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3,96

sur 185 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Que dit-on après avoir lu un témoignage semblable ? Voilà la question que je me pose.
Une critique sur le fond ou la forme ?
Non ! Par respect pour ce que l'auteur et tant d'autres personnes ont vécu.
Françoise Frenkenl commence son livre après sa fuite en Suisse. Ce qu'elle raconte avec beaucoup de pudeur, tous les réfugiés l'ont vécu et le vivent toujours : la peur, la pauvreté, les déchirements familiaux...
Pourtant, contrairement à Patrick Modiano, ma curiosité l'emporte et j'aurais voulu savoir comment elle a vécu les années après la guerre, si elle a retrouvé des traces de sa famille, comment elle a fait pour maintenir tous ses contacts prêts à l'aider à fuir en Suisse, comment elle avait suffisamment d'argent pour vivre aussi longtemps à l'hôtel alors qu'elle était spoliée de ses biens, ...? Et surtout, pourquoi parle-t-elle de sa famille qui lui manque mais jamais de son époux ?
Néanmoins, un livre très instructif qui permet de découvrir la résistance installée dans le sud de la France.
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Encore un vrai bon moment de lecture. Merci à Fanfanouche pour sa critique qui m'a donné envie de le lire.
Même si j'ai déjà lu plusieurs livres sur la deuxième guerre mondiale, je suis toujours très intéressée par ce thème. Et une fois de plus, la manière de la traiter complète mes connaissances et me permet d'accéder à une vision encore plus globale.
A travers ce livre, j'ai appris qu'une librairie française avait été créée en 1921 à Berlin. J'ai admiré le courage de Françoise Frenkel car elle n'a pas reçu beaucoup de soutien à l'époque et cela n'a en rien entamé son enthousiasme. Son amour des livres et de la littérature française transparaît au fil des pages et cela m'a bien plu. le déclenchement de la guerre l'oblige à abandonner sa libraire, ses livres et ses clients pour se réfugier en France. Au fil des pages et au gré de ses "cachettes", elle nous invite à suivre à la fois ses déboires et ses ressources, les Marius notamment qui la protégeront jusqu'à ce qu'elle puisse enfin trouver refuge en Suisse.
J'ai beaucoup aimé la manière dont elle nous raconte la vie quotidienne des Français sous l'occupation. Certains sont pro-Vichy, d'autres révoltés par la tournure que prennent les évènements sur lesquels elle porte un regard que j'ai trouvé très lucide. J'aurais vraiment aimé lire ce livre au moment où j'étudiais la deuxième guerre mondiale au lycée.
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Je viens de faire une rencontre inoubliable dont j'ai encore du mal à parler parce que le livre s'est refermé et je sais que je n'entendrai plus sa voix…
Elle s'appelle Françoise Frenkel.
Son livre, publié en Suisse en 1945, a été retrouvé par hasard dans un entrepôt Emmaüs de Nice. Quelques lecteurs ont compris qu'ils avaient en main un témoignage essentiel, la voix d'une femme qui a réussi à échapper à un destin tragique pendant l'Occupation. Il est enfin réédité chez Gallimard dans la collection « L'Arbalète ».
Née à Piotrkow en Pologne en 1889, elle part à Paris pour suivre des études de lettres à la Sorbonne. Elle aime marcher le long des quais et dénicher, chez les bouquinistes, un livre ancien. En 1919, elle fait un stage chez un libraire, rue Gay-Lussac, où elle apprend à connaître « les clients du livre ». Sa vocation est née : elle sera libraire. Il reste à trouver le lieu. En Pologne ? Les librairies françaises y sont nombreuses…
Lors d'un séjour à Berlin, alors qu'elle flâne dans les rues, elle prend conscience qu'il n'y a pas de livres français dans cette grande capitale universitaire. Encouragée par des proches, elle se lance dans l'aventure et en 1921, elle fonde la première librairie française de Berlin : « La Maison du livre ». Professeurs, étudiants, ambassadeurs, poètes, auteurs et amoureux des livres en tous genres affluent dans ce lieu unique, recherchant, je l'imagine, quelque ouvrage convoité mais certainement aussi la présence de Françoise.
La librairie devient vite un lieu d'échanges intellectuels : on y rencontre Colette, Gide, Maurois, on y suit des conférences, on y écoute de la musique et l'on y voit des pièces de théâtre. Elle devient lieu de vie, comme l'avait rêvé Françoise. Lieu de liberté.
Mais à partir de 1935, tout se complique : des volumes sont emportés par la police, il faut cacher les journaux. Les convocations et les contrôles se multiplient. Françoise est juive. Sa librairie manque d'être brûlée. Il faut partir et tout abandonner.
Je ne peux évoquer qu'avec une immense émotion les pages où Françoise décrit avec une très grande retenue son départ de la librairie, son adieu à ses livres qu'elle ne reverra jamais. Elle a veillé toute la nuit et au matin, elle entend « une mélodie infiniment délicate » : « C'était la voix des poètes, leur consolation fraternelle à sa grande détresse. Ils avaient entendu l'appel de leur amie et faisaient leurs adieux à la pauvre libraire dépossédée de son royaume. »
Elle n'a pas le choix : on est en 1939.
Puis, c'est la fuite : Paris, Avignon, Vichy, Nice. Plus les mois passent, plus les tensions sont vives. L'étau se resserre, les rafles se multiplient. Magnifique passage où la narratrice est face à la mer. Impossible d'aller plus loin…
On doit ruser pour tout : se loger, se nourrir, essayer de fuir… Les soucis quotidiens se multiplient : il faut faire la queue à la préfecture pendant des heures pour un visa, un permis de séjour, un sauf-conduit. Françoise veut rejoindre la Suisse où des amis l'attendent. Si elle se fait arrêter, elle le sait, c'est la déportation et la mort.
Or, malgré ce cauchemar quotidien, la souffrance et la peur, Françoise évoque ces gens généreux qui l'ont accueillie au péril de leur vie, qui ont su trouver les mots pour la soulager, une pièce pour la loger, un lieu sûr où la cacher. Je pense à cette jeune fille qui, honteuse du comportement de sa mère, tient à serrer Françoise dans ses bras avant qu'elle ne reparte, à Monsieur Marius et sa femme, coiffeurs, qui ont toujours été là pour elle, au soldat italien qui l'attrape à la frontière et la reconduit au car sans la dénoncer : « L'on pourrait écrire un volume sur le courage, la générosité et l'intrépidité de ces familles qui, au péril de leur vie, apportaient leur aide aux fugitifs dans tous les départements et même en France occupée. » Car, ce qui émane de ce livre, c'est cette voix qui dit son amour pour la France, pour ceux qui ont eu le courage et la générosité d'accomplir ce que leur conscience leur dictait et ils ont été nombreux.
C'est un texte sobre, d'une justesse de ton et d'une retenue admirables. Pas de cri, pas de haine. de la gratitude et de l'amour pour ceux qui lui ont donné de quoi poser sa tête. Et pour les autres, à peine une remarque ironique. le livre d'une femme qui aime la vie et qui croit en l'homme.
Sa voix manquait à l'Histoire. On ne l'oubliera pas.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Indispensable document, récemment réédité, retraçant l'itinéraire d'une jeune libraire berlinoise contrainte de fuir l'Allemagne hitlérienne en raison de ses origines juives. Un de plus sur un thème largement exploité ? Celui-ci, en tout cas, est d'un style sec, dégraissé, sans aigreur ni pathos, d'une grande dignité, comme seuls peuvent en composer les âmes nobles. Une découverte. A lire absolument. Préface sensible et très modianesque de... Patrick Modiano. Belle collection, en passant, de Gallimard.
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Voici un témoignage saisissant, plein d'humanité. Une fois le livre ouvert, je ne l'ai plus refermé pour le dévorer.
Ce récit, paru à Genève en 1945, a refait surface bien des années plus tard chez Emmaus, à Nice, où l'auteure est décédée en 1975.
La préface de Modiano, qui nous éclaire sur les circonstances d'élaboration de ce livre, donne un charme supplémentaire à cette réédition de Gallimard.
Bref, un livre remarquable, à lire et offrir!

