Un roman qui n'égale pas «
Les déferlantes » mais qui se lit avec plaisir, d'abord parce que son cadre est Avignon pendant le festival et que, comme souvent chez
Claudie Gallay, les personnages sont attachants. Marie, jeune femme piercée et en errance, vient à Avignon pour voir jouer une pièce de son frère Paul, décédé. Elle vient également rencontrer Odon Schnadel, metteur en scène de Nuit rouge et propriétaire du théâtre, à qui son frère avait envoyé avant son décès un autre texte, Anamorphose. Marie souhaite savoir pourquoi Odon a différé sa réponse et ce qu'est devenu le manuscrit. Elle le tient pour responsable du décès de son frère, mort d'avoir trop attendu une reconnaissance de son talent d'écrivain.
A côté de la quête de Marie, il y a la grève des intermittents, le retour de Mathilde, actrice fameuse et grand amour d'Odon, Julie (sa fille) qui monte sur scène pour la première fois, Isabelle qui accueille depuis plusieurs générations des acteurs durant le festival et qui en est sa mémoire et toute une batterie de personnages qui se croisent, s'aiment, souffrent.
C'est un beau roman sur la création littéraire, sur la propriété intellectuelle (la formulation n'est pas très heureuse, je le reconnais) et qui pose la question de l'appartenance des oeuvres à leur auteur.
J'ai donc passé un bon moment avec ces personnages, apprécié les quelques rebondissements. Seul bémol, je suis gênée par les chapitres très courts (2 pages environ), l'utilisation systématique du présent de l'indicatif et la concision des phrases qui, certes, donnent du rythme au récit, mais produisent également une lecture un peu hachée, peu fluide.
C'est le troisième roman de
Claudie Gallay que je lis et, globalement, je ne suis jamais déçue. C'est un auteur sensible, qui sait raconter de jolies histoires, toujours singulières, avec des univers très distincts.