui aurait fondé son agence avec sa femme. L'agence (qui reprend les initiales de Maud et Ezra), la plus grosse agence de publicité française après Havas et Publicis.

Ils sont riches, immensément.
Ils sont célèbres.
Ils font tout ensemble, diriger leur agence, voyager, construire une superbe propriété à Ramatuelle (les bulles) et même fumer la même cigarette, manger dans la même assiette au restaurant …
Ils n'avaient pas besoin d'avoir un enfant. Mais quand Maud a été enceinte pour la troisième fois, elle n'a pas fait le choix d'avorter. Et Eléonore est née.

Mais est-ce vraiment de l'amour ? Ou une alliance stratégique professionnelle ?
Et leur fille, l'ont-ils aimée ? N'ont-ils pas été assez égoïstes pour décider de mourir ensemble, sans penser à ceux qui restent ?

Eléonore ne s'en sort pas. Seul Vincent, le père de Simon dont elle est séparée, comprend sa souffrance et tente de l'aider. Ce n'est pas qu'elle ne devienne pas riche à son tour, puisque ses parents lui lèguent la propriété de Ramatuelle, par un savant montage fiscal passant par le Luxembourg, qui l'exonère de tous frais de succession.

Mais ce n'est pas du tout ce que veut Eléonore. Trahie, elle cherche des parents disparus, et se demande ce qu'elle a représenté pour eux, avec un profond sentiment d'abandon. Et comment vivre sans eux. Car Maud et Kerr avaient aussi une grande faille dans leur enfance, et le fait de se suicider au Lutetia n'est pas sans symbole …

Son fils Simon, lui, n'a pas tant d'interrogations. Il crée même un compte Instagram intitulé » les amants du Lutetia » qui va très vite rencontrer un très large public. Lui reconnaît tout à fait à ses grands-parents le droit d'avoir organisé leur suicide, citent d'autres cas similaires, et rameute les associations du droit à mourir dans la dignité sur son compte qui fait le buzz.

Eléonore et Simon sont fâchés. Elle ne veut pas d'un héritage qui pue l'argent sale et lui ne comprend pas ses réticences. Depuis la Chine où il va connaître un étrange succès avec son compte, c'est la rupture avec sa mère.
La fin du roman mettra un peu de baume sur la blessure d'Eléonore, qui va finir par digérer l'évènement du suicide pour tracer – enfin – son chemin à elle.

Curieux écho, donc, à « Misericordia » avec ce récit comme en miroir inversé d'une vie de grand âge qu'un couple refuse de vivre.
Je ne sais que penser de ces deux options – vivre en EPAHD dans un univers qui nous semble étroit mais qui mérite véritablement d'être vécu, version portugaise – ou bien se supprimer pour ne pas connaître la déchéance des corps.

Je reste perplexe, interrogative devant la période qui s'enclenche, lorsque les parents entrent dans la dernière partie de leur vie et qu'on redoute ce temps à venir.

Mais je salue la performance d'Emilie Frèche parce que « Les amants de Lutetia » est un récit très prenant et qui interroge encore une fois le mystère insondable du couple, sur lequel la littérature n'a pas fini d'écrire …
Commenter  J’apprécie          4111
Ode à la beauté de la vie avant même d'être une ode à l'amour. Et en face un deuil qui s'annonce impossible.

Dès les premières phrases on glisse sur l'écriture d'Emilie Frèche que je découvre. Dès la première mise en scène on se sent un peu comme sur un nuage de perfection de vie possible. Les faits sont certes moches et dramatiques, mais d'entrée on perçoit qu'on va évoluer vers un monde que ce couple a su rendre plaisant et beau. En tout cas, une vie pétillante pour eux.

Eléonore, la fille du couple très âgé formé par Maud et Ezra Kerr, suicidé le 1er septembre 2018 au 5ème étage de l'Hôtel Lutetia, est à la fois la narratrice et celle qui subit cet amour depuis qu'elle est toute petite. On comprend très vite que cela devient obsessionnel pour elle de connaitre la raison de ce double suicide, et plus est dans un lieu si luxueux. Obsessionnel mais pas larmoyant.
A noter également le contexte historique du lieu du suicide ; à la fois en lien avec le nazisme mais aussi de celui des déportés.

