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L'historien doit-il aujourd'hui "faire avec" la bande dessinée, devenue un moyen de communication comme un autre ? Est-ce un moyen d'intéresser le jeune public à L Histoire ? Ou de tenir un plus large public, qui ne lirait pas d'autres livres traitant de sujets historiques, informé des avancées récentes de la "science historique" dans tel ou tel domaine ou de la réflexion sur l'action et la personnalité de tel ou tel grand homme ou de telle ou telle grande actrice de l'Histoire ?
Ce Philippe le Bel, publié dans la collection, Ils ont fait L Histoire, semble répondre à ce besoin. Mathieu Gabella pour le scénario et Étienne Anheim et Valérie Theis, soutenus par les planches de Christophe Regnault, remplissent assez bien le contrat.
L'Histoire commence en 1315, après la mort de Philippe IV le Bel, et nous montre, en quelques dessins et quelques bulles, le sort réservé à l'un des plus importants des personnages qui avaient servi le Roi de Fer, et c'est ainsi que l'on assiste à l'exécution dEnguerrand de Marigny, qui fut le grand spécialiste des finances sous Philippe le Bel mais qui fit des envieux du fait de son immense fortune et que l'on envoya au gibet de Montfaucon pour crime de "sorcellerie" sous le règne de Louis X le Hutin. C'est sa mort, disent les auteurs de cette bonne bd, qui aurait vraiment marqué symboliquement la fin du règne de Philippe dans les esprits. Cet album est bien fait, qui nous fait suivre la vie de ce roi, assez peu aimé mais plutôt fascinant, depuis la mort de son grand-père Louis IX jusqu'à ses propres funérailles, et l'on refait au passage l'histoire des démêlés avec le pape Boniface VIII, l'historique de la guerre contre les Flamands (défaite de Courtrai le 11 juillet 1302 et revanche à Mons-en-Pévèle le 18 août 1304), le résumé sommaire de l'affaire des Templiers, etc. C'est succinct, mais quelques épisodes moins connus figurent aussi (tentative avortée pour reprendre Bordeaux à Édouard 1er d'Angleterre, etc.) dans ce bref aperçu. En fin d'ouvrage, comme dans tous les volets de la série, quelques pages permettent au lecteur d'approfondir un peu plus le sujet et quelques indications bibliographiques le renvoient vers des ouvrages qui comptent.

François Sarindar
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A propos du règne de Philippe le Bel, on a tendance à s'attarder (grâce aux Rois Maudits surtout) sur la destruction de l'ordre des Templiers et le scandale de ses brus adultères. Ces faits, qui ont eu lieu tardivement dans la vie de Philippe, sont volontairement peu évoqués ici.
L'idée des auteurs est de s'éloigner des images populaires voire d'établir un contraste avec elles. Pas de mysticisme non plus, ici : pas de malédiction de Jacques de Molay – Grand Maître du Temple – ni de vision de punition divine dans la mort du roi.

Le faible nombre de pages maximum (56) a contraint les auteurs à faire des choix. Ils ont décidé de se focaliser sur la première partie du règne (donc avant les Rois Maudits). Ils nous présentent un roi de France qui essaie d'imposer son autorité sur ses vassaux et d'annuler l'ingérence de la papauté. Mais l'approche choisi a quelque chose de nouveau ; l'arme principale est la Loi.
Le combat de légistes que Philippe livre au pape Boniface VIII forme la colonne vertébrale du récit. La propagande joue un rôle important. Les conseillers légistes et financiers s'imposent au Conseil du Roi aux dépends des pairs du royaume. J'ai été particulièrement impressionné par la vision de l'arrogance de ce pape, persuadé que les rois doivent plier le genou devant le Saint-Siège. Ce n'est ni la première ni la dernière fois, mais cela m'agace à chaque fois. Je suis définitivement opposé à l'intervention du religieux quel qu'il soit dans les affaires temporelles ; un produit de mon lieu et de mon époque je suppose.

Autre élément du règne qui ressort : la recherche d'argent. Philippe veut accroître l'emprise de son Etat, mais cela coûte cher, et la période économique n'est pas de première forme. Il est certain que ce roi était prêt à tout pour acquérir l'argent nécessaire pour faire tourner sa machine. Templiers, Juifs, Lombards, vassaux, peuple ; beaucoup y ont laissé des plumes. Mais le récit laisse penser que seul l'accaparement de leurs ressources guidait les actes du roi, pas l'antisémitisme ou la lutte contre la sorcellerie qui ne seraient que des prétextes.

