un ton doux-amer qui arrive à rendre neuf, personnel, et en même temps familier à son lecteur, le banal - petite nostalgie des riens que nous sommes nombreux à avoir, en nous pensant peu, doux décadentisme.
Description précise du décor de nos vies, ou de voyages rêvés à partir de poncifs, d'une précision qui nous fait basculer dans l'étrange.
Parfois, rarement, la recherche tend un peu à la préciosité.
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en cette veille de la saint-nicolas on égorge les oies dans le bocage on les prépare pour la nuit de noël alors que les maître-sonneurs se replient dans les bois pour semer un air de cornemuse aux fiancées de circonstance abandonnées sur les sentiers de la mémoire leur peau au goût de châtaigne et de blé noir évaporée un matin entre huriel et la châtre que la route est longue jusqu’au printemps
les lueurs bleutées du pressing à travers le pare-brise donnent au carrefour un air de piscine une allure de menthe claire ouvrant sur la rue qu’on emprunte à l’heure noire qui vient de tomber tandis que brassent les rangées de cintres devant la vitre plastifiée paquebot de machines à quai sur le trottoir qu’on devine à travers le hublot de notre voiture redémarrant dans le chlore du soir