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sur 571 notes
La vie sourit à Jeanne. Son mari est aimant et attentionné. Tous deux ont un travail stable. Leurs filles sont belles et joyeuses. Et pourtant Jeanne est tentée par d'autres rivages vers lesquels s'échouer, d'autres bras dans lesquels s'abandonner.

Pourquoi cet engouement pour une artiste serbe, Marina Abramovic, qui s'est faite connaître au monde par ses turpitudes en remède à son mal-être ? Ne vit-on bien que dans la remise en question de tout, qu'aux confins du danger ?

Son amie Suzanne vient d'être délaissée par son compagnon, son exemple pourrait inciter Jeanne à prendre la mesure de son propre bonheur. Mais quand un amour de jeunesse resurgit et vient troubler sa quiétude languide, sa vie bien réglée, trop sage, la rebute. Lui vient alors l'envie de se mettre en danger, de tout risquer, de tout perdre. Besoin d'exaltation.

Un bien beau roman dans lequel on s'incorpore confortablement. Il nous fait nous interroger sur cette folle aspiration qui laisse imaginer que le bonheur est ailleurs. Quête insensée d'un mieux qui fait oublier que le bonheur ne pourrait être rien d'autre que le malheur endormi. Qu'est-ce qui fait courir les femmes et les hommes vers un avenir supposé meilleur quand ils ne sont pas capables de goûter le bonheur du moment ?

Bouscule-toi Rémy. Sors de ta routine. Ta femme s'ennuie. Surprends-la. Mets du piment dans sa vie, dans votre vie. Les petites attentions n'en sont plus lorsqu'elles sont trop prévisibles.
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Jeanne attendait que passe le 18 heures 01. On pourrait dire que Jeanne avait une vie minuscule, comme dirait Pierre Michon. Ces petits riens dans la vie de Jeanne, sont minutieusement observés par Claudie Gallay. Ces presque riens accrochent chez Jeanne une pensée, une anecdote, une évocation qui la surprennent, son imagination décroche des images, et recréent l'histoire des passagers du soir.


Il suffirait peut-être d'un petit incident pour que la dame du 18 h 16, rencontre cet homme aux cheveux gris du 18 h 01.
Jeanne n'est pas seulement la spectatrice amusée des heures perdues, elle observe l'effervescence de tous les animaux qui gravitent dans son jardin, et comme un rite particulier le passage du renard à la fourrure rouge vers les 23 heures.

En quelques pages Claudie Gallay avec une grande minutie décrit le personnage central de ce roman. le cadre qui s'est décroché ajoute le grain de fantaisie, de cette femme si paisible, si bien rangée qui tous les jours se rend à son travail à la poste.


C'est la banalité apparente de Jeanne, et la banalité de son couple qu'elle forme avec Rémy, alors que les enfants, deux filles sont maintenant parties, c'est l'absence même d'une intrigue savante qui rend cette femme si émouvante quand elle nous dévoile le portrait de Marina Abramovic.


Quand on lit ce texte avec un peu de recul, on ressent l'amusement que suscite ce grand fou de bricolage, cet addict de l'étagère, cet expert de la peinture patinée, ce tyran de la mesure, ce paranoïaque de la place perdue. Comment accorder un peu de temps à Rémy pour des tâches qui deviennent si répétitives, que les surprises sont depuis longtemps, collées sur les murs de leur petit pavillon.


Cependant ce n'est pas une ambiance tragique qui va baigner ces 400 pages, car la magie de Jeanne, son originalité est de faire basculer la vie de sa famille vers la légèreté, grappillant ça et là, ces menus instants de liberté pour laisser son imagination la porter vers Marina.


Et d'autres moments de liberté vont la porter vers d'autres horizons, vers des audaces qui l'intimident, et qui la poussent à aller de plus en plus loin, explorer la vie, les autres à la manière de Bovary.