Le dossier qui clôture l'album est vraiment très intéressant. Il appuie sur les choix qui ont guidé les auteurs tant en terme de scénario qu'en terme de dessin de costumes ou de décors architecturaux. C'est l'envers du décor qui est dévoilé.

Bref, une autre excellente BD à mettre au titre de la collection « Ils ont fait l'Histoire ».
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Ce premier tome de la série "Ils ont fait l’histoire", collection de bandes dessinées qui prend la forme de biographies historiques présentant une dimension pédagogique car à destination du grand public, et qui espèrent vraiment que le public scolaire se prêtera au jeu, est consacré à une figure bien connue du Moyen-Âge français : Philippe le Bel.

Ici le scénario de Mathieu Gabella m’a un peu déçu dans la mesure où il m’avait carrément embarqué avec sa Renaissance fantastique ("La Licorne") et sa relecture horrifique des Mille et une nuits ("3 Souhaits"). Cela reste de bonne facture, pas de souci, et je gage qu’il était tout sauf évidemment d’inaugurer cette nouvelle collection de BD historiques. Je gage aussi qu’il n’est pas facile de passer après le grand Maurice Druon et ses célébrissime "Rois maudits" (d’où l’idée de ne pas traiter le procès des Templiers). Pour faire tenir le récit en une seule bande dessinée, les auteurs ont décidément de traiter le personnage et sa période sous l’angle du légisme et des légistes. Le droit est ainsi une arme politique pour lutter contre les prétentions des rois d’Angleterre, pour mater les rebelles flamands, pour continuer le bras de fer avec la papauté (« le roi est empereur en son royaume »)…
Le récit sur finit sur l’arroseur arrosé, Philippe le Bel sacrifiant ses créatures pour couper l’herbe sous les pieds à ses opposants, quitte à recruter de nouvelles créatures pour accomplir les basses besogne. On sent arriver à grand pas le machiavélisme plein de Raisons d’Etat… mais on tourne ici autour d’une administration royale qui peine à impose des impôts royaux que les Français ne seront prêts à payer qu’au fil des malheurs de la Guerre de Cent Ans (comme la monarchie absolue n’a été acceptée qu’au fil des malheurs des Guerres de religion : c’est la théorie du choc prônée par la pensée unique néo-cons actuellement employée par les gouvernements régressistes du monde entier : terroriser les citoyens pour leur faire accepter des changements qui n’aurait jamais été acceptés en temps normal : Al Quaïda, DAESH, Russie, Chine, étrangers, chômeurs, pauvres… Rayez les mentions inutiles).

Les dessins et leurs couleurs de Christophe Regnault sont satisfaisants. Les personnages sont rapidement identifiables et reconnaissables, même si on joue un peu trop sur la beaugossitude de Philippe le Bel (qui pourrait presque participer à un manga bishonen ^^). Rien d’exceptionnel ou d’inoubliable, mais il faut bien avouer que cela reste agréable à regarder.

