JEANNE : Donc... Comment est-ce qu’on torture une femme ? Et bien, vous pouvez l’attacher à un râtelier et tirer sur ses membres jusqu’à ce que se détachent les articulations. C’est une possibilité. Ou vous pouvez tirer sur son esprit jusqu’à ce qu’il soit séparé de son corps. Il y a deux façons de faire : vous pouvez tirer le corps hors de l’esprit ou l’esprit hors du corps. Peu importe, le résultat est le même. Vous arrêtez la femme. Elle peut penser mais pas agir, ou agir mais pas penser.
Si je suis ici, c’est pour enlever l’encadré autour de « Sainte Jeanne d’Arc », et faire entrer ma vie dans le texte principal. Mon histoire n’est pas collatérale, un bout d’histoire régionale ou une lecture complémentaire. Mon histoire est l’histoire de toutes les femmes et ma souffrance est identique à la vôtre. Mon procès est le procès de toutes les femmes. Ma croisade malheureuse est notre croisade malheureuse à toutes. Mes ennemis sont nos ennemis. Mes erreurs sont vos erreurs. Les voix que j’entends sont vos voix. Les voix que vous entendez sont mes voix.
Lassez-moi vous parlez de mon procès. J’avais deux juges, deux officiers du tribunal, trois greffiers… et un huissier pour m’escorter en sortant et en rentrant dans ma cellule… et trente-deux docteurs en théologie, seize licenciés en théologie, quatre docteurs en droit civil, sept hommes avec des licences spéciales, cinq docteurs en droit canon, sept docteurs en médecine, onze maîtres des arts, seize assistants et juristes, vingt-trois prêtres, cinq évêques, trois abbés, et un cardinal dans un coin. Après tout, on est jamais assez prudent avec ces adolescentes.
Donc, je suis pas « Sainte Jeanne d’Arc ». Je suis Jeanne Romée. Pas d’importance, hein ? On s’en fout ? Pas moi. Jeanne d’Arc n’est pas mon nom et « sainte » est juste un autre mot pour parler d’une femme qui a été brûlée, et il est temps qu’on se réveille, qu’on arrête de laisser des gens changer nos noms, il est temps qu’on arrête de penser qu’être torturées par des hommes est un honneur, et surtout, il est temps de rétablir la vérité sur nos propres vies. Ces mythes nous tuent.
La colère est une forme de discipline. Je travaille ma colère de la même façon que certaines personnes travaillent le piano.
"Babe! An Olympian Musical".
Book and Lyrics by Carolyn Gage.
Music by Andrea Jill Higgins
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