Eléonore, architecte, divorcée, mère d'un fils de 20 ans, a besoin d'aller jusqu'aux profondeurs de la vie amoureuse de ses parents, quitte à toucher le fond elle-même. C'est d'autant plus viscérale que son enfance déjà n'a pas été très heureuse et qu'elle a toujours eu ce sale sentiment de rester au bord de quelque chose. Elle décide que cette fois elle ne restera plus au bord de l'amour fusionnel et inaltérable de ses parents. de plus elle a besoin de comprendre pourquoi sa perception des faits vécus n'était pas aussi belle, pas aussi rocambolesque que ce qui s'affichait de la vie de ce couple de publicitaires connus. Elle flotte entre douleur et colère.
La faille pour être incluse dans cette sphère parentale, ce triptyque si recherché dans le monde des psychologues, elle ne l'a jamais trouvé de leur vivant. La trouvera-t-elle, ne serait-ce qu'indirectement et de manière posthume? Pourra-t-elle leur pardonner ? C'est tout l'enjeu de ce roman.

Une forme de suspense s'installe en accompagnant cette jeune femme tout le long de ce qu'elle découvre d'eux ; à commencer par des funérailles fantasques et déraisonnables, un legs compliqué de leur étonnante maison des Bulles et quelques autres extravagances. A tout moment on se dit qu'Eléonore peut exploser en vol tant le pénible passé remonte, voire se démultiplie.

L'autre grand thème abordé par Emile Frèche est celui du choix de fin de vie. Elle observe et présente celui-ci sur fond d'échanges sur les réseaux sociaux.

Les descriptions, qu'il s'agisse des émotions comme des lieux, des objets ou des faits, sont celles d'une autrice remarquable.
Ce livre plein de subtilités, sera mémorable pour moi car il n'a cessé de me rappeler à quel point la vie peut être belle si on le désire. Mais, sommes nous tous capables de laisser des cadavres sur notre route du plaisir comme l'a fait ce couple ?
Commenter  J’apprécie          302
Eléonore se sent dévastée quand elle apprend que ses parents octogénaires se sont suicidés à l'hotel Lutetia. Elle ne comprend pas leur geste, elle a l'impression d'avoir été mise à l'écart de leur vie, comme dans son enfance, et même après. Et elle se sent seule, personne autour d'elle n'arrive à comprendre son refus de faire le deuil.
Emilie Frèche décrit bien la solitude d'Eléanore face au geste de ses parents. Celle-ci repense à son enfance qu'elle a mal vécue, de sa vision qu'elle avait de ses parents. J'ai aimé ce cheminement vers un pardon et une acceptation du présent. L'auteure parle d'un sujet délicat : le droit au suicide en fin de vie, elle s'est inspirée d'un fait divers récent qui lui-même remonte aux couples mythiques et met en lumière une grande histoire d'amour même si Eléanore se rappelle surtout des éléments contraires. Un point m'a dérangé dans la construction du roman : j'aurais aimé avoir d'autres points de vue, celles de son ex-mari, de son fils. On n'a qu'un aperçu par les discussions entre eux ou des échanges sur les réseaux sociaux. Mais l'idée de centrer le récit sur la fille adulte des amants de Lutetia est tout de même judicieuse.
Un roman qui donne à réfléchir sur la vie, le droit à la mort mais aussi sur les rancoeurs passés qu'on a du mal à pardonner.
Commenter  J’apprécie          250
Eléonore reçoit un appel. Ses parents Ezrea et Maud se sont donnés la mort dans la chambre de l'hôtel Lutetia.
Eléonore fille unique ne comprend pas leur geste. Même si ses parents ont toujours fait preuve d' égoÏsme , elle ne peut faire son deuil.
Son fils Simon lui comprend, ils ont fait le choix de partir avant de perdre la vitalité et la mémoire.
Eléonore n'a jamais su où était sa place et leur départ creuse creuse encore plus ses questions;
Gros coup de coeur pour ce livre à la fois pour les personnages et le sujet traité du choix de notre mort.
Commenter  J’apprécie          162
Un roman qui a épinglé ma curiosité suite à ma lecture de la très belle critique de @aa67.

J'ai longtemps hésité avant de me lancer à sa découverte car les thématiques convoquées nous font clairement entrevoir que cette lecture sera raclante et ameutera certainement quelque chose de profondément intime en chacun de nous.

Émilie Frèche aborde avec beaucoup de subtilités les questions épineuses liées à la liberté et la dignité au crépuscule de la vie. Elle donne voix à chacun sans partie pris, sans jugement, et c'est justement à cela que s'agraphe l'élégance de sa plume.

L'art est omniprésent dans ce roman, amenant à penser la vie sous l'angle de la « créativité » et à interroger les libertés que l'on peut s'octroyer (ou non…) dans l'architecture de nos choix.

Je salue tous ceux qui sont parvenus à poser des mots sur ce roman car j'en suis incapable, incapable de « fixer » un ressenti tant mes émotions ont été éparpillées aux quatre vents et ont subi l'assaut de moult questionnements.

À qui appartient l'heure ultime et absolue ? À ceux qui partent ou à ceux qui restent?

Un roman incontestablement précieux et remarquable.
Commenter  J’apprécie          122





Lecteurs (529) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}