Pour ne rien gâcher, les historiens Valérie Theis et Etienne Anheim bons connaisseurs de leurs sujets, supervisent le tout et nous livre un dossier et un making-off très intéressants autant pour le grand public que pour l’amateur d’histoire.
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Ce premier tome de la série Ils ont fait l'histoire, consacré à la figure de Philippe le Bel, reste à ce jour l'un des meilleurs selon moi.
Il retrace de manière très complète la vie de Philippe le Bel, de sa naissance à sa mort, en passant par ses combats contre la Papauté, les Flamands, les Templiers.
C'est une période que je connais bien donc l'album m'a paru très clair.
Au niveau des dessins, je retiendrai surtout la superbe couverture, mais aussi les scènes de bataille où le sacre.
J'ai également apprécié le parti pris narratif consistant à ouvrir et à clore l'album sur l'exécution d'Enguerrand de Marigny.
Un très bon début pour une série dont l'intérêt ne se dément pas depuis.
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Achat et lectures surprises du week-end! J'ai découvert cette bd par hasard et ça été le coup de coeur!
Issu de la collection "ils ont fait l'histoire", les différentes planches retracent le parcours du roi Philippe IV le bel, de sa naissance en 1268 à sa mort en novembre 1314.
Beau comme une statue, ce monarque inflexible et féru de droit ne souhaitait qu'une seule chose: l'obéissance absolue de tous ses sujets, à travers la mise en avant de la loi. Plusieurs épisodes sont relatés comme la défaite de Courtrai, l'attentat d'Agnani contre le Pape Boniface VIII ou encore la victoire de Mons-en-Pevèle en 1303. La phase arrestation des templiers est peu décrite, mais ici c'est la relation exercice du pouvoir-roi qui est surtout mise en avant. Les couleurs et les dessins sont bien faits et la lecture est attrayante sans tomber dans la confusion de termes administrativo-politiques. Je le recommande!
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J'ai connu cette phase de la royauté française avec Philippe IV dit Lebel lors de la lecture, il y a très longtemps, du Roi de fer, premier tome des Rois maudits de Maurice Druon.
J'en retenais un roi d'une beauté légendaire, tellement bien rendu dans la BD. Il ressort positivement par rapport aux autres protagonistes qui ont l'allure moins avenante. Je me souvenais également de son immense avidité financière, de ses relations tumulteuses avec la papauté et les Templiers.
Cette BD a le mérite de laisser place à l'imagination des auteurs sans s'écarter du réel historique. Les planches sont magnifiques et reproduisent tout à fait l'époque des grands bâtisseurs. Un vrai travail d'artistes qui est révélé dans un «making of » à la fin de l'album. Une oeuvre qui a le mérite de couvrir plusieurs années de règne sans insister sur les pans d'histoire les plus connues mais en nous instruisant de façon générale sur cette monarchie médiévale. Elle offre une vision fascinante sur le rôle des financiers, le conseil royal et le droit comme arme politique.
Oeuvre magnifique à lire et relire et surtout, à admirer!

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Le roi de fer, Philippe le Bel, a droit à un album dans la série Ils ont fait l'histoire. le traitement qui lui est réservé est original et franchement pertinent.

Les auteurs affirment ici vouloir s'éloigner du traitement classique qui est souvent réservé à ce personnage. Il n'y a pas vraiment de références aux Rois maudits ici. L'arrestation des templiers ou l'affaire de la Tour de Nesle ne tiennent pas ici une très grande place. Même si le pari est réussi, ce sentiment de manque sera bel et bien perceptible. Il en va différemment de la confrontation avec le pape Boniface qui sert ici presque de fil rouge. Presque, car le conflit avec la papauté semble s'éteindre, ou à tout le moins passer au second plan, à la mort du pontife, ce qui est également regrettable.

L'histoire s'intéresse ici davantage à la mise en place progressive de ce qui devient État. Nous découvrons donc un monarque préoccupé par les questions d'argent, tentant par tous les moyens, de trouver une solution au manque de liquidité… La question ne vous rappelle rien ? Si les solutions aujourd'hui mises en oeuvre n'ont plus à rien à voir avec celles de l'époque, les auteurs parviennent ici à toucher l'actualité du doigt et à retenir l'attention.

Il ne s'agit pas de la seule thématiques qui est évoquée et les sujets sont nombreux : conseils donnés au roi par son précepteur, contexte de l'avant règne, conflits avec l'Angleterre et interventions politique et militaire dans ce qui est aujourd'hui la Belgique, volonté de distinguer l'image du roi de celle de ces ministres, approche (assez fugace certes) du quotidien des plus humbles... L'ennui n'est jamais au rendez-vous et l'ensemble est riche. le cahier historique permet d'aller un tantinet plus loin et c'est surtout le making of qui retiendra l'attention en évoquant des points qui auront pu être occultés au cours de la lecture. Tous les choix sont clairement justifiés, ce qui est toujouts une délicate attention.

Les dessins sont réussis et plaisants à l'oeil : le roi Philippe a fait l'objet d'un sacré travail de précision. Il vieillit tout en restant lui-même. Les personnages secondaires sont tout aussi réussis, reconnaissables du premier coup d'oeil. Les décors sont somptueux et réserveront des surprises, expliquées en fin de volume.