Entre son amie Suzanne, la vie à la ferme avec M'mé, les différents ridicules avec son collègue Nicolas, l'esprit de Jeanne vagabonde, de plus en plus souvent, avec un enthousiasme de plus en plus affirmé, jusqu'à la rencontre avec Martin un ami de jeunesse.


Il n'y a que cette femme pour surfer entre tous ces personnages, pour ne jamais les abîmer, ni les attrister, car elle possède cette farouche vertu, la délicatesse.


J'avoue que je suis rentré dans cette intrigue, à plusieurs voix, tant l'analyse de Claudine Gallais est toute en finesse. J'ai aimé ce dialogue à distance entre Martin et Jeanne, qui se sont appréciés, découverts à travers l'échange de mails, de plus en plus sincères.
Les lettres adressées à Marina Abramovic, montrent bien que Jeanne, met la juste distance entre le réel et la fiction.

C'est un jeu d'équilibre, puis une minuscule embardée qui gagnera le coeur de Jeanne. Mais elle aussi mesure, apprécie et décide ce qui est bien pour tous, page 322 : elle écrit cette citation de Marina, " les autres ne doivent rien décider pour nous."

Cette bienveillance, non pour elle-même mais pour les autres, éclate et apaise. Jusqu'au bout malgré son désir de rejoindre Martin au Japon, malgré sa rencontre avec Marina, elle reste fidèle à sa famille.

Page 344 Claudie Gallet écrit: "Elle a touché la main de la mère.
Elle l'a retenue un instant dans la sienne.
Doucement, comme on le fait d'un oiseau..
c'est l'enfance qui fait racine.
Jeanne revenait toujours à çà.
À cet ancrage."

Un quelque chose d'inoubliable beauté des jours.
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Ici, il n'y a pas d'action, pas de suspense.
Parce que Claudie Gallay écrit au plus près de la réalité .

Ici, le bonheur se trouve dans le quotidien réglé par des habitudes rassurantes.
Ici, il y a des gens qui n'ont rien d'exceptionnel. Solitaire, taiseux ou contemplatif. Des gens de la terre.
Ici, le seul grain de folie consiste à trouver des nombres palindromes à tout moment de la journée.
Parce que Claudie Gallay nous rappelle dangereusement nos petites vies.

Ici, il y a malgré tout du contraste. La sage quarantenaire admire Marina Abramovic (célèbre performeuse) et lui écrit "Ce que vous faites me console de moi".
Parce que Claudie Gallay aime les remises en questions qui nous tarabustent tous à un moment donné dans nos parcours.

Un très bon cru 2017.
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Jeanne est heureuse.
Elle vit sa petite vie entre son mari qu'elle aime, ses filles déjà grandes qu'elle adore, sa maison dans laquelle elle se sent bien. Même son métier de guichetière à « La Poste » trouve grâce à ses yeux.

Jeanne semble heureuse.
Oui, mais il y a sa famille pas idéale, ce père taiseux, cette place à part, ce lieu qui l'a faite et auquel elle revient toujours.
Il y a aussi sa fascination grandissante pour Marina Abramovic, artiste contemporaine dont les performances artistiques extrêmes sont à l'opposé de cette vie qu'elle mène.
Il y a surtout le retour en ville de son amoureux d'adolescence.

Jeanne est-elle heureuse ?
Bien sûr Claudie Gallais ne nous donnera pas la réponse. À nous de voir ce que nous retiendrons de ce temps passé avec Jeanne, de ces pages à ses côtés, parce que la vie n'est jamais tout à fait noire et jamais complètement blanche et parce que Claudie Gallais excelle dans la nuance et réussi a faire surgir la poésie en toute chose.

