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EAN : 978B0B21RDBG9
131 pages
(22/05/2022)
4.75/5   8 notes
Résumé :
L’atmosphère est étouffante, moite, palpable en cette nuit d’été lorsque Thomas fait le constat de sa soirée, il sait qu’il a franchi une frontière, qu’il est allé au-delà de ce que la morale peut soutenir.
Pourtant, jamais il ne s’est senti aussi vivant…
Thomas, marginal bobo, entame un voyage meurtrier et éthylique, dans une ville bouillante, surchauffée du midi, où il règle ses comptes avec son passé.
Exemple extrême d’une génération sans idé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
L'ivresse et le Calice relate le parcours presque initiatique d'un tueur en série et indirectement pose la question de la moralité dans l'art (littéraire ici). Un récit sulfureux que j'ai beaucoup apprécié pour toutes sortes d'éléments qui à mon avis pourraient générer des réticences chez certains lecteurs et lectrices. L'auteur prévient que son roman est dérangeant et peut choquer, et je me permets de lui faire écho en précisant qu'il est destiné « à un public adulte et « très » averti » en raison de passages particulièrement crus. » L'un des bénéfices que peut apporter la littérature étant selon moi de susciter émotions vives et questionnements, j'en conseille pleinement sa lecture, si vous ne craignez pas trop d'être bousculé(e) par ses nombreuses aspérités.


Petit résumé

Un beau jour, ou plutôt une sacrée nuit, Thomas, la trentaine marquée par les ravages de l'alcool, se laisse définitivement glisser dans un quotidien en marge de la société. Lors d'une soirée où palpitent toutes sortes de vies qui participent à l'ambiance suragitée de « cette ville grouillante, électrisée », il va commettre l'irréparable et se sentir grisé par un sentiment nouveau qui va révolutionner le cours de son existence, dorénavant galvanisé par une sorte de défiance envers l'autorité institutionnelle.


Un style impeccable et prenant

Très bien écrit, très entraînant même si implacable par moments et assez perturbant aussi, le réalisme inquiétant avec lequel Antoine Garcia construit son histoire donne une oeuvre « habitée » si j'ose dire, et je crains pour lui qu'on ait du mal à faire la part entre son héros tourmenté et sa propre personnalité, tant c'est réussi ! La progression est fluide, les phrases parfaitement articulées. Mention spéciale pour les dialogues naturels et bien tournés. Et aussi pour un passage sur l'éloge de la littérature que j'ai adoré.


Une intrigue déroutante et sous haute tension

Le roman s'ouvre d'emblée sur un passage très trash, qui plante le décor pour une entrée directe au coeur d'une intrigue corsée et sombre, teintée de folie.
Le mobile précis de cet itinéraire meurtrier reste sibyllin, si ce n'est que j'ai compris qu'après des décennies d'errance terne, Thomas éprouvait enfin la sensation d'exister à travers le processus de ses violents passages à l'acte sur des femmes.
Antoine Garcia nous décrit la montée en puissance d'un tueur psychopathe, ses introspections, l'exaltation malsaine et glaçante qui l'anime.
Un voyage au bout d'une très longue nuit où les matins ne comptent plus tellement, où la mégalomanie suscite l'impression d'impunité. La ville devient le terrain de chasse de Thomas, un vivier fécond dans lequel il aiguise son nouveau statut de prédateur.
On se retrouve en train de partager les pensées d'un tueur au moment de sa « naissance », voire de sa renaissance, et de son étonnement curieux vis-à-vis de son absence de remords. Ce qui est glaçant, c'est que l'acteur principal de cette pièce déconcertante se situe dans une normalité relative et presque morne, sauf au moment de ses passages à l'acte qui entraînent une satisfaction narcissique morbide. Thomas est organisé, et parfois il est victime de « bugs » et ses pulsions prennent le relais.


Un anti-héros au charme ambigu

Désormais en marge de la société, cynique et lucide vis-à-vis de sa propre existence et de ses travers, Thomas décide de s'accomplir à travers la création de son « oeuvre », à laquelle il attribue même un côté esthétique très personnel. Egocentré, il évoque tout de même un dédoublement via ce démon tapi en lui depuis sa naissance (à noter, une petite allusion à une maman castratrice), tout en déléguant en partie sa nouvelle puissance « au produit » (l'alcool) : l'ivresse comme circonstance atténuante ? Rien n'est moins sûr…
Ses victimes ne semblent constituer qu'un prétexte à une jouissance qu'il recherche depuis longtemps, et les deux seules personnes pour lesquelles il ressent un attachement indéfectible (quoique…) ne lui tiennent compagnie qu'afin de rassasier des besoins d'un autre genre, un semblant de sécurité consolatrice. Thomas donne lui-même plusieurs clés de sa personnalité complexe et agitée et il faut en effet comme il est précisé dans le résumé, s'affranchir de certaines convenances sociales pour être en mesure de les appréhender.
Est-il attachant ? C'est un anti-héros aux déductions souvent justes et lucides, en contradiction avec ce désordre intérieur qui le pousse à commettre l'impardonnable dans une sorte de transe alcoolique à visée libératrice.