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Survie d'une intellectuelle juive dans la France de Vichy

Patrick Modiano fait renaître ce livre mystérieux paru en 1945. Dans la préface, il explique que ce récit a été découvert par hasard chez Emmaus. C'est l'unique livre de Françoise Frenkel, publié en 1945, passé quasiment inaperçu et vite oublié.

Écoutons Modiano :
"Ce qui fait la singularité de "Rien où poser sa tête", c'est qu'on ne peut pas identifier son auteur de manière précise".
"Je préfère ne pas connaître le visage de Françoise Frenkel, ni les péripéties de sa vie après la guerre, ni la date de sa mort...Ainsi, son livre demeurera toujours pour moi la lettre d'une inconnue, oubliée poste restante depuis une éternité et que vous recevez par erreur, semble-t-il, mais qui vous était peut-être destinée".

Françoise Frenkel est juive polonaise, après ses années d'études de littérature à la Sorbonne, elle parvient à ouvrir en 1921, la première et unique librairie française à Berlin qui devient vite un espace à part où les clients et amis "trouvent l'oubli et le réconfort, où ils respirent librement". Cette librairie est toute sa vie et sa raison d'être. "Claude Anet, Henri Barbusse, Julien Benda, madame Colette, Debroka, Duhamel, André Gide, Henri Hédenbergite, André Maurois, Philippe Soupault, Roger Martin du Gard vinrent rendre visite à la librairie", raconte-t-elle.

