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Je ne connaissais pas Charlotte Gabris ( comédienne et scénariste de ses One Woman Show ) ; il est probable que sans le titre (qui fait référence à une chanson de Stephen Escher) et surtout sans le dessin sur la couverture ; oui, sans ces baskets, sans la robe [ je veux la même ! ] et la chaise en rotin, sans cette chevelure qui cascade, je n'aurais probablement pas été tentée par ce livre . Loué soit le talent de Cécile Roubio !
Elles sont deux jeunes femmes sur la terrasse d'un café, ensoleillé, parisien, à vouloir ; si la vie leur permet♫ Déjeuner en paix ♫.
La première, trente-deux ans, attend son amoureux, Etienne.
Elle est belle, elle est trop stylée, à l'aise dans ses baskets, sûre d'elle, parisienne , quoi.
C'est ce que pense la deuxième , Sophie, vingt-trois ans, en stage à Paris, pour clôturer son diplôme de décoratrice d'intérieur. Elle loge dans neuf mètres carrés. Ah les joies de l'immobilier parisien...
Elle a le blues, ne connaît personne, ne parle à personne, a le mal du pays.
Elle est jolie mais ne le sait pas, elle a une tête à s'appeler Solenne (avec 2 n) . Ça , c'est que pense la première.
Unité de lieu et deux monologues intérieurs comme seule action, c'est le pari risqué de Charlotte Gabris, laquelle sait ce qu'elle fait puisque ça ressemble étrangement à ce qu'elle pourrait raconter sur scène.
Deux femmes qui se regardent, qui s'imaginent , qui se jaugent , qui se rêvent, qui se critiquent quand elles ne sont pas occupées à décortiquer leurs vies. Et ça fait mal...
Sans pitié, cruels, réalistes, contemporains, féministes, parfois exagérés, crus, parfois drôles, parfois profonds: ces monologues intérieurs sont sans concession.
Le postulat de départ est courageux et très original.
La fin est complètement surprenante et fait taire toutes les petites "récriminations" que je pouvais avoir ( interrogations, exagérations ). Oui, la fin est vraiment top !
Et l'on comprend tout le sens de ce titre , ces femmes qui voulaient tout simplement Déjeuner en paix, qu'elles s'appellent Sophie, Sophia, Solenne, peut importe !
Un roman assez féministe et très contemporain .
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Elles sont deux sur cette terrasse : l'une, sûre d'elle, parisienne, attend son compagnon ; l'autre, nature et mal dans sa peau, arrive de province pour prendre un premier poste. Elle est seule et l'accepte. Elles se regardent, se scrutent, s'examinent, se jugent, se jaugent, s'interrogent...Un premier roman qui analyse avec beaucoup de finesse et d'humour la psychologie féminine et présente des personnages des plus crédibles, toutes deux à la croisée des chemins. Si différentes et si semblables. le fil du récit est intéressant et la fin plutôt maligne. Une lecture plaisante.
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Elle est sûrement comme ça…

Avec «Déjeuner en paix» la comédienne et dramaturge Charlotte Gabris imagine les réflexions de deux femmes qui se trouvent par hasard à la terrasse d'un restaurant parisien. On a trouvé la Claire Bretécher du XXIe siècle!