Une vision amère de la société selon Thomas, une conception de la vie « un peu » déjantée

Les autres, ceux qui entourent Thomas, ne comptent pas vraiment. Sa liberté c'est de les éliminer, de les priver de la leur en leur ôtant leur vie. Il pose un regard sans indulgence sur les moeurs sociales qui ne sont que futilités, sur le « brassage » des rencontres occasionnelles et sur la superficialité des couples, en bref, sur les relations humaines. Un désir de renverser des symboles institutionnels (figure matriarcale et patriarcale, règles qui nous sont dictées dès la naissance, vanité de la religion (dans le sens de ce qui est vain)…) et surtout une dénonciation par des moyens extrêmes de toutes ces croyances qui imposent des modes de conduite, et soutiennent la masse d'une conscience collective sociale dont il souhaite se démarquer, pour survivre.


Fou ou pas fou ?

A découvrir à la lecture, selon sa propre perception des valeurs… Au passage, j'ai été bluffée par les considérations très pertinentes sur la pathologie psychiatrique et sur les expertises des professionnels dans ce domaine. le héros reste troublant, à cause de sa façon de redevenir « petit garçon » parfois et, de son propre aveu, sensible aux réprimandes. Mais son côté manipulateur est très explicitement décrit, il se sert de sa culture pointue et de sa connaissance de la psychologie de l'être humain pour parvenir à ses fins, et il peut aussi se révéler sous un aspect authentiquement sensible, ce qui le rend attirant pour ses victimes. Et on ne peut à mon avis qu'être interloqué face à ce qu'il appelle « nourrir son besoin de folie. ». J'aurais tendance à penser qu'il a fait un choix, en basculant du côté du « mal ».


Et la vision de la femme dans tout ça ?

La femme est belle, coquette, intelligente, parfois sagace, souvent dans l'ignorance de ses fragilités et devient pour Thomas un objet de la réalisation d'une sorte de fantasme à assouvir, dont la déviance psycho-sexuelle n'est qu'une facette. Il y aussi LA femme qui se démarque des autres coucheries d'une occasion, et qui représente pour lui une sorte d'évidence fusionnelle (mais il ne faut pas trop en dire !)


En conclusion…

Je me suis demandé quelles valeurs cet écrit transmet-il ? Et j'y ai trouvé une multitude de messages très intéressants, mais je préfère laisser aux lecteurs le soin de se faire leur propre idée.
L'ivresse et le Calice semble offrir une ode à la saveur du crime et à la sensation de plénitude heureuse d'un meurtrier. Une fascination pour un autre soi-même. J'en recommande la lecture pour ce réalisme stupéfiant qu'Antoine Garcia parvient magistralement à instaurer, pour ses qualités d'écriture appréciables, et aussi, je l'avoue, pour une envie de lire les avis d'autres personnes sur cette oeuvre étonnante.
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Après lecture, je peux vous certifier que l'avertissement n'est pas à prendre à la légère. Pour ma part, je savais que je pourrais le lire, en une fois peut-être pas, mais j'allais aller jusqu'à la fin. J'ai cet avantage de pouvoir lire de tout, j'ai des limites, mais je suis assez ouverte d'esprit. Et au pire des cas, si vraiment je n'y arrivais pas, j'aurais automatiquement pris contact avec l'auteur pour en parler avec lui, je n'aurais pas publié une chronique négative.

Néanmoins, je suis arrivée à le lire en une fois, ou du moins en deux fois car en le débutant en soirée, la fatigue est venue me rendre visite. C'est vrai que certains passages sont assez déconcertants, voire même choquants. Mais honnêtement, j'ai déjà pu entendre des choses plus horribles à la télé, il suffit de regarder les journaux télévisés et il y a parfois des nouvelles horribles. Pour aborder ce livre, je me suis dit que je ne devais pas me forcer, que c'était un livre comme les autres. Si vous lisez de la dark romance, vous avez déjà lu des passages compliqués, des passages qui vous feraient tourner de l'oeil si vous étiez dans la vie réelle et non pas dans un bouquin. Ici, c'est exactement la même chose, sauf que nous abordons le côté psychologique et que nous ne sommes pas dans une romance.