Cet album est donc une pleine réussite… d'autant que l'album possède un potentiel de relecture intéressant. Philippe le Bel est donc une bonne pioche, à découvrir, avant de vouloir se (re)plonger dans les célèbres romans historiques de Maurice Druon
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Après notre gaulois Vercingétorix, c'est Philippe le Bel qui est le sujet du 2nd tome de la série "Ils ont fait L Histoire" (un peu pompeux comme nom !).
Raconter Philippe le Bel en un tome (le contrat de cette nouvelle collection de Glénat Fayrard est de délivrer des one-shots) a quelque peu contraint le scénariste et ses historiens, en sabrant pas mal d'évènements. Rien sur son mariage, la naissance des ses enfants, l'affaire des templiers à peine évoqué, comme l'histoire de ses belles-filles volages ou la fin de sa vie. On se tournera plutôt sur le premier tome des rois maudits pour ces épisodes là.
Mais le reste est passionnant. D'abord en guerre contre l'anglais, avant de lui donner sa fille en mariage, ce sont ensuite les flamands qui vont lui donner du fil à retordre (la défaite de Courtrai, la revanche de Mons-en-Pévèle). Et ses querelles contre le pape Boniface VIII sont épiques. Finalement, entouré par ses conseillers Pierre Flote ou Guillaumme de Nogaret et Engerrand de Marigny (qui ne lui survivront guère), il s'est battu pour que son autorité soit respectée, et pour remplir les caisses de l'Etat.
Le dossier des historiens Etienne Anheim et Valérie Theis, présenté à la fin du livre, fournissent le complément d'information sur le règne de Philippe IV.
Je crois que je vais poursuivre cette série : Charlemagne et Jaurès arrivent bientôt.
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Les séries historiques en BD ont tendance à partir dans le roman historique, avec plus ou moins de réussite, et souvent beaucoup d'exagérations. Ici, il n'en est rien. C'est l'histoire véridique d'un des rois majeurs de la monarchie capétienne au Moyen-âge qui nous est contée. Avec une annexe documentaire d'universitaire au final en prime.
L'esprit de la série publiée chez Larousse dans les années soixante-dix, L'histoire de France en bandes-dessinées, est de retour. Pour un résultat très intéressant. le dessin est souvent le parent pauvre de ces séries lancées par les éditeurs sur la base d'une simple idée. Ce n'est pas le cas avec ce Philippe le Bel, qui par moments fait penser à des images de vitrail. Les scènes de combats dégagent une dynamique, le choix des plans et du montage est audacieux. La scène de l'arrivée de Guillaume de Nogaret et des Colonna à Anagni en 1303 pour l'arrestation du pape Boniface en plongée depuis le palais papal est un exemple. Félicitations à Christophe Régnault.
L'apport du règne de Philippe le Bel à construction d'un état fort, ordonné, structuré face aux grands seigneurs est parfaitement expliqué. le rôle des différents conseillers, juristes et financiers de moyenne noblesse aussi.
En tournant les dernières pages, j'allais ajouter deux bémols. Philippe vieilli peu durant le récit, qui porte quand même sur quarante six années, dont vingt huit de règne et il porte décidément beaucoup durant le récit sa couronne royale. Deux écueils, deux concessions aux nécessités de la bande dessinée, que les conseillers historiques relèvent dans leur quelques courtes pages d'explications, accompagnées d'une belle iconographie.
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Ce n'est sans doute pas la biographie la mieux construite qu'on ait pu lire sur un personnage important ayant marqué l'Histoire de France. Certes. Cela n'en demeure pas moins assez intéressant car il est finalement peu connu du grand public. On apprendra que son rôle a été central pour définir ce qu'allait devenir la royauté sous un pouvoir centralisé. On verra également sa lutte contre le pape Boniface qui se croyait au-dessus des rois. Bref, j'ai appris des choses et c'est ce qui compte réellement. Côté dessin, cela me satisfait.

Pour le reste, Philippe le Bel n'était pas un mauvais roi avec une conduite plutôt exemplaire notamment dans sa vie privée. On ne pourra pas en dire autant des gouvernants qui se sont succédé depuis. le dernier en date a assez fait couler d'encre. Oui, la dignité et le sens des valeurs sont de réelles qualités. La grandeur de la France faisait partie de ses préoccupations.

On lui doit la destruction de l'ordre des templiers mais cet aspect sera un peu évoqué surtout à la fin de son règne. On retiendra que c'est surtout l'argent qui constitue le nerf de la guerre. Oui, il avait compris que c'est bien l'argent qui était son véritable ennemi. Il faut dire que son règne a été charnière entre une période de prospérité et une véritable crise qui allait durer plus d'un siècle comme une sorte de régression.

Ce titre fait partie d'une collection qui va mettre en avant plusieurs figures qui ont fait l'Histoire. C'est une bonne entrée en matière. Je vais poursuivre avec Vercingétorix…
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