Commençons par avouer la chose, le petit jeu imaginé par Charlotte Gabris dans ce délicieux premier roman est l'une de mes occupations favorites. Je ne peux pas m'empêcher lorsque je suis au restaurant où au café de regarder les gens assis aux autres tables et d'essayer d'imaginer un bout de leur vie. Que celui qui ne l'a jamais fait me lance la première pierre…
Bien entendu, il m'arrive rarement de pouvoir vérifier le bien-fondé de mes réflexions. Alors j'imagine que, comme les deux femmes assises à la terrasse de ce restaurant parisien – et dont nous allons faire la connaissance à travers leurs réflexions et jugements sur leur voisine – je dois me tromper souvent. Mais l'exercice n'en reste pas moins plaisant.
Cela commence comme dans un sketch de Jean-Marie Bigard, avec ce dialogue aussi absurde que convenu avec le serveur: «C'est pour déjeuner? Combien de personnes?
— Une personne.
— Vous attendez quelqu'un?
— Non, je suis toute seule.
— Donc vous n'attendez personne?»
Et voici la provinciale débarquant à Paris pour la durée d'un stage installée à la petite table en terrasse et pour laquelle elle a dû se battre, manquant de cette assurance dont elle affuble sa voisine qui elle dispose des codes. Aucun doute, c'est une Parisienne. Dans sa façon de s'habiller, de bouger, de parler au serveur. Et voilà le duel à distance lancé, avec cette pointe de jalousie qui fait vite monter la température. Mesdames qui me lisez, avouez que vous êtes beaucoup plus cruelles envers vos consoeurs que nous ne le sommes entre hommes. Ce récit jouissif en apporte une nouvelle preuve et un début d'explication. Ce besoin d'entrer dans le moule, cette pression sociale qui voudrait qu'à tout moment les femmes soient belles et professionnelles, élégantes et distinguées, spirituelles et enjouées. Alors forcément, il manque toujours quelque chose à la panoplie. Et le risque est grand que soudain, d'un battement d'aile de papillon, tout s'effondre. Peut-on commander des escargots et un verre de beaujolais si on en a envie? Voilà un exemple, parmi des dizaines d'autres, des questions qui se posent durant cette pause-déjeuner et avec lesquelles nous lecteurs allons nous régaler. Autour de ce plat va d'abord se nouer la culpabilité, l'impression d'avoir franchi une limite. Impression confirmée par les réflexions de sa voisine se disant qu'avec ces escargots, elle «coche vraiment toutes les cases». le ridicule accompli. Sauf que… Quelques minutes plus tard, le jugement a changé. La fille aux escargots, que notre Parisienne a décidé de prénommer Solenne, commence sérieusement à l'agacer. «Elle dégage une force tranquille. Solenne est une vraie beauté, elle a un profil parfait, elle ne sait pas s'habiller, mais elle n'a pas besoin de ça pour être belle. Moi, je suis déguisée, je triche sans cesse. Solenne n'a pas les codes pour mentir, les bases pour tricher, les trucs pour feinter, je crois que ça s'appelle la pureté.» Une pureté perdue pour elle qui, on le découvrira quelques lignes plus loin, n'attend pas avec un enthousiasme débordant Étienne, «son» homme qui n'arrive pas. Quand l'une se plaint de sa solitude, l'autre se dit qu'il vaut mieux être seule que mal accompagnée…
À l'heure du dessert, attendez-vous à une belle surprise. Mais je n'en dis pas davantage.
Derrière le ton caustique et les piques, c'est à un vrai travail de sociologie que se livre Charlotte Gabris, dressant un catalogue raisonné des codes de la vie en société, des préjugés qui nous étouffent, mais aussi cette aspiration à l'authenticité. Il y a le même sens de l'observation de nos tics et manies que l'on peut trouver dans «Les frustrés» de Claire Bretécher, férocité et joyeusetés comprises.
Si ce roman empêchera l'une et l'autre de déjeuner en paix, il vous fera en revanche passer un excellent moment. Pétillant et cruel, enlevé et culotté. Et si, après tout, derrière la légèreté du propos, on découvrait ce beau message subliminal: allez-y, acceptez-vous dans votre originalité et votre authenticité, vivez avec vos contradictions et votre fragilité!


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Unité de lieu : la terrasse d'un café parisien. Unité de temps : le temps d'un déjeuner. Unité d'action : un déjeuner, justement. C'est une chose qui m'a frappée dans ce livre, c'est que, en dehors du twist final, je l'aurai bien vu sur une scène de théâtre, ce roman. Il faut dire aussi que le texte n'est que monologues intérieurs (celui des deux femmes, celui d'une fillette et celui de sa mère) tous très vivants malgré l'absence d'actions. Deux jeunes femmes se sont attablées à la terrasse d'un café à l'heure du déjeuner. L'une, fraîchement arrivée à Paris, plutôt nature et mal dans sa peau, mange seule en l'assumant ; l'autre, parisienne, plus apprêtée, maîtrisant tous les codes, attend son compagnon qui tarde à la rejoindre. Tout au long de ce déjeuner elles vont s'observer, se juger, essayer d'imaginer la vie l'une de l'autre, se jauger et questionner leur estime de soi. Dans leurs réflexions on peut voir beaucoup de clichés, ou plutôt de banalités, ce qui donne d'autant plus de sel à la fin. Il y a un petit quelque chose des Frustrés de Claire Brétécher dans ces banalités dans l'air du temps. Ces deux femmes sont croquées à un instant où elles sont toutes deux à la croisée des chemins, tout comme les femmes de Fugitives d'Alice Munro, que je viens de finir tout juste avant, difficile pour moi de ne pas faire y songer (amusant comme parfois des lectures peuvent se répondre sans qu'on l'est cherché). La construction est implacable et remarquable, avec une alternance entre les voix des deux jeunes femmes jusqu'au twist final qui donne une tout autre ampleur au texte, très très loin du côté chick-lit apparent au premier abord. On sent dans l'écriture que l'auteure de ce premier roman a déjà l'expérience de l'écriture, elle est humoriste et cela se sent, tant par la finesse des observations sociologiques que par quelques pointes et jeux de mots. Je me suis bien faite avoir, j'avais bien repéré un indice, mais il m'a envoyé dans une mauvaise direction, le lecteur ne peut qu'être scotché par la chute. A découvrir absolument. Et pour ma part, c'est une auteure à suivre.
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Quand un ou une humoriste se lance dans un roman on s'attend souvent à avoir un stand up plaqué sous forme de récit avec pas mal de punchlines et de saillies plus ou moins efficaces.. c'est un peu le cas avec ce premier roman de l'humoriste suisse Charlotte GABRIS- vue au cinéma dans des grosses comédies populaires genre Babby Sitting- mais c'est aussi un peu mieux que cela... ses monologues croisées de deux femmes totalement différentes qui se jaugent à la terrasse d'un café est en effet l'occasion pour l'autrice de disséquer pas mal de sujets régulièrement abordé dans les seuls en scène- relations de couple, image que l'on renvoie aux autres, superficialité, paris contre province- mais également de découvrir une plume alerte et pétillante qui évite maladresses et lourdeurs.. surtout le texte force le respect par sa construction et son dénouement, qu'on avait pas forcément vu venir et qui rend l'ensemble plus profond et émouvant qu'attendu...bravo madame Gabris...
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Paris. À la terrasse d'un café, deux jeunes femmes vont chacune s'installer à une table pour déjeuner. L'une est seule, l'autre attend son compagnon Étienne, qui tarde à arriver. Pendant ce temps, elles se jaugent, elles s'observent et se livrent à une critique exacerbée de l'autre.