En compagnie de Thomas, notre personnage principal, nous allons assister à certaines choses, certains actes dont il se rendra coupable, nous allons sentir approcher le vent de folie attiré par l'alcool que l'homme a ingurgité. Ce n'est un secret pour personne, l'alcool fait des ravages, nous en avons ici un très bel exemple avec Thomas. Mais pas uniquement avec lui.

Là où je trouve que l'auteur a su créer un univers bien à lui et qui malgré le thème saura susciter l'envie de lire ce livre, c'est que l'histoire de Thomas, bien que difficile à lire par moments, est des plus addictive. Oui, vous avez bien lu, elle devient addictive au fil des pages. Je ne pensais clairement pas que cela aurait cet effet sur moi, mais plus j'avançais, plus je voulais connaître la suite. Si la fatigue n'était pas venue me rendre visite, je suis certaine que je l'aurais lu d'une seule traite.

Jusqu'au bout nous espérons que le déroulement change, que tout ne soit qu'un rêve, ou plutôt un cauchemar, jusqu'au bout on se dit que ce n'est pas possible, que quelque chose cloche quelque part.

Je vous avoue que lorsque j'ai tourné la dernière page, lorsque le mot de la fin se tenait là devant moi, je suis allée voir d'autres retours de lecture. Sur Babélio par exemple, il y en a deux. le premier des deux fait reflet à ce que je ressentais en fin de lecture, je vais d'ailleurs reprendre un très court passage de ce retour de lecture car c'est ce que je pense également.

"L'un des bénéfices que peut apporter la littérature étant selon moi de susciter émotions vives et questionnements, ..."

C'est le propre de l'art il me semble, la littérature en fait partie, c'est donc une suite logique. Je n'aurais pas pensé le formuler de cette manière, mais ce sont les mots exacts et je ne peux que remercier cette personne de me les avoir souffler sans le vouloir. Car non, je n'aime pas lire d'autres avis lorsque je sais que je vais lire le livre moi aussi, je n'aime pas être influencée par d'autres.

Je reviens sur le passage copié d'un autre avis, si un livre ne suscite rien chez le lecteur, quelle existence peut-il espérer par la suite ? Avec celui-ci, les émotions sont plus que présentes. Que ce soit nous envers Thomas, que ce soit Thomas envers ses victimes, que ce soit le barman envers Thomas, tout est émotions, tout est exacerbé, mais tout est réel. Parce que oui, je suis certaine que quelque part, il y a un Thomas dans la réalité.

Je ne vous dirai rien de plus, si ce n'est qu'il faut savoir sortir de sa zone de confort pour parfois faire de jolies découvertes auxquelles nous ne nous attendons pas du tout. Malgré le thème plutôt délicat de ce livre, j'ai apprécié la découverte. Une chose est certaine, je ne suis pas prête à oublier cette lecture, à oublier Thomas et les autres, je ne boirai plus un verre d'alcool sans y penser !
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Thomas est un jeune homme marginal, intelligent et cultivé qui souffre d'une addiction à l'alcool et autres substances. Un jour, pris d'une sorte d'instinct qui semble presque inconscient, il tue la femme qui partage son lit ce soir-là.
Ce qui n'était pas prémédité semble se révéler à lui comme une évidence, et désormais presque un besoin, ce meurtre ne sera que le premier.
S'en suit le parcours initiatique d'un tueur en série, la naissance d'un meurtrier mise en parallèle de la déchéance d'un homme qui se sait perdu mais qui tente malgré tout d'exister à travers ses crimes.

Thomas est un anti-héros intellectuellement séduisant et effrayant à la fois, ce qui nous place dans la position délicate de ne pas pouvoir juger de lui et de ses actes objectivement. Ses crimes semblent être pour lui un moyen de contrôle et de domination, voire de puissance car il se croit alors intouchable.
C'est aussi son moyen de s'affranchir des barrières morales qui régissent la société et donc notre propre existence.
Il ne semble pas y avoir de limites pour lui puisqu'il va jusqu'à ôter la vie.
Et pas n'importe quelle vie.