Un texte qui mêle avec virtuosité puissance et délicatesse et une très belle découverte pour moi…

Challenge Muli-défis 2018
Challenge Plumes féminines 2018
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Une vie sans fantaisie, sans audace suffit-elle au sentiment d'accomplissement de soi ?
Pourquoi cet inconfort, cette timide insatisafaction alors même que nous semblons nous complaire dans nos habitudes, nos territoires courts ?
N'avons-nous pas trop peu d'ambition pour nous-même ?
Ne nous endormons-nous pas trop vite sur nos acquis ?
Et pourquoi sommes-nous parfois secrètement admiratifs ou envieux de ceux qui osent repousser les murs ?
En somme, vivons-nous vraiment en accord avec nos aspirations profondes ou nous efforçons-nous de les ignorer par facilité...par lâcheté ?

Jeanne est de celles qui doutent, auxquelles quelque chose manque.
C'est une évidence qui l'assaille l'espace d'un été torride où, entre le train de 18h01, le macaron hebdomadaire, le feuillet journalier de l'éphéméride et les innombrables heures passées derrière son guichet, elle s'attarde sur son admiration pour l'artiste corporelle serbe, Marina Abramović.
Cette femme, qui repousse les limites du potentiel physique et mental à travers des performances surprenantes, la fascine par son culot, sa capacité à se risquer hors de sa zone de confort.
Épouse comblée, mère de superbes jumelles, Jeanne sent pourtant germer en elle une petite graine d'audace qui la pousse à revoir Martin, son amour de jeunesse.
Commence alors pour elle un été de funambule à marcher sur le fil ténu qui sépare la quiétude du plongeon dans l'inconfort de la passion.

Une histoire agréablement contée par Claudie Gallay qui nous invite à réfléchir sur le sens réel que nous donnons à notre vie.
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J'aime beaucoup Claudie Gallay, lire ses romans c'est pénétrer dans une bulle particulière. Empreinte de douceur, de sensibilité, de fragilité, à l'image de ses personnages. Lire ses romans, c'est comme regarder un film qui se déroule, ce n'est plus de la lecture. On a plus envie de quitter l'écran, et le mot fin nous surprend, déjà les lumière s'allument alors que le générique de fin fredonne encore dans notre tête. Pas envie de quitter le fauteuil et rester pour la séance suivante.
Tous ses romans ont marqué ma mémoire, les déferlantes et dans l'or du temps. Des livres que j'avais emprunté que j'ai acheté pour pouvoir me plonger dedans à l'envi.
Je ne raconte pas l'histoire une fois de plus que les précédents lecteurs, mais Jeanne m'a beaucoup plu, quelque part elle ressemble à beaucoup d'entre nous, les femmes mères épouses soeurs tantes tout à la fois mais encore enfants adolescentes qui ont envie de rattraper leurs rêves. S'échapper de leur emprise du quotidien pour vivre pleinement, autrement , ailleurs. Zoé aussi m'a interpellée avec la Mémé.

Vivement le prochain opus.