Charlotte Gabris est une comédienne et également humoriste. Pour ma part, c'est en tant qu'auteure que je découvre cette jeune femme. Et force m'est de constater que son roman m'a marquée, m'a conquise et m'a donné matière à réfléchir.

Le postulat de départ est osé. Je n'imaginais pas qu'avec pour simple décor une terrasse à Paris, Charlotte réussirait à donner autant de densité à son roman. C'est vraiment réussi. L'auteure apporte une multitude de pistes de réflexion, et donne une dimension psychologique unique à son court récit.

Les thématiques abordées dans ce roman sont d'actualité et touchent tout le monde. Les deux jeunes femmes vont se juger l'une et et l'autre, et cela, uniquement en se basant sur les apparences. Elles vont imaginer une vie idéale à l'autre, elles vont se jalouser, sans finalement savoir que rien n'est parfait pour l'autre.

Finalement, une chose en amenant l'autre, elles vont se rendre compte qu'au travers du prisme renvoyé par l'autre, ce sont elles-mêmes qu'elles vont remettre en question. En inventant une vie idéale à leur concurrente respective, elles vont oublier de se focaliser sur elles-mêmes et elles vont croire à leurs suppositions. Elles en arriveront vraiment à s'envier mutuellement, les apparences étant finalement très trompeuses.

La plume de l'auteure est très fluide. J'ai été conquise par la manière de raconter de Charlotte Gabris. Elle va donner la parole aux deux jeunes femmes, alternant ainsi leur point de vue un chapitre sur deux. C'est fait avec beaucoup de sensibilité et d'ingéniosité.

Un court roman, au décor simple et minimaliste, servi par deux personnages féminins en proie aux doutes et au manque de confiance en elles-mêmes. L'auteure nous livre une analyse sociétale des plus réussies. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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J'adore ce genre de roman ou la fin nous coupe le souffle.
Au début de la lecture, j'ai trouvé les personnage très superficielle et au file des pages c'est la profondeur du texte qui m'a accroché.
Réservé votre soirée, pour ce livre. Je n 'aurai pas dû le lire au début par petit morceau.
Les deux femmes sont femmes sont très attachantes.
C'est livre qui ferai un très bon film.
Ce roman m'a fait pensé à la vie d'une autreFrédérique Deghelt.
Il nous questionne sur nos préjugés, comment on juge les choses ?
Une très belle découverte.
J'espère que l'autrice va sortir d'autre livres car il y a un énorme potentiel.
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Deux jeunes femmes sont installées à la terrasse d'un café parisien, chacune seule à une table. Elles se remarquent l'une l'autre, se comparent, se critiquent,... Et leurs différences les renvoient comme un miroir à leurs propres doutes et faiblesses. Il y a donc peu d'action et beaucoup, beaucoup d'introspection : le poids de la solitude, les relations amoureuses, l'apparence, etc.
Les clichés s'accumulent entre la provinciale et la parisienne qui toutes deux voudraient être encore mieux et surtout pas comme l'autre en face d'elle, même si peut-être...
J'ai trouvé que c'était très nombriliste, et même si ce n'est pas faux, de là à y consacrer tout un roman...
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Sur la terrasse d'un restaurant parisien, deux jeunes femmes se jaugent, s'observent, se critiquent mentalement, s'envient. le point de vue passe de l'une à l'autre avec beaucoup d'humour parfois caustique. D'abord, il s'agit de rivalité féminine, cela aurait pu m'agacer mais très vite on perçoit les failles des personnages, le manque de confiance en soi, la solitude, le réflexion sur la vie, la condition féminine, le sexisme. le propos devient plus sérieux.
L'écriture est incisive.
La fin est surprenante et donne tout son sens à ce livre. Une réelle réussite!

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Chick-lit, pop-lit ou feel-good… difficile de coller une étiquette très claire sur ce portrait en miroir de deux femmes sur une terrasse. Deux femmes dont on suit les pensées, les envies, les frustrations, les bonheurs, les errances, les jalousies et les échecs…

C'est en tout cas absolument drôle, facile à lire et plus profond qu'une simple blagounette

Un brillant premier roman à la construction remarquable !
Lien : https://www.noid.ch/dejeuner..
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