Il est difficile de résumer ce roman car bien qu'il soit assez court, il est très riche d'idées. Il nous mène à l'introspection et à l'analyse de la partie sombre de toute âme humaine et nous pousse à réfléchir à notre propre morale et ses limites. Je dirais qu'il faut le lire pour en saisir la portée.
Il est question ici d'addictions, de pathologie mentale, de religion, de maladie, de prison, de littérature, d'amitié, d'amour.
Chacun y trouvera ses sujets de réflexion et de nombreuses portes sont ouvertes par l'auteur.
La fin est, quant à elle, laissée à notre libre interprétation.

Le tout nous est proposé dans une excellente maîtrise de la langue française, le vocabulaire est riche et le style réaliste et percutant.

J'ai beaucoup aimé cette lecture pour l'histoire, le style littéraire ainsi que pour la possibilité qui m'a été offerte de réfléchir. Il y a des romans qui ne se terminent pas une fois la dernière page tournée, celui-ci en fait partie.
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L'auteur propose un roman noir bien construit, qui intrigue, qui dérange presque par moments.

On suit le jeune Thomas, alcoolique, n'ayons pas peur des mots qui part à la dérive dans une mer mouvementée par ses désirs de meurtre et son addiction.

L'auteur nous décrit son quotidien, sa chute vers les enfers due à ses délires, à la triste réalité de cette maladie.

Le chemin choisit pour la dernière partie m'a surprise mais j'ai aimé apprécié cette nouvelle direction.

C'est un roman presque inclassable, au départ je me suis demandée où l'auteur allait m'emmener, quel était l'objectif mais je me suis laissée prendre au jeu de ce roman sombre, bien documenté avec une forte analyse sociétale.

Un bon moment de lecture.
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Thomas est un jeune homme plutôt beau gosse, cultivé, très intelligent mais surtout très alcoolique...
Ce vice il le partage avec ses deux seuls vrais amis, Lucie et Nono !

Mais voilà, un soir avec une fille avec laquelle il couche il commet l'irréparable.... le problème c'est qu'il n'éprouve aucun remords et surtout il a envie de recommencer... Ce qu'il va faire biensur...
Malheureusement pour lui, la seule personne qu'il aime vraiment, Lucie, va le découvrir.... Que faire ? Il ne peut pas lui faire de mal !

J'ai franchement aimé ce livre (assez court) de part la plume de l'auteur qui sans aller dans des détails inutiles, nous donne une vision d'un univers inconnu de la plupart des gens mais pourtant bien présent...
L'alcoolisme, la toxicomanie et surtout les pathologies mentales
Thomas aimé deux personnes mais ne se retrouve pas dans ce monde
Quelle est sa place....

Le livre est en deux parties distinctes et bien que liées sont différentes !

La fin est juste géniale et inattendue !

Je me suis personnellement reconnu dans certains passages et je suis certain que d'autres penseront la même chose...

Un livre que je conseille vivement mais s'il montre la réalité d'une partie du monde trop souvent mise de côté...

N'hésitez pas à le découvrir !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il faisait tiède et humide en cette soirée déterminante pour moi, pourtant rien n'arrêtait mon bras pour lever ce verre que je remplissais avant qu'il ne soit vide. Le seul réconfort que je m'étais alloué était de jeter mon regard par la fenêtre ouverte et fondre mon esprit parmi tous ces sons en apparence anodins et innocents mais lourdement chargés de violence en cette ville grouillante, électrisée, comme poussée à bout par l'atmosphère étouffante de cette fin de journée d'été.
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– Pourtant on apprend beaucoup avec la littérature, on y revient, on
apprend les passions, les remords, la violence et la fragilité des autres.
Ça nous permet de juguler… De maîtriser nos démons parce qu’on les
connaît un peu mieux. On est tous différents et si semblables à la fois.
– Je vous comprends, vous avez raison sans doute. Je pense avoir perdu
une part de ma sensibilité car j’arrive difficilement maintenant à
prendre parti ou m’identifier à un quelconque personnage.
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À ce moment, je m’imaginais étrangler son cou de ballerine mais
ce fantasme fut immédiatement contrecarré par le côté inepte de la
situation : Lucie n’aiguisait aucunement le vice chez moi. Il est
possible que face à ce genre de personne, avec qui la concupiscence
n’a pas lieu d’être, on éprouve un sentiment de réelle amitié.
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J'étais devenu un ours, a part Lucie et Nono, tous deux alcooliques, je n'avais pas d'autres amitiés, ma nouvelle chasse m'apportait l'excitation d'un premier rendez-vous.
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