Une très belle lecture tendre et chaleureuse que je vous conseille.
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Voilà un roman fait de sensibilité et de douceur. Sous la plume d'un autre écrivain, cette même histoire aurait pu être violente et plus dure.
C'est là le charme de C.Gallay ; tendresse et bienveillance accompagnent Jeanne , Remi et leurs jumelles, une famille ordinaire avec une vie ordinaire, faite de petits bonheurs .
Mais Jeanne, une quarantaine d'années , employée à la Poste, et fille de la terre, porte une admiration secrète et sans bornes à l'artiste plasticienne contemporaine, Marina Abramovic. Ses « performances »la fascinent, ce besoin d'aller au bout d'elle même pour mieux se connaître aident Jeanne à mieux se connaître aussi.
(j'ai vu à au MOMA une performance de cette artiste , j'étais très intriguée .)
Le cadre brisé , le verre coupant d'une photo de cette artiste la rend plus proche d'elle jusqu'à lui écrire.
Mais Jeanne apprécie la routine de sa vie ; son ordre et sa prévisibilité la rendent heureuse ;
Jusqu'à ce que se passe un léger déraillement du quotidien que l'on attendait plus.
En écho aux passions tumultueuses de M.Abramovic , son amie Suzanne se débat avec un amour cassé autodestructeur.
Quel chemin choisira Jeanne ?
C.Gallay fait la démonstration que même des petits changements ne sont pas insignifiants.
J'ai vraiment aimé cette lecture, mais il me manque un petit quelque chose que le n'arrive pas à définir.
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Je ne suis pas une grande amatrice de Claudie Gallay car les deux romans que j'ai lu d'elle m'ont ennuyées ! Mais quand j'ai trouvé le roman La beauté des jours dans une boite à livres, je l'ai évidemment pris pour le lire !
Si j'avais su, je l'aurais laissé car je n'ai pas du tout été captivée par ce roman, et c'est peu dire !
Qu'est ce que je me suis ennuyée !
Jeanne a une vie tout ce qu'il y a de plus banale. Si banale que ça ne vaut pas le coup de faire un livre sur elle ! C'est un personnage qui m'a déplu au possible. Il ne se passe rien dans ce roman, mais alors rien, c'est une succession de rien cet ouvrage.
Jeanne a une vie tellement banale, que ça pourrait être moi, vous ou du moins la plupart des gens qui vont au travail, ont une amie, une famille...
J'ai trouvé ça plat, mais plat ! A la centième page je me suis dit que ça allait s'arranger mais non.
Du coup j'ai fini par lire ce roman en diagonale, et je regrette de l'avoir lu jusqu'au bout car à aucun moment ça ne bouge !
J'ai trouvé la beauté des jours lent, inintéressant, je mets deux étoiles (et encore, je suis gentille) et je ne le recommande pas du tout !
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Je me précipite sur le dernier roman de Claudie Gallay !

Me voilà plongée dans la vie de Jeanne, une mère moderne...elle habite en banlieue, elle a un travail, des enfants, un mari, un toit sur la tête..mais les souvenirs, le temps qui passe la rendent nostalgique,.. une photo d'une grande sportive à laquelle elle voue une admiration sans borne lui renvoie de sa vie une image terne et fade. Un homme la courtise... va-t-elle trouver un moyen de "pimenter " cette vie rangée, remplie d'habitudes, va t-elle prendre des risques, changer sa vie ?

Un thème tellement universel. ..j'ai cru voir une Emma Bovary des temps modernes, oui Jeanne s'ennuie ferme,. Cette héroïne est une passionnée bâillonnée...pourtant le style est toujours là, la sensibilité aussi, le roman se lit bien mais je n'ai pas retrouvé ce ton magique qui m'avait transporté dans "Seule, Venise" ou "les déferlantes"...
Commenter  J’apprécie          2011
Encore un roman très attachant de Claudie Gallay (cela doit être le 5ème que le lis). On suit pendant quelques mois la vie de Jeanne qui travaille à la poste d'un village à l'Est de Lyon, qui est mariée à Rémy, a deux filles jumelles, des parents qui vivent non loin de là dans leur ferme avec le chien et la M'mé. Autour de Jeanne, il y a d'autres personnages qu'on aime découvrir et voir évoluer (ou pas) comme son collègue M. Nicolas, sa voisine Suzanne, les frères Combe... Et dans sa tête, il y a aussi Marina Abramovic, une artiste plasticienne qui fait des choses bizarres dont l'audace séduit Jeanne, elle qui souffre de sa timidité. Et puis un jour elle croise, Martin, un ami d'enfance qu'elle n'avait jamais revu. Martin va-t-il bouleverser la vie de Jeanne ? C'est un des fils rouges du roman.

C'est une vie qui avance de petits pas en petits pas, racontée avec pudeur et retenue par Claudie Gallay, vie simple qui se confronte à la folie de l'artiste serbe qui hante Jeanne. Je n'ai peut-être pas été aussi emballé que par d'autres romans de l'auteur comme Les Déferlantes ou Seule Venise, que j'ai lu il y a quelques mois. Mais c'est néanmoins une nouvelle preuve de la délicatesse de cette auteure, que j'aime beaucoup.
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Claudie Gallay

Née à Bourgoin-Jallieu en ...

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