Elle va être le témoin de l'arrivée au pouvoir des nazis en 1933, témoin de la promulgation des lois raciales de Nuremberg en 1935 et du grand pogrom du 10 novembre 1938 qui a eu lieu dans toute l'Allemagne.
Ses activités de libraire sont de plus en plus menacées, ses achats d'ouvrages sous contrôle du "Service spécial de l'appréciation des livres à importer" dès 1935, certains journaux qu'elle vend sont saisis...
Sa vie quotidienne n'est guère plus facile, sous le regard de la "Surveillante" nazie de l'immeuble,
Elle ne quitte Berlin qu'en 1939 pour Paris et obtient un permis de séjour en France jusqu'à la fin des hostilités.

S'ensuit un périple qui va la mener de Paris qu'elle devra fuir pour Avignon, puis Vichy où elle assiste à l'arrivée des allemands puis Nice où elle se réfugie dans un hôtel, sorte "d'arche de Noé" où séjournent de multiples réfugiés de différents pays. C'est alors l'attente dans le désoeuvrement, le rationnement, le marche noir et le troc mais aussi, après le recensement décrété par Vichy en 1942, le début des persécutions, des arrestations et des rafles en août 42.
Françoise Frenkel tente de passer en Suisse. Elle réussira à sa seconde tentative, en juin 1943, trouvant enfin un endroit "où poser sa tête".

On croise dans son récit des fonctionnaires obtus mais aussi des gens formidables comme ce couple de coiffeurs niçois, les Marius, qui la protègeront contre les rafles et l'aideront à passer la frontière.

Ce texte bouleversant, d'une extrême sobriété qui lui confère une grande force, constitue un formidable document sur les années noires et plonge le lecteur au coeur du quotidien à Berlin au moment de la montée du nazisme puis dans la France de l'Occupation.
Un livre utile, écrit il y a 70 ans mais dont l'écriture apparait très moderne.
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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Lu d'une traite en ce jour de veille d'élection. Rappel que notre France est un vrai beau pays et que nous devons encore lire ces ouvrages sur cette période heurtée de l'Occupation. La France passage vers la liberté, une liberté difficile à conquérir mais sur la route des âmes soeurs, toujours, pour permettre de l'atteindre, enfin.
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C'est suite aux conseils des critiques du "Masque et la Plume" invitant leurs auditeurs à découvrir cet ouvrage, que je me suis précipitée pour le lire.
Françoise Frenkel, polonaise de confession juive , passionnée de culture française fonda en 1921 une librairie française à Berlin. L'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933 rendit les conditions d'exercer sa profession de plus en plus difficiles. En 1939 elle quitta Berlin pour Paris.
Elle séjournera en France d' août 1939 à juin 1943 Contrainte par les événements elle devra changer de lieux de résidence à plusieurs reprises.

Elle nous raconte son quotidien tant matériel , les courses, les longues files d'attente pour obtenir des papiers, la clandestinité, l'arrestation, la prison, la fuite etc, que social, les amitiés, la fraternité,mais aussi l'hostilité, l'animosité.
Malgré les difficultés et les dangers rencontrés elle ne semble ressentir aucune haine pour ceux qui l'ont soit trahis soit profité de sa situation. Elle a heureusement rencontré des personnages non seulement extraordinaires mais surtout courageux tel son vieux professeur qui l'aide à fuir Paris, et surtout le couple Marius "Comme toujours, les Marius furent avertis et je me trouvai - pour la troisième fois - rendue à mes bienfaiteurs attitrés....
...leur sollicitude inépuisable me donnait la sensation absolue d'être hors de danger".

conclusion : livre exceptionnel à lire impérativement.



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Françoise Frenkel naît en 1889 en Pologne dans une famille juive cultivée francophile. Passionnée de littérature et après des études en France puis en Allemagne, elle ouvre après la première Guerre Mondiale la première librairie française à Berlin. La librairie devient rapidement un lieu de rencontre très prisé jusqu'aux années 30 lorsque les nazis investissent l'Allemagne. En 1939, Françoise Frenkel quitte Berlin pour Paris avec une malle. Elle erre dans différentes villes de France et vit même quelques temps à Nice hébergée par des amis. En 1943, elle parvient à entrer clandestinement en Suisse. Dans son récit, Françoise Frenkel décrit sobrement sans jamais se plaindre son exil de façon très précise. le roman paru en 1945 est l'unique oeuvre écrite par Françoise Frenkel, disparue en 1975. L'ouvrage est préfacé par Patrick Modiano, Prix Nobel de Littérature.
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Un récit émouvant, d'une femme d'origine polonaise, de confession juive qui a fait ses études en France, qui fonde une librairie française à Berlin dans les années 30. La seconde Guerre mondiale va éclater et la fuite commence. Une fuite vers la liberté. Une écriture simple mais profonde, parfois tragique.

Une superbe